- ( p l a y l i s t ):
II.
Cœur en émoi, au bord des lèvres. Elle est revenue, il s’est laissé aller dans mes bras. Tourments éternels, je ne sais plus quoi penser, je ne sais plus où marcher. Perdu dans les abysses de différents désirs, de différentes envies, je me retrouve pris au piège. Fiancé, le cœur brisé, le cœur en réadaptation grâce à son regard inattendu. J’aimerais pouvoir tout effacer, retourner dans le passé pour ne jamais plus faire ce genre d’erreurs. Je me suis juré de ne plus sombrer, de ne plus me laisser avoir. Mensonges. Certaines choses ne se contrôlent pas, ne se manient pas. Lui, ce meilleur ami pour qui j’ai une attirance flagrante avait fini sous des draps froissés en ma compagnie. Hétérosexuel se jugeait-il, erreur monumentale lorsque mon être ne fit plus qu’un avec le sien. Douce illusion que les choses allaient bien se passer, dès lors, je ne sais absolument plus quoi penser. Où allions-nous ? Que devions nous faire ? Notre amitié s’en voyait-elle changer ? Tous deux avec la bague au doigt, il était destiné à ma cousine, j’étais enchaîné à Lavinia Prewett. Evidence qu’est notre monde aux alliances arrangées, l’amour n’a pas sa place, les sentiments ne sont que des brouillons, que des rêves illusoires. Et puis, il avait elle, ce démon du passé, ce tourment continuel. Brune au regard merveilleux, ancienne porteuse de mon cœur, morte, revenante. Elle avait succombé sous ma baguette magique, elle et l’enfant qu’elle portait, obligation que je ne pouvais refuser, meurtre que je devais commettre. Idée qui me fait vaciller. Elle est de retour, le passé venant me rattraper, me faire souffrir plus que de raison. Les tourments ne cessent de me violenter, les remords me subjugue, l’amour revient comme jamais véritablement effacer. Et j’ai envie de pleurer, mais jamais une larme ne coulera.
Une journée de plus qui s’écoule, un travail qui m’aidera, échappatoire certaine. Ma présence est requise, tourments, douleurs que je dois infliger, paroles que je dois arracher. Tel est mon travail, tel est l’art que je pratique sans relâche, étant l’un de ceux qui travaillent merveilleusement bien. Sans qui tâche mes mains, je ne cesserais qu’une fois les informations données. La mort est proche, mais pas assez pour le délivrer. Et il hurle, il supplie, il me dit ne rien savoir. Mensonges que je devienne dans ses prunelles dorées, lui qui détient ce que je souhaite savoir. Je ne parle que pour poser les questions, je ne parle que pour lui dire de me donner ce que je cherche. Sang qui s’écoule dans un bruit de gouttelettes silencieuses, il fini par me dire toute la vérité, à bout de souffle, à bout de force, ses tranchées abattues, tombées. S’en est terminé pour lui, il le sait, il l’a accepté. Son regard ne brille plus, ses iris venant à me supplier de lui arracher son souffle de vie. Là n’est pas mon travail, je suis bourreau, pas exécuteur, bien que des vies, j’en ai déjà souvent arraché. Je sors de la pièce sombre, venant murmurer les quelques paroles arrachées à mon supérieur, annonçant que je vais me nettoyer. Sang qui tâche mes vêtements, couleur acre qui brille sur mes doigts, peinture qui vient d’achever son chef d’œuvre. Il me fait un signe de tête, laissant les gardes s’emparer de cette victime qui se fait traîner sur le sol. Blessures multiples, une potion ou deux le rétabliront bien assez tôt. Sa mort prochaine sera programmée, avertissement pour d’autres certainement, qu’importe, cela n’est pas mon problème, ce qui se passe après ne me regarde pas. Chacun son triste sort, le mien me suffit amplement.
Je m’efface dans cette pièce qui m’est propre, laissant l’eau glisser hors du robinet alors que, brusquement, un bruit résonne dans cette pièce de torture, venant résonner, s’écraser contre les murs. Surpris, rapidement je m’élance, courant jusqu’à cet endroit qui pue la souffrance, qui respire la mort. Jeune homme à genoux, tombé la pierre froide avec ce sceau qui devait clairement servir à nettoyer. Soupire qui s’échappe de mes lippes, je ne suis pas d’humeur à m’énerver, à me montrer plus froid que de raisons. Accablé par bien des poids, je me contente de le regarder, cette frayeur teintant ses iris. Il a peur…Oui, il pue la peur à des kilomètres, et ce, simplement en m’observant, en comprenant que je suis responsable de cet essence vital dispersé sur le sol. Excuses qui s’échappent, question assez stupide vu l’état de mes vêtements et de mes mains. Fronçant les sourcils, j’entre davantage dans la pièce, croisant mes bras contre ma poitrine, mon épaule reposant contre le mