daily prophet

La Coupe de Quidditch britanique touche à sa fin. Les Hollyhead Harpies sortent vainqueurs du tournoi et la fête bat son plein. La rebellion, elle, murmure (+).
Les tensions montent alors qu'un nouveau revenant est enfermé à Azkaban pour le meurtre "accidentel" de sa fiancée.
Teatime with the Queen : Buckinghamshire est voté le county préféré des sorciers immigrants.



 

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 Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.

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Sujet: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Mer 29 Nov - 23:05

Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.
avec saga merrick

Les doigts de Roderick tremblent autour de la poignée. On croirait le métal brûlant. Les pupilles, aussi sombres que la nuit qui étouffe doucereusement dans le début du jour, scrutent les jointures blanchies, crispées, les cicatrices dont est perclus le dos de sa main et qui s’en vont parfois mourir jusque dans le poignet, chaque phalange abîmée, grinçante comme s’il avait cent ans. C’est la pogne d’un duelliste, un qui se ramasse à deux paumes lorsqu’un sort le foudroie, empoigne solidement le bois de tremble et n’attend pas d’être remis plus haut que sur ses genoux pour riposter. Roderick a appris à se salir, pour le sport, pour son simulacre de guerre. Ces souillures, troublantes mais superficielles, lui apportent fortune et gloire dont il ne manquait pas à raison de son nom et de sa seule naissance. En revanche, le courage qu’il faut pour monter sur une piste, saluer l’adversaire et le vaincre jusqu’au sang se disloque quand il est apprêté sur le seuil d’une petite boutique, modeste et poussiéreuse, de l’Allée des Embrumes.

Le courage ordinaire, le seul qui compte, Mulciber ne l’a jamais eu.

Parce qu’il ne veut pas être vu dans l’échoppe, Roderick brave le seuil. Il ne rabat pas tout de suite le capuchon de sa cape de voyage. L’étoffe barre son front, la ligne de ses sourcils et une partie de sa vision. Depuis un coin de pièce, l’âtre crachote une douce chaleur. Partout, les étagères débordent de contenants aux contenus mystérieux. Il fait bon, quoi qu’un peu humide. Les courants d’air ne tarissent vraiment que lorsqu’il consent à relâcher la porte. Elle claque. Un frisson de poltron remonte le dos du mangemort, qui pourrait se masser l’avant-bras, et le tatouage au serpent avec, pour s’insulter d’avoir trente et un ans et l’encéphale sous-développé d’un môme.

Il a décidé d’aller voir Saga comme l’on est pris de fièvre. Roderick dormait mal, le sommeil secoué par tantôt des cauchemars et tantôt l’insomnie. Ses pensées dérivaient. Quoi qu’il ait toujours fait semblant, Mulciber n’a jamais oublié la jolie née-moldue à laquelle il avait confié, jadis, le livre de sa mère. Imogen Mulciber lui en avait causé, il y a des années maintenant, et le fils avait prétendu avoir égaré les pages, insignifiantes à ses yeux. La seule valeur de ce maudit traité, c’est encore la mémoire qu’il porte depuis que son propriétaire a changé. Il n’est pas venu à l’esprit de Roderick que Saga ait pu conserver le livre. Il s’en fiche sans fin. Ce qu’il y a de si prégnant dans ce vieux fragment mémoriel, engoncé dans le fond de son crâne, c’est que celle dont on blâmait le sang est bel et bien devenue potionniste ; c’est plus que ne lui en promettait l’époque qui l’a vue naître.

Il est tôt, très tôt. Roderick a fracturé les sortilèges qui verrouillaient l’entrée pour se présenter, pas après pas, devant le comptoir. L’assurance compilée – à force de savoir qu’elle serait là, qu’ils ne seraient pas dérangés, qu’il pourrait dire tout ce qu’il n’a pas cessé de penser et de macérer – s’est dissoute d’un seul coup. Il aimerait qu’elle ne sorte pas de l’arrière-boutique. Il préfèrerait que le détenteur de la petite boutique soit la silhouette qui se dégage de la pénombre. Or, il n’est pas là. Mulciber a scrupuleusement choisi son moment. Alors pourquoi, par les Quatre fondateurs de Poudlard, se sent-il à ce point piégé ? Cela s’appelle la culpabilité, Roderick. On eut été intentionné, à son endroit et à celui de tous les autres, de l’informer de cette faculté innée. Elle a tant aimé le poursuivre et le persécuter, cette garce. Pas par explosions démonstratives, non. Par pointes, de très légères piqûres ça et là, à diverses périodes de sa vie. Si cela lui démangeait l’arrière de la tête, c’est qu’il se souvenait de Saga. Ou un nœud dans les entrelacs de son ventre. Il se souvenait encore d’elle. Maintenant qu’il est là, et que la blonde s’extirpe de sa tanière afin de guigner l’intrus, Roderick regrette de n’avoir pas tué le ramassis inepte de commandements et de sensations que l'on doit appeller la conscience. « Bonjour, Saga. » Il est surpris et satisfait de la platitude de son timbre. Ça le convainc de renverser la capuche sur sa nuque et de soutenir ce regard qu’il n’avait plus croisé depuis quinze ans. 
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Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur. CKieOi1
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Sang : Sang-de-bourbe.
Profession : Potionniste d'une minuscule boutique de l'Allée des Embrumes.
Situation civile : Une dénommée Delia a éveillé un feu difficile à éteindre.
Allégeance : Neutre. Elle méprise la rébellion.
Particularité : Aucune.

