MISSION : eyes and ears (Isabel Álvarez & Jonah Weasley)

Il y a de ces choses qu’elle garde en tête, Isabel. Taire ses secrets. Hurler ses désirs. Mais par-dessus tout, c’est le professionnalisme qui l’emporte. La morte est un oiseau de flammes, là est la réalité qu’elle a appris à accepter. Rien ne l’a jamais fait douter de sa position, de sa décision de prendre part à ce nouveau combat, même si depuis la touche. Même Felipe au sein des oiseaux ne suffit pas à la faire fuir, elle qui tente pourtant de l’éviter à tout prix. Elle continue de laisser ses oreilles courir, elle qui prend part à toutes les soirées sorcières, des plus mondaines aux plus élitistes. Sa fierté ne faiblit pas, et ce même lorsque les questions tournent autour de son retour, de sa mort, de sa non-vie. Elle les évite avec grâce, Isabel. Elle évite les questions en offrant d’autres réponses, en offrant d’autres sourires, en se laissant porter par le rythme de la musique environnante. Peu lui importe, elle sait pertinemment que ses clients se moquent de l’entendre parler, ce n’est pas ce pourquoi ils la paient. Là se trouve l’information clef : le paiement. Qu’on la considère prostituée ou accessoire, peu lui importe du moment que ses services sont rémunérés.

Ses services ne sont pas rémunérés. Pas alors qu’elle a été obligée de dépenser une pile de gallions afin d’obtenir l’une des plus belles robes jamais en sa possession. Immaculé, le blanc parfait caresse ses courbes avec précision, se laisse tomber jusqu’au sol avec une légèreté sans pareille. Le col laisse deviner sa poitrine, le dos n’existe point, laissant apparaitre sa peau cuivrée. Les tatouages qui recouvrent normalement son corps sont invisibles, laissant place à un collier de diamant comme seul accessoire, obtenu grâce à la donation généreuse de l’un de ses meilleurs clients. Elle est belle, Isabel. Elle est belle et elle le sait. Elle se joue des regards, se joue des sourires. Elle s’en joue et pourtant, c’est le champagne environnant dont elle s’empare immédiatement. Son partenaire n’est pas des plus déplaisants, mais il est également trop proche de Felipe pour son goût. La conversation se doit mondaine, mais tous deux savent ce qui les mène jusqu’ici. Jonah manque de tact, voilà ce qu’elle a annoncé aux rebelles en charge de la mission. C’est un guerrier, et un guerrier ne peut oublier la guerre aussi rapidement. Elle continue de l’oublier, Isabel. Elle continue de devenir l’espion qu’elle désire être, l’espion qui lui permettra de survivre. « J’espère que tu sais danser, » dit-elle dans la direction du Weasley. « Parce que si non, on est dans la merde. » Murmure pour le rouquin seulement, elle se remet vite d’utiliser un langage qui n’a pas sa place au sein de cette soirée. Passant son bras dans celui de son cavalier, elle repose une flûte vide, le bord de laquelle désormais écarlate, écho délicate des lèvres de la Colombienne.