☞ Intrigue 1 - Groupe 1

Le corps tout entier de Maebh semble se tendre alors que l'ambiance vire du tout au tout. Ses doigts se serrent autour de sa baguette, plus par habitude que par réelle utilité. Vieux réflexe douloureux qui vient planter une nouvelle dague au creux de son coeur caduque. Range ta baguette, Maebh, tu vas faire plus de mal que de bien, raille une petite voix à l'arrière de son esprit. La sorcière grimace et desserre sa poigne autour du manche de bois, étouffant un soupir las. Elle aurait définitivement dû rester chez elle aujourd'hui.

Les instructions sont claires et la Mangemorte acquiesce en silence, la marque rougeâtre sur son avant-bras comme signe de ralliement. Une marque qui malgré la mort, suffit à ce qu'elle soit du bon côté aujourd'hui. Dans un regard circulaire, la belle jette un oeil aux autres Mangemorts présents dans le périmètre, bien consciente qu'il leur faudrait travailler ensemble pour parvenir à leurs fins. Les lèvres pincées, Maebh toise les quelques non marqués présent autour d'eux. Les bras croisés sur sa poitrine, le visage de Maebh est empreint d'une arrogance bien singulière, d'un dévouement au Lord que même cinq années derrière le voile n'ont suffit à ternir. La revenante jette un regard encourageant à UMBRIEL. Tout allait bien se passer. S'il n'avait rien à se reprocher, il n'y avait rien à craindre des interrogatoires. Le serpent ne peut empêcher un sourire mauvais de venir flotter sur ses lèvres. Pour la première fois depuis son retour d'entre les morts, la Rosier surprend son estomac à se tordre d'une sensation autrefois familière : le pouvoir. Illusoire, certes, mais néanmoins doux. Maebh finit par se décider à se diriger vers les Lockwood, se glissant doucement vers eux. Ses lèvres sont pincées alors qu'elle arrive à leur hauteur - « Bonjour Umbriel, d'un ton un poil plus précipité qu'à l'ordinaire avant de saluer APPOLIN également Appolin je suppose un moment d'hésitation avant de se reprendre en main J'ose espérer que les Lockwood n'ont rien à voir avec toute cette histoire. » les sourcils froncés, contrariée. « Je n'ai entendu que du bien de votre famille jusqu'ici, il serait dommage de tout gâcher. » une pointe de menace derrière son sourire de façade. Parce qu'elle reste un serpent avant tout, une Rosier avant tout le reste.

Il s’ennuyait sans trop le montrer, fasciné par ce père qui lui a tout appris. Le premier de ses admirateurs, Roderick est aussi le premier inquiet ; il a dégainé sa baguette dès le voile fugace, de surprise et de colère, passé sur le visage de Kenneth Mulciber. Volontaire à le rejoindre, à le défendre de son fils-ne-sait-quoi, celui-ci est repoussé par les équipes de sécurité qui fractionnent tout le marché, et la foule, et les groupes. Sa marque brûle Roderick, presque autant que la distance qui le sépare de la scène. Un regard nettement plus dur tombe dans celui qui aboie et, après qu'il a marmonné un très peu courageux mais ô combien sarcastique « Moi qui pensais plutôt attendre que la neige fonde… », Roderick n’a pas le bon goût de consulter ses comparses quand il dit : « Les revenants d’abord. Carrow, hors du rang. » Si c'est à propos de Dumbledore, c'est à propos des Revenants. Les déchus renaîtront, psalmodiait-on aux badauds saisis, mortifiés dans le froid. Seulement, et quand il va s'en prendre à Renly Carrow, et cela qu'à raison de son animosité pour la soeur de ce dernier, le mangemort surprend un fragment d'attention entre Alhana Avery et une autre femme (Accalia) dont il ignore l'identité. Roderick ne saurait dire laquelle regardait l'autre sinon qu'il y a eu une brève mais réelle connivence. C'est bien le pire moment pour se reconnaître... « Vous, lance-t-il à la sang-mêlée (car elle l’est forcément, a minima, pour qu’il ne la connaisse pas, à l’inverse de la fille de Theodora Avery), c’est quoi votre nom ? »

