MISSION : Glace à l'ennemi (Rhys Roberts et Kenya Wilde)

En ces temps, tout objet magique peut faire la différence pour l'Ordre du Phoenix : ce n'est pas en laissant les placards se vider, qu'on gagne une guerre. Certes, une guerre silencieuse pour l'instant, le calme du monde magique à peine troublé par les échos du retour d'Albus Dumbledore. Pas moins une guerre pour autant.

Pour ceux qui savent écouter, bien des marchandises circulent discrètement... L'important, c'est d'être le premier à suivre la rumeur, à tomber sur la perle rare. L'Ordre est sur ce coup, et bien déterminé à mettre la main sur cette fameuse marchandise. Une collection de glaces à l'ennemi aurait définitivement sa place dans l'inventaire de la rébellion. Mais ce genre de vente est rare et précieuse, et son prix, faramineux ; leurs instructions sont claires, lorsque Kenya et Rhys sont envoyés. La somme qu'on leur a donné est respectable, mais peut-être pas suffisante si les enchères se mettaient à monter. Dans ce cas, il leur faudrait trouver un autre moyen de mettre la main sur ces glaces, quitte à faire preuve d'un peu de malhonnêteté. Dans tous les cas, il s'agit à n'en pas douter d'une occasion pour Rhys de faire ses preuves.

Le receleur est un russe, un certain Ishgar, vivant dans la banlieue moldue de Moscou. Le portoloin envoie les deux sorciers à quelques kilomètres de là, dans un quartier sorcier très actif durant cette période festive. Le temps presse puisque d'autres acheteurs pourraient arriver avant eux. La maison semble presque branlante, de loin, de même que la grange qui y est adossée. En entrant, les deux rebelles découvrent que la fumée épaisse s'échappant de la cheminée vient du poêle qui tente vaillamment de chauffer les lieux. Le vieil homme qui leur a ouvert, petit et voûté, ne semble pas être un adversaire de grande envergure. Il les jauge cependant d'un œil méfiant, et après s'être assis sur l'unique chaise, leur lance : « C'est du rapide, dis donc. Bon, combien ? » Il fait la grimace en soupesant la bourse de gallions qu'un des deux lui tend. « J'suis sûr qu'en attendant un peu, on m'fera une meilleure offre qu'ça. »

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La mort de Mayson avait frappé Kenya et l’avait rendu extrêmement différent. Tous pouvaient le voir, ne serait-ce qu’en croisant son regard. L’éleveur de dragons avait perdu cette étincelle et cette vivacité qui faisaient de lui un élément agréable à vivre. Le trentenaire était beaucoup plus morose, absent et était devenu lunatique. Un rien pouvait le plonger dans une colère noire ou dans une crise de de pleures. Il était devenu difficile de le côtoyer, premièrement car il se montrait le moins possible et deuxièmement parce qu’il fuyait tout contact. Le confrigo restait cloitré dans sa chambre la plupart du temps, perdu dans la contemplation de ces objets qui lui rappelaient son défunt fiancé. Cet enfermement qu’il s’infligeait ne lui faisait pas du bien, il restait à ressasser le passé, mais pour le moment, le passé était la seule chose dans laquelle il voulait se plonger avec les missions que lui donnait l’Ordre.

D’ailleurs, le Phoenix avait fait appel à lui pour une mission, et elle était claire : il fallait ramener une collection de glaces possédée par un revendeur russe. Kenya le savait, ce n’était pas qu’un banal objectif, il était là question de tester son poulain : Rhys. Depuis qu’ils l’avaient attrapé lors de leur rencontre dans la cambrousse écossaise avec le reste de son groupe, l’ancien Mangemort avait fait un sacré chemin. Wilde eut de la peine à en tirer ce qu’il voulait mais au fil du temps, il réussit à faire changer Roberts. Il n’était pas un expert en psychologie, ni le plus fin des manipulateurs mais son regard et sa compréhension de l’autre – dans le sens vivant du terme – était un point fort qui faisait de lui un bon éleveur de dragons mais également un bon psychologue. Peu de personnes parmi l’Ordre croyaient en ce changement, mais le confrigo réussit à convaincre quelques esprits assez hauts placés pour prouver de la bonne volonté de son nouveau co-équipier.

