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La Coupe de Quidditch britanique touche à sa fin. Les Hollyhead Harpies sortent vainqueurs du tournoi et la fête bat son plein. La rebellion, elle, murmure (+).
Les tensions montent alors qu'un nouveau revenant est enfermé à Azkaban pour le meurtre "accidentel" de sa fiancée.
Teatime with the Queen : Buckinghamshire est voté le county préféré des sorciers immigrants.



 

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 Je t'oublierai. Je t'oublie déjà. Regarde comme je t'oublie. Regarde-moi.

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Sujet: Je t'oublierai. Je t'oublie déjà. Regarde comme je t'oublie. Regarde-moi.   Lun 11 Déc - 2:52



Décembre1995

Étalée devant elle, la première page du journal exibe un portrait de Roderick Mulciber, un rictus enjôleur taillé sur le visage et un clin d'œil charmeur pour l'accompagner. Cordelia déteste ce cliché. Elle exècre et méprise encore plus les mots agencés formant ce que la journaliste appelle pompeusement un article ; une retranscription vaine et vide d'un entretien creux. Plus que tout, Delia se répugne à s'abaisser à lire cette presse afin de grappiller les détails de la vie de son neveu. Alors quand Roderick, l'un des meilleurs partis et coqueluche des midinettes en mal de romance lui renvoie un énième sourire de séducteur, Delia attrape le journal et l'envoi brûler avec les autres dans la cheminée.

Avec les semaines, l'incompréhension et la tristesse ont laissé place à une colère sourde et vive, sans cesse alimentée par la peur sans nom qui couche en elle en permanence. Les mots d'Ethel n'ont plus d'effets, elle ne croit plus les jolis mensonges que sa nièce lui sert pour la préserver de l'odieuse vérité (que du reste, elle n'a pas mis beaucoup de temps à deviner) : Roderick l'évite et ne veut pas la voir. S'il voulait la blesser, il n'aurait pas pu faire mieux ; l'effet est prodigieux. Cordelia est heurtée, profondément. L'entaille, nette, lui écorche violemment les intérieurs. Pire que tout, que le néant de ses souvenirs, les vagues de douleurs, intenses et intolérables pour l'âme et le corps, c'est ce silence et ces milliers de questions qui restent sans réponses.

Il ne peut pas le voir, sûrement ne le sait-il pas. Mais chaque nouvelle journée dans ce monde où on l'a propulsée aussi brutalement qu'on l’en avait arraché est un combat âpre et rude. Il faut, chaque fois, se convaincre qu'il y a une bonne raison à tout cela, que ça a un sens, qu'elle a une place, qu'on lui en donne une. C'est chaque jour plus long et plus difficile, c'est un combat qui la laisse lasse et éprouvée. Il faut encore accéder aux demandes de Kenneth, quand il décide qu'elle ne peut pas être absente de tel ou tel événement si essentiel à la renommée de la famille ; à croire que, quelque part, Kenneth Mulciber s'enorgueillit, d'avoir lui aussi une morte revenue chez les vivants. Et Delia n'a parfois pas la force de lui tenir tête, alors écoute Ethel quand elle lui assure que peut-être ça lui fera du bien et lui changera les idées.

Alors, l'espace d'un moment, Cordelia redevient cette femme souriante, et polie, et aimable qu'elle fut un jour. Elle enferme ses craintes dans un coin de son esprit et prétend s'intéresser aux derniers potins du gratin du monde magique. Elle constate que, malgré dix-sept années de mort, elle n'a pas perdu son talent pour prétendre aimer ces mondanités. Dans une autre vie, elle s'amusait même à écouter les racontars des uns et des autres pour mieux répondre d'un sourire en demi-teinte dont on ne pouvait départager la moquerie de la courtoisie. C'était là son plus grand talent, tordre ses intérieurs pour correspondre à ce qu'on attendait d'elle tout en s'arrangeant assez d'espace pour s'en amuser. Comme cela lui semble futile et épuisant à présent...