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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Jeu 30 Nov - 4:05


Nul besoin de se rendre à une telle heure à la boutique. Aucune potions à préparer, pas pour l'instant, ni rangement ni ménage à faire. Ce qu'elle aime, c'est le silence des rues londoniennes, le calme délicieux de l'Allée des Embrumes que plus personne n'arpente après les nuits qui la voient s'agiter de murmures et d'échanges douteux. Le ciel est encore un peu rouge et nul oiseau ne chante pour percer le silence. Surtout, personne pour la suivre, personne pour commenter la longueur de sa robe ou l'impureté de son sang. Elle déclenche les sortilèges qui gardent l'entrée sitôt qu'elle a passé la porte, lâche son sac et son manteau sur une chaise  de l'arrière-boutique.

Le feu renaît de ses cendres sous l'impulsion de sa baguette, la bouilloire posée dessus ne tardant pas à siffler. Le café qu'elle prépare n'a rien d'un grand cru, il lui laisse souvent en bouche un goût âcre mais elle ne l'affectionne pas moins pour autant. Les chaussures, inconfortables, sont abandonnées au pied du fauteuil sur lequel elle se hisse, ramenant ses genoux contre elle. Elle étouffe un bâillement dans sa manche puis lève la tasse jusqu'à ses lèvres, mais se fige dans son geste. Un bruit inhabituel éveille sa méfiance, un bruit qui n'a rien à voir avec les bûches craquant dans la cheminée ou le vent s'engouffrant dans le toit. Elle repose la tasse à gestes délicats, sort sa baguette de sa manche et adopte sa démarche la plus légère pour s'approcher du rideau. Du bout de la tige de pin, elle pousse ce dernier pour apercevoir la silhouette de l'autre coté. L'inconnu attend devant le comptoir, tel un client ordinaire qui ne viendrait pas de forcer les sortilèges de sécurité, si ce n'est que son visage se cache dans les ombres.

Elle s'avance, presque sans crainte, la baguette posée contre sa cuisse. Peut-être n'est-ce qu'un sorcier déterminé à acheter une potion sans attendre les horaires habituels. Elle en a croisé de plus fous que ça, Saga, des hommes prêts à tout pour avoir ce qu'ils désiraient. Le chasser ne ferait qu'apporter une mauvaise réputation à la boutique. Alors qu'elle s'arrête derrière le comptoir, la voix qui s'élève pour la saluer lui cause un drôle de frisson, qu'elle ne comprend que quand le masque tombe. Un instant, elle a le souffle coupé, ses yeux froids incapables de se détacher. Elle aurait peut-être pu oublier son visage, s'il n'avait pas pour foutue habitude d'apparaître régulièrement dans les journaux. Elle en était venue à les éviter comme la peste, ces torchons de propagande qui vantaient les dons du fabuleux héritier des Mulciber. C'est un peu comme s'ils ne l'avaient jamais vraiment quitté, lui et son sourire de morveux. Mais le voir en face, c'est différent. La myriade d'émotions la prend de court, lui donne la nausée, si bien qu'aucune ne l'emporte et que son visage n'en laisse rien paraître. Elle baisse brusquement les yeux, fixant le comptoir. Elle songe froidement que ce meuble en bois noble a peut-être bien plus de valeur que la vie d'une née-moldue, aux yeux des hommes comme Roderick.

Le temps a tout déformé, les sentiments passés transformés en lames glaciales longtemps restées en travers de sa gorge ; maintenant qu'elles ont fondues, il en reste les sillons froids tout le long de sa carcasse, et Saga n'a plus d'yeux pour autre chose que le mal causé. Tout est mensonge, jusqu'aux moments de joie pure, de plaisir intense. Tout est mensonge et elle n'est rien du tout, face à lui, rien qu'un jouet désarticulé dans les mains d'un enfant, le premier enfant à avoir posé ses salles pattes dessus. Les traces de doigts n'en sont jamais parties, mais elle a fait mentir les pronostiques avec ferveur. Elle est devenue potionniste. Rêve réalisé ? Dans cette boutique miteuse, elle se sent comme la meilleure des blagues, la farce ultime orchestrée par les purs. Oui, elle en concocte des potions, mais dans le silence étouffé des demandes un peu spéciales. À l'ombre elle appartient, aujourd'hui et demain encore, vilain petit secret des grands dans son genre.

« Bonjour, monsieur Mulciber. Nous ne sommes pas ouverts mais puisque vous êtes entré, que puis-je faire pour vous ? » fait-elle sèchement, s'assurant de remettre cette distance entre eux qu'il semble prompt à faire disparaître, rien qu'en la nommant. Elle ne relève pas les yeux. Hors de question qu'il lise la colère, qu'il perçoive la souffrance passée aujourd'hui presque endormie. Sa seule présence l'humilie, lui paraît être une punition de plus. Que veut-il, si ce n'est lui arracher une nouvelle dîme de chaire ? Pourquoi apparaître ici après quinze ans ? Si elle refuse ce face-à-face, c'est à la fois par honte mais surtout par crainte. Saga sait qu'elle ne saura pas cacher longtemps sa colère, son dégoût pour lui. L'étendue de la blessure qu'il a creusé avec ses griffes de gamin maladroit et cruel. Et s'il est une leçon qu'il lui a parfaitement apprise, c'est de ne pas montrer de faiblesses ; autant tendre le cou et fermer les yeux. D'eux deux, elle a sans doute été la plus écervelée. L'agneau qui pleura tant d'avoir fraternisé avec le fauve.



