daily prophet

La Coupe de Quidditch britanique touche à sa fin. Les Hollyhead Harpies sortent vainqueurs du tournoi et la fête bat son plein. La rebellion, elle, murmure (+).
Les tensions montent alors qu'un nouveau revenant est enfermé à Azkaban pour le meurtre "accidentel" de sa fiancée.
Teatime with the Queen : Buckinghamshire est voté le county préféré des sorciers immigrants.



 

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Sujet: out of the darkness and into the light of the day (abigail)   Sam 25 Nov - 23:38



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« Tu ne devrais pas venir aussi souvent, petite. » Lavinia pouvait se vanter avoir hérité de la faculté de son père, quand il était question de déni – alors, elle fit comme si elle n’avait rien entendu et lança un bref regard par la grande baie vitrée du salon. Dehors, le ciel perdait petit à petit sa teinte bleue pour arborer une allure grisâtre qui ne lui plaisait pas. « T’as des nouvelles de l’autre gamine ? » Abigail, sujet délicat. Et comme elle s’activait à la nier, (comme chaque fois que la discussion découlait sur ce sujet, à vrai dire) tout en venant remplacer le vieux bouquet de fleurs par le nouveau qu’elle avait apporté en arrivant, elle sentit quelque chose venir lui heurter douloureusement l’arrière de la tête. « Outch », murmura-t-elle automatiquement en portant une main vers l’endroit visé, avant de pivoter sur elle-même pour localiser la menace. Quelle violence. « Non, je n’en ai pas. » Edith Simmons se redressa soudainement dans son rocking chair, relèva le menton et lui lança un regard lourd de sens. Au sol, elle aperçut un vieux bibelot de bois – l’arme de son crime. Elle n’avait pas besoin d’ouvrir la bouche, ses yeux hurlaient à sa place et pourtant, comme si ce n’était pas suffisant, elle ajouta : « Alors vous les Prewett, vous êtes des maîtres dans l’art de nier les problèmes qui sautent aux yeux. » Lavinia, en plus de se masser l’arrière du crane, haussa un sourcil. Une vraie harpie – elle comprenait pourquoi Eliott l’aimait tant. « Vous ne connaissez que moi comme Prewett, comment voulez-vous pouvoir… » Edith leva la main, l’interrompant sans la moindre hésitation. « C’est ce qu’il disait tout le temps et au fil des années, j’ai eu l’occasion de me rendre compte de la véracité de ses propos. » Il. Aussi impersonnel que possible, aucune connotation affective. Rien qu’un il. Elle ne nommait ni Abigail, ni Eliott, jamais. Il n’en était pas moins qu’elle avait raison dans ses dires, bien entendu. Et Eliott avait raison lui aussi, en lui confiant cet aspect de la personnalité des membres de sa famille – globalement parlant. Lavinia se pencha en avant, ramassa le petit objet sculpté dans du bois que la vieille femme lui avait lancé quelques minutes plus tôt et vint le déposer à sa place initiale. « Je ne vois absolument pas pourquoi je ne pourrais pas vous rendre visite. » – « Tu continues à t’accrocher à des souvenirs qui ne t’aident pas à tourner la page. » Lavinia leva exagérément les yeux au ciel. Ce discours, elle l’avait entendu un million de fois, déjà. Edith, qui ne supportait pas son côté désinvolte, attrapa à nouveau le petit objet de bois et le lança dans sa direction. Presque mécaniquement, la Prewett s’inclina de côté et l’évita de justesse. « Ah, raté. »

Edith Simmons avait toujours été aigrie, aussi loin que Lavinia pouvait se souvenir. Le plus ironique dans l’histoire, c’était qu’elle était (et de loin) la personne la moins acariâtre de son entourage, et si ça n’était pas aussi drôle, cela pourrait presque en être triste. Elle lui faisait bien comprendre, chaque fois qu’elle allait lui rendre visite, que c’était la dernière fois qu’elles devaient se voir, lui servait son baratin concernant les souvenirs douloureux qu’elle ne pouvait pas chasser, lui faisait la leçon comme à une enfant de cinq ans concernant les divers sujets sur lesquels Lavinia osait se livrer. Étrangement, elle était considérablement plus proche d’Edith qu’elle ne l’avait jamais été de sa propre grand-mère, ou même de sa mère. C’était peut-être son isolement en Ecosse, c’était peut-être parce qu’elle avait fini par s’y attacher, à force, peut-être parce qu’elle avait le même regard malicieux qu’Eliott. C’était peut-être un ensemble de choses, certaines que Lavinia ne pourrait jamais réellement nommer justement. Ca avait commencé par une vulgaire lettre de condoléances, quand elle était incapable de lui faire face, de lui annoncer qu’elle avait perdu le dernier membre de sa famille à cause d’elle. Blâmer Abigail avait été facile – à l’ombre de toute cette histoire, elle s’était tenue pour seule et unique responsable du meurtre de son petit ami. Le tout avait fini par se transformer en de régulières visites. Lavinia pleurait, Edith réconfortait. Lavinia râlait, Edith conseillait. C’était sans doute devenu une routine et elle avait un peu plus peur à chaque fois, Lavinia. Que la vieille femme soit sérieuse, qu’elle finisse par ne plus lui ouvrir la porte de sa demeure – elle était la dernière chose qui la reliait définitivement à Eliott.