C’était avec une certaine crainte que le sorcier se préparait dans sa chambre. Il n’avait pas la même pression que lorsqu’il partait avec un ou une de ses confrères. Elle était bien plus grande. Est-ce qu’il avait bien fait ? Est-ce que Rhys était prêt à affronter ces personnes qu’il côtoyait quelques semaines auparavant ? Tant de questions tournaient dans son esprit qui tentait pourtant de rester calme. Il devait paraître serein pour que cela fonctionne car si lui lâchait, tout lâchait avec lui. Il était les fondations et il ne pouvait pas se montrer faibles. Il s’habilla alors d’un masque pour jouer un rôle dans lequel il se mentissait à lui-même, un rôle dans lequel il oubliait sa souffrance et se concentrer sur le but qui leur avait été fixé.

Avant de partir, un supérieur l’avait appelé, seul pour lui donner un ordre irréfutable : « Si Roberts tentait de s’enfuir ou de se rebeller, dégainez pour le tuer ». Il avait acquiescé, naturellement et avait répété pour prouver qu’il avait bien compris, tel un bon petit soldat. Cependant, dans sa tête, il était beaucoup moins sûr de pouvoir y arriver. Il savait que si Rhys était une taupe, ils perdraient tout, que c’était la fin de l’Ordre. C’était alors ce qu’il se répétait pour se convaincre que si cela se passait, le tuer était la bonne chose à faire, pour sa propre survie, mais surtout pour celle du Phoenix.

Cette mission comportait plusieurs éléments qui se révélaient être des épines sur la plante de leurs pieds.
Premièrement, la langue qu’aucun des deux ne maitrisait.
Deuxièmement leur budget limité.
Troisièmement leur nombre.
Mais Kenya savait que l’Ordre n’en avait que faire. Et c’était l’occasion de montrer de quoi ils étaient capables et surtout que Rhys était autant méritant que tout à chacun.

Alors ils prirent le portoloin pour rejoindre Moscou, la capitale de la Russie. Ils atterrirent dans le plus grand quartier sorcier russe avant de se diriger rapidement vers leur cible : la maison où est prévue la vente. De loin, le bâtiment semble branlant, seules la fumée et la faible lumière qui s’en échappaient permettaient d’affirmer un signe de vie. Ils entamèrent le chemin pour y aller, prenant garde d’être seuls avant de rejoindre ladite baraque et la grange qui y est adossée. Une fois arrivé, Kenya toqua à la porte et ils entendirent des as se mouvoir dans leur direction. Ce fut un vieil homme qui ouvrit, vouté. Il semblait sans défense, ou en tout cas pas de niveau à nous combattre. Mais comme on lui avait appris, il ne fallait jamais juger un moine par son habit. D’un regard méfiant, il les jaugea, comme s’il les passait aux rayons X puis ils le laissèrent reprendre place dans son fauteuil proche du poêle qui réchauffait tant bien que mal la pièce remplie d’objets en tout genre : une vraie brocante.
- C’est du rapide, dis donc. Bon, combien ? Grommela-t-il avant que Kenya regarde Rhys .
- Donnes-lui la bourse… Lui dit-il avant de continuer d’observer le vieil homme puis de le laisser parler avec le vendeur. Il avait reçu le même topo que lui, il ne risquait donc pas grand-chose à juste laisser trainer une oreille pendant qu’il observait les alentours en relevant les pans des rideaux tirés.
- J'suis sûr qu'en attendant un peu, on m'fera une meilleure offre qu'ça. Murmura le vieillard.
Sans vraiment le noter, Kenya écouta la réponse vaseuse de son coéquipier avant de les couper, redirigeant la discussion sur l'essentiel.
- Avant de miser un peu plus, on aimerait voir cette fameuse collection de glaces... Comprendrez qu'on aimerait être sûr avant de continuer d'augmenter cette somme...

Visiblement, tout travail méritait salaire. Et son acharnement avait finalement payé. On l’envoyait en mission. Il ne se leurrait pas, se serait probablement un test pour évaluer ses compétences et surtout sa fiabilité. Ce n’était pas pour rien qu’on l’envoyait accompagné du seul sorcier qui ne le regardait pas comme un morceau de viande à pendre au bout d’une corde. Le seul en qui un minimum de confiance transitait encore, bien que Kenya fût quelque peu amputé. Mais ce n’était pas les affaires de Rhys que de s’y mêler.

Le Roberts était plutôt content, de cette première mission. Bien que l’objectif et le lieu où ils étaient envoyés n’avaient rien de particulièrement excitant. « Ça sent le sapin à tous les coins de rue », comme il disait. Un jeu de mot à l’odeur moisi comme il savait en faire des tas. Et Rhys ne manqua pas de rappeler qu’il n’aimait pas cette histoire lorsqu’ils débarquèrent dans la banlieue de Moscou où vivait leur contact. C’est qu’il était quelque peu bavard Rhys, quand il était tendu. Il fallait combler la pression par quelque chose. Sans doute cela allait agacer son partenaire…

En entrant dans la vieille cabane délabrée, Rhys comprit qu’il y avait tout un écart entre le monde dans lequel il avait grandit et celui dans lequel certains étaient capables de vivre tous les jours. L’endroit semblait crasseux, sombre et sur le point de s’effondrer. Un miracle que le tout tenait encore debout, en quelques sortes. Le vieil homme les accueillit plutôt froidement, comme le pays qu’ils visitaient. Et Rhys, suivant les indications de son mentor, sortit la bourse de son manteau et la tendit vers leur interlocuteur. Ce dernier soupesa rapidement la bourse, avant de grimacer et râler sur sa maigreur. Il est vrai que l’Ordre avait été plutôt radin sur la compensation financière. Ils allaient devoir jouer de leur charme pour négocier la vente de cette Glace à ennemi. Et Rhys n’était pas des plus diplomates.

- Je suis qu’en attendant un peu, d’autres moins bien intentionnés que nous viendront vous prendre cette glace de force. Et je doute que vous soyez suffisamment fort pour leur résister. Soyez pas bête, vos galions vous serviront à rien si vous êtes mort.

Bon. Ce n’était pas la phrase la plus intelligente qu’il ait pu sortir. Mais de loin, ce n’était pas la pire non plus. Il n’aimait juste pas tourner autour du pot inutilement.

Kenya fut quelque peu plus intelligent à ce niveau-là, préférant gagner du temps. Il demanda à voir la collection, avant de pouvoir avancer plus d’argent sur la table. Alors que le vieux acquiesçait quelque peu à contre cœur, et se déplaçait à sa vitesse pour les emmener voir lesdits objets, Rhys chuchota quelques discrets mots à son partenaire.

- On aurait pu éviter tout ça si on m’avait laisser « emprunter » quelques galions supplémentaires à mes parents. Ils n’auraient rien vu…

Bon. Cela aurait voulu dire aussi devoir pénétrer dans la demeure familiale, et prendre le risque de se faire choper par sa famille ou les mangemorts. Sans doute pas la meilleure stratégie qui soit. Mais Rhys n’était pas le plus futé des sorciers.

Le vieux les emmena jusqu’à la collection qu’il prétendait détenir. Plusieurs glaces étaient ainsi disposées, la plupart dissimulées par une couverture ou un drap. D’autres étaient découvertes, et laissaient entrevoir des ombres plus ou moins distinctement pour certaines. Mais comment savoir que ce n’était pas des leurres, des arnaques ? Rhys n’y connaissait pas grand-chose sur la science magique…

- Je me demande bien comment vous avez-pu vous retrouver avec une telle collection d’objets magiques vu…

Vu l’état de la baraque. Les yeux de Rhys se perdaient à droite à gauche, observant l’état délabré des locaux…

La bourse au creux de sa paume, Ishgar les fixe d'un œil suspicieux. « Je suis sûr qu’en attendant un peu, d’autres moins bien intentionnés que nous viendront vous prendre cette glace de force. Et je doute que vous soyez suffisamment fort pour leur résister. Soyez pas bête, vos galions vous serviront à rien si vous êtes mort. » Au fur et à mesure que Rhys lui parle, un sourire fleurit sur les lèvres du vieil homme. Amusement, mépris ? Peut-être un mélange des deux. Il ouvre la bouche mais avant que sa voix rocailleuse ne s'élève, l'autre sorcier intervient. « Avant de miser un peu plus, on aimerait voir cette fameuse collection de glaces... Comprendrez qu'on aimerait être sûr avant de continuer d'augmenter cette somme... » Son sourire s'envole et il se lève en grimaçant et en hochant le menton. Soit, s'ils voulaient voir la marchandise, il n'avait aucune raison de refuser.

Les deux rebelles le suivent jusque dans cette grange, dont par quelque miracle le toit ne laisse pas passer la pluie et la neige. D'un geste, il leur désigne, au milieu du capharnaüm, les cinq glaces alignées contre un mur. La plupart sont couvertes, mais certaines laissent apparaître quelques ombres. Il hausse d'ailleurs un sourcil en voyant l'une d'entre elle grossir, et s'approche comme pour mieux voir. « Je me demande bien comment vous avez-pu vous retrouver avec une telle collection d’objets magiques vu… » Ishgar laisse échapper un soupire qui n'a rien de discret, tout en se redressant. « On dirait bien qu'on apprend plus l'respect aux jeunes anglais. » Il sort doucement sa baguette d'une poche de son vieux manteau gris, et sans doute les deux sorciers se sentent-ils menacés. Mais un violent crac retentit dans leur dos, puis un second quand la porte les séparant de la maison sort soudain de ses gongs et laisse apparaître deux silhouettes. Aussitôt, les premiers sortilèges sont échangés. Le vieil homme ne semble soudain plus si innofensif, quand le diffindo qu'il envoie ouvre le torse d'un de ses adversaires. Tandis que l'inconnu se vide de son sang entre une étagère et une caisse, les sorts continuent de fuser en direction de l'autre, pour la plupart informulés. Il finit par prendre la fuite en boitant, une main appuyée sur son œil ensanglanté. Ishgar, quand à lui, n'a presque pas bougé ; tout juste s'est-il décalé pour éviter que ses deux acheteurs ne soient touchés. Avec un nouveau soupire, il range sa baguette et s'appuie à un meuble, sa silhouette se voûtant à nouveau. Deux ombres s'éloignent rapidement, à la surface des glaces. Quelques faibles gémissements émanent de l'homme à terre, mais Ishgar ne semble pas y prêter la moindre attention. « J'espère pour vous que l'Ordre forme encore des sorciers plus compétents qu'ces deux là, ou au moins plus malins », lance-t-il en leur adressant un sourire légèrement édenté.

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Le départ se fut rapidement. Ils n’avaient pas le temps de trainer, ô que non. Le plus vite ils allaient arriver à Moscou pour cette enchère et avoir les glaces, plus vite ils pourraient rentrer et enchaîner sur quelque chose de plus sérieux. Ce n’était clairement pas une mission de premier rang, mais Kenya ne pouvait pas en vouloir à leurs supérieures. Cependant mission de second, voire même troisième rang ne rimait pas forcément avec simplicité. Les adversaires qu’ils allaient avoir ne faisaient pas dans la dentelle. Wilde ne pensait pas seulement aux chiens du gouvernement actuel, mais aussi à ces différents groupes libres qui étaient connus pour leur violence ou encore à ces sorciers russes renommés pour leur puissance et leur obstination. Leur séjour n’allait pas être de tout repos et au fond de lui, il avait peur que Rhys le prenne trop à la légère. L’éleveur de dragons n’avait pas de crainte quant aux compétences de celui qui allait l’accompagner, mais il avait oublié de prendre en compte le côté bavard de son confrère en compte.

Côté qui ressortit violemment lorsqu’ils arrivèrent sur le terrain. Les quelques remarques de l’ancien joueur de Quidditch auraient pu faire rire ou sourire l’ancien Kenya, mais le masque qu’il portait depuis la mort de Mayson avait fait taire le côté joueur et amusant du Gryffondor. Il ne fit cependant pas de commentaires désobligeant quant à cette humeur qu’il avait lié à de la nervosité, répondant simplement afin de tenter de canaliser Rhys. Ce dernier se tut sur le chemin pour rejoindre le lieu où devait se dérouler la transaction. Ils n’échangèrent plus que quelques idées quant au déroulement de leur mission, simple rhétorique pour au cas où cela se passait mal là-haut.

L’homme qui leur ouvrit était vieux, presque trop cambré et théâtrale pour être vrai. Même si rien ne pouvait mener Kenya à croire en la force de cet inconnu, il gardait en tête que l’ancien était venu leur ouvrir la porte seul et qu’il ne semblait pas tant déboussolé par leur jeunesse et vigueur. Se fier aux apparences menait la plupart des hommes à leur perte et le duo allait le découvrir plus tard. Pour le moment, mais malgré sa crainte de leur hôte, l’éleveur de dragons se dirigea rapidement vers les fenêtres pour voir le réel danger : ceux qu’il craignait depuis le depuis leur départ. Le trentenaire ne remarqua rien malgré son attention sur le paysage, prêt à repérer des balais ou n’importe quels autres moyens de déplacement.

Son oreille cependant ne trainait jamais bien loin de ce qui pouvait se dire à quelques mètres de lui, là où le « feu de l’action » se déroulait. Oui, il écoutait celui qu’il avait formé, intrigué de voir comment ce dernier allait mener la discussion avec ce fameux vieillard. Son impatience fut plus rapide qu’escompté et il les coupa net dans leur dialogue alors que le vendeur fit un commentaire qui allait sûrement les forcer à devoir trouver une solution pour dérober ces glaces. Kenya voulait voir ces fameux objets avant de prendre d’autres décisions, et ainsi savoir où elles étaient entreposées. Les quelques mots chuchotés à son oreille lui firent rouler les yeux.
- Au vu de ce que sont tes parents, je ne crois pas que ton idée soit la plus judicieuse Rhys… Surtout que ton changement de chemise doit gentiment se répandre dans le camp des Ch… serviteurs. Se rattrapa-t-il, murmurant tout autant délicatement sa réponse à l’attention de son partenaire.
Kenya se rendit compte alors que peut-être Roberts n’avait pas encore tout compris dans ce qu’il lui avait enseigné. Les risques qu’il était prêt à prendre étaient inconsidérés…
- Observes plutôt la salle, la position des glaces et essaies de voir si aucun piège n’a été posé, au vu de l’âge de notre hôte, j’émets quelques doutes sur sa façon de protéger ses trésors…

Il n’eut pas le temps de terminer, qu’ils arrivèrent dans la fameuse grange. L’éleveur de dragons fut surpris d’ailleurs de ne pas avoir été emmené dans un endroit plus sécurisé. Mais soit. Le Gryffondor remarqua rapidement les glaces, déposées ça et là, certaines recouvertes d’un drap, d’autre non. La question était la suivante : lesquelles faisaient réellement partie de la collection. Car si les deux sorciers étaient prêts à en dérober quelques-unes, ils n’avaient clairement pas les moyens de toutes les prendre ! Cependant, cinq se démarquaient par leur position : contre un mur. Toutes les autres étaient entreposées autrement. Les paroles de son collègue tirèrent un soupire au vieillard alors que le confirgo se retint de faire pareil.

