daily prophet

La Coupe de Quidditch britanique touche à sa fin. Les Hollyhead Harpies sortent vainqueurs du tournoi et la fête bat son plein. La rebellion, elle, murmure (+).
Les tensions montent alors qu'un nouveau revenant est enfermé à Azkaban pour le meurtre "accidentel" de sa fiancée.
Teatime with the Queen : Buckinghamshire est voté le county préféré des sorciers immigrants.



 

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 Madame. (Maav)

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Sujet: Madame. (Maav)   Dim 21 Jan - 22:12

Madame

On entend le verrou agoniser et le battant de la porte grincer. Les fragrances ambrées lui agacent déjà le flair, mais le visage reste pétrifié d'une indifférence calculée. Cigarette dans une main, verre de scotch dans l'autre, Theodora ne prend ni la peine de se retourner, ni celle de lever les yeux du journal (aussi insipide puisse-t-il être).

« Madame. »

L'épigramme oscille entre l'affection et l'injure. Elle-même ne saurait dire vers lequel il incline le plus. Voila deux heures et trente-six minutes que Theodora Avery se languit de Maav Nott. Parce qu'elle les a bel et bien compté, depuis la fin de la course, jusqu'à... Maintenant. Si la blonde agit selon un schéma cyclique (on la retrouve sur les bancs du MR tous les mardis, parfois les vendredis), elle n'accapare généralement pas ses soirées à attendre après la Madame. Ou qui que ce soit d'autre. Theodora Avery n'est pas femme qui attend. Plusieurs fois, l'envie de partir lui a rogné l'égo et la patience. Et pourtant, elle a attendu. Parce qu'elle a vaguement à lui parler business, que c'était prévu comme ça, aujourd'hui, ce soir, et qu'elle n'avait rien de mieux à faire. Parce que la dernière fois remonte à deux semaines. Surtout parce que la dernière fois remonte à deux semaines.

+ + +

2H36 plus tôt

L'ultime course, le clou du spectacle, annonce la fin de la soirée, et le début de la sienne. Theodora ne se souvient plus qui, d'elle ou de Maav, a réclamé cet après. Mais elle est là, avec une raison presque valable et tout à fait impersonnelle à exploiter, dans le cas où on aurait le mauvais goût de lui rappeler que c'était elle. Les heures à parier en s'efforçant de dédaigner (non pour une question de discrétion mais pour une d'orgueil) la Madame n'ont réussi qu'à la rendre plus prégnante encore, dans les reins et dans le regard. Elle lui aurait bien estompé le rouge des lèvres et tiré les épingles du chignon. Car c'est dans un lit, contre un mur ou à l'ombre des gradins ; nue ou au moins les cuisses écartées qu'elle la préfère.

A l'aune de la figure qui se dresse, Theodora écrase sa cigarette et entreprend de la rejoindre. Elle ne fait jamais que s'asseoir non loin quand un des laquais du MR coupe sa trajectoire et accapare l'attention de sa patronne.

« Madame. Je suis désolé de vous importuner, mais monsieur Graves demande à vous voir. Il a spécifié que c'était urgent, et qu'il ne bougerait pas de votre bureau tant qu'il ne vous aurait pas vu. »

La Nott a souri. De ce sourire caractéristique. Et puis, elle a fait comprendre à la Avery que dans le cas où elle tenait vraiment à la voir, elle n'avait qu'à l'attendre dans la chambre.

+ + +

présent

Theodora se souvient d'avoir soupçonné une orchestration volontaire de tout ce manège, pour échiner son flegme et ses appétits. Une partie d'elle le pense encore. La partie narcissique qui, d'une crête impériale, réclame que le monde tourne autour d'elle ou s'agenouille à ses pieds.

« Tu en as mis, du temps. Ça devait vraiment être important. »

Elle n'envisage pas un seul instant que c'est elle, qui ne l'est pas assez. Importante. Elle termine le fond de son verre, le pose sur la table et se lève en s'étirant. Les vertèbres opèrent un craquement sinistre. Une latte s'évapore et, la cigarette toujours coincée entre les lèvres, Theodora se retourne enfin vers Maav. Les fesses s'appuient contre le rebord du bois, les bras se croisent. Les traits musellent le courroux, quoiqu'on le devine aisément derrière le visage glacé par l'attente. Les pupilles, elles, dissimulent moins bien l'ire. La fièvre. Et c'est sans même se cacher qu'elle les laisse bâfrer aux courbes.

« Cette nouvelle couleur te va à ravir. »

Ça me donne envie de te prendre, raille et insinue le timbre. Les yeux se plantent dans leur vis-à-vis, et les canines se dévoilent en un sourire fauve.

« Mais tu te doutes que je ne suis pas là pour parler de tes excentricités capillaires. »

Elle n'est pas là pour parler du tout. Ou subséquemment. Quand elle se sera vengée pour les deux heures et maintenant trente-huit minutes d'attente.

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Lun 22 Jan - 23:19

La patience de Theodora est épuisée. Le soupir narquois de la Nott ajouterait : quelle patience ? Lorsqu’elle se glisse dans la pièce à tout-vivre (salon, chambre et antichambre), Maav n’est pas sans savoir qu’elle a abusé. Mais, par Morgane, qu’il est distrayant d’exagérer quand il s‘agit de la directrice de la Justice magique… Elle est si sûre de son droit, la fille de Dorothea Avery, qu’il est au moins aussi plaisant de l’éconduire que de lui céder – et sans doute davantage. « C’était de la plus haute importance, j’en ai peur, elle agrée en repoussant le battant d’un coup de baguette. Il en allait de l’intérêt de la nation britannique… » La bouche se balafre d’ironie cependant qu’il n’est rien de plus important, et rien de plus impérieux, que le Monsieur pour la Madame. Rien du tout. Maav y dilapiderait deux vies si elle le pouvait, car sa part du butin n’est jamais assez large. « Mais je vois que tu sais toujours trouver de quoi… attendre. » Du bout des mirettes, l’on scrute et l’on juge le verre dont on voit le fond, dont on contemple le vide. La consommation éthylique de Theodora Avery est simplement consternante, et le présage très douloureux qu’elle n’aura pas sa bonne éducation au moment d’être ramenée à la porte. Il en faut davantage pour impressionner Maav et, néanmoins, elle se méfie en relevant le menton.

Depuis son propre coin, la Nott déboucle son étui métallique à cigarettes. Elle investit un épais fauteuil dans les tons mordorés et cale un tube entre ses lèvres. Ces dernières courbent sous le compliment tandis qu’un index, apparemment insouciant, entortille quelques boucles orange autour de la première phalange. L’insinuation derrière le ton paraît la laisser froide, soit insensible soit ignorante des intentions (et Maav Nott n’a absolument rien d’une ingénue), aux antipodes de l’incendio qui monte du sycomore vers le bout de la cigarette. Après deux longues exhalaisons de fumée, elle fomente un rictus carnassier, qui répond et s’ajuste, avant de fondre dans un pur sourire d’innocence fabriquée : « Dans ce cas, fait le timbre mielleux de Madame, de quoi veux-tu me parler ? » Oh, Theodora n’est pas là pour parler, pas du tout. Aucun débat ne justifie une telle attente, un tel délai, et, d’ailleurs, les deux femmes ne sont pas exactement en commerce. L’une jouit des infrastructures récréatives de l’autre et... finalement, réciproquement. Des démêlés moins prosaïques n’auraient nécessité qu’une courte note, abandonnée à la paume de n’importe quel employé du MR. Mais, pour les choses que Theodora a en tête, dans le creux des reins et au fond des pupilles, il faut qu’elle soit présente, là, en personne. « Mon instruction de fille de bonne famille irlandaise m’a rompu à toutes sortes de sujets et de conversations. Ce sera quoi… ? lâche-t-elle avec la légèreté du serveur qui expose son menu. » La courbure de la bouche vire sucrée, caressante. Elle feint de ne pas savoir quel bouillonnement elle agace, quel sale caractère elle excite. Le désir de Theodora, bien entendu, est flatteur mais, quoi que deux heures se soient très lentement écoulées, on ne croit pas, depuis l’autre versant, lui devoir quoi que ce soit. « La côte du bézoard sur le marché noir ? elle propose, inspirant le tabac, expirant l’insouciance. Les investissements les plus rentables de l’île de Man, sinon ? Mon frère t’en ferait un exposé assommant mais un accord lucratif, glisse Maav comme si c’était là le sujet, celui qu’elles voudront bien choisir. » Mais, jamais ingénue, la Nott écrase ses cendres dans un cendrier en marbre naturel de six ou sept couleurs vermoulues tandis qu'elle décroise puis recroise lascivement ses genoux.
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Mer 24 Jan - 0:12

Madame

On ne dit jamais de Theodora Avery que c'est une femme patiente. Précisément parce qu'elle ne l'est pas, ou seulement en fine couche, par endroit et par contrainte. Là où se trouve sa mère, entre autres. Car on ne contrarie pas Dorothea Avery, tout comme il serait, désormais, malavisé de contrarier la fille. Or Maav la contrarie. Trop et trop souvent. A ne rien faire et à trop en faire. Les yeux boivent aux courbes des cuisses, tracent la ligne de la robe qui y remonte. Les babines agacées se retroussent, déforment le sourire, puis le reforment, aussi lisse et continent que celui qu'on lui offre. Le bout de la cigarette est écrasé à deux doigts, tandis qu'on jette le mégot dans le verre vide.

« Laisse donc le marché noir aux vrais Rosier, veux-tu. Pique-t-elle. Quant à ton frère, je discuterai avec lui de ce que j'ai à discuter avec lui. »

Pas grand chose, somme toute : le patrimoine Avery est jalousement géré par Dorothea, et Theodora n'a guère d'ambition de ce côté-là. Il n'y a qu'un seul bien qui lui appartienne (l'appartement qu'elle réserve exclusivement à Ethel), car même le titre de sa maison familiale porte la signature de maman.

