{ HOT } A rhapsody of you and me - Anthonin

Un bruit derrière la porte, et par réflexe, Umbriel leva sa baguette, faisant jaillir de celles-ci des étincelles colorées mais inutiles. Il savait pertinemment qu'une seule autre personne avait la clé pour la soirée, mais, perdu dans ses pensées, il s'était laissé surprendre et voilà maintenant qu'il pointait sa magie défaillante sur le visage peu affable de son amant du soir, Anthonin. Ou du moins, c'était le prénom qu'il lui avait donné, la première fois, prénom que Brie n'avait jamais été vérifié, moins intéressé par son identité complète et son pedigree que par les prouesses qu'il pouvait accomplir de son corps.

« Désolé. »

Il ne l'était pas vraiment. Les quelques leçons qu'il avait suivi avec les professeurs de l'Ordre lui avaient appris à être constamment sur ses gardes, à ne faire confiance à personne, et à éviter les mauvaises surprises en les surprenant en premier. Brie n'était pas un gars paranoïaque dans la vie de tous les jours, mais il avait ses moments de fatigue, de stress, et après la journée moralement épuisante qu'il avait vécu, l'invitation reçue à rejoindre le jeune homme au pieu était une délivrance tout comme un risque supplémentaire de péter un plomb. Il savait multiplier les comportements à risques, entre les sorties coté moldu, les coups d'un soir non protégés – enfin, ce n'était pas comme s'il pouvait procréer, mais la chtouille restait à cette nouvelle époque une maladie bien brûlante – et les rencontres du troisième type dans des auberges peu recommandables, avec des types à ne pas croiser un soir de pleine lune.
Anthonin n'était pas un loup garou, toutefois, ou alors il cachait assez son jeu pour que Brie ne s'en soit jamais rendu compte jusqu'à présent, mais il se dégageait de lui une aura de violence et de force qui intriguait le Lockwood, l'attirait, aussi. Comme la magie noire, cela le rendait curieux, démangeant ses doigts de décortiquer l'individu en question, sous toutes les coutures. S'il ne souhaitait pas être son psychomage ou son confident, il aimerait beaucoup en savoir un peu plus sur les raisons de cette magie qu'il sentait parfois à fleur de peau.

Mais ce n'était pas le but de leurs retrouvailles, et il n'avait que peu besoin de son cerveau, de sa curiosité ou de sa baguette pour cette soirée. Ou, alors, pour des utilisations bien éloignées d'une quelconque recherche, à l'exception de celle d'un plaisir partagé.
Abaissant donc son bras, rangeant son instrument dans la poche arrière de son jean, il laissa le sang-pur – il ne savait peut-être pas son nom de famille mais certaines éducations se sentaient à des miles à la ronde – s'avancer dans la pièce et fermer la porte derrière lui. Ils étaient seuls, seuls l'un avec l'autre, et si Brie criait, personne ne viendrait içi à son secours... et c'était ainsi qu'il aimait jouer, ce qui faisait battre plus vite son cœur revenu des morts.

« J'ai bien failli m'endormir en t'attendant, j'espère que tu sauras me réveiller complètement. » Non qu'il ne doute réellement de la capacité de son amant de la nuit à lui faire oublier l'idée d'une sieste, mais les traces de sa fatigue mélées à celle d'une excitation montante le rendait un peu plus pliant, doux, lui qui était déjà avachi dans un fauteuil, les jambes écartées. S'il y avait eu un peu plus de lumière pour se refléter dans ses cheveux blonds, il aurait paru être un ange, mais il faisait sombre, et frais dans la pièce. Brie avait préféré éviter d'allumer un feu qui aurait consumé l'entière baraque.

C'était cette fatigue, aussi, et puis cet amusement qu'il tentait de cacher à avoir été à deux doigts de raccourcir la taille de son amant de quelques centimètres au niveau de la tête par réflexe, à avoir eu pendant quelques secondes la possibilité d'utiliser sa magie, qui lui enlevait son sourire brave habituel, pour le laisser avec un rictus bien moins angélique, le faisant ressembler à ses Lockwood nouveaux genres. Le tatouage gravé sur le bras, en moins. Pas comme ce brave Anthonin, qui ne le cachait pas, raison pour laquelle Brie revenait vers lui : on ne savait jamais quand une oreille sur un édredon ennemi pourrait se réveler source de révélations.

Fausse raison, lui susurra sa conscience aussitôt. S'il revenait, c'était pour crier.