Maebh repousse une mèche de cheveux derrière ses oreilles, tique légèrement en attendant RODERICK prononcer le mot revenant. L'égoïste aurait pu tressaillir, défendre ceux supposés partager sa condition mais il n'en est rien. Imperturbable, le serpent regarde RENLY sortir du rang sans ciller, dirige de nouveau son attention sur les Lockwood comme si de rien n'était - allant presque jusqu'à se débarrasser la scène d'un haussement d'épaules. Ce n'est pas aujourd'hui que Maebh va commencer à s'occuper des problèmes des autres. Mort ou pas, revenant ou pas, tout ceux n'ayant pas déjà prouvé fidélité au Maître se doivent d'à présent prouver leur allégeance. Maebh se force à esquisser un sourire, écoute APPOLIN parler avec attention. Plus que jamais, la Rosier est bien décidée à faire de nouveau ses preuves. Avec ou sans magie, la sorcière compte ne rien laisser passer. « Les Rosier savent bien que nous ne sommes pas tellement des gens à mettre le feu aux poudres. » l'intéressée hoche délicatement la tête, garde les yeux rivés sur lui. « En effet. Je ne tiens pas à vous voir impliqués dans cette histoire. Et je pense pouvoir parler pour toute ma famille en disant cela. » parce qu'un scandale est toujours fâcheux et que le courroux de la benjamine n'a rien à voir avec celui de ses parents « Car si vous l'êtes, vos liens avec ma famille ne pourront rien faire pour vous. » Menace à peine voilée, ses dents qui se dévoilent dans un sourire à priori aimable. Car c'est comme ça avec les siens : toutes les bons services du monde ne les empêcheront pas d'envoyer chaque Lockwood à Azkaban s'ils s'avéraient impliqués.

« Allons-y qu'on en finisse. » Maebh approuve, fait un pas vers eux - « Je ne pourrais être plus d'accord. » Esquisse un sourire avenant. « Je ne pourrais être plus d'accord. Terminons tout ça afin de laisser cette conversation derrière nous. » La marque pique, la rappelle à l'ordre. Lui rappelle inlassablement sa mission, comme s'il était possible pour le serpent de l'oublier. Maebh masque tant bien que mal son malaise, relève les épaules et plante son regard dans celui d'UMBRIEL avant de retrouver celui d'APPOLIN, successivement d'un Lockwood à un autre. « Si vous savez quoi que ce soit sur l'Ordre du Phénix, dans n'importe quelle mesure, maintenant me semble être le moment opportun d'en faire part. » Le fantôme sonde les traits, se force à garder les yeux rivés sur leurs visages. Il y a quelque chose d'étrange au fond de ses yeux lorsque ses billes passent sur Umbriel : un espoir silencieux, réprimé, qu'il ne l'ait pas trahie. Car Maebh s'est livrée comme jamais auprès du revenant et sa confiance est fragile, brisée par la mort et les doutes. Car trahir le gouvernement, c'est la trahir elle. Elle et sa marque. « Est-ce que vous avez été approchés, par exemple ? » Les lippes serrées alors que ses doigts sont toujours enroulés autour de sa baguette entre les pans de sa robe dans un amer simulacre.

Quelques minutes suffisent à changer l’atmosphère du tout au tout. Interrompue alors qu’elle s’apprêtait à réponse à UMBRIEL, les mots de Maebh se perdent dans le bruit de la foule. Quelque chose a changé, elle peut sans mal s’en rendre compte, le sentir. Les murmures se font plus pressants, l’atmosphère plus lourde. Et puis, les ordres sont criés sans plus laisser place au doute : en refusant de se plier à leurs questions, un groupe vient de se mettre en bien mauvaise posture. Qu’ils soient en rapport avec l’Ordre ou pas - cela n’a aucune espèce d’importance. Tous se doivent d’être neutralisés et érigés en exemple : l’insubordination n’a rien d’une blague parmi les partisans du Lord. La Rosier se détourne de ses doutes, non sans laisser ses orbes marron s’arrêter une dernière fois sur le plus âgé des Lockwood. La confiance de Maebh est fragile, aussi délicate qu’une porcelaine déjà éméchée.

Elle n’a cependant pas le temps de s’attarder alors que le dernier ordre résonne, ses doigts effleurant sans même y penser le tatouage ébène marquant sa peau. La revenante est une Mangemorte avant tout, la mort n’ayant pas suffit à ternir sa fidélité au Lord. Instinctivement, ses doigts se glissent dans les plis de sa cape, atteignent avec douleur le bois avant de le relâcher. L’espace d’un instant, la perspective enivrante de se livrer corps et âme à un combat acharné lui a fait oublier sa magie qui s’effrite, s’échappe.

Il n’en faut pas beaucoup plus pour remplir ses veines de colère, pour que ses poings ne tremblent non pas de peur mais de rage. Au milieu des affrontements qui se profilent, au milieu des ordres qu’elle ne demande qu’à suivre, Maebh se retrouve inutile. Et cette certitude seule suffit à faire battre son coeur contre ses tempes, à recouvrir le monde d’une pellicule rayée. Au sein des rangs qui se forment, la Rosier peine à trouver sa place.