Lavinia, après avoir serpenté durant de longues minutes dans le cimetière qu’elle connaissait aujourd’hui comme sa poche, s’arrêta à quelques mètres de la pierre tombale d'Eliott, le cœur toujours aussi serré que la première fois. D’abord, elle n’était pas venue du tout. Elle avait eu trop mal et s’était laissé envahir par cette sensation que jamais elle ne pourrait affronter une telle épreuve. Elle avait entendu certains récits – des familles entières décimées, parfois dont on n’avait même pas retrouvé les corps. Mais pour la vieille Simmons, elle était venue presque tous les jours. Puis toutes les semaines. Les années s’étaient écoulées et elle avait commencé à venir tous les mois, se querellant plus souvent qu’elle ne l’aurait souhaité avec ses parents qui auraient voulu la voir tourner la page plus rapidement – qu’on ne l’associe pas avec un traître, un terroriste, un opposant au gouvernement en place. Très récemment, elle avait promis à Edith de ne plus venir qu’une fois par an, finalement. Une fois mariée à un mangemort, elle ne pourrait plus, de toute façon, faire ce que bon lui semblait. Non pas qu'Anthonin s'intéressait un tantinet à ce qu'elle faisait, à dire vrai. Il n'en était pas moins qu'elle préférait ne pas courir le risque de soulever des questionnements. Non loin, un crack sonore attira son attention, la tirant momentanément de ses pensées un peu plus mornes qu’hier. Bien moins que demain, cependant. Négligemment, elle jeta un bref coup d’œil par-dessus son épaule, observant distraitement la silhouette qui serpentait entre les pierres grisâtres comme elle l’avait fait quelques minutes plus tôt, avant de reposer son attention sur celle d’Eliott. Oh. Lavinia se tourna vers la silhouette en question, y faisant plus attention cette fois-ci.
Merlin.
Peut-être qu’elle avait encore le temps de fuir.
Peut-être qu’elle pouvait transplaner, là, tout de suite.
Peut-être qu’elle pouvait la nier. Elle l’avait fait pendant un peu plus de six ans, alors un peu plus, un peu moins, elle n’était plus à ça près.
Peut-être qu’elle… « Qu’est-ce que tu fais ici ? »
Il y a un blanc durant lequel elle maudit intérieurement Merlin, Morgane et elle-même aussi, au passage. C’était ridicule. Elles étaient toutes les deux là pour la même chose.

« Je m’en allais », finit-elle par lui dire, tournant légèrement le visage dans sa direction, après avoir gardé et entretenu un silence presque gênant. Y’a pas de colère, dans sa voix, pas d’amertume et elle en est la première surprise. Un peu plus de six ans plus tôt, elle avait été incapable de lui adresser la parole sans que ses propos ne suintent les reproches – c’était peut-être un pas en avant. Ou c’était p’t’être rien du tout.

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Sujet: Re: out of the darkness and into the light of the day (abigail)   Mar 5 Déc - 22:56



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Abigail avait tout pour être heureuse. C'était ce que tout le monde lui disait : elle avait un métier qui la passionnait, une famille dont elle avait toujours été proche et n'était pas soumise aux dures lois des sang-pures, comme pour les fiançailles. Elle était libre de faire tout ce qu'elle voulait, ainsi elle avait rejoint l'ordre à la fin de ses études et était devenue combattante. Elle avait un planning chargé, aurait espéré avoir des journées de trente heures. La brune courrait dans tous les sens, elle se laissait rarement le temps de respirer, de se poser. Et là, une pause. Un bébé qu'elle avait aidé à rejoindre leur monde, un monde de peur. Voir autant d'enfants lui faisaient du bien, ils lui faisaient presque oublier l'horreur de ce monde, Voldemort et le reste. Elle se passa de l'eau sur le visage, elle avait eu une journée chargée et la matinée était passée à une vitesse folle. Abigail observe son reflet dans le miroir, aujourd'hui elle avait aidé une toute jeune femme - son âge tout au plus - à mettre au monde une magnifique petite fille. Une petite Rose, un prénom tout naturellement trouvé par la maman, elle qui lui avait expliqué qu'elle l'avait choisi pour faire honneur à une grande sorcière de sa famille. Et là, dans le reflet d'un miroir, Abigail sait qu'elle aurait pu être à la place de cette jeune femme, si la guerre ne faisait pas rage, si elle n'avait pas mis l'amour de côté. Elle aurait pu vivre la vie qui lui était destinée, fiancée à un homme de sang-pur, avec peut-être déjà un ou deux enfants, à essayer de faire abstraction de la guerre, des horreurs perpétrées au nom d'un sorcier qu'elle espérait tant voir renverser. Elle avait vingt-six ans, et elle n'avait pas accompli grand chose. Abigail n'avait pas la vie parfaite et bien rangée qui lui était destinée.

« J'peux m'asseoir ? » La question était plus rhétorique qu'autre chose puisqu'il était déjà assis à côté d'elle. Depuis qu'ils se connaissaient - ça devait faire un peu plus de quatre ans -, il avait toujours la fâcheuse tendance de lui poser des questions auxquels il n'attendait aucune réponse. Il lui avait déjà dit qu'il prendrait toujours un non pour un oui, alors de toute façon, ça ne changeait rien. Et finalement, une petite routine s'était installée, il lui demandait toujours pour s'asseoir, tous les jours quasiment à la même heure. Il était 14h26 et ils n'avaient pas pu prendre une pause avant. Les journées à Sainte-Mangouste étaient différentes, chaque fois, et c'est ce qu'elle aimait dans ce métier. Il lui parlait, une nouvelle fois des revenants. Un sujet qui revenait bien trop souvent au goût de la brune. Et qui, chaque fois, la faisait penser à la même personne, à ses yeux rieurs, à son rire qui résonnait dans les couloirs de l'école, à leurs fous rires et leurs projets, leur amitié. Eliott. Et chaque fois qu'elle pensait à lui, elle espérait qu'il était bien là haut, qu'il ne voudrait pas redescendre sur la terre. « Moi j'voudrai bien voir revenir Althéa. Trop jeune... » Il ne parle que rarement d'elle, son premier amour, sa bien aimée. Elle n'aurait pas du mourir, Althéa était une victime de mangemorts, elle avait fait partie de l'ordre. Abigail l'avait bien connue, elles avaient le même âge à l'époque. Et la blonde aurait voulu quitter l'ordre, pour vivre tranquillement avec Noah. Et au fond, peut-être que c'était Abigail qui portait malheur aux gens qu'elle appréciait. « Tu peux pas dire ça. » Ses propos sont crus, le ton est peut-être un peu froid. Elle passe une main dans ses cheveux, démêle les noeuds en soutenant le regard de son collègue. « Althéa est morte depuis deux ans, Noah. Et ma mère me disait toujours que les revenants ne pourraient pas être heureux. » Elle voit les larmes qui montent dans ses yeux, elle sait qu'elle lui fait du mal en lui parlant ainsi. Au fond, ces mots, elle les dit peut-être pour se convaincre encore maintenant, après sept ans. Elle pose doucement sa main sur celle de son collègue, dans un geste presque désespéré de le réconforter. « J'ai perdu quelqu'un, il y a sept ans. C'était pas mérité... Lui aussi était trop jeune. » Depuis le dernier coup d'éclat, la dernière fois qu'elle avait haussé la voix, elle n'avait pas reparlé une seule fois de ce type qu'elle avait perdu. « Abigail... » Il sent la tristesse dans la voix de celle qu'il pouvait considérer aisément comme une amie. « Pourquoi ? » Et dans un simple mot, il y avait des dizaines de questions ; qui était-il, qu'était-il pour elle, comment est-il mort, pourquoi a-t-elle l'air d'en souffrir encore autant, pourquoi ne veut-elle pas qu'il revienne. Pourquoi, dans son regard, quelque chose s'est-il brisé ? « Eliott comptait beaucoup pour moi, un jumeau qu'on avait oublié de me donner. Et, dans la tête de quelqu'un, sa mort est de ma faute. » Lavinia. Si seulement, tout avait été différent.