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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Dim 3 Déc - 16:27


Il est heureux que, passé le premier contact (et le premier choc), Saga baisse les yeux. Alors qu’il en crève de besoin, un orgueil térébrant interdit à Roderick de le faire le premier. D’abord, cela ne sied pas bien à un homme de son espèce. Encore – et, en vérité, surtout, il ne se croit pas permis de détourner le regard alors qu’il est grand-temps qu’il assume ses méfaits. Quinze ans, c’est long. La moitié d’une vie, pour certains. La meilleure moitié, dans son cas. Pourtant, il est là ; il lui est impossible de revenir en arrière, de marcher son tracé à l’inverse et de disparaître dans les brumes de l’aurore. Après qu’il a eu l’occasion d’être pire qu’un menteur et qu'un traître, après qu’il a eu la carence morale d’être plusieurs fois meurtrier, c’est face à Saga, Saga Merrick, une née-moldue et une potionniste sans ampleur, qu’il tremble et qu’il hésite. Quinze ans, c’est trop tard mais, cependant qu’elle ne répondait d’aucun témoignage, fût-il lointain, alors qu’il tentait une chose envers elle, Roderick a fini par se faire impatient et venir.

Ces dernières années, les plus récentes, il a bien essayé de prouver ses remords. Roderick a cru intelligent, ou du moins avisé, de causer de la modeste échoppe à ses pairs. Lui qui ne fait qu’un très vague usage des potions (ou de si ordinaires qu’il peut lui-même les concocter) ne tarissait pas. Après deux ou trois articles dans la presse nationale, où son éloge couchait au milieu de ses mœurs et de ses exploits sportifs, il avait espéré une note de la part de Saga. N’importe quoi. Un retour de l’un de ses amis, satisfait des services de la jeune femme, lui aurait convenu. Mais rien. Pas qu’il puisse lui reprocher son silence. Il refuse ou ne peut s’en satisfaire.

« Tu pourrais me regarder, pour commencer. » Il ne va pas jouer l’ignorance, le vouvoiement. Il pourrait. En d’autres circonstances, il le ferait. Mais personne ne les voit. Comme à l’époque. Personne ne peut les entendre. Et il n’est pas descendu jusqu’ici pour échanger des politesses ou faire des simagrées. Roderick les réserve au restant du monde tandis qu’à Saga… oui, il lui doit enfin un tronçon de franchise. « Et reposer ta baguette. Je ne vais pas te faire de mal. » Pas plus. Pas pire. Pas de cette manière, de toute façon. Ça n’a jamais été à ce niveau, tandis que tous les Mulciber combattaient bel et bien le sang des Merrick. La plus belle hypocrisie de Roderick aura toujours été de mépriser la masse pour son propre intérêt et d’en préférer une, et une seule en trente ans. Il aura eu le malheur de poser les yeux sur elle ou Saga aura eu l’imprudence de lever les siens vers lui. « Mais je ne vais pas t’obliger, marque-t-il l’évidence avec un soupir mesuré. » Ses propres doigts peinent à relâcher le bois de tremble, dans sa poche. Ce n’est pas qu’il se sente en danger. C’est un vieux réflexe, aussi puéril et instinctif qu’un môme qui se planque sous un drap ou derrière la carrure puissante de son père. Cette baguette, c’est souvent ce qu’il y a entre lui et un futur plutôt qu’un autre. Aussi longtemps qu’il la sent dans sa paume, il se sent responsable de son destin.

Un raclement de gorge broie le silence qui commençait, désagréable, à dévorer sa nuque. « Je vais parler, dit-il comme s’il en fallait un pour détruire ces non-dits, ces quinze ans, année après année, mois après mois. Je suis désolé. De ne pas être venu plus tôt. » Puisqu’il est manifeste que Roderick savait où elle était et ce qu’elle faisait, bien plus qu’il n’était censé. « Et je suis désolé… » Il croit qu'elle dit une chose. Il n'entend pas. Ou n'écoute pas.  « Pour tout, en fait. Je suis désolé de ce qu'il s'est passé, de ce que j'ai fait. Et de ce que je n'ai pas fait. J'imagine que tu ne seras pas surprise que je n'aie eu aucun courage, et que j'en manque encore. Je sais que ces excuses arrivent quinze ans trop tard, qu'elles ne changeront absolument rien à ce que tu penses de moi – ni à ce que je pense de moi, d'ailleurs. Je n'étais qu'un môme. Peut-être le plus con de tous. Mais... je suis désolé. »
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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Mar 12 Déc - 0:45


Saga n'a jamais cessé d'être surprise par les moyens trouvés pour la tourmenter. L'évoquer dans ces articles médiocres, y conseiller la boutique ? Ce ne pouvait rien être d'autre qu'une pique supplémentaire, une farce comme il savait les faire. Elle avait pris les quelques clients venus sur ses conseils comme on reçoit le diable, avec la méfiance acérée de celle qui se pense au centre de toutes les moqueries, qui s'imagine la toile se refermer lentement autour d'elle jusqu'à ce qu'elle soit épinglée sur la place publique et qu'on envoie sur sa peau s'écraser des immondices. Comment s'étonner alors, qu'elle l'accueille ainsi, qu'elle n'imagine pas un instant sa présence justifiée par autre chose que la malice ?