Ainsi rendue dans ses ruminations, elle avance dans le couloir, elle en est tirée par la voix de Roderick venant du bureau de Kenneth Mulciber.  Le cœur battant à tout rompre dans sa poitrine, elle se fige. L'échange se fait houleux et si elle ne comprend pas la teneur, les mots collecte de fonds et marché de Noël suffisent à la mettre sur la piste. Kenneth exige sûrement de son cadet sa présence au dit marché de Noël, usant et abusant des mêmes arguments qu'il a utilisés contre elle. Et ça suffit pour lui flanquer une angoisse affreuse à l'idée de se retrouver là-bas, avec Roderick, sans qu'ils n'aient au moins parlé avant. Et peu à peu, la peur devient colère. Alors quand finalement son neveu sort du bureau, elle lui fait face, les bras croisés sur la poitrine. « Ca peut plus durer, Roderick. , elle fait la voix teintée des accents maternels qu'elle usait contre lui quand il fallait un peu le ménager - et elle regrette de ne pas avoir un ton plus solide à lui opposer.» Elle n'a que son regard, qu'elle ancré au sien, et tout un tas d'émotions confuses qu'elle tente de dissimuler, pour le retenir.
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Sujet: Re: Je t'oublierai. Je t'oublie déjà. Regarde comme je t'oublie. Regarde-moi.   Mar 19 Déc - 13:37


« Tes simagrées commencent à m’épuiser, Roderick. Il y a deux ans, il ne fallait pourtant pas tant te supplier d’aller te traîner à ses genoux… Je me trompe ? » Depuis plusieurs semaines, père et fils Mulciber ne causent plus que d’une chose : Phaedre Rosier. Elle n’est pas toujours citée, et pas toujours le coeur de la discorde, mais Kenneth voit bien que la fille d’Oreste est au centre des préoccupations de son héritier. D’abord, il a cru que Roderick répugnait au mariage et pourléchait les miettes de sa liberté et de ses années de vingtaine. Puis son insistance a commencé à agacer ; sa tentative, avec la complicité de Megara Lestrange, sa cousine, avait une chose qui tient du désespoir et les Mulciber ne rendent rien au désespoir. « Je ne dis pas que je n’irai pas, proteste l’infant. Je serai ravi de vous faire escorte, Père… » « Oh, je t’en prie. » (Roderick ne tient aucun compte de cette interruption passablement mielleuse et ironique.) « Ne me forcez pas à la rejoindre, c’est tout. » Kenneth tient à ce que le rapprochement entre Rosier et Mulciber soit plus ou moins subtil, afin qu’il soit mieux accepté en temps utile. Le fâcheux, c’est que Phaedre ne souhaite ni le fréquenter ni le voir et, pour l’instant, il est plutôt de cet avis, lui aussi. Le plus de distance ils mettent entre eux, le plus il peut la haïr en toute tranquillité. « Tu feras ce que je te dirai. » Contrairement à l’impression de Cordelia, dont aucun des deux hommes ne devine la présence tout près, Kenneth n’a nul besoin d’user d’arguments avec son fils, il suffit qu’il ordonne.

Après qu’il a obséquieusement lâché un hochement du menton à l’endroit de son père, Roderick se rengorge et s’esquive vers la porte. Le myocarde rate un battement lorsqu’il surprend, dans l’ordre, la silhouette, la voix puis le visage de sa tante, Cordelia. S’il tâche de contrôler son expression, il doute d’y parvenir parfaitement ; c’est un mélange de crainte, de dégoût et d’une chose plus subtile qu’il n’est capable ni de reconnaître ni d’expliquer. Ce qui le domine, c’est la peur, la peur d’elle et, sous-jacente, une fascination sordide pour la beauté invariable. Elle est comme il l’avait quittée – magnifique. Son dernier souvenir de Cordelia ne lui avait pas laissé une image différente (même le souci, s’il a désormais une origine très différente, est marqué entre les deux yeux). Même son intonation est immuable, et curieusement horripilante. « Qu’est-ce qui ne peut plus durer ? » Roderick ne fait pas semblant d’attendre après la réponse. Il la dépasse d’une démarche brutale, quasiment militaire. Ce qui ne peut plus durer, c’est sa fuite. Voilà des mois que sa tante est revenue d’entre les morts et il n’a pas daigné la rencontrer ou lui adresser un mot. Peu de fois, ils se sont croisés mais Roderick s’est si ingénieusement soustrait à ces moments qu’ils ne se sont même jamais salués. Le pire, c’est de n’avoir aucun motif rationnel à s’exposer à soi. Il tâche de n’y pas réfléchir. Ce n’est qu’une alerte de son instinct, un principe primordial d’auto-conservation, qui lui commande de demeurer loin de Cordelia, aussi loin qu’il est possible lorsqu’on a une parenté aussi proche.
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Sujet: Re: Je t'oublierai. Je t'oublie déjà. Regarde comme je t'oublie. Regarde-moi.   Jeu 21 Déc - 1:24


