if i lose myself tonight (Cassius)

Liquide carmin qui s'écoule doucement le long de ses blessures. Sang souillé en oxymore avec sa peau blanche de poupon. Ismey, elle marche docilement dans les ruelles sombres sans se faire remarquer. Tête baissée, dos courbé, elle veut éviter les regards. La gamine n'a plus la force de se révolter. Coeur à l'agonie, corps écorché à vif, elle veut juste oublier ce qui vient de se passer. Mais comment ? Comment réussir à oublier une situation qu'elle vit presque tous les jours. La bâtarde des Black ne mérite rien, qu'on ne cesse de lui répéter. Risée du monde magique. Honte d'une famille pure. Elle subit chaque jour sa position douloureuse, chaotique. Peu d'alliés, beaucoup trop d'ennemis. Poupée se retrouvant souvent seule. La solitude est devenue sa meilleure amie. Ce goût amer qui capture sa bouche devient lentement une habitude. Et elle n'comprend pas la mignonne. Tout c'qu'elle veut, c'est être acceptée. Mais au lieu de ça, on la torture, la maltraite comme une impur dégoutante. Ce soir, y a pas eu d'exception. Encore un duel. Encore des sorts envoyés et une nouvelle défaite pour la jeune O'Hara. Et elle n'en peut plus la jolie poupée. A bout de souffle, les poumons comprimés, Isy veut sortir la tête de l'eau et pouvoir respirer un air frais. Alors, elle lui a demandé. Elle l'a même supplié de la rejoindre dans une des chambres du chaudron baveur. Du monde à tout va, beaucoup de bruits. La meilleure option pour le moment. Parce que sa tête chauffe, sa colère tambourine contre son crâne. Et elle n'arrive plus à réfléchir. Larmes aux bords des yeux, faiblesse commençant à apparaitre, Ismey, elle déteste se retrouver dans cet état. Alors elle accélère le pas et entre dans la taverne. Aucun regard lancé, aucun arrêt sur les personnes qui l'entourent. Ismey, elle file comme une étoile filante. Rapide, vive, elle atteint les escaliers pour aller à l'étage. Ses deux billes bleues scrutent les chambres à la recherche de son numéro. Lorsqu'elle le trouve, elle espère de tout son coeur qu'il se tient juste derrière cette porte. Qu'il est là, pour elle et qu'en voyant son état, ils redoubleront d'efforts. Alors d'une main tremblante, d'une poigne devenue frêle et hésitante, Ismey, elle ouvre le dernier obstacle pour pouvoir entrer. Silhouette tout près de la fenêtre, son myocarde palpite. Il a tenu parole. Cassius est bien venu.