Les mots lui font l'effet d'une piqûre et elle relève brièvement les yeux pour le fixer. Peut-être n'est-ce pas volontaire, mais elle le perçoit tel un ordre, un reproche ; comme si elle n'avait pas le droit de le quitter des yeux, de l'ignorer comme elle sait si bien le faire. Mais il n'y a pas plus rassurant que de fixer ce comptoir et de le traiter pareil à un banal client, alors à nouveau elle fuit. Saga n'est pas lâche, sauf quand il s'agit de vieux démons qui l'envoient courir droit dans ses habitudes réconfortantes. Elle ne se souvient de la baguette serrée entre ses doigts qu'en entendant les mots suivant, et finit par doucement la glisser dans une poche de sa robe. Il ne l'attaquerait pas, ce n'est pas sa manière de faire. N'est-ce pas ? Saga tente de se calmer en respirant plus lentement, mais les regards qu'elle lui lance en disent plus qu'elle ne le voudrait. Elle n'a qu'une envie, c'est qu'il reparte comme il est venu, tel le voleur qu'il est. Au lieu de cela, il s'annonce dans l'espoir qu'elle ne l'interrompe pas dans cet étrange discours qu'il entame. À peine les premières excuses s'échappent-elles des lèvres du brun, qu'elle ferme les yeux comme pour ne plus l'entendre. « Arrêtes, supplie-t-elle. » Mais il n'en a pas l'intention, peut-être n'a-t-il même pas entendu. Elle ne veut pas de ses excuses, qui n'ont aucun sens, aucune matière. Ce ne sont que des mots, des mots auxquels elle n'accorde plus le moindre crédit depuis des années et qui ne font que raviver le souvenir de cette enfant naïve qu'elle a été. Il fut si difficile de l'enterrer, cette gosse stupide, qu'à présent elle n'en supporte plus la simple évocation ; mais lui n'en a que faire, il piétine tous ses efforts, se déchaîne sur ce château de cartes qu'elle a construit avec application.

Prise de panique, incapable de recevoir ses excuses ni même de l'écouter jusqu'au bout, elle tente maladroitement de reprendre son numéro là où elle l'a laissé. La potionniste se racle la gorge et rouvre les yeux, fixant un point derrière lui. « Monsieur Mulciber, je pense que vous faites erreur sur la personne. À moins que vous ayez quelque chose à acheter, je... » Incapable de finir sa phrase, elle recule légèrement et ses yeux retombent sur ce visage qu'elle a détesté pendant tant d'années. La rancune est toujours là, prête à giboyer de la moindre occasion pour haïr, à lui faire lever sa baguette si elle n'avait pas ce contrôle presque parfait. Les lèvres pâles s'entrouvrent sans qu'aucun son n'en sorte, les yeux se plissent pour l'accuser ; c'est le regard du serpent courroucé qu'elle lui donne, quand elle crache enfin un venin trop longtemps gardé. « Tu es désolé ? » Ses doigts tremblant se posent inconsciemment sur le dessus de la poche où se trouve la tige de bois de pin. « Tu n'étais pas qu'un môme. À mes yeux, tu étais un monstre. Le pire d'entre eux. » Un souffle saccadé, qu'elle reprend avec peine avant de finir de se déverser. « J'aurais préféré que tu me jettes au sol et que tu me battes jusqu'au sang, comme certains de tes amis. » Ses lèvres s'étirent, déformées par le sarcasme. « J'ai réussi à oublier leur visage, mais le tien est à tous les coins de rue. Est-ce que pour ça aussi, tu es désolé ? » Son sang bat avec violence à sa tempe, mais c'est aussi une sorte de soulagement qui l'envahit, de s'être enfin laissée aller. Elle réalise que ses yeux se sont embués et les essuie d'un geste rageur, les dents serrées. « Tu n'aurais pas dû venir ici... » Rageuse de pleurer à cause de lui, pour la première fois depuis longtemps, mais surtout une fois de trop. Une autre femme l'aurait peut-être déjà giflé, ou aurait sorti sa baguette pour lui jeter des sortilèges, mais ce n'est pas ainsi qu'elle effacera cette histoire et elle le sait.
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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Mer 20 Déc - 18:09


Roderick va lever les yeux au ciel et soupirer de l’entendre rejouer sa comédie. Il ne peut pas la contraindre à procéder selon ses désirs (d’aucune façon, du moins, qu’il puisse mettre en oeuvre en moins d’une seconde), sans non plus pouvoir se résoudre à replonger dans le silence, le déni et l’ignorance la plus totale de leurs existences réciproques. Quoi que son impulsion soit égoïste, il veut être soulagé du poids accumulé. Jamais naïf, il n’escompte pas être pardonné ; il escompte la colère, la violence, l’entièreté de la rançon qu’il mérite, engraissée par les intérêts de chaque trimestre de chaque année. Son impunité lui fait horreur, presque autant que son manque de familiarité avec le remord. Si Saga n’a pas vocation à combler ses carences morales amassées, Roderick espère qu’elle le haïsse ou le méprise suffisamment pour le blâmer. Le pire serait l’indifférence, qu’il n’ait plus compté dès la seconde où elle a cessé de s’intéresser à lui pendant qu’il pourléchait un embryon de mauvaise conscience.