Elle ferme les yeux, rien qu’un instant, pour s’empêcher de hurler, pour s’empêcher de pleurer, pour s’empêcher de s’effondrer, pour inspirer, pour expirer. Delia, comme tous les aristocrates, savait un jour parfaitement contrôler ses émotions, s’oublier au profit d’un nom, d’une image et d’un sourire (du reste, Cordelia s’est oubliée depuis trop de temps pour se rappeler qui gît vraiment dans cette carcasse). Et si ça lui pèse lourd sur les épaules, elle enfile, malgré tout, la parure de dignité qui sied à quelqu’un de son rang. Alors on oublie son esprit qui se brise, le poids dans son ventre, sa poitrine et sa gorge, l’air qui n’arrive plus aux poumons. Sa colère, vive et ardente, lui bouffe les entrailles ; elle en fait un sentiment froid et détaché. Ca ne masque pas tout à fait le désarroi, planqué juste derrière ni ne fait disparaître le goût amer qui lui traine sur le fond du palais. « Ça. » Elle désigne tout et rien de précis à la fois. « Toi. Ce comportement puéril. Tu comptes me fuir longtemps, Roderick ? » Les billes, d’un froid polaire, sont ancrées à ce dos qui s’éloigne. « Arrête-toi. » Son timbre vibre de quelques trémolos sans qu’on sache si c’est le chagrin ou le courroux. « Qu’est-ce que tu t’imagines ? Que tu es seul à devoir vire avec cette situation ? Que tu es le seul à souffrir ? A crever de peur ? Oh, peut-être penses-tu que ta peine est plus importante que la mienne ? Ou celle d’Ethel ? Roderick, regarde-moi. J’étais morte. J’étais morte pendant dix-sept ans, et tu as pu faire ton deuil, puis oublier. J’étais morte, et ce n’est plus le cas. » Quelques larmes, de fureur ou de tristesse dévalent les joues pâles de la revenante, qui pourtant reste droite et solide, donne l’illusion. Ses intérieurs racontent une autre histoire. Le monstre en elle s’est réveillé, et ravive lentement toute l’angoisse dont elle déborde depuis avril et dont elle ne sait que faire. Insidieusement, il s’enroule depuis l’estomac le long de la trachée, qu’il presse chaque fois plus fort, se loge à l’arrière de son crâne, lui cisaille le front et rogne les miettes de sanité de son esprit. Si elle s’écoutait, l’écoutait, elle arrêterait de lutter. Armes déposées, tout serait plus simple, plus doux. Elle se laisserait partir, à nouveau, et conjurerait tous les esprits, Merlin et Morgane pour ne plus jamais revenir. Et c’est si doux, comme idée, qu’elle pourrait se laisser tenter. Et crever serait une telle libération… Et lui demande un courage qu’elle n’a pas – pas encore. Cordelia aimait la vie, avant. Quand il ne fallait pas combattre les idées lui rognant l’esprit, quand il ne fallait céder, quand… Cordelia s’astreint au calme. « Ca fait huit mois. Pas un mot. Pas un hibou. Rien. Je mérite vraiment si peu de considération ? » Et à peine prononcés, elle regrette chacun des mots, tous les mots qu’elle vient de lâcher. La douleur de Roderick lui importe autant qu’avant, et dans une autre vie, elle savait le protéger. Dans une autre vie, ils ne se confrontaient pas. Dans cette autre vie, il le la fuyait pas.
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Sujet: Re: Je t'oublierai. Je t'oublie déjà. Regarde comme je t'oublie. Regarde-moi.   Sam 3 Fév - 18:32