« D'ailleurs, peut-être que c'est aussi avec ton frère, que je devrais baiser. »

Puisque tu y sembles si peu encline, poursuit le rictus de mépris. Quand il lui semble qu'elle ne réussira pas à se tenir à distance plus longtemps, la blonde se détache de la table et, à faire le premier pas, paraphe sa défaite. Le goût note amer sur le palais, aussi amer qu'il l'est à chaque fois qu'elle s'incline. Son compteur doit tripler celui de Maav Nott, et pourtant, à mesure que la familiarité s'intronise parmi ses capitulations, une excitation curieuse gémine à la mauvaise humeur. Theodora est une sale bête, un monstre de pouvoir et le pur produit de sa mère. Jusqu'ici, il n'y en a qu'une seule qui ait réussi à l'apprivoiser. Et la Madame pourrait presque prétendre être en passe d'en faire deux. Presque. Parce que l'égo de la Avery ne s'y résout pas tout à fait. Jamais.

« Mais si tu veux discuter, je t'en prie, discutons. »

Ce n'est pas que Theodora ne puisse entretenir une conversation décente et convenue, c'est davantage qu'elle n'en perçoit pas l'intérêt avec Maav. Sa patience salement érodée, elle manœuvre pourtant les instincts et les humeurs pour se plier au jeu auquel on semble vouloir qu'elle perde. Perdre ou gagner, ça n'a finalement pas d'importance. Tant qu'on ravit la Madame.

« Vois-tu, je pars en France, mi-février. Et il me sera donc physiquement impossible d'assister au Fameux. »

Un grand tournoi annuel. De l'extraordinaire et de l'ordinairement sanguinaire, de l'argent et des chaînes de paris immoraux. L'événement qu'elle préfère et où elle préfère dilapider son argent, de loin.

« Une urgence ministérielle. Il en va malheureusement de l'intérêt de la nation britannique, tu comprends. Ironise-t-elle. Quoi qu'il en soit... »

Le corps penche dangereusement, et les mains s'installent sur les accoudoirs. Les visages ne sont plus distancés que par quelques centimètres, mais les yeux préfèrent lorgner sur la nuque et le décolleté plutôt que de défier leurs adversaires. Ce n'est que comme ça qu'elle touche, parce qu'on ne lui a autrement pas permis, de manière directe ou indirecte, et qu'en sus, elle ne se permet pas non plus. Si la chaleur et les effluves agacent les reins, la figure conserve toute sa superbe.

« Je veux, j'apprécierais, rectifie-t-elle, que tu bannisses Arvel du Monsieur durant mon absence. »

Avec les récentes sautes d'humeur de son mari, et sous l'influence de l'alcool, elle a peur qu'un ou deux de ses secrets s'échappent. Alors peu à peu, elle l'accule, elle fait en sorte qu'il ne puisse plus aller nulle part sans elle, et que partout, on lui refuse l'entrée solitaire sous bon prétexte qu'on n'accepte pas les étrangers. Il n'y a plus qu'ici et au cabaret Rosier qu'elle le laisse impunément traîner, ça parce qu'elle peut le surveiller. Les lèvres muent en un sourire lascif, et puis se rapprochent de l'oreille.

« Ou, au moins, que tu surveilles mes intérêts. De près. Je suis prête à te supplier. »

Elle susurre sur un ton, tout, sauf suppliant. Ou pas de la façon qu'il faudrait. Si la question de fond est véritable, les sous-entendus licencieux gangrènent son pourtour et renvoient à ses appétits capricieux. Une furieuse envie de mordre à la bouche y conduit le regard.

« S'il-te-plaît... »

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Jeu 25 Jan - 23:30

Au rappel qu’elle n’endossera jamais le nom des Rosier, les lèvres de l’irlandaise se fendent d’un touché. La pulpe est pleine d’un rictus néanmoins, car le piquant de Theodora est un aveu de sa position de faiblesse. L’Avery attaque, poinçonne, elle montre les crocs pour ne pas trop déshabiller sa faim. Pour Maav, la meilleure répartie consiste à la regarder faire d’un air tranquille et dégagé.

« Peut-être que c’est aussi avec ton frère que je devrais baiser.
- Ce serait amusant de te voir essayer, concède la sœur sans broncher. Il se recroquevillerait sûrement derrière son acte de mariage et le court passage sur la valeur sacrée de l'engagement et la monogamie… Ce serait amusant, ne chuchote-t-on plus que pour soi. Vraiment. » Genou frottant sur l’accoudoir, Maav crache sa fumée, laisse Theodora venir à elle.

Pour ses quarante-trois ans, elle est assez belle. Pas d’une beauté magnétique comme les débutantes de la bonne société britannique. Une beauté plus escarpée, dans l’âge mais aussi les épreuves. À l’inspecter, on sent qu’elle a survécu à des choses, à des gens, qu’elle vous prendra comme une autre pièce minuscule et insignifiante qu’il s’agit d’ajouter à son empire et à l’étalage de ses trophées. Dès lors, Maav se sent satisfaite, et sûre d’elle, rien qu’à se trouver capable de détourner les yeux vers les miniatures de sombrals et les bocaux d’insectes mortels.  L’inverse, ce serait la défaite, le service, l’esclavage. Or, Theodora est son obligée.

Maav pousse jusqu’au « J’adore discuter avec toi » tandis qu’elle prend mentalement note et jauge la portion de vérité dans l’annonce. Le poste de directrice est suffisamment important pour qu’elle soit envoyée n’importe où sur le globe et, du reste, la blonde est une marquée de premier plan. Pour ce que le déplacement importe à la Nott… moyennant, cela dit, la non-contribution substantielle de Theodora au fonctionnement et aux profits de son commerce, ce qui vaut un indolent mais sarcastique : « Une urgence ministérielle prévisible un mois à l’avance, c’est quand même dommage. » Le rouge à lèvres s’esclaffe, quoi qu’un peu moins fort lorsque les paumes tombent sur les accoudoirs et que Maav dresse un regard qu’on ne daigne pas lui rendre. L’air s’épaissit d’un coup, la poitrine se soulève une fraction de seconde plutôt qu’à la respiration et, attentive, elle surveille que les doigts demeurent immobiles, et sa vertu toute sauve.

« Je veux –
- Tu veux ? elle relève.
- J’apprécierais...
- Mieux, ronronne-t-elle sous le timbre. »

Cette déférence, même si elle fabriquée, est délicieuse. Il ne se passe une minute auprès de Theodora où Maav ne se félicite pas de l’avoir instaurée dès le début. C’est à ses conditions. Ça le sera toujours ou ça ne sera plus, plus du tout. L’ex-rafleuse aurait tôt fait de la gober, de la ranger dans ses possessions certaines et coutumières. Ce que Maav Nott n’est pas ou refuse d’être. « T-t-t-t, claque la langue au palais et les billes aux prunelles. J’entends deux faveurs et aucune contrepartie pour moi. » La cendre est balancée dans le cendrier alors qu’elle parle comme si le visage de la blonde ne se trouvait pas à quelques centimètres du sien. « Pour commencer, tu n’as aucune idée de ce qu’est un ton suppliant et c’est déplorable. Ensuite, même si Arvel Romanov n’est pas la première fortune de ce pays, je ne vois pas au nom de quoi je renoncerais à sa participation… forfaitaire. » Et ceci n’a trait qu’à la première faveur car l’autre, noire aux pupilles, n’a même pas besoin d’être soulignée, n’est-ce pas ? « Je pourrais, comment tu dis ? surveiller tes intérêts, c’est vrai, mais je suis une femme occupée, très occupée, tu le sais. Et que ferai-je quand il me proposera de coucher avec lui, parce que je l’aurais veillé de près ? » Cette situation, à la fois fictive et grotesque, n’a qu’un dessein très évident et serpente sous l’autre faveur. « Même si je ne sais pas lequel de tes intérêts s’en trouverait amputé… » Arvel ou elle, duquel Theodora serait-elle jalouse ? « ...je vais devoir décliner, je le crains. Et toi… te trouver une autre chienne. » La façon qu’elle a de le dire. Par Merlin, ce sourire et la façon qu’elle a de le dire...
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Ven 26 Jan - 2:36

Madame

Dès les premiers mots jetés, Theodora sait que le laïus de Maav n'aura rien d'agréable. Pourtant, comme une enfant qu'on réprimande, elle se cloître dans le silence et craint la sentence. C'est que la Madame a un ascendant évident, et toutes les raisons et opportunités d'en abuser. La Avery déteste ça. Ou plutôt, son égo se fait un devoir de détester ça. Car le reste de son soûl n'a jamais trouvé une femme foutrement plus attirante que Maav Nott. Et elle en a vu. Des corps et des personnalités. Elle en a vu à se lasser de les compter. Malgré tout, son sourire fauve ne perd rien de sa superbe.

« S'il ne s'agit que d'argent... Je te dédommagerai volontiers du double de ce qu'il dépense d'habitude. Caresse-t-elle. »

Ça serait insulter le génie de la Madame, que de croire qu'il ne s'agit que d'argent. L'argent a son importance, évidemment, mais il y a pléthore d'autres monnaies plus utiles, et Theodora dispose d'une grande majorité d'entre elles. Pour marchander, pour pallier à ses caprices... Oh, Maav est bien plus qu'un simple caprice. C'en est un véritable amoncellement, un pivot : Maav Nott n'est pas un caprice, elle crée le caprice. Et il y en a un, de caprice, qui grouille aux reins et aux mains.
Si jusqu'ici, la Avery a réussi à maintenir des apparences décentes, la mention d'Arvel en ces termes, de l'éventualité même qu'il (ou n'importe qui d'autre, d'ailleurs) puisse jouir du corps, termine de décapiter le sourire. Une fureur glaciale déforme les traits, et les lèvres se retroussent pour dévoiler les canines jalouses. Comme elle n'a pas de réponse immédiate (elle a été entraînée aux jeux de la société, mais Maav l'y surpasse et s'y complaît, là où ce n'est, pour elle, qu'un outil de survie), elle ne fait jamais que l'imputer d'un regard enragé. Toujours affamé. Et le silence s'étiole, tire des fils de diverses tensions, alors que Theodora imagine mille façons de lui faire ravaler son sourire.

