full of sound and fury (mahra)

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full of sound and fury

Mahra & Cassius

« True evil is, above all things, seductive. When the Devil knocks at your door, he doesn’t have cloven hooves. He is beautiful, and offers you your heart’s desire in whispered airs. Like a siren, beckoning you to ruinous shore. »

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L’œil morne est rivé au plafond, contemple le lourd lustre rutiler de tous ses feux. Cassius suce l’air entre ses dents. Ses bras sont croisés, son pied martèle le plancher dans un rythme qu’il est le seul à entendre. Les secondes s’égrènent lentement. Trop lentement. Il clôt les paupières, expire bruyamment, coule une œillade vers la porte en chêne qui demeure impassible face à ses muettes suppliques. Il voudrait être ailleurs. N’importe où, tant que ce n’est pas ici. Ici, tout est guindé, tout fleure l’opulence et l’orgueil, comme dans toutes les grandes maisons qui se respectent. Le style est sombre et grandiloquent, partout de glorieuses toiles qui dépeignent l’avènement d’illustres sires, depuis longtemps retournés à la poussière, partout d’inquiétantes statues aux faciès patibulaires. Ici, tout est figé, empreint de langueur et confesse la nostalgie d’une époque révolue. Il glisse un regard à sa montre ; les aiguilles le raillent, à trottiner aussi placidement. Il voudrait être ailleurs. Il est parcouru d’un frisson, nonobstant le feu qui ronfle allègrement dans l’âtre. Le sorcier se lève, fait les cent pas, lion en cage, qui ne désire que rugir et jeter à bas les barreaux. Il a comme un poids qui lui oppresse le thorax ; une proverbiale corde qui lui enserre l’encolure jusqu’à la suffocation. Cassius est toujours parvenu à s’esbigner, à esquiver les volitions matrimoniales de ses géniteurs. Bien sûr, on lui a parlé de ses responsabilités, en tant que sang-pur, assurer la pérennité de l’excellence et du nom, on a vitupéré, on a tempêté et on a menacé de mille morts. Des orages d’été, que tout cela, des rixes fugaces ; le paternel est devenu paresseux, avec les âges filés d’or, et bien trop satisfait, que pour mener une guerre de longue haleine contre son aîné, il n’a plus la patience ni la pugnacité nécessaire pour amener son engeance à résipiscence ; alors, Cassius vainc et exulte, nourrit de sots espoirs sur son avenir.

Cette fois-ci, pourtant, c’est différent, c’est partout écrit dans l’air, c’est un goût odieux sur la pointe de sa langue. Cassius, le père, a fait preuve d’un ton plus impérieux lorsque le couperet est tombé, s’est montré plus ferme qu’à l’accoutumée. Le parti est, objectivement, le plus haut qu’on lui ait proposé jusqu’à lors ; Selwyn de la branche principale, l’enfant puîné. L’alliance sera lucrative pour tous les deux clans, et au diable les oblats. L’étau se resserre sur le mangemort, il en a la prescience, comme une appréhension qui serpente jusqu’au fond de ses tripes, des cloches dans sa tête qui tintinnabulent et l’alarment. Il passe une main tremblante dans sa crinière désordonnée, sa langue darde au dehors pour humecter ses lèvres soudain sèches. Ça ne peut pas arriver. Il lui faut Phaedre, Phaedre et pas une autre.

La porte qui claque l’arrache de sa torpeur, le reconduit tout droit dans cette lugubre pièce. Elle se tient là, droite et élégante, faisant face à son futur géôlier. Il ne l’a jamais réellement regardé ; lorsqu’il s’égare jusqu’à l’échoppe, ses opales sont généralement obnubilés par les traîtres flacons qui consument son âme et lui dévoilent mille chimères furieuses. « Oh. » Un sale sourire fleurit sur ses lippes moqueuses. Elle est belle, il peut voir ça, maintenant. Il se méfie des femmes belles à degré que leurs charmes croissent. Il a longtemps tenté d’éradiquer cette tare mais rien n’y fait, c’est trop profondément ancré en lui, un vice inhérent. « Mahra, je suis absolument enchanté. » fait-il d’une voix suintante de sarcasme. Archétypale princesse de sang pur, elle est altière, faite d’or et d’albâtre, un masque courtois sur son fin minois. Une légère envie de violence ; il se demande, s’il venait à le fracasser, ce qui jaillirait de ces fissures. Il ne parvient à noyer son déplaisir qu’en imaginant celui de la nymphe ; il la dégoûte, probablement. Peu lui chaut. Il coule de longues foulées vers elle, enserre dans sa pogne calleuse la menotte délicate. Le corps félon réagit à ce toucher, quelque chose s’étire, dans les méandres de son encéphale. Soient damnées cette crinière flavescente et ces orbes céruléennes. Il ne parvient pourtant pas à courber l’échine devant elle et à lui faire le baise-main bienséant. « Asseyons-nous. » fait-il, désignant d’un geste ample les deux sièges qu’on leur a fournis. Et tordons le cou à ces foutues fiançailles.

(c) DΛNDELION