« Tu es désolé ?
- Oui. »

Roderick ne se démonte pas, quand même il entend nettement l’inflexion. Sans effort, Saga signe l’insuffisance de ses mots, de ses gestes, de son intervention toute entière. Ses excuses ne seraient jamais parvenues à temps, car il aurait fallu, pour commencer, qu’il ne commette jamais rien. Rétrospectivement, ça lui semble si facile à éviter et, pourtant, à l’époque, il s’est toujours cru incapable d’agir différemment. Un jour, il se moquait d’elle. Le lendemain, il l’aimait. Il est le premier à n’en rien pouvoir expliquer et, comme il lui est défendu d’en faire l’aveu à quiconque, il a décortiqué ses souvenirs avec la ferveur d’un maniaque qui aurait bien besoin de la lumière d’un soignant.

« Je suis désolé. » Il le murmure plusieurs fois, pareil à une incantation. Mais les mots de Saga sont plus forts, et plus justes. Il n’était pas un môme, ou pas au point que ça fasse un prétexte. Pleinement conscient de son potentiel et de son crime, Roderick a plutôt été lâche et égoïste. Il n’en reste pas moins et très sincèrement désolé. Le fait que la potionniste ne soit pas capable de l’entendre, et cela à raison, ne l’empêche pas d’éprouver un bref relâchement de sa nervosité, comme si la confession lui était d’une quelconque utilité. Dans le vif, oui, peut-être, mais, sur le long terme, il lui faudra le pardon ou rien d’autre. Et c’est, pour l’instant, la chose la plus improbable qu’il puisse désirer, avant l’omnipotence ou l’immortalité. Il n’aurait certes pas dû venir, ou il aurait dû le faire il y a longtemps…

À deux doigts, il tire prudemment le bois de tremble de sa cachette. Garde en avant, inoffensive, la baguette est présentée à Saga et déposée sur le comptoir devant elle. Mulciber n’a que brièvement hésité et, bien qu’il ne soit pas certain qu’elle réalisera combien ce sacrifice lui coûte, il décide tout de même de l’organiser. La main n’est pas immédiatement reprise. Il sera bientôt désarmé et dépouillé de son bien le plus précieux, bien au-delà de son usage d’arsenal. Les pupilles vont de l’une à l’autre et, finalement, tandis que la paume s’enfonce dans la poche désormais vide, toute son attention s’ancre à la figure de la née-moldue. « J’achèterais n’importe quoi dans cette boutique, si tu veux. Je donnerai le change… » Que ferait-il de n’importe quelle potion, ça ou là sur les étagères ? Ou, pire, du moindre ingrédient dénué de comparse ? « Mais, moi, j’avais envie de te voir. » La formulation n’est même pas exacte. Ce n’était pas une envie mais un besoin, ou une manie, pressante, bouffante, le genre d’idée répétitive qui s’imprime plus profondément à mesure qu’on essaie de la chasser de la chair de l’esprit. Infoutu de se tenir longtemps dans le crâne, il aura cédé à un courage inspiré par la peur. Pour cette occasion, ce sera assez. Pour lui, bien sûr. Pas pour elle. Enfin, et comme il paraissait avoir oublié son existence, il désigne sa baguette, toujours sage, toujours seule. « Elle est à toi, si tu l’acceptes. » Le timbre est rabattu, filtré par deux rangées de dents trop serrées. Roderick causerait d’une personne que ce serait égal, et peu de gens négligent parfaitement le lien entre un sorcier et sa baguette. « Tu peux t’en servir contre moi, la détruire… N’importe quelle idée que tu auras, soupire-t-il avec de l’horreur à nommer tous les supplices possibles. Je sais que tu ne vas pas me pardonner pour autant mais je veux que tu comprennes que je pense chacun des mots que je viens de te dire. » Puis il attend, une boule d’angoisse, en plomb, vautré dans le creux de son estomac. Au final, qu’importe ce que Saga décidera car, dans les larmes de rage qui sont nées au coin de ses yeux, Roderick réalise, très vaguement apaisé, qu’elle n’a pas plus oublié qu’il ne l’a fait.


Dernière édition par Roderick Mulciber le Dim 4 Fév - 11:31, édité 1 fois
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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Mer 10 Jan - 19:33


Le rejet qu'elle exprime est d'abord viscéral, catégorique. Il y a cette volonté de le faire taire, de ne plus entendre cette voix qui réveille le passé mot après mot. Saga préfère garder ces choses là loin d'elle, sous la chape du temps et de la distance. Si lui semble s'être trouvé des raisons de refaire surface dans sa vie, elle enrage qu'il se le permette ainsi. L'ignorance et le froid polaire ne suffisaient donc pas à faire passer le message ?

Elle les entend, ses excuses répétées, et ne sait plus qu'en penser. Jusqu'alors persuadée qu'il cherchait à la tromper, la manipuler de nouveau, sa conviction vacille face à son entêtement. Que cherche-t-il, qu'espère-t-il outre son pardon ? Elle se tait sur un dernier reproche, qui la soulage presque. Ses yeux suivent le geste de Rodrick avec la méfiance d'une bête acculée, même lorsqu'elle se rend compte qu'il lui présente la garde de sa baguette. Elle ne comprend pas, Saga. Sourcils froncés, lèvres pincées, elle observe ce manège comme la spectatrice sceptique d'un mauvais tour de magie moldue. Quand il propose d'acheter quelque chose, elle serre les dents, ses traits s'assombrissant encore. Bien sûr, il faut qu'ils donnent le change, qu'ils cachent avec brio ne pas être de parfaits inconnus, ou juste la vendeuse et le client d'une petite boutique miteuse. « Mais, moi, j’avais envie de te voir. » Perdue, voilà ce qu'elle est. La vérité, c'est qu'elle l'a déjà entendu prononcer ces mots là. Il y a des années, il avait parfois exprimé le besoin de la voir plus souvent, lorsque des semaines pouvaient s'écouler entre leurs rencontres. Mais il mentait pour mieux la garder dans ses filets, et encore aujourd'hui, sans doute mentait-il. Pourtant, l'affirmation ne la laisse pas aussi indifférente qu'elle le voudrait.