« Allons, Madame... Tente-t-elle d'amadouer, elle sait, vainement. De nous deux, on sait très bien qui est la chienne de l'autre. »

Le ton est amer, presque contraint, dirait-on. Pour gifler ou caresser, la paume se suspend près de la joue. Elle n'ose pas tout à fait s'y poser, mais dévoile un aplomb encore trop impétueux, très en contraste, finalement, avec l'aveu qu'elle vient de cracher à la gueule de son arrogance. Ça lui coûte. Ça lui coûte beaucoup trop. Et pourtant, la voila qui vendrait père et mère pour prendre Maav Nott, ici, et maintenant. Car elle ne lui paraît jamais aussi désirable que lorsqu'elle s'impose en digne adversaire. En vainqueur. Et peut-être, oui, peut-être que, sans se l'avouer vraiment, Theodora retire un plaisir coupable dans la défaite.

« J'aimerais que tu repenses ton refus. »

La voix gagne quelques reflets qu'on veut dociles. La Avery courbe tant l'échine qu'il pourrait presque s'agir d'une partie du payement. La paume suspendue s'enfonce dans le dossier, près de la tête.

« Je payerai ce qu'il faut. Tout ce qu'il faut. Tu n'as qu'à considérer que j'ai une dette envers toi. Une dette que tu pourras venir récolter quand bon te semble. Avec les intérêts. Demande-moi ce que tu voudras, et tu auras. Les désirs de Madame sont des ordres. »

La moitié d'une ironie pend au sourire qui réussit enfin à fendre la bouche. Ce ne sont que des paroles, et évidemment, la versatilité de sa loyauté n'est plus à prouver, mais tout, dans la voix et l'attitude, crie à quel point Theodora Avery est devenue dépendante de Maav Nott. C'est toxique, malsain, assurément dommageable, et pourtant, elle n'arrive pas à s'en dépêtrer ; à serrer la gorge et à mordre dans la pulpe ; à la coincer contre son fauteuil et à écarter les cuisses. Elle n'y arrive pas. Elle n'y arrive pas parce qu'elle a peur de s'en retrouver privée. A la manière d'une sale camée qu'on tiendrait en laisse par ses addictions.

« S'il-te-plaît... »

Cette fois, et puisque le cadavre de l'égo se décompose déjà, le timbre n'a guère honte de quasi-implorer. Le sourire aguiche, se fait pute. Et puis, l'un après l'autre, les genoux rejoignent le sol. Qui l'eut cru ?

« S'il-te-plaît... Réitère-t-elle. »

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Ven 26 Jan - 23:55

Maav a eu le temps de reconsidérer la question, deux fois. Sa réponse est égale. « Tu es si impossible... » Le souffle sermonne comme celui d'un parent bienveillant tout près de céder au caprice de son enfant. Pourtant, Maav est une inflexible et, surtout, une insupportable pragmatique. Ce n'est pas uniquement une affaire d'argent. La pire monnaie, celle dont la valeur fluctue comme la beauté dune femme au gré de la vieillesse, c'est la réputation. Rumeurs et recommandations sont les espèces et les comptes en banque ici-bas. L'irlandaise en est ivre, on le devine aux commissures qui se redressent et aux doigts qui frôlent avec douceur la pommette de Theodora. La puissante est à genoux, aux siens, et elle supplie, cette fois, elle y met un peu plus de coeur. Une nuée de brasiers se répand dans le ventre de la Nott, qui sourit plus fort, qui coince les cheveux blonds derrière l'oreille avec une délicatesse de moins en moins maternelle. « Je ne peux bannir que mes ennemis, elle énonce comme une véritable générale, inaltérable par la seule volonté humaine. » Et, même eux, Maav les reçoit avec plusieurs honneurs car elle préfère qu'ils ignorent sa méfiance et se morfondent au moment où elle frappe. Arvel, bien sûr, est un ennemi naturel, puisqu'elle est la maîtresse de son épouse... Mais ladite maîtresse doute qu'il soit dupe ou affecté par la chose, et elle doute plus encore d’être la seule. « Et je n'ai aucune confiance en toi. » Le rictus vire narquois, car c’est la vraie raison de son refus net et précis. La Madame est pourtant la première à recueillir des dettes, encore qu'elle préfère les échanges d'intérêts simultanés. Mais Theodora Avery n'est pas fiable. Très égoïste. Déloyale. Et pas craintive de rompre des vœux, l’autre en est sûre. « Même si j'apprécie l'effort, je n'ai rien à gagner là-dedans, fait-elle la conclusion. Tu vas devoir trouver quelqu'un d'autre pour surveiller ton mari... Celui-là, je le laisserai entrer au MR, mais c'est tout ce que je peux faire. » Le jugement est déclamé à voix basse mais certaine, sans appel. L'implacable n'a pas manqué de chercher une chose dont elle aurait besoin au détriment de la directrice à la Justice magique mais il n'est rien d'immédiat ou d'équivalent. Du reste, céder là impliquerait de céder ailleurs et, dès le moment où elle est entrée, Maav avait décidé qu'elle ne s'allongerait pas pour Theodora, ce soir.

Comme d'entendre ou de prévoir la résolution de sa patronne, un larbin frappe trois coups méthodiques à la porte (une affaire à régler d'ordre comptable, de facto de première importance). Bien qu'elle se redresse mais pour ménager l'ego de la blonde, Maav lui laisse le temps de se remettre sur ses pieds, droite et digne, avant d'ordonner à l'homme d'entrer. Sur le seuil, il balaie la pièce d'un regard qui évite méthodiquement l'héritière des Avery, comme s'il fallait rappeler que, à l'interroger, il jurerait ne l'avoir jamais vue ici, et surtout pas en telle compagnie. « Oui ? » « On clôture les comptes de la journée. » Et, avec la clôture, le déplacement des fonds. Cupide, même dans les petits profits, Madame aime être présente. « J'arrive, fait-elle en écrasant sa cigarette. » L'employé s'esquive après un hochement de tête plein d’obséquiosité, et toujours aucune attention pour l'autre femme. Maav, finalement, revient à celle-ci : « Tu veux dîner avec moi ? » Et l'attendre, l'attendre encore. Il va de soi que Theodora refusera, et c’est tout le sel et toute la raison d’être de la proposition. L'irlandaise ferait mieux de surveiller l'orgueil et la patience qu'elle a longuement érodés mais, sur le moment et forte de ses victoires piratées, elle se fige sur ses talons et derrière un sourire insortable, puant d’insolence.
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Dernière édition par Maav Nott le Lun 5 Fév - 0:54, édité 1 fois
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Sam 27 Jan - 20:54

Madame

La gentillesse et la servilité ne paient jamais. C'est un constat et un rappel douloureux.

Combien même ça ne l'a pas empêché d'essayer, de supplier, Theodora était plutôt pessimiste quant à la réponse de Maav. Ça ne veut non plus dire qu'elle s'en accommode, ou que ça ne lui fait rien. Au contraire. Ça grouille sous la peau comme un nid de serpents venimeux. La fureur. L'excitation. Et l'infecte sensation que c'est elle, et non la Nott, qu'ils veulent mordre jusqu'au sang. Devant le laquais, son visage est pourtant très lisse et sa silhouette d'une souveraineté méprisante. Elle ne se débarrasse d'ailleurs ni de l'un, ni de l'autre, quand il les laisse à nouveau seules.

« Non. Aussi plaisante que soit la perspective, tu n'as plus de scotch et aucune autre distraction valable pour me faire patienter plus longtemps. »

La nonchalance des mots muselle une rage qui n'est visible plus qu'aux pupilles. Son égo exhumé se rappelle surtout des blessures à vif et du gros sel qu'on a continué d'y frotter, encore et encore, jusqu'à ce que l'os en soit découvert. La voila qui ramasse son paquet de clopes, et enfile sa veste. Si elle ne traîne pas, elle n'est pas à se presser, et le regard en coin a le temps de balayer dix fois la délicieuse silhouette de la Madame.

« De toute évidence, tu ne comptes pas ouvrir les cuisses, et puisque tu refuses d'accéder à ma requête, je vais devoir m'occuper du problème de façon plus... Propre. »

Elle parle des deux requêtes. Et par propre, on entend surtout radicale. Le sourire qui encoche les lèvres dégouline d'une espèce d'essence malsaine et d'une assurance pareillement abjecte. A cet instant, l'espace de la moitié d'une seconde à peine, on aurait pu croire qu'elle avait auguré les réponses et les débouchés de cette entrevue bien en avance. Or il n'est rien qu'elle planifie autant à l'avance, ou pas à l'égard de Maav : persiste juste le doute qu'elle ait pu ou aurait pu. Un vulgaire écran de fumée, et un mécanisme de défense acceptable, quand on constate qui est son adversaire. Il aurait été parfait si le désir du corps de l'autre n'avait pas à ce point consumé les reins et les pupilles. Elle sait que Maav voit au travers. Et qu'importe.

« Tu n'auras à t'encombrer de personne, ne t'inquiète pas. Ironise-t-elle, frustrée, presque vexée. Pas même d'Arvel : je le prédis indisposé. »

Le ton s'amuse, mais les appétences se tordent à l'agonie et muent en réelle injure. Son égo est sévèrement atteint, pas certain d'être tout à fait capable de se remettre dans les prochains jours. Il lui faudra sans doute compenser ailleurs. Couper deux ou trois têtes, et louer un bordel entier pour tenter de remouler son monstre de fierté. Il n'y a guère que Maav Nott qui réussisse à saper sa confiance aussi fort. Et guère qu'Ethel Mulciber pour la rebâtir après coup. Et elle a envie d'Ethel. Elle a envie de la voir, de la sentir, de plonger dans le fond de ses yeux pour s'y noyer. Elle les voit. Ses yeux. Qui la persécutent aussi fort que la Madame persécutent les reins.