OUI: Sur le qui-vive, la tête remplie de rancoeur, Maebh regarde EUAN s’avancer vers elle au pas de course. La sorcière hésite, cherche comment l’arrêter, envisage même presque de se jeter sur lui quand une poubelle à proximité du jeune homme explose, le faisant trébucher au sol sous la déflagration (mineure, aucun blessé, aucun mort). Il se relève cependant bien vite et reprend sa course, cependant dévié vers UN AUTRE GROUPE DE MANGEMORTS. Ce n’était ni voulu (c’est bien là une des seules options qu’elle n’a pas envisagé), ni maitrisé et la Rosier serait bien incapable de le refaire une deuxième fois. La magie s’échappe, coule avant de disparaître de nouveau. Et derrière elle Maebh est vide.

NON: Maebh fait un croche pieds à EUAN alors que celui ci prend la fuite. Il tombe à genoux au sol, se redressant cependant déjà quelques secondes à peine. Maebh se recule, un air de défi au visage mais le coeur enserré d’une honte nouvelle : là voilà réduite à se battre comme une adolescente moldue.  

Les interrogatoires se passaient relativement bien dans leur groupe, relativement car il restait encore à apprendre quelque chose. Cecil respirait un peu plus facilement, il avait réussi à faire comprendre aux jeunes sang-chaud qui l’entouraient qu’il valait mieux se servir de leur baguette avec parcimonie. Le marché était déjà un véritable fiasco, il était donc préférable de ne pas y ajouter un échange de sorts. Le regard du sorcier fut attiré par un groupe de mangemorts entourant quelques personnes qui refusaient apparemment de coopérer. Il avait un très mauvais pressentiment. Sans rater, un sort s’échappa de la baguette d’un des rebelles, et en quelques secondes, c’était un véritable feu d’artifice qui commençait. « Et merde. » C’est tout ce qu’il arriva à dire. Déjà son cerveau était en ébullition. Ses jambes prirent le devant et il se mit à accourir dans la direction de la commotion. Un homme à terre, six en fuite. L’ordre, redondant et inutile, de les rattraper résonna dans l’air. Sans blague… Mais la situation n’était pas si simple… En se concentrant sur les fuyards, ils allaient délaisser les sorciers qu’ils étaient déjà en train d’interroger, et le cafard savait toujours bien se dissimuler. Cecil regarda autour de lui, il avait perdu son frère dans la foule, et les autres mangemorts qui étaient avec lui plus tot. Tant pis, ils arriveraient à se débrouiller seuls. Non loin de lui, il put voir la jeune Maebh faire un croche pieds à l’un des fuyards, ce qui provoqua sur son visage un rictus amusé. Inhabituel, mais efficace.  Un sortilège, sortit d’une baguette inconnue, toucha le fugitif qui s’écroula sous un jambencotton. One down, three to go. « Besoin d’aide pour le sécuriser Rosier ? » Un tien valait mieux que trois tu l'auras...

Maebh ne peut s'empêcher de lever les yeux au ciel alors qu'elle se recule d'un pas. La non-maitrise de sa magie teinte ses yeux d'une colère sourde : au milieu du chaos, il y a peu de choses que la sorcière est en mesure de faire. Les manches légèrement remontées sur la marque barrant sa peau, l'arrogante peste et se contente de toiser le fuyard avec mépris. Un sortilège fuse d'un peu plus loin, percute EUAN de plein fouet alors que celui-ci s'écroule au sol. La Rosier relève les yeux du malheureux pour trouver la silhouette d'APPOLIN, un fin sourire amusé venant étirer ses lèvres. « Joli sort. » le monde arrêtera de tourner avant que Maebh ne puisse se résoudre à dire merci. Elle se contente donc de sourire avant d'abaisser de nouveau le regard sur le rebelle étalé au sol. Il lui restait maintenant à faire façon de lui. « Besoin d’aide pour le sécuriser Rosier ? » Maebh acquiesce légèrement, les lippes serrées de frustration. Il n'est dans ses habitudes ni de demander de l'aide, ni de l'accepter. La situation semble pourtant l'exiger et le fantôme se contente donc de répondre à CECIL d'un ton plat - « Je veux bien oui. » Elle grimace alors qu'elle toise la foule environnante, à la recherche des trois autres lâches. Lorsqu'elle reprend la parole, c'est cette fois ci la voix remplie de mépris envers les quatre rebelles, « Il faudrait s'assurer que ses petits copains ne puissent pas venir l'aider. » Ses lèvres s'étirent en un lointain sourire carnassier. Au milieu des ténèbres, sa magie lui manque plus que jamais.