La déclaration qui suit la laisse sans voix. Ses yeux le jaugent, glissant de la baguette abandonnée au visage du Mulciber, et vice versa. Ce genre de geste serait une preuve de confiance, venant de n'importe qui d'autre... dans son cas, c'est surtout une preuve de stupidité. Sûrement sous-estime-t-il sa rancune. Ou bien la connaît encore trop bien pour craindre qu'elle n'use de violence contre lui. Lâcheté ou sagesse ? Elle n'est plus si certaine de ne pas vouloir lui faire payer, tout à coup. Sa main se tend, hésite juste au dessus du manche, et finalement elle referme les doigts autour. Un drôle de frisson lui picote les doigts. Pas un rejet total, mais la baguette lui rappelle qu'elle n'est pas sienne et devra faire plus que la tenir pour mériter le droit d'en faire l'usage. Ce n'est de toute façon pas son but... Du moins, pas pour l'instant. Tenant le bois de tremble avec précaution, elle contourne le comptoir sans se presser puis se fige devant lui. « Tu l'as compris, il est difficile de croire quoi que ce soit qui vienne de toi. » Un léger sourire moqueur fleurit sur ses lèvres, tandis qu'elle le jauge. « Dommage que je n'ai pas les ingrédients du veritaserum sous la main. » Il n'empêche qu'elle l'a en son pouvoir, d'une manière inattendue. C'est sans doute de la folie, d'en tirer une sorte de plaisir, mais elle ne lutte pas contre la satisfaction. De presque toutes les façons, il a toujours été celui à décider, celui doté de tous les pouvoirs. Le nom y suffisait. Mais que peut faire un nom, lorsqu'on est désarmé ? Doucement, elle lève la baguette de Rodrick jusqu'à effleurer sa gorge. De l'autre main, elle lui saisit le menton sans crier gare. Perchée sur ses talons, seuls quelques centimètres les séparent. « Si tu cherches encore à me tromper et à m'utiliser... Je ferai bien pire que briser ta baguette. » Ce ne sont que des mots, une menace lancée surtout pour le mettre en garde ; dans le fond, bien qu'elle ne l'admettrait pas, elle sait bien qu'elle ne peut presque rien contre lui - pire, que sa colère serait brûlante mais pas assez pour faire couler son sang, d'autant que cela reviendrait à signer son propre arrêt de mort. La rancune ne la rend pas stupide, mais la menace a cela de convaincant que sa voix porte toutes sa souffrance, l'élevant au rang d'arme. Et avant qu'il n'y réagisse ou qu'elle ne lise la crainte ou le mépris dans ses yeux, elle le lâche et tourne les talons, s'avançant dans l'arrière-boutique. « Viens. » Sans doute a-t-elle tord de lui donner une chance, songe-t-elle en tirant le rideau derrière eux. Sans lui demander ce qu'il veut boire, elle tire une bouteille de whisky pur feu d'une vieille étagère ainsi que deux verres qu'elle remplit de moitié, puis lui en tend un. Elle délaisse les deux fauteuils près de la cheminée, préférant s'adosser au plan de travail où traînent encore quelques ingrédients. La première gorgée a quelque chose d'encourageant, comme elle l'espérait. La baguette de tremble roule doucement entre les doigts de sa main gauche. Sans le regarder, elle interroge : « Pourquoi maintenant ? »

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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Dim 4 Fév - 12:15


Un quart de seconde, il croit qu’elle ne va pas la prendre. Il aimerait, il aimerait tellement, que Saga renonce au sacrifice qu’il fait. Lorsqu’il n’y tient plus, les pupilles quittent la baguette et se figent sur la née-moldue. Le nez est légèrement froncé ; est-ce qu’elle hésite ? Quand Mulciber devine que c’est plus probablement de la haine, il focalise sur la figure qu’il n’avait plus scruté depuis longtemps. Des années. Plus d’une décennie. Toute une vie, si on en juge à leur parcours respectif et à leur position d’arrivée. Ce n’est pas un endroit si piteux, cette boutique, mais ces murs sont plein d’obscurité, jetés dans une crevasse très en dehors du monde où Roderick, lui, brille et s’ébat. Son mensonge de jadis, s’il n’avait existé, n’aurait rien changé. Il ne serait simplement jamais venu. Le bois de tremble ne serait pas lové dans la paume ennemie. Il n’aurait pas mal, et peur, à vouloir lui reprendre son bien par la plus stupide des violences. Il faut à Roderick toute sa bonne éducation, et sa prime résolution, pour tenir droit et le silence. Quoi qu’il l’aimerait, il ne tient pas spécialement à ce que Saga le croit. C’est la vérité la plus nue, et une gorgée de veritaserum ne lui prodiguerait pas de version différente. Qu’importe, puisqu’elle s’y intéresse à peine : elle se moque de lui, et de toute l’honnêteté dont il serait capable et dont on ne le créditerait cependant jamais.