Theodora termine d'enfiler ses gants en cuir alors qu'elle se poste en face de son hôte et amante. Une pulsion ravageuse abonde aux instincts, or les traits filtrent un sang-froid quasi-intact.

« Bien. Nous nous reverrons après mon voyage, je suppose. »

Dans plus d'un mois, en définitive. Si le délai devrait être réduit de moitié, elle dédie désormais les deux semaines suivantes à l'éviction immédiate d'Arvel (Cassius étant, visiblement, incapable de se charger du sale boulot).

« Attention à ce que vous faites, Madame. Susurre-t-elle près des lèvres avec un sourire fauve. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive malheur durant mon absence. »

Elle est Theodora Avery, directrice du département d la justice magique et fille de Dorothea Avery. Elle aimerait autant qu'on s'en souvienne. Car un jour où l'on aura besoin du Ministère ou des Avery, Theodora se rappellera surtout des deux heures et quarante-cinq minutes qu'on lui doit.

+ + +

MI-FÉVRIER, TROIS JOURS AVANT LE DÉPART

Theodora soupçonne qu'on l'ait amenée là pour la punir. Dans sa mauvaise foi habituelle, elle n'a pas tenu à s'exprimer, et n'offre plus que la façade d'une amie avec une amie.

C'est un spectacle rare, d'ailleurs : Theodora Avery et Ethel Mulciber, conjointement dans les gradins du MR, entrain de profiter d'une après-midi de courses. Ce n'est pas tant parce qu'elles sont ensemble, que parce que la présence d'Ethel Mulciber est inhabituelle. Le public ne lui connaît ni d'attrait au sport (Merlin préserve Kenneth), ni aux mondanités.

« -Tu viens toujours en France, n'est-ce pas ?
-Mon nom est toujours sur le dossier, non ? »

Pour seule réponse, Theodora se contente de tirer une latte sur sa cigarette. Elle n'aime pas les éclairs qui grondent dans le calme glacial de la voix. Elle n'aime pas non plus se retrouver au MR, alors qu'elle avait spécifiquement fait comprendre qu'elle ne reviendrait plus avant... Au moins avant son retour, puisqu'elle espérait secrètement (et sans conviction particulière) que la Nott effectue le premier pas.
Quoi qu'il en soit, elle a rompu son égo et sa crédibilité au moment même où elle a mis le pied à l'hippodrome. Et sa présence renvoie forcément une mauvaise image et des idées fausses. Heureusement, aujourd'hui, la Madame ne semble pas vouloir honorer la plèbe de sa présence. Ou, à tout du moins, Theodora n'a croisé ni ses yeux, ni sa silhouette. Elle s'en contentera.

« Je vais enregistrer mes paris. »

Theodora ne propose rien à Ethel : elle la connaît trop bien pour l'insulter de la sorte. Et elle rallie le comptoir des paris.

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Dernière édition par Theodora Avery le Mar 6 Fév - 12:38, édité 4 fois
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Lun 5 Fév - 1:19

Une maxime populaire doit enseigner que les malheurs n’arrivent qu’à condition que Theodora Avery le souhaite ; le souhaite ou l'organise. Maav, cependant, accueille les menaces à peine voilées avec un sourire tiède et un regard teinté de déception. C'est ridicule et c'est trivial, surtout lorsque c'est rapporté aux bénéfices mutuels qu'elles tirent jusque-là de leur entente. Tout ça, jeté au feu, pour un léger désagrément ? Le silence de Madame laisse à peser les intérêts en jeu et tout le superflu d'un orgueil éraflé qu'une autre fois, une autre nuit, des mains mutines et audacieuses se plairont à panser.

« Tu ne m'en voudras pas de ne pas te raccompagner. »

+ + +

« Déjà de retour de voyage ? » Le timbre tombe tout miel dans le tympan. Il dénote le sourire subtil et dissimulé dans la chair de la bouche. Le brouhaha de gallions que l'on fait tomber par pleines bourses et des derniers paris remportés ou perdus persuade Maav de pencher vers la directrice de la Justice Magique. Par-dessus son épaule, elle lorgne après la sorcière qui s'apprêtait à encaisser l'annonce avec l'argent et prend maintenant son ordre aux pupilles de son employeuse. D'un rictus prononcé jusqu'à la bienveillance, celle-ci agrée et le marché reprend. Loin d'elle l'idée de superviser d'aussi près le travail des petites mains de l'hippodrome. Elle n'a été attirée près des comptoirs qu'après avoir débusqué la tignasse blonde et, en-dessous, ce mètre quatre-vingt trop superbe et trop familier, plus spécifiquement escortée par : « Ethel Mulciber. » La brune est hors de portée, visuelle et, a fortiori, auditive. Quoi qu'elle fasse, la Nott peut difficilement l'imaginer s'occuper à autre chose qu'à errer en scrutant le quidam avec son mépris glacial habituel. « Tu sais comme on la surnomme dans les petits cercles ? » Puisqu'il n'y a nulle intention de garder le suspens, Maav se glisse sur le côté tandis que, sur l'autre bord du comptoir, on griffonne le reçu et les côtes. « La veuve de sel. La Madame parait trouver l'image très amusante. Parce qu'elle ne risque pas de fondre, vues les larmes versées à la veillée. » Quand elle parait au comble des putasseries de salons, l'aujourd'hui brune, au plus naturel, hausse les épaules comme si feu le mariage d'Ethel Mulciber n'avait jamais été le sujet de ses indécents commérages. Ce n'est pas très cordial, parait-elle remarquer à l'instant. Mais enfin, les gens parlent... » Le doucereux du ton suggère que l'on dit pire de Theodora, cependant qu'elle ne doit pas l'ignorer ou, à tout le moins, ne pas le soupçonner. Ce n'est pas le sujet, rien que les simagrées coutumières, alors Maav subtilise le papier à peine paraphé et le glisse dans la paume qu'elle frôle du bout des doigts.

« Je vais aller la saluer. »

Maav le déclare en sachant qu'on va lui emboîter le pas, qu'on n'a pas le choix. Si quelques mains se présentent, et qu'elle rend chacune des politesses bien ordonnées et compliments reçus, la foule se fend admirablement devant elle et, très vite, la fille de Kenneth Mulciber se découpe aux abords des écuries – où il y a plus de bêtes que d'humains (pour l'essentiel, des palefreniers et officiels du département des jeux et sports magiques). « Ethel ! » La redoutable pivote sur ses talons. Au premier abord, elle semble piquée de la familiarité dans une voix qu'elle ne reconnait pas puis, de découvrir la figure de Maav, rayonnant mais un rien moins sophistiqué que ce qu'elle réserve au tout-venant, ses épaules se relâchent et l'harmonie de ses traits s'améliore. « Maav Nott, en personne. » Le petit rire affété qui s'échappe des lèvres vaut bien un tour sur elle-même et une lueur de consternation traverse le visage d'Ethel. « Tu n'as pas changé. » Sous cette langue, c'est la moitié d'une insulte et, néanmoins, Maav ne se formalise pas et plante un baiser sur la joue qui, dès l'ébauche d'un contact, s'échappe. « Tu n'as pas changé non plus. » Madame s'amuse. Madame s'amuse beaucoup, mais non sans noter le coup d'oeil de la brune vers la blonde.
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Mar 6 Fév - 0:43

Madame

Si la voix de la Madame ne lui arrache rien d'autre que son indifférence la plus froide, ce n'est en réalité qu'une façade policée pour la plèbe. Car l'intérieur bouillonne, tantôt de fiel, tantôt de frustration. C'est que Theodora était bien naïve, de penser qu'elle pourrait éviter Maav Nott toute une après-midi entière sur son propre domaine.

« Si tu y tiens tant, je peux aller dépenser mon argent ailleurs. Ironise-t-elle. »

La Avery ne lève pas les yeux de ses mains, qui manipulent gallions, cigarette, et formulaires tout à la fois. Maintenant qu'on l'a surprise à transgresser sa conditionnelle, il ne faudrait pas qu'on pense que sa présence a été contrainte, ou pire, que ça la touche. Ce petit jeu. Cette proximité. Maav. Ethel. Ces quatre éléments mis bout à bout. Evidemment que ça la touche. Ça la pique. Ça l'ulcère. Elle voudrait enfoncer ses phalanges contre la trachée. Serrer si fort que les mots déployés n'auraient d'autre choix que de courber en pardon. Mais Ethel n'a jamais eu besoin de sa protection, tout comme Theodora se fiche bien de ce que les petits cercles peuvent raconter sur son compte ou sur le sien, finalement. Du moment que ça ne sort pas des magnifiques lèvres de la Madame.

« Et tu sais ce que le sel fait d'autre ? Il creuse les plaies ouvertes. »

Son mépris nonchalant se tourne à demi vers Maav, et ses pupilles dévorent autant qu'elles assassinent. Pourtant, il y a dans l'attitude une retenue qu'on ne lui connaît guère. C'est subtil, très discret, ça suggère quelque chose comme si elle n'était pas là, je t'aurais déjà coincée dans les toilettes.

« Je t'en prie. Indique-t-elle le chemin d'une main, en effectuant une légère courbette. »

Theodora déteste la perspective de voir ces deux facettes de sa vie réunies. Or elle n'a d'autre choix que d'emboîter silencieusement le pas à Maav. Et espérer. Espérer qu'Ethel ne lui en veuille pas trop. Espérer que Madame n'en fasse pas des caisses. A ce stade, elles ne peuvent pas se permettre de provoquer une esclandre, de toute façon. Ni Ethel, ni Maav, ni Theodora. Ça serait disproportionné, pour des amies.
Alors la Avery reste en retrait, ne fait jamais qu'observer les échanges entre son amante et son amour. Malgré son flegme apparent, la méfiance a pris son corps en otage. Et il n'y a pas une seule parcelle d'elle-même qui ne rêve de mettre un terme à ces absurdités. Cette histoire ne peut que mal se terminer. Une aura, mauvaise et insidieuse, commence à baigner dangereusement Theodora, et s'exacerbe d'avantage lorsque le regard d'Ethel lui adresse vivement son dépit. Son dégoût. Elle n'a nulle envie de sourire, et cependant, les mâchoires serrées, se prête à l'exercice.

« -Si vous voulez bien nous excuser, Madame, je crois qu'il serait sage qu'on retourne finaliser nos dossiers au Ministère. Il y a-
-Et je crois qu'on peut rester encore un peu. »

Il s'agit définitivement de la punir, car Ethel ne retire aucun plaisir d'aucune sorte à babiller avec Maav Nott, aussi amies puissent-elles avoir été. Bien qu'on lui ait vaguement conté les origines de la rencontre, Theodora n'a pas tenu à en savoir plus : un sentiment anormal et désagréable la consume à chaque fois qu'elle les imagine toutes les deux. Sans elle. Ce n'est pas de la jalousie... Ou pas dans sa forme la plus commune. C'est qu'elle ne l'a jamais ressentie avec telle véhémence qu'en présence de ces deux femmes.
Quoi qu'il en soit, Theodora plie devant l'autorité d'Ethel, et se contente de brosser sa désinvolture, l'air de vouloir qu'on pense que tout est parfaitement normal, alors qu'elle est Theodora Avery, et qu'elle a la sale réputation de ne s'écraser devant rien ni personne.

« Je suppose que les visas peuvent attendre... Raille-t-elle à moitié pour elle entre ses dents. »

Maav semble décidée à s'en amuser, car elles finissent toutes les trois dans une loge privée qui surplombe et donne une vue panoramique sur l'hippodrome. Au moins, on ne risque pas de les importuner. Et il y a du scotch. Merlin merci. Theodora tire trois verres du bar. Un sourire fauve s'invite aux lèvres, comme un mécanisme d'auto-défense qui s'enclenche.

« Je vous sers quelque chose, mesdames ? »

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Mer 7 Fév - 18:44

La Madame du Monsieur n’attend pas qu’Ethel Mulciber en ait terminé de son injonction à peine dissimulée pour surenchérir : « Ah, ça, oui. Il faut que vous restiez ! » L’enthousiasme de Maav a toujours quelque chose du cristal : il est superbe, bien lisse, on ne peut s’empêcher de le sortir en toute occasion et n’a, finalement, aucune valeur particulière. « Au moins le temps qu’on sache si cette course va alourdir le coffre des Avery. » Le sourire de l'irlandaise est sucré, en même temps qu'il se fracture en une mine plus sombre ; elle manigance, car une chose affecte sa vigilance et elle devine que cela traîne alentours d'Ethel et de Theodora – ou plutôt est-ce entre elles. À ce stade, elle suppute une simple querelle, et rien qui ait trait à la connivence véritable entre les deux femmes, et déjà cette rumeur l'appâte et l'intéresse. En vérité, la manière dont la Mulciber s'y prend pour faire plier si facilement l'intransigeante directrice l'intéresse et elle est prête à réveiller de vieilles et obscures amitiés pour s'en faire raconter le secret. « Les visas adorent attendre… elle souffle à l’attention discrète de Theodora. Suivez-moi, je connais un meilleur endroit, dit-elle plus fort. »

+ + +

« Comme c'est aimable de ta part de me proposer de mon scotch... » Le timbre moqueur étouffe en un rire de la même nuance. « Mais, je te remercie, non. Il est encore un peu tôt pour moi. » Là-dehors, c'est l'après-midi et, d'une manière générale, Maav ne goûte pas suffisamment des liquides pour s'enivrer. À ce sujet au moins, et suivant l'oeillade qui court jusqu'à elle, Ethel ira dans le sens de l'exubérante propriétaire du MR. « Rien pour moi, elle se contente de dire. » La Mulciber ne serait pas non plus contre deux longues gorgées d'une eau bien fraîche mais elle doute qu'on serve ce genre de rafraîchissements – gratuits – par ici. Bien que, d'une certaine façon, elle reste passablement mal à l'aise. Pas le genre de malaise que l'on plaint. Le genre de malaise qu'elle n'a aucun mal et aucun scrupule à partager afin qu'on débarrasse sa vue. Tout son échec, c'est que Maav n'en sera nullement dérangée. Theodora, au moins, cela suffira.

En s'abandonnant à l'assise confortable d'un fauteuil de la première rangée, la Nott s'étire tel un chat. « Je ne savais pas que vous vous connaissiez, lâche-t-elle sur un ton qui insinue. » Il était probable qu'elles le fassent, compte tenu de leur implication et de leur rôle respectif à la solde du Maître. Pas que ça soit un sujet d'expertise de Maav, qui se fiche assez de ses comparses à la Marque, à moins qu'ils ne saignent du renégat comme ils parient aux courses. D'où son attention minaudante à l'égard de Theodora Avery. Ethel Mulciber, en revanche, est moins fameuse ; pas discrète à proprement parler ; plutôt... insidieuse, oui. « Allons... aucune des deux ne va me raconter ? » La magizoologiste devine que cela remonte à des années, puisqu'on ne tire pas facilement de sentiments (humains) à Ethel. Elle-même n'en a que peu bénéficié et pas dans les belles largeurs. Il n'en reste d'ailleurs qu'un dédain aussi ordinaire que celui versé aux autres. « C'est une histoire pour celles qui ont fait la Guerre. » La réponse fend l'air comme un coup de fouet. Ethel est sèche. Elle s'impatiente. « Cette course ne va jamais débuter... ? » Elle a parlé tout près de la barrière magique au-delà de laquelle l'hippodrome se révolte et trépigne pour les mêmes raisons qu'elle mais d'un désir véritable. Sans se redresser, Madame néglige l'humeur et se rappelle à l'attaque qui a précédé. Elle ne niera pas : non, elle n'a pas fait la guerre, elle n'était pas là, et elle n'en conçoit toujours aucun regret (même une certaine gloire). « Si seulement j'étais née avec le coeur à me battre plutôt qu'à la récréation... On serait en train de se raconter nos souvenirs plein de sang et de bouillie humaine en trinquant à Vous-Savez-Qui. » Par-dessus son épaule, le regard d'Ethel est glacial – quel outrage ! « Paix, ajoute Maav en minaudant et tirant sur sa manche jusqu'au serpent qui dégueule de la bouche. »
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Ven 9 Fév - 23:03

Madame

Theodora ne perd rien de son sourire et de son impertinence. Elle en fait même trop. Trop pour que ça soit naturel, trop pour que l'une ou l'autre gobe n'est-ce qu'une once de son mensonge corporel. Ce n'est ni pour Ethel, ni pour Maav, de toute façon. Juste pour elle. Pour s'en donner l'illusion et pour se maintenir au niveau de son amante et de son amour. Car l'égo de Theodora Avery ne supporterait pas de ployer genou devant les deux à la fois. Alors il combat. Il combat comme une gazelle face à des lions : en sachant pertinemment qu'il finira mangé. Par l'une ou par l'autre, ça n'a pas d'importance immédiate quand elle sent, de plus en plus, les crocs presser contre sa gorge. Face au danger, elle reste de marbre, silencieuse. C'est qu'elle n'a ni l'envie, ni le besoin (ou est-ce la permission) de répondre à Maav : l'amabilité d'Ethel s'en chargera très bien pour elles.

Elle ramasse son verre rempli au bar, et part s'installer à deux fauteuils de Maav. La Mulciber s'érige entre elles, debout et visiblement pressée d'en terminer avec ces absurdités. Si Theodora sent l'impatience lui grignoter le côté, elle n'adresse pas un seul regard dans sa (leur) direction. Il n'y en a que pour la piste et les bêtes qui s'apprêtent à prendre le départ. Elle ne le sent pas, ne le voit pas non plus, mais inconsciemment la Avery s'écrase et se réduit au silence pour ne pas essuyer les revers de sa désinvolture. Maav la punirait d'une façon ou d'une autre, et Ethel le ferait plus fort encore. Les mâchoires se crispent et les dents crissent. De cette pyramide, elle en est la base. La base qu'on écrase. Et ça lui déplaît. Evidemment, que ça lui déplaît.

« -Oh, parce que tu connais le concept de paix ? Pire, tu aurais un cœur ? Se moque-t-elle.
-Et toi ? »

Le sourire s'estompe un peu, plus mélancolique que vexé. C'est là-bas que Theodora s'exprimait le mieux. Dans le chaos et le désordre. Peut-être que cette femme s'est perdue, au fil de ses années de complaisance, à la tête du Régime. Peut-être que c'est cette femme, qu'Ethel cherche des pupilles qui poignardent les pupilles. Quant au coeur, il y a bien longtemps qu'il ne lui appartient plus. Ça, plus que quiconque, la Mulciber devrait le savoir. Un rictus agrémente la bouche.

« S'il-te-plaît. Tu sais bien que non, ma chérie. »

Theodora et ses sales manières. Ses sales petits surnoms qui sonnent comme des injures et qu'elle adresse à n'importe qui. C'est ce qu'Ethel ressent. A ce moment précis, là, dans la voix, elle le sent : elle est devenue n'importe qui. Et Theodora cherche à l'injurier. Une pique. Rien qu'une pique. Tout ce qu'il y a de plus gentillet. Pour l'instant. Il était évident qu'elle ne prendrait pas coup sur coup sans réagir.
La blonde brise le contact visuel déjà trop long, et reporte son attention sur Maav, l'air de rien. Madame doit encore lorgner sur la fameuse rencontre, et Theodora est prête à lui céder. Plus ou moins. Si l'heure est à l'insubordination, les yeux n'ont pas l'indécence de courir les courbes. Et c'est probablement là son erreur. Car il n'y a que comme ça qu'ils ont l'habitude de jauger la Madame : avec indécence.