Brie ne savait pas vraiment s'il aurait réagi aussi calmement au fait de se trouver en joue à l'ouverture d'une porte, mais il admirait le sang froid d'Anthonin... ou alors son manque complet de préservation. Cela l'arrangeait, toutefois, n'ayant pas envie d'enchainer une après-midi de médisances et d'engueulades familiales et une soirée désagréable avec son amant du moment. Si le brun était de ce même avis, tant mieux. Restant donc assis, le regardant bouger, notant qu'il semblait souffrir d'une quelconque façon. Sortait-il d'un autre rendez vous galant un peu féroce ? Brie ne se souciait pas franchement de ce que faisait de leurs nuits ses conquêtes, il n'y avait qu'à voir sa relation avec Ciaran, ou avec Isabel... mais il n'aimait pas passer en second. Enfant pourri gaté, homme à qui on ne refusait autrefois pas grand chose, il avait gardé ce besoin d'être bien traité par ceux qui l'entouraient.

Mais qu'importe. Si Anthonin était trop mal en point pour un deuxième round, il se montrerait créatif. S'il y avait bien une chose sur laquelle il avait progressé depuis sa résurrection, c'était bien sur la souplesse de son corps et sa curiosité pour les pratiques actuelles. Dire qu'il y a si peu pour lui, il ne pratiquait que sa femme, et encore, quand elle était d'humeur.

Les lèvres du brun effleurèrent les siennes, et Brie sortit de ses pensées, souriant encore et le laissant mener la danse. Il n'avait pas besoin de rassurer son propre ego et s'il avait parfois envie de prendre les devants, ce soir le Lockwood était tout disposé à se laisser faire. Dans une certaine mesure, bien entendu. Quelques secondes d'attente, l'écoutant chuchoter des paroles cent fois répétées, cent fois entendues. Il n'était pas le premier, sans aucun doute, ni le dernier. Brie aussi avait ses traditions, ses petites phrases pour faire monter la pression, mais il y avait des moments où toute l'incongruité d'une fausse longue vie se faisait sentir. Cela passait toujours, et de façon agréable, encore une fois, alors qu'enfin cet amant prenait les choses en main, littéralement. Penchant la tête en arrière, s'arrachant à son souffle et lui refusant un baiser, Brie leva le bassin, savourant le contact. Les préliminaires, voilà ce qui lui avait tant manqué pendant son mariage, et si c'était pour cela qu'il était revenu, alors soit, c'était une cause noble qu'il entreprendrait de combler.

« Pour me retrouver nu face à la femme de ménage, ou me les geler au cas où tu aurais trouvé mieux à faire ? Non, je pensais que tu préfererais déballer ton cadeau tout seul comme un grand. » Il n'était pas prêt à avouer complètement ne pas pouvoir se servir de sa magie pour simplement régler la température de la pièce, et il n'y avait tout simplement pas penser. Réflexes d'un autre âge, poser ses fesses sans vêtements sur un fauteuil lui semblait inconcevable. Par contre, se faire déshabiller par un homme dans une auberge douteuse ne lui posait plus de souçis de morale. Allez comprendre.

Tirant sur le col de son pull, faisant semblant de bailler, Brie enroula une de ses jambes autour de la taille d'Anthonin, ne bougeant toujours pas son cul de sa chaise. Il était confortable, après tout, et il aimait jouer. « Il en faut un peu plus que ça pour me requinquer, mais je suis certain que tu vas trouver un moyen. » Laissant ses propres vètements en place, le blond se contenta de glisser ses mains le long du torse de son amant, tout sourire, le faisant s'approcher d'une pression de son pied chaussé contre ses reins. Là, entre ses jambes, voilà qui était la place parfaite pour un mangemort... enfin, ce n'était pas le moment. Ennemi ou allié, il voulait d'abord prendre du bon temps.

« Regarde, je vais te montrer. » Anthonin lui avait maché le travail, à défaire tous ses boutons et enlever les pièces les plus délicates, et c'était sans difficulté que Brie put glisser une main froide dans son pantalon, à travers bien peu d'épaisseurs, coulant contre sa peau la plus sensible d'une poignée experte. De l'autre, il faisait sauter les derniers boutons de sa chemise, découvrant la blessure qu'il avait deviné à son entrée. Autant ne rien dire, même s'il le notait pour plus tard. Pour faire diversion, le Lockwood se releva un peu, venant déposer un baiser sous la machoire atteignable de son amant debout, laissant leurs barbes de trois jours crisser l'une contre l'autre. « Alors, que dis-tu de cet accueil là? » Il fallait toujours qu'il ait le dernier mot.