Les épaules se raidissent au frottement du bois contre sa peau. Roderick est nettement moins surpris par l’empoignade, d’abord parce que la rage de Saga l’en menaçait depuis quelques temps et parce que, s’il est franc et futile, il préfèrerait qu’elle frappe, une bonne fois pour toutes, plutôt que de vivre dans l’embuscade. Du reste, un simili orgueil encourage sa bravoure : il a confiance dans le tremble, dans la nature de Saga, bêtement confiance dans le garde-fou qu’est son nom pour nombre de ses adversaires. Cela ne l’empêche pas d’opiner, en silence d’abord puis, voyant qu’elle se détourne sans consulter sa réponse (qui n’a pas le choix d’être affirmative), il murmure un quasi inaudible : « Je suis prévenu. » Satisfait de n’avoir pas été écorché passées les cinq premières minutes de sa visite, Roderick est un peu plus serein. Saga lui parle, le somme de l'accompagner – n’a pas encore rompu sa baguette en de misérables copeaux dépourvus de magie et du lien fraternel entre son sorcier et elle.

L’arrière-boutique est un endroit aussi modeste que la boutique elle-même. Le regard du mangemort traîne, inspecte certains recoins comme s’il allait en sortir une bizarrerie quelconque de potionniste. Toujours médiocre à la discipline de sa mère, il ne l’a pas plus partagée avec Saga. Pour une née-moldue, elle était douée. Pour une sorcière, aussi.  Ce n’est même pas quelque chose que Roderick a paru découvrir, lorsqu’ils se fréquentaient, et, néanmoins, il ne passe ce défi à l’ordre naturel qu’à elle seule. Il n’a jamais trop su pourquoi. Il doit y avoir une raison, parfaitement sublime, impossible à frôler. Pas par lui. Il est bon pour les choses ordinaires, Mulciber. Les rasades de whisky et les fauteuils près des cheminées. En ne prenant pas soin de faire remarquer à Saga que ce n’est même pas encore tout à fait le matin, il saisit le verre – « Merci. » – et se replie dans son propre coin de la pièce. Tenté de s’asseoir pour faire passer sa nervosité, il juge que son attitude sera au mieux décontractée, au pire indifférente.

« Pourquoi maintenant ?
- Je ne sais pas. »

Roderick s’est préparé à la question, et à quelques autres. Sauf qu’il ne sait pas. Bien sûr, il a des pistes… rien de certain, rien de satisfaisant. Rien qu’elle n’ait envie d’entendre non plus. Pour estimer combien il peut risquer de la contrarier plus avant, Mulciber jette un œil au bois de tremble, qu’elle ne cesse d’emprisonner de ses phalanges percluses de rancune. Ainsi semoncé, il reprend bientôt : « Tu me croiras si tu veux mais j’ai pensé plusieurs fois à venir. Au moins pour qu'on s'explique. » Le sorcier cligne des yeux et, finalement, s'abreuve d'une gorgée pur-feu. « Que je m'explique. Mais je ne trouvais rien à dire. » Ce matin, ce n'est pas très différent. C'était plus fort, plus entêtant. Aliénant. « Je croyais que t'envoyer des clients suffirait. » Et pas la lie de la société britannique. Ses pairs. Avec du recul, n'était-ce pas pire ? Roderick se console en sachant qu'il voulait bien faire et qu'aujourd'hui, il n'a plus rien de tel à l'esprit. « Maintenant, je suis prêt à payer ma dette. »
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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Dim 25 Fév - 21:37


« Je croyais que t'envoyer des clients suffirait. »

Sèchement, le menton se relève, les yeux lâchent le verre dans lequel ils se perdaient. Ses justifications, elle peut les recevoir. Admettre son éventuelle culpabilité, son désir de faire amende honorable. Mais ses manigances... Combien de fois a-t-elle sourcillé en lisant dans le journal le nom de sa boutique, accolé à celui du Mulciber ? Maudits purs, naïfs et condescendants. De sa pitié, elle estime n'avoir jamais eut besoin, et encore moins de sa foutue notoriété. Elle avait toujours taxé ses tentatives de maladresse, dans le meilleur des cas - dans le pire, de volonté de l'humilier plus encore. À présent, elle a la réponse mais son regard ne décolère pas.

Les paroles qui suivent achèvent de l'affliger, et bientôt, elle boit une dernière gorgée de son verre avant de le poser sans douceur sur le plan de travail. L'alcool s'affole, manque de déborder, mais elle n'y prête aucune attention.

« Peut-être que dans ton monde tout s'achète, Roderick. Mais pas dans le mien. » La lèvre se déforme d'un pli méprisant. Les bras croisés, elle lui offre ce regard dont il se souvient peut-être. Son sang charrie peut-être la bourbe, comme le prétendent certains, mais sa fierté n'en est pas amoindrie. L’œil se fait défiant ; qu'il ose proposer de l'acheter, comme on paye une putain, et ce serait le pire affront qu'il puisse lui faire. Peut-être même le tremble exploserait-il entre ses doigts, sous le coup de la hargne. « Et qu'est-ce que tu as, à part ton argent et quelques mots creux ? »

La langue persifle, cherche des points à toucher, comme pour venger des années en retard un mal déjà soigné. La cicatrice est bien là, son souvenir ravivé par ce visage, mais parfaitement refermée - du moins s'en rassure-t-elle. Ce n'est pas un seul homme qui peut vous détruire, estime-t-elle, ou elle serait en morceaux depuis bien longtemps.