« De banales histoires de rebelles qu'on exécute. Ethel était, est douée rectifie-t-elle, pour les trouver, et moi pour les achever. Belle équipe, belle époque. Probablement aussi... Récréatif que ce qui se fait au Monsieur, d'ailleurs. »

Et la course commence en même temps que les lèvres se fendent d'un sourire inquiétant.

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Sam 10 Fév - 12:04

Comme elle est l’unique spectatrice pour laquelle s’agitent les protagonistes de ce théâtre : il gît un lien intime entre Ethel Mulciber et Theodora Avery, Maav le frôle du regard. Leur amitié, déjà, paraît grotesque. Bientôt, la propriétaire du MR apprend que la Guerre a forgé leur rencontre et, tout aussi assurément, leurs sympathies. Il n’y a rien de croustillant à cela car la plupart des alliances d’aujourd’hui se sont nouées dans le sang hier. Le sang des rebelles, ainsi que l’ex-rafleuse ne manque pas d’en faire un portrait trop cru et trop succinct. « Belle époque, répète la Nott avec juste ce qu’il faut d’ironie et de crainte. » Dès le château de Poudlard dans le sillage, Maav s’est éclipsée de l’île. Cela n’avait pas grand-chose à voir avec les querelles fratricides britanniques et, néanmoins, elle s’est trouvée soulagée d’échapper aux bains de carmin, douches d’hémoglobine et autres allégories dont Theodora aurait le secret. Il n’aurait pas fallu lui demander de dresser sa baguette pour aucun camp. L’inclination fût plus évidente pour les deux autres… Mais cela ne fait pas tout. Elles n’étaient pas les seules à se battre et à assassiner. Une induction vient assez vite, lorsque l’on couche avec l’une et que l’on a suffisamment connu l’autre pour lui savoir des amitiés féminines. Il faut admettre qu’une liaison, lorsqu’elle est rapportée à Ethel Mulciber, a quelque chose d’éminemment grotesque. Cela fait même douter Maav, dont l’esprit feint de n’avoir pas encore compris. Alors le regard traîne encore, plus intense quand il remarque avec quelle facilité on le néglige ; cette connivence est à ce point intime qu’elles peuvent, pour une fraction de seconde, se haïr un peu.

Le temps de la course, les murs logent un silence de cathédrale. Maav ne regarde pas la piste mais le dos d’Ethel. Celle-ci, impavide et bras croisés sur la poitrine, se sait observée mais fait semblant de rien. Elle se souvient que l’irlandaise comporte cette crasse curiosité, une énergie invincible qui la fait se tapir et attendre d’obtenir le moment précis, la faille adéquate, pour s’insinuer et saisir le détail. Bien qu’elle l’utilise plutôt dans l’étude des créatures magiques, la Mulciber l’a déjà vu faire aux dépens des êtres humains et elle ne s’étonne pas que Maav s’épanouisse à ce point dans la mondanité. C’est déplaisant, oui, mais guère surprenant. Elle avait les ressources avant que de s’intéresser au pouvoir et à la fortune.

« Je crois que tu as gagné, commente platement Madame en observant le gigantesque tableau des arrivées. » Un sort d’un bleu brillant paraphe les temps les uns après les autres tandis qu’en contrebas des exclamations enthousiastes se mêlent à la ferveur plus commune de la foule. C’est un superbe après-midi et le chiffre d’affaires programmé devrait être rapidement atteint. Un vague sourire, très suffisant, mord et meurt dans la bouche de Maav. « Et si tu descendais ramasser ces gains que tu me voles ? Pour que nous puissions… » Comprenant qu’on l’inclut dans ce nous, une chose qu’elle ne souhaite ni ne soupçonnait, Ethel se tourne lentement vers la brune. « Discuter du bon vieux temps, conclut cette dernière. » Le sarcasme semble limpide, cependant que la proposition paraît sincère. Même exigeante. Pas inquiète de ce huis-clos et passablement agacée par les trente dernières minutes de son existence, la Mulciber adresse un signe de tête approbateur à Theodora et, curieusement, il a, lui aussi, l’air de commander.
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Dim 11 Fév - 20:07

Madame

L'attention de Theodora jongle continuellement entre Maav et Ethel. Le regard curieux de la première pour la seconde la pique, mais elle n'objecte d'aucune façon. Ce n'est ni sa place, ni son devoir, et puisqu'on s'en accommode, elle n'a plus qu'à faire de même. La frustration, rance et épaisse, traverse mal la gorge, alors que les lèvres trempent négligemment dans le scotch pour tenter de dégager le caillot. Elle en oublie la course, qui ne lui est rappelée que par l'injonction de Maav. Le regard lève vers le tableau des scores sans prendre la peine de passer par la piste. Si elle a effectivement gagné, la victoire est fade au possible.

Quand Madame l'invite poliment à rejoindre le rez-de-chaussée, Theodora songe à repousser : elle peut très bien le faire plus tard. Du reste, les gains sont minimes, et les abandonner là ne l'empêcherait ni de dormir, ni de manger. Tous les signes corporels inclinent vers une forme de protestation, mais à consulter à Ethel, il paraît tout à coup mal avisé de s'interposer.
Soit. Un gallion est un gallion, comme dirait sa mère. La blonde siffle entre ses dents et rabat le verre sur l'accoudoir avant de prendre le chemin de la sortie.

Cigarette au bec, Theodora s'attarde le moins possible en dehors de la loge. A presser le pas, le personnel, et la vieille chouette qui abuse l'héritage de son défunt mari, on devine qu'elle est agacée. Pire, qu'elle cherche à soulager ses nerfs sur la première petite contrariété qui viendrait barrer son chemin. A ce titre, elle ne manque pas de traumatiser l'employée du comptoir dès lors qu'on lui demande gentiment de patienter pour le décompte des gains. A défaut de pouvoir lever le ton avec Ethel ou Maav, il lui paraît essentiel de rassurer son emprise et sa majesté sur les petites gens.

+ + +

La voila qui pousse à nouveau la porte de la loge. Les conversations sont immédiatement interrompues. Et la figure, déjà contrite, se désagrège davantage. L'éclair frappe dans les yeux tandis qu'ils mirent Maav et Ethel, visiblement entrain de discuter du bon vieux temps. Le morceau de pierre qui lui sert de cœur décrète qu'il n'aime pas témoigner d'un tel acoquinement.

« Ne vous gênez surtout pas pour moi. »

Le mépris est ouvertement formulé, défiguré par des pustules dégoulinantes de jalousie. Elle ne s'inquiète guère qu'on les capte, car au-dedans de la tempête qui secoue le flegme glacial, il y a d'autres foudres qu'il serait plus judicieux de prévenir. La haine. L'insatisfaction. L'impuissance. L'ignorance. Définitivement la jalousie. D'Ethel. De Maav. D'Ethel et de Maav. De Maav et d'Ethel. Theodora voudrait les deux mais n'en a aucune : ça a toujours était elles, qui l'avaient.

Alors qu'elle se rapproche du duo, ses phalanges attrapent le flacon de scotch et les lèvres y dégustent au goulot. A ce stade, Theodora se rend bien compte que l'une et l'autre sont plus ou moins au courant des liens ficelés ci et là au milieu de ce triangle. Il n'y a plus qu'une demi-raison de les cacher (la présomption d'innocence), et jamais assez de retenue pour la garder de le faire. C'est en ça que Theodora Avery représente un danger : sa haine est entière et impitoyable. Très erratique, aussi.

« Moi qui croyais que vous ne pouviez que vous détester, ou à minima, vous dédaigner. Quel manque de jugement. »

On dirait qu'elle joue. On ne devine pas bien à quoi. Elle n'a pas assez bu pour être saoule, et pourtant. La silhouette se plante devant les deux femmes, assises l'une à côté de l'autre. Les yeux décortiquent. Déshabillent. La carafe vole et percute le sol en un millier d'éclats. Le sourire, lui, s'étend d'une oreille à une autre. Elle sait qu'elle n'en impressionne aucune, ou pas Ethel, qui se contente de lui offrir son silence le plus acéré.

« Vous préférez que je vous laisse, peut-être ? »

Il en est évidemment hors de question. Il y a un feu jaloux et affamé qui consume le cœur et fait sa descente jusqu'aux reins. Les mains se suspendent, une proche de la joue de l'amour, une proche de celle de l'amante. Elle n'en veut aucune. Ou les deux. Et sans doute qu'aucune des deux ne veut d'elle.

« J'espère que c'est sans tain. Ironise-t-elle d'un bref coup d’œil vers la barrière magique qui les sépare du reste de l'hippodrome. »

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Lun 12 Fév - 13:17

« Qu’est-ce que tu veux. »

Ethel n’attend pas que Theodora ait fait plus d’un pas en dehors de la loge. Elle ne fait aucun effort de faux-semblant non plus (ce n’est pas du tout son genre) et le sourire de Maav s’encanaille spontanément ; comme si la blonde était un motif de retenue et non de décadence. « Theodora Avery ? » L’inflexion paraît juger, même dénigrer. À ce dédain fort déplacé compte tenu de ses propres inclinations, la Mulciber répond de son silence le plus méprisant. « Je savais qu’il y avait une femme mais… Theodora Avery ? elle répète avec une nuance étonnée, cette fois. » Les avant-bras s’entrelacent un peu plus, à faire rougir la Marque. « Qu’est-ce que tu veux. » Évidemment, Ethel n’a nulle intention de discuter ce qu’il y a entre l’ancienne rafleuse et elle : c’est à la fois trop sublime pour la trivialité de Maav Nott et jamais ses affaires. « Comprendre dans quoi j’ai mis les escarpins. » Les sombres et caractéristiques pupilles de la fratrie Mulciber se redressent quand elles débusquent un monceau de vérité. Il fait bon que la propriétaire du MR ait quelques élans de franchise et qu’elle ne soit pas constamment ce vernis, ce masque et ces froufrous qui lui donnent l’air d’une greluche, sinon d’une basse putain. Il n’empêche qu’on la reluque quelques secondes comme telle, puisque c’est assurément le service qu’elle rend à sa compagne. Le contact se rompt lorsque les épaules pivotent, d’un dégoût si limpide qu’il éclabousse, et que les yeux retournent guigner la piste où la prochaine course se prépare. « Pour une femme dans ta position, le plus dangereux avec Theodora… c’est Theodora. » Il ne peut être sérieusement question d’obtenir son approbation et il est hors de question d’orchestrer des menaces. Ethel connaît trop celle qu’elle aime pour s’embarrasser, n’est-ce qu’une seconde, de la défendre comme une portion de territoire. Quels que soient les arrangements entre Maav et Theodora, la généalogiste peut vivre en sachant qu’ils existent et ne pas vouloir en supporter les discussions. « Et j’imagine que tu n’as pas changé d’avis à mon sujet. » À l’oblique, Ethel jette un coup d’oeil au sourire qu’elle devinait d’une ambiguïté confondante.

« C’était il y a longtemps, nous avions toutes les deux le mal du pays…
- Tu avais le mal du pays.
- Tu es insupportable, elle soupire et, pour la première fois, l’exaspération se tinte d’un très léger, très subtil, amusement ; Maav le reconnaît tout de suite. »

+ + +

Lorsque la directrice de la Justice magique fait son apparition, Ethel a daigné s’asseoir près de Maav. Les deux femmes relatent leurs dix dernières années, s’abstiennent de commenter ça un détail là une anomalie et conviennent que le présent leur est plus profitable. Peu à peu, les lèvres de l'anglaise se détendent et, quoi qu’elles n’offrent guère de sourire, l'irlandaise est satisfaite du résultat d’ensemble. Elles n’ont jamais été amies, pas vraiment, mais elles ont été liées, et proches, à une époque où elles se trouvaient loin du Royaume-Uni.

« En quel honneur devrait-on se gêner ? »

La réplique tombe tranchante et sonne guindée. Ethel sourcille en direction de sa voisine ; Maav doit avoir décidé qu'elle était bien et qu'aucune interruption n'était souhaitable. En vérité, c'est plutôt la manière dont Theodora dispose de l'une et de l'autre qui lui fait retrousser les babines. Elle avise le whisky qui monte aux lèvres d'un oeil critique et s'installe avec une nonchalance beaucoup plus étudiée que la décontraction qu'elle arborait une minute plus tôt. Son allure en prend un coup lorsque la carafe éclate à l'impact et elle n'aime pas qu'on la déshabille sans son consentement, fût-ce à la rétine. « Tu es vraiment très mal placée pour faire montre de jalousie. » La langue poinçonne et les doigts giflent la main qui taraudait par sa proximité proche de la convoitise. « Et tu me dois vingt gallions pour ce scotch. Tâche d'éponger ta dette comme l'alcool lorsque tu partiras. » La silhouette altière se désenclave du siège et oblige, de facto, la blonde à reculer vers la barrière magique. Une oeillade ironique de Madame parait suggérer : bien sûr que c'est sans tain. « Ethel. » Les salutations lui sont rendues d'un hochement du menton et les pupilles se rencontrent à peine. « Et faites bon voyage, lance la Nott en tirant le battant dans son ombre ulcérée. »
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Mar 13 Fév - 22:35

Madame

« Je rentre à la maison. »

Le ton suggère que Theodora ferait mieux de ne pas l'y rejoindre. De ne même pas tenter d'y poser pied. Ethel, déjà, imite la Nott et adresse un regard acéré à sa compagne. La Avery baisse mécaniquement le menton, comme une enfant qu'on surprend à faire des conneries. Les phalanges se ramassent en poings et les mâchoires se crispent. Dans ces moments-là, elle se surprend à régresser au stade de la jeune fille, pleine d'insécurités, de jalousie et de frustration, qu'on a laissé de l'autre côté de la cheminée, au départ de la Bulgarie. Theodora Avery n'est plus cette jeune fille. Sauf quand on pousse assez ses nerfs et qu'on inclut Ethel ou Maav (ou les deux) dans l'équation.

« -Eth-
-Ça ne va pas s'éponger seul. »

Une dernière ode au mépris, et voila que la Mulciber s'éclipse. Longtemps, Theodora reste sur place, droite et parfaitement stoïque. Et puis, elle prend à son tour la direction de la porte. Ses talons font craquer le verre sur le passage et, avant de définitivement s'échapper, elle sort sa baguette pour reconstituer la carafe et jette une bourse sur la console qui jouxte l'entrée. Plus les intérêts. Ça devrait largement suffire.

+ + +

Theodora sillonne prestement les couloirs du MR à la recherche de Madame. Son égo refuse qu'on la quitte en ces termes. Ou, du moins, c'est la version la plus convenue. Car on jurerait qu'elle retire un quasi-plaisir malsain à se faire éconduire. C'est là le fondement même de sa relation avec Maav Nott et ce qui la tient aussi proche et aussi apprivoisée : le désir érodé, méticuleusement supplicié. Assurément, il n'y a dans cette situation rien d'orchestré, et la Madame ne veut sans doute plus rien voir d'elle aujourd'hui. Tout de même. La blonde cherche après son amante comme une chienne après sa maîtresse. C'est aussi pitoyable que c'est désespéré. Elle en a conscience, là, quelque part, dans les tréfonds de sa fierté.

« Madame. Interpelle-t-elle. »

La silhouette se découpe au fond d'un couloir. Aussitôt, Theodora accélère le pas et la dépasse. Sa paume se plaque contre le mur et son bras bloque la progression. Ses pupilles se plantent aux pupilles. Elle jauge les humeurs, la patience et le danger.

« J'ai... Envie de toi. Je suis désolée. »

Elle grogne plus qu'elle parle. Les mots écorchent littéralement la langue. C'est que Theodora Avery ne s'excuse pas : elle se contente de prendre ce qu'elle veut prendre, et de saccager ce qu'elle souhaite saccager. Par dessus tout, elle déteste le sentiment de vulnérabilité et l'état de soumission qui accompagnent des excuses.

« Est-ce qu'on pourrait... Discuter en privé ? »

Elle se sait en position de faiblesse, aussi prend-t-elle soin de demander, et non d'ordonner. Et ça marche. L'approbation tombe et permet aux poumons de respirer. Une main agrippe le manteau et on l'entraîne dans ce qui paraît être un bureau-salon. Si elle se contente de suivre le plus docilement du monde, elle n'a qu'une envie : la baiser salement contre la porte. C'est primaire. Même sauvage. Elle ne contrôle pas du tout ce feu grégeois qui crépite au creux des désirs liquides. Et elle déteste cette dépendance, ce besoin compulsif de lui plaire ou de s'agenouiller. Elle ne devrait pas avoir à le faire. Parce que c'est une Avery et que le monde est à ses pieds. Alors pourquoi pas Maav Nott ? Pourquoi persiste-t-elle à lui faire ployer l'échine ? D'abord seule... Et puis avec Ethel. Ethel. Une curiosité soudaine se mêle aux appétits.

« Tu as deviné, n'est-ce pas ? Pour Ethel. »

La sympathie qui la lie à Ethel Mulciber ne lui paraît pas si absurde, et elles assistent d'ailleurs à quelques événements publics ensemble, en toute amitié. Mais Maav... A se remémorer la scène, Maav semblait avoir des soupçons depuis le début, et certainement pas parce qu'elle couche avec elle. Encore que Madame a probablement su en tirer quelques éléments de réponse.

« Comment ? »

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Ven 9 Mar - 19:45

Maav envisage brièvement d’ignorer la semonce. Filer et disparaître par ces couloirs labyrinthiques est un jeu d’enfant, à tout le moins pour elle. Déjà elle congédie l’un de ses chuchoteurs – des filles et des garçons discrets, frôlant l’adolescence, qui vont et viennent par tout l’hippodrome afin qu’elle sache, en permanence, ce qu’il se produit dans l’enceinte. Le calme et le profit qu’on lui rapporte font plaisir à ses humeurs, une quiétude rutilante et nouvelle que les semelles galopantes de Theodora, dans son dos, ne manque pas de piétiner. Par principe, Madame force l’allure. Peut-être la directrice abandonnera-t-elle. Plus probablement, elle s’obstine, la dépasse et lui barre le passage. Les pupilles qui montent à leurs rivales sont glaciales. « J’ai… » « Quoi ? » Le ton demande platement, alors que la lueur aux rétines ternit le faux-semblant. « Je suis désolée, dit l'autre. » La Nott doit reconnaître qu’elle est impressionnée par l’agencement de ces trois mots dans une telle bouche. Instinctivement, son regard y décline. Elle n’a rien imaginé et, de toute évidence, il en coûte à la blonde. Pas que ça fasse une grande différence pour la brune, qui parait, dans son silence buté et son air impatient, en attendre beaucoup plus.