Et pas une semaine ne passait sans qu'elle ne s'y rende. Un chemin qu'elle connaissait par coeur, la même pierre chaque fois. Le temps était gris, le vent soufflait fort, mêlant ses cheveux et la brune resserra son trench autour d'elle. Elle empruntait le même chemin à chaque fois, et elle était toujours seule. Peu de gens rendaient visite à leurs morts, c'était bien malheureux. Mais cette fois-ci, tout était différent. Il y avait quelqu'un dans le cimetière, de longs cheveux dans le vent, une silhouette qu'elle ne pouvait que reconnaître malgré les années d'absence. Lavinia était là. En sept ans, elles ne s'étaient jamais croisés dans le cimetière, et si Abigail avait eu le malheur de la voir, elle aurait transplané. Comme si sa place n'était pas là, comme si ce n'était pas légitime. Aujourd'hui, tout est différent. La brune s'arrête à quelques mètres de l'autre jeune femme, elle avait les traits tirés. Peut-être avait-elle pleuré ? Elle lui demanda ce qu'elle faisait là, ses yeux auraient pu lancer des éclairs. Pas de place à une réponse, avant qu'elle n'ajoute qu'elle allait partir. Ça a pour effet de sortir Abigail de sa torpeur. En sept ans, c'est la première fois que ce ne sont pas des insultes ou des reproches qui sortent de sa bouche. « Reste. » Le ton n'est pas froid, il n'y a pas de colère, juste une pointe d'indifférence, un masque qu'elle essaye de garder pour ne pas souffrir encore, pour ne pas la faire souffrir non plus. « Je suis là pour la même chose que toi. » Elle semble se souvenir du petit bouquet de roses blanches et de lys, elle le pose délicatement sur la pierre froide, ne sachant pas si Lavinia prendra la peine de rester. « Il est temps qu'on parle, après autant d'années, ne penses-tu pas ? » Abigail se tourne vers celle qui était son amie, celle qu'elle a un jour considéré comme une soeur. Les rencontres, elle les avait imaginées, elle en avait parfois rêvé mais jamais aucune ne lui avait apporté satisfaction, peut-être que ce serait le cas, aujourd'hui. Au milieu de ce cimetière, elle espérait que le garçon les observait, peut-être en serait-il heureux. « Eliott comptait pour moi. » Une phrase peut-être un peu simple, mais qui signifiait beaucoup pour la jeune femme. Une phrase que la jeune femme en face d'elle pourrait balayer d'un coup de la main. « Je ne lui aurai jamais fait ça. » Et par ça, elle parlait des rafleurs, de la trahison, de tout ce dont Lavinia l'avait toujours accusée.



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Sujet: Re: out of the darkness and into the light of the day (abigail)   Mer 6 Déc - 22:48



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« Reste », demanda Abigail, alors que Lavinia lui lançait un nouveau regard du coin de l’œil – c’était toujours plus facile que d’avoir à l’affronter directement. Au fond de sa poitrine, elle sentit son cœur s’activer un peu trop rapidement, plus que nécessaire, en tout cas. Reste. Cinq mots, c’était bien plus de lettres articulées en quelques secondes que des mots alignés en sept longues années, c’était dire, combien le mutisme dans lequel elles s’étaient toutes deux plongées avait été important. Lavinia se souvenait de la réaction de ses parents comme si c’était hier. Abigail avait été liée aux Prewett durant si longtemps qu’elle faisait pour ainsi dire partie des meubles et sa disparition soudaine du portrait familial avait chagrinée sa mère (qui se targuait pourtant toujours d’avoir son comportement trop exubérant en horreur, quelle ironie, tout de même). Sans doute l’avait-elle accueillie dans sa demeure bien trop de fois que pour pouvoir rester impassible, quand bien même Lavinia avait rapidement mis un terme aux questionnements soulevés. Quand. Pourquoi. Comment. Elles étaient si proches. Si, si proches.

Si proches.

Et si éloignées, à présent. Doucement, comme pour ne pas se brusquer, elle tourna la tête dans sa direction, l’observant silencieusement quelques secondes. « Je ne crois pas que… » Que quoi, au juste ? Que ce soit judicieux ? Opportun ? Elle était à peine sûre de pouvoir supporter la vision du visage d’Abigail, quelques minutes plus tôt et pourtant, elles étaient là maintenant, à s’échanger de fréquentes œillades. « Je suis là pour la même chose que toi. » Lavinia hocha la tête, incapable de prononcer le moindre mot, tandis que la boule d’angoisse lui dévorant l’estomac remontait jusqu’à sa gorge. Soit elle partait, soit elle restait – mais elle devait prendre une décision. Tout de suite.