Comme prenant tardivement consciente de son agressivité, elle soupire et s'approche à pas lents, presque méfiants ; elle s'arrête juste assez près pour lui tendre sa baguette du bout des doigts. « C'est sur ton charme que tu comptes, peut-être ? » Dans la bouche d'une autre, cela aurait pu sonner comme un compliment. Dans celle de Saga, le sarcasme se transforme en fer de lance, avec lequel elle espère déchirer la cuirasse de l'adversaire. Elle se souvient exactement du moment où il est passé de l'amant à l'adversaire. Comment le voir autrement, à présent ? Comment ne pas entendre les rires, les regards entendus des petites pestes qu'il avait pour amis ? « J'ai entendu que c'est ta manière de faire favorite. Tout ce que l'or ne t'offre pas... » Les bras toujours croisés, c'est presque de traînée qu'elle l'insulte. Du regard, elle le jauge, le juge, l'incite à réagir ; qu'il se défende, le prodigieux fils de Kenneth Mulciber, plutôt que de venir réclamer en gémissant un pardon jamais mérité.
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Sujet: Re: Celui qui m'a fait, voulant faire de moi l'immortel, invincible il a fait l'armure mais il a oublié le cœur.   Ven 9 Mar - 18:11


La colère de Saga est si palpable, patente, prégnante. Roderick est doué pour la débusquer dans les interstices d’une figure. Il l’est encore pour l’instiller dans les êtres. Comme il n’a jamais réellement cessé d’être un enfant, Mulciber éprouve toujours un certain inconfort à ce que les adultes soient fâchés après lui. On lui passe tant et tant de ses caprices que l’impuni se sent frustré à la moindre résistance. Au moins, la rancune de la née-moldue est solide et valide. Elle n’est ni injuste ni puérile. Et, puisqu’il est venu la confronter, des pupilles aux pupilles, il ne peut s’en débarrasser ou s’y soustraire. Chaque seconde, chaque syllabe, est un supplice qu’il a choisi, quasiment dessiné.
Peut-être n’est-il pas entré avec l’idée de céder sa baguette à Saga. Peut-être ses explications et ses excuses sonnaient-elles mieux quand elles étaient jetées contre les parois de son esprit. Peut-être est-il effrayé par une vengeance mûrie quinze ans durant. Mais, en tout état de cause, Roderick l’a voulu.

Le regard se durcit. Néanmoins, le mangemort ne branle pas. Non, il ne croit pas qu’il achètera Saga, d’aucune façon. Et elle le sait. À force de provocation et de mépris, la sorcière escompte éprouver ou son audace ou sa résolution. Roderick présume, à tâtons, le logique, ce qu’il ferait si, lui aussi, était acculé dans son repaire le plus naturel et cependant pris à revers, au petit matin, par l’ennemi. Quoi que ses intentions soient neutres, il n’espère pas en convaincre la potionniste avec quelques mots creux et son allure dégingandée d’ordinaire. En dehors de cela et de l’argent, il l’admet platement : il n’a rien. « Rien du tout. » Lui aussi abandonne le whisky. Parce qu’il est certain d’en vouloir une gorgée. Parce qu’il est sûr de le vider jusqu’au fond. Roderick s’en félicite dès la seconde où elle approche, bien qu’il ignore de quelle manière il tenterait de se protéger si, quoi ? elle l’attaquait avec les dents ? Ses muscles sont si raidis, prompts à se battre avec la chair et les os, qu’il ne tend pas tout de suite les doigts vers sa baguette. Ses paupières papillonnent, comme sous l’effet d’une soudaine clarté. Sa lenteur paraît pour de l’hésitation alors qu’en vérité il peine à réprimer son impatience de retrouver le tremble. Le garçon s’attache au morceau de bois, pareil à son premier jouet. L’homme s’y raccroche, comme de se retenir les viscères dans le ventre.

Les doigts flottent autour de la baguette avant qu’il ne s’empare du poignet de Saga et ne l’attire à lui. Comme elle possède toujours le bois de tremble, la menace est réduite, sinon anéantie. « Je peux payer ma dette de la façon qu’il te plaira. » L’intensité de ses pupilles espère l’en persuader. Au moins ne se laissera-t-il pas traiter de menteur car, pour le reste, l’opinion que Saga se fait de ses mœurs l’indiffère au plus haut point. Nul n’ignore qu’il pille ses intérêts à force de fortune ou de parade. Au demeurant, il a reçu toute une éducation à cette seule fin. D’ailleurs, une fine pellicule de dédain persiste à croire qu’elle ne peut pas comprendre les exigences de sa naissance et que ce serait pure perte de temps de l’en instruire. Très vite, son emprise, fort timorée, se desserre mais Mulciber ne s’éloigne pas ni ne reprend son bien. « Tu ne veux pas de mon argent et mon… charme ne prend pas sur toi, très bien. » Il semble vouloir évacuer les petites attaques mesquines qui, si elles sont attendues et que le début de son mérite, sont stériles. « Mais tu pourrais avoir besoin d’un service, un jour, et te souvenir que je te propose mon aide. » Sur le moment, la forme le laisse insensible. Seule la valeur de sa dette lui importe et Roderick l’estime à nulle autre pareille.
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