Can we go back, go back to the start ? (Alwena)

Rares étaient les sorciers à trouver le courage d'assister aux entraînements de l'équipe anglaise, à cette période de l'année. Les gradins étaient restés pratiquement vides durant toute la séance, et Saga s'était sentie plus que jamais comme une intruse ; mais la blonde qu'elle n'avait presque pas lâché des yeux n'avait pas pour autant semblé remarquer sa présence. Ou bien l'avait-elle vu et décidé de l'ignorer, comme la dernière fois ?

L'hésitation se faisait encore sentir, son ventre se tordant d'inquiétude à l'idée qu'elle la rejette à nouveau. Mais depuis cette première fois où elle avait tenté de renouer le contact, sa volonté n'avait fait que s'affirmer ; elle avait besoin de lui parler, même d'échanger quelques mots. La venue de Roderick entre temps était une épine de plus dans sa peau, une raison de plus de briser la solitude qui s'était cristallisée autour d'elle au fil des années. Si sa trop grande fierté lui avait permis de se protéger, de créer cette carapace si solide autour d'elle, elle l'avait aussi isolé et elle en prenait doucement conscience. Voulait-elle finir ses jours seule, sans affection autre que celle, insipide, de quelques amants qu'elle finissait toujours par laisser ? Non, la perspective ne la ravissait guère.

Pour accéder aux vestiaires, elle évite avec habileté les quelques membres de la sécurité jusqu'à s'y faufiler, pousser cette porte derrière laquelle l'équipe est sûrement en train de se changer. Elle n'a pas honte, pour une fois, de s'aventurer ainsi aux yeux de tous. Elle pousse le battant et s'avance d'un pas incertain, ses yeux s'arrêtant presque aussitôt sur la silhouette d'Alwena. Presque tous les regards sont déjà rivés sur elle, et elle prie pour qu'aucun n’appelle la sécurité. Saga n'a pas l'air bien inquiétante, de toute manière, alors pourquoi se sentiraient-ils menacés ? « Alwena ? » appelle-t-elle, et lorsqu'elle obtient son attention, la blonde demande d'une voix hésitante. « Je peux te parler, s'il te plaît ? » Elle se crispe et se tend, dans l'attente du rejet qu'elle anticipe et craint, persuadée de le mériter. Ne l'a-t-elle pas mis de coté, utilisé sans même s'en rendre compte ? Ce n'est pas le mépris qui l'a fait agir ainsi, simplement la peur de dépendre d'une autre, la peur de ne plus pouvoir continuer seule si elle en venait à s'appuyer un peu trop sur cette épaule valeureuse. Aujourd'hui, cette peur là est éclipsée par une autre, bien plus insidieuse ; celle de l'abandon.