Toujours aussi silencieuse (et indécise) (à bien y réfléchir, rester plantée là était déjà une décision en soi), elle contempla le bouquet de roses blanches et de lys qu’Abigail venait de déposer au pied de la pierre tombale durant de longues secondes. L’instant d’après, elle avait déjà le regard détourné et les yeux brûlants, le souffle court. C’était une des raisons pour lesquelles elle avait commencé à détester se rendre ici. Cette sensibilité, qu’elle parvenait à écraser au cours de sa vie active, était ravivée sans la moindre difficulté et puis, cette tristesse au-dessus de laquelle elle était capable de passer, ici c’était différent : elle la dévorait des pieds à la tête. « Il est temps qu’on parle, après autant d’années, ne penses-tu pas ? » Non. Fin de l’histoire.

La seule chose à laquelle elle était capable de penser, c’était qu’elle n’aurait jamais dû se retrouver ici. La grand-mère d’Eliott avait raison (comme souvent), il était temps qu’elle tourne la page. Il était temps qu’elle… Qu’elle pardonne ? Lavinia releva aussitôt ses grands yeux sombres en direction d’Abigail, après avoir papillonné des cils à plusieurs reprises pour chasser ces fichues larmes. Sept années, par Merlin. Et ça faisait toujours aussi mal. « On a déjà parlé », finit-elle par répondre, avant de balayer ses dires d’un geste de la main. Enfin, elles s’étaient plutôt hurlées dessus et ça, c’était arrivé un nombre incalculable de fois, après le drame. Et elle en avait assez, Lavinia. Elle était fatiguée. De cette situation, de la guerre qui s’enlisait, de ce doute qui n’avait pas cessé de planer une seule seconde au-dessus de la silhouette autrefois rassurante d’Abigail. « Eliott comptait pour moi. »

Elle se crispa aussitôt : Eliott comptait pour Lavinia, surtout. Elle pourrait presque la gifler, avec un peu plus de volonté, un peu plus de courage. Un peu plus de stupidité, par-dessus tout. Y’a sans doute un brin de jalousie, là-dessous. Elle avait si souvent eu l’impression qu’elle était la seule à avoir le droit de pleurer Eliott, qu’elle en avait fait une habitude – terriblement injuste, elle en avait bien conscience. « Arrête. » C’était le seul mot qu’elle était capable de prononcer, litanie incessante tournant en boucle dans son esprit depuis qu’Abigail avait pris la parole. « S’il te plaît », supplia-t-elle en fermant les yeux pour masquer les larmes qui montaient une nouvelle fois aux yeux. Sept fichues années, par Merlin. Elle ne devrait plus pleurer et pourtant, elle se retenait si fort à l’instant, qu’elle peinait à respirer. « Je ne lui aurai jamais fait ça. » C’était peut-être parce qu’elle n’en avait parlé à personne. Un peu plus de six ans sans aborder le sujet, c’était sans doute un peu trop long à endurer, c’était trop à encaisser. Et maintenant qu’Abigail était là, elle sentait étrangement le poids qu’elle avait l’impression d’avoir sur les épaules depuis si longtemps peser un peu plus fort. « Alors qui ? » Ses doigts glissèrent sur ses paupières fermées qu’elle massa mécaniquement, comme chaque fois qu’elle était fatiguée, excédée par un sujet – comme pour se soulager, aussi, ou comme pour faire partir les larmes.

Lorsqu’elle fût certaine d’avoir repris contenance (des années d’entraînement dans le domaine et elle était toujours incapable de se ressaisir aussi rapidement qu’elle le souhaitait), elle ouvrit les yeux, vrillant ses pupilles vers Aby. « Si ce n’est ni toi », débuta-t-elle en saisissant son index droit à l’aide de la main gauche, commençant à énumérer machinalement ses dires. « Ni moi », continua-t-elle en ajoutant à l’index le majeur, « alors… » Elle haussa doucement les épaules et leva les mains en signe de reddition, comme si elle rendait les armes. Comme si elle abandonnait. Le dernier élément de l’équation, c’était Danny. Mais Danny n’était nullement lié à cette histoire, ça avait été décrété silencieusement entre elles et ce dès le début. Pas besoin de soulever le sujet, elles savaient, c’était tout. C’était terriblement plus facile de nier l’évidence, de la repousser dans une petite partie de son cerveau verrouillée que de l’admettre. « Je suis fatiguée », conclut-elle en se détournant aussitôt. « Cette histoire, regarde ce qu’elle nous a fait. » Elle avait détruit leur amitié et de façon extrêmement violente. Elle avait détruit Lavinia, ravagée Abigail. Elles avaient mis des années à commencer à se reconstruire. Lavinia, en tout cas. « Pourquoi en parler ? » Quand on en connaît l’issue, s’empêcha-t-elle d’ajouter.

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