Puis alors qu’il allait prendre la parole, un bruit retentit, et une attaque arriva. Les deux sorciers se cachèrent d’abord : garder leur identité secrète était un ordre et un devoir. Puis ils observèrent le revendeur déchainer ses sortilèges sur les deux assaillants.
- Tu vois Rhys… Ne jamais juger un livre par sa couverture… Retiens bien ce moment-là en mémoire pour ne pas oublier de ne jamais sous-estimer tes adversaires… Lança Kenya avant de se relever et d’enlever le peu de poussière qui était arrivé sur sa cape d’un geste agile. Il sourit à celui qui venait de mettre au tapis deux jeunots.
Voyant que Roberts allait ajouter une couche aux dires du revendeur sur l’Ordre, il lui donna un coup de coude discret dans les côtes pour le couper net avant de lui lancer un regard noir. Ils ne devaient surtout par confirmer les dires de cet homme même si ce dernier savait sûrement très bien qu’ils étaient. Kenya ne doutait plus des capacités du vieillard après le petit spectacle qu’il venait de leur faire.
- Force est de constater qu’au moins, elles sont en lieu sûr …
Sur ces mots, le sorcier au regard bleu-lagon se retourna vers les glaces et y porta toute son attention avant de questionner Ishgar.
- Peut-on s’en approcher sans se faire foudroyer ?

Il l’avait effectivement sous-estimé. Le vieillard semblait plus dynamique qu’il ne le pensait. Il y avait comme une petite étincelle dans le regard du vieil homme, ce qui n’avait pas finit de perturber Rhys, qui ne savait donc plus trop sur quel pied danser. Au vu du comportement froid et distant de son partenaire, Rhys se demandait s’il ne valait pas mieux qu’il se taise définitivement. Il fut coupé dans sa réflexion des plus intenses par l’intrusion de deux individus dans la bicoque. Les évènements partirent rapidement en vrille avec un combat entre le vendeur et les deux hommes. Et là encore, Rhys comprit qu’il avait sous-estimé le vieil homme, puisque ce dernier se débrouillait réellement bien. Il envoya paître les deux hommes en leur infligeant une bonne leçon. L’un d’eux s’en sortit avec plus de chances que son compère gisant au sol. Le Roberts lui n’avait eu le temps que de s’écarter rapidement, une main prête à dégainer sa baguette pour réagir si besoin. Mais ce n’était pas la peine, leur hôte savait ce qu’il faisait et maîtrisait parfaitement la situation.

Rhys ne se contenta que d’écarter la baguette du sorcier gisant au sol, afin d’en écarter le moindre risque. Il se risqua à examiner l’individu, avant de lâcher une grimace de dégoût devant ses blessures. Ça ne devait pas faire du bien. Décidant d’écouter Kenya jusqu’au bout, le Roberts lutta pour ne plus parler, ou au moins essayer de le faire intelligemment. Si sa langue trop pendue se lâchait et faisait gâcher la mission, il allait avoir de gros ennuis. Il resta alors en retrait, préférant laisser Kenya mener la danse des négociations. Il avait plus d’expérience à ce sujet. Et il se comporterait sûrement de manière plus intelligente.

L’anglais tourna donc en rond dans la pièce, observant les lieux et les objets disposés. Tout en essayant de garder un œil sur les environs. D’autres allaient peut-être débarquer sans prévenir, il fallait rester vigilant. Rhys ne détecta pas de pièges précis dans la salle. S’il y en avait, ils étaient trop bien conçus pour qu’il n’en ait connaissance. D’un signe de tête, il donna le signal à son compagnon pour le prévenir qu’il n’avait rien trouvé. Qu’un minimum de confiance pouvait probablement s’installer pour des discussions saines. Vu que ses paroles étaient sous surveillance, Rhys préférait en parler discrètement à Kenya avant de dire une bêtise à voix haute.

- Il sait ce que nous voulons, et ce que nous offrons. Mais nous, on sait pas ce qu’il veut…