Démêler leurs petites discordes au milieu du couloir est une option peu séduisante, alors, dès la demande (qui a le bon goût de n’être pas une injonction) formulée, Maav entraîne son amante dans l’un des nombreux recoins de l’hippodrome. À ce niveau, l’on trouve beaucoup d’administratif et elle décide que les bureaux de la comptabilité feront l’affaire. De toute façon, elles n’ont l’utilité que d’un moindre mètre carré car leur proximité est étouffante et que même l’irlandaise ne pense plus à marquer le recul. Celle-ci est partagée entre le désir vivace qu’elle lit aux prunelles et la curiosité allègre que Theodora a douché, tout à l’heure. Assez vite, elle comprend qu’elles échangeront peu de mots, ce qui serait assez pour lui convenir. Pourtant, lorsque Madame s’attend à ce que les manières s’effritent contre ses courbes, la galloise visse une attention très différente à son regard. Le seul nom d’Ethel fait grincer les mâchoires l’une contre l’autre, alors quant à savoir si leur propriétaire a deviné : « Une intuition, se fend-elle d’un sourire oblique, mesquin. Ou je l’ai déduit de ton besoin de coucher avec les femmes de ton entourage. » À présent, Maav se souvient d’imprimer de la distance et dépasse l’ex rafleuse, non sans la bousculer, un peu, en passant. « C’est de cela dont tu voulais discuter en privé ? fait-elle tomber son timbre ironique. De comment j’ai compris que tu as réussi, par je-ne-sais-quel prodige alchimique, à transformer un glacier en volcan ? » L’allusion est méchante. Il y a, cela étant, une histoire derrière la déduction, car ce n’est pas de ses entretiens triviaux avec Theodora Avery que Maav a pris sa certitude mais de sa connaissance (pas tellement obsolète) d’Ethel Mulciber. Elles se connaissent, ou plutôt se sont-elles connues. Heurtées. Coudoyées. Autres temps, autres mœurs, dit l’adage, mais il ne doit pas parler d’une femme de cette sorte. À l’époque de leur rencontre, loin des salons britanniques, Maav, elle, était assez différente de la femme qu'elle est devenue. Plus légère. Naïve. Volubile. Elle l'est encore, avec bien moins d'innocence. Sa perception d'une personnalité aussi complexe que celle d'Ethel est plus large, lui laisse moins de questions. Au reste, si elle s'étonne assez, elle se fiche de la réelle nature de la relation qui lie la fille de Kenneth Mulciber à la fille de Dorothea Avery.

Toute son attitude le dénote quand elle s'appuie sur le bord du bureau et qu'elle lève la mire de ses yeux impatients, parfaitement dénués de leur éclat facétieux coutumier : « Ou bien tu comptes me rembourser mon scotch en personne ? »
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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Mer 14 Mar - 1:12

Madame

La vérité, c'est que Theodora Avery n'a que l'air sulfureuse. Car elle ne fréquente pas tant de femmes, et pas tant d'hommes non plus. D'ailleurs, elle se fiche bien de l'opinion de Maav, et décide que le sujet ne mérite pas d'être défendu. Pour cause. Elle ne lui offre qu'un silence buté pour réponse. Et la moquerie qui gangrène le timbre ne lui fait pas beaucoup plus d'effet. L'attention préfère se focaliser sur le corps et les mouvements, les pleins et les déliés, la proximité et la distance. Il n'y a que ça qui les attache l'une à l'autre : un accord plus ou moins tacite fait de faveurs de toutes sortes, d'attirance malsaine et de frustration dangereuse.

Si Theodora comble l'écart creusé, c'est en dépit du brasier qui crépite au creux des reins. Elle coince Maav contre le bureau, et les doigts agrippent le cou sans aucune once de tendresse. Le visage dégage une colère sourde qui étrangle toute forme de contestation. Elle sait bien qu'Ethel n'a pas besoin de sa protection. Combien même. Elle ne supporte pas qu'on parle de la Mulciber en ces termes. Et elle a trop peu l'occasion de punir ceux qui le font. Mais Maav... Maav, c'est différent. Maav est au courant. Maav ne dira rien. Ou Theodora pense qu'elle ne le fera pas : il n'y aucun avantage à en retirer, et tout à y perdre. A commencer par la bienveillance des Avery et du Ministère.

« Je t'en ferai envoyer une caisse. Tonne froidement la voix. »

En plus de la bourse abandonnée dans les loges. Theodora laisse peut-être toutes sortes de choses dans son sillage, mais certainement pas des dettes. Une vulgaire question d'égo : elle ne veut rien devoir à personne. Elle doit déjà trop à sa mère. Pour une vie entière et pour les suivantes. La figure est impérieuse et glaciale. Tellement glaciale qu'elle décape et brûle.

« Tu penses peut-être que tu as réussi à m'amadouer, mais tâche de te rappeler que je mords. Fort. Ne t'avise pas de reparler d'Ethel. »

C'est un peu confus, un peu contraire, aussi. Car c'est elle qui, d'abord, voulait parler d'Ethel. Tant pis. Aujourd'hui, maintenant, pour une fois, Theodora décide que c'est elle, qui dicte les règles. Son visage passe au dessus de l'épaule, se rapproche de l'oreille, alors que ses mains se plantent sur le bureau pour barrer toute échappatoire. Le corps pèse contre le corps. Ses pupilles dévorent chaque parcelle de peau mise à disposition.

« Alors, Madame ? N'as-tu donc pas toi-même une dette dont tu devrais t'acquitter ? Menace la voix. »

Ces deux heures et quarante-cinq minutes imprègnent encore l'esprit. Depuis la dernière fois, sa frustration n'a fait que s'accumuler par couches, et attend soigneusement d'être démuselée pour mordre. Fort. Ses lèvres se posent contre la mâchoire et descendent à la jugulaire. Les gestes sont lents. Démesurément lents. Comme ceux d'un prédateur qui rôde et accule sa proie.

« J'espère que tu as choisi cette pièce pour son isolement sans pareil. »

L'ironie strie les lèvres d'un sourire carnassier. L'attitude montre que Theodora ne prendra pas non pour une réponse, et qu'on ferait mieux de s'abandonner aux sales manières. Comme pour marquer son propos, la posture devient plus agressive, et tout le contrôle qu'elle s'était échinée à bâtir vole en éclats. Ses mains courent les hanches et froissent les tissus jusqu'à se frayer un passage exigeant par le bas. Il n'y a là aucune bienveillance, et peut-être même de l'hostilité. Le désir de faire mal. Car au visage qui recule et au regard qui courrouce, on devine que la Avery ne cherche plus que sa vengeance et son dû.

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Sujet: Re: Madame. (Maav)   Mer 14 Mar - 14:20

La stature de Theodora barre tous les faux-fuyants. Non que Maav tente de lui échapper : tandis qu’elle se hisse un peu mieux sur le bureau afin d’augmenter son confort, ses rétines lorgnent la rigueur des épaules et le délié de la musculature que l’on devine (ou dont l’on se souvient) sous les tissus tendus. Theodora est fâchée après elle, pour une raison qu’il n’est pas si aisé de deviner. Des deux, l’irlandaise a plus de motifs d’être mécontente et elle ne se laisserait pas facilement chaparder sa légitime contrariété. Elle n’en reste pas moins attentive au brasier, tapi dans le creux du regard, qui la menace avec de plus en plus de clarté. Il est certainement question d’Ethel Mulciber, devine-t-elle une fraction de seconde avant qu’on ne vienne le lui confirmer. Tentée d’agrémenter sa bouche d’un Sinon quoi ? tout à fait provocant, Maav s’en empêche au corps qui pèse plus lourd contre le sien et elle expire une plainte aux lèvres qui caressent son tympan. « Je ne te dois rien, souffle-t-elle à son tour. » Les paumes s’appliquent contre les clavicules sans toutefois repousser. Le fait est que Maav se verrait bien coucher avec la directrice de la Justice magique, tout à fait gratuitement, ici et maintenant. L’ennui, ce sont les sales manies de celle-ci ; cette nature gourmande et implacable ; cet ego sans pareil ; cette exigence où elle n’a aucun droit et qui frigorifie un ventre qui entamait seulement de tiédir… « Nous avions un accord en cours que j’aurais oublié ? » La voix est maîtrisée, soutient le danger embusqué. Et, alors qu’elle s’était laissée faire, aussi statique que si elle était libre, aussi calme que si elle se trouvait en sécurité, ses doigts plongent entre ses cuisses et bloquent le poignet de Theodora. Dans son expression pleine de sévérité, il est entendu que Madame n’aime pas la contrainte, à moins qu’elle n’ait d’abord été organisée avec son consentement. Or, les deux femmes n’en sont pas encore là et l’irlandaise érige son consentement au sommet de tout ce qu’il pourrait bien se passer. « Ou tu crois que je ne saurais pas me défendre… ? S’il le fallait, elle ajoute un instant plus tard. » Theodora n’est pas la seule qui puisse être impressionnante et glaciale, encore qu’en force brute elle l’emporterait sans mal.

Depuis qu’elles se frôlent et s’esquintent, Maav a rarement nourri de l’effroi à l’endroit de Theodora. Il est tout de même arrivé que sa superbe s’ébrèche, lorsqu’il apparaissait que sa difficile amante avait passé une journée compliquée ou une défaite impromptue. Ce genre de rage est propre aux hommes, dit-on, mais Maav, pour chaque soubresaut qu’elle a pris dans le myocarde ces fois-là, soutiendrait le contraire. La plupart du temps, au contraire, elle prend un plaisir d’animal aux mains voraces et aux coups de dent dans la carne. C’est seulement qu’elle n’oublie pas que si Theodora a quelques fois des allures de bête, c’est sans conteste que toute cette peau abrite un monstre.

« Tu devrais rejoindre ta dulcinée, conseille-t-elle en détachant nettement chaque syllabe de la précédente, et ne pas te venger sur moi de ce qu’elle te fait. » Madame devine toujours, car elle ne se contente pas de voir les évènements qui se déroulent devant ses yeux, elle les regarde, les étudie et les décortique avec beaucoup de soin et de méthode. Si Ethel n’avait pas congédié – quoi qu’elle ait fait exactement, Theodora Avery ne serait pas ici, n’est-ce pas ? N’avaient-elles pas des visas à traiter ? Et une complicité évidente à soigner ? Maav n’ira pas jusqu’à demander les détails ; elle n’en a rien à faire. En revanche, elle exige que les phalanges qui s’aventuraient vers le centre se retirent immédiatement. C’est à ses conditions, Theodora ne s’en souvient-elle pas ? « Cette pièce est isolée, Maav parait-elle répondre à rebours. Mais pas assez pour ce que tu t’apprêtes à faire. »
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