Comme il a longuement été dressé, et par le meilleur, Roderick s’arrête. Il reste immobile. Il ne se tourne pas vers Cordelia, ne la regarde pas. Il ne s’était plus fait… gronder depuis des années, car personne d’autre que sa tante ne le faisait. Pour les petites choses. Très brièvement, il se souvient qu’il aimait mieux ces menus sermons aux grandes corrections de son père. Kenneth est difficile, et parfois cruel, et il a, pour son fils unique, les mêmes attentions qu’un créateur pour sa créature. Cordelia lui faisait office de mère, jadis. Quand il avait encore besoin d’une mère et qu’il ignorait tout à fait ce que ça pouvait être. « Je n’ai pas peur. » L’épaule avant les pieds, il pivote à demi. Le timbre est demeuré si bas, et sa tante continue de parler si fort, qu’elle ne l’a sans doute guère entendu. Un feu d’insurrection danse néanmoins dans les pupilles de Roderick – personne n’a le droit de dire qu’il crève de peur. Ce qu’il éprouve n’avoisine ni l’angoisse ni la souffrance ; c’est une indifférence crasse, l’insouciance de celui qui vit et n’a jamais cessé de le faire face à une étrange bestiole recrachée par le voile de la Mort. Puis, dès qu’elle le commande, il la regarde. Ses pupilles peinent à ne pas rejoindre le sol, ou n’importe quel ancrage loin, très loin, d’elle. Les larmes des femmes sont insupportables parce qu’elles vous attrapent par les tripes. On ne peut très bien s’en défendre et on ne peut pas davantage les ignorer. Ces quelques perles, roulées sur la peau pâle, lui font lever le front et serrer les mâchoires. Soudain, il est en colère après elle, furieux du dépôt poussiéreux qu’elle remue dans il-ne-sait-trop quel abîme, engoncé dans son être.

« J’étais morte, et ce n’est plus le cas.
- Très bien, tant mieux, il rétorque brutalement. Que cela lui importe-t-il… ? Si j’étais mort pendant dix-sept ans, je ferais autre chose que hanter ces couloirs. » Et vivre dans l’ombre de Kenneth Mulciber, encore. Cette tutelle n’est, à vrai dire, pénible au neveu qu’à raison de la présence de sa tante, constamment, alentours quand il visite le patriarche. Toutes les raisons de l’éviter sont appréciables et il les collectionne méthodiquement pour les occasions comme celle-ci.

Cela fait huit mois, dit-elle. Roderick cille, un peu. Il n’avait pas réalisé. Peut-être. Les semaines filent avec la désagréable impression que chaque jour est une goutte de son sang et qu’il s’exfiltre peu à peu de sa carne. Bientôt, il sera exsangue et il n’a pas le luxe de s’ajouter d’autres… préoccupations d’ordre familial. « J’étais censé, quoi ? envoyer un hibou de bon rétablissement ? » L’ironie mord dans la passable exaspération qui le gagne peu à peu. Il y a les démêlés d’avec son père, qu’il vient à peine de quitter, mais surtout ce sempiternel pressentiment qu’il doit se tenir éloigné de Cordelia et nier son existence autant qu’il est possible quand ils se tiennent dans le même ramassis de mètres carrés. « Quelle sorte de considération je suis censé témoigner ? J’avais quatorze ans et vous êtes morte. C’est du passé ! »
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Sujet: Re: Je t'oublierai. Je t'oublie déjà. Regarde comme je t'oublie. Regarde-moi.   Jeu 1 Mar - 11:22


Delia s’attendait à tout, sauf ça. Et en un instant, Roderick balaie le peu de regret ou de chagrin qui baignent en elle. Ca ne laisse la place qu’à une colère froide. Elle lui pardonnera plus tard son affront – car la tante pardonne toujours au neveu, elle se reconnait volontiers cette faiblesse. Mais pour l’instant, elle ne peut laisser passer ce comportement de sale gosse arrogant. Un revers main sec essuie les larmes de ses joues et c'est à présent une lueur furieuse qui flotte dans les iris. « Si j’étais mort pendant dix-sept ans, je ferais autre chose que hanter ces couloirs » « C'est vrai que de rappliquer la queue entre les jambes chaque fois que Kenneth te siffle est préférable, elle rétorque d'une voix beaucoup plus mesurée et contrôlée. » Kenneth Mulciber a joué le rôle d'un père pour elle, et si Cordelia n'a pas été façonnée par son frère, elle le connaît néanmoins trop bien pour ne pas savoir le traitement qu'il a réservé à son rejeton. Cordelia n'ignore rien de la naissance d'Ethel, de l'indifférence du patriarche pour sa puînée, du peu de cas qu'il a fait d'elle au cours de sa vie - elle sait, elles ont vécu la même histoire. Elle sait : c'est elle qui a donné les armes à sa nièce pour que jamais sa condition de femelle ne soit qu'un poids à porter. Des années plus tard, elle a assisté à nouveau à la joie de son frère de voir enfin un héritier mâle et digne de lui voir le jour. Que dire alors du gamin paumé et mal aimé qu'il était ? Que dire de celui qu'il est devenu. Un instant, Délia l'observe, décèle tant de Kenneth en son neveu que sa colère décuple. C'est là, dans le regard, la posture et l'arrogance puante dont il dégouline. À cet instant, une part d'elle exècre Roderick pour ce qu'il a de Kenneth en lui, parce que sa colère envers son frère ne s'apaise jamais. 

« Il a réussi, finalement, elle marmonne à voix basse plus pour elle-même que pour celui qui se trouve devant elle. Tu es comme lui. » Le sentiment qui monte en elle mélange la rancœur et la déception, lui noue la gorge, lui retourne les tripes et bloque son souffle. 
 
« J’étais censé, quoi ? envoyer un hibou de bon rétablissement ? » « Cesse donc de te comporter en gamin arrogant, veux-tu. Et change de ton par la même occasion. » S'il s'emporte, Cordelia gère sa colère et la jugule. Le ton reste celui qu'elle utilisait dix-sept ans auparavant, quand il chapardait dans la cuisine ou qu'il lui dissimulait sa dernière bêtise. « Quelle sorte de considération je suis censé témoigner ? J’avais quatorze ans et vous êtes morte. C’est du passé ! » « Tu n'as plus quatorze ans. Comporte-toi en adulte pour donner le change. Surtout si tu veux qu'on te voit comme un adulte. Tu n'es resté qu'un gamin semble-t-il et devenu un morveux qui se pare du nom de son père pour se faire pardonner ses écarts. Oh, je suis au courant. Je connais le moindre petit détail honteux que tu étales bien volontiers dans les pages de la Gazette. Quel homme d'envergure tu es devenu. Sûrement la plus belle bête de foire de Kenneth. Ne crois pas que tu es si privilégié que ça. Tu permets au nom de perdurer c'est bien ce qui importe le plus à ton père. Pour le reste, c'est comme Ethel. Ou comme moi. Il te vend au plus offrant, ce qui lui rapporte le plus. Et toi, tu pavanes et joues le rôle très convenu qu'il t'autorise à jouer. Tu n'es resté qu'un gamin, en fin de compte. Tu es toujours le même gamin qui demande sans cesse quand papa t'aimera vraiment. La vérité ? Jamais. Pas même quand tu auras engrossé celle qu'il aura choisi. » Elle se doute que son discours n'aura sur Roderick qu'un effet limité sinon aucun. Et Cordelia réalise qu'elle s'en fiche totalement. Parce qu'elle a été cette femme qu'on vend, cet incubateur plus précisément, Délia choisit automatiquement l'autre camp. Celui de cette pauvre fille qu'on balance dans les bras de Roderick. Et parce ça ne fait pas exactement presque deux décades dans l'esprit de la brune, elle se souvient encore de la douleur de son âme et sa chaire, chaque fois qu'il fallait se soumettre, chaque fois qu'il était contrarié, chaque fois qu'elle se persuadait qu'elle ne devait pas être mère -et que ce type dont elle portait le nom ne serait jamais le père de ses enfants - et avalait ses potions. Et parce qu'Ethel ne fuit pas, et qu'elle sait la vie qui a été la sienne, Cordelia choisit le camp qui la sépare plus encore de Kenneth Mulciber. Et parce que c'est Roderick, elle décidé que jamais il ne sera du côté des salauds. Loin d'être naïve, la tante devine qu'il en fait déjà partie, c'est le droit qu'on concède aux mâles. « Tu avais quatorze ans et le potentiel pour être quelqu'un de bien. Mais tu as raison. C'est du passé. » Elle ne cache pas, cette fois, la déception qui gît en elle et transparaît dans le timbre las. À quoi bon revenir d'entre les morts pour assister à ce triste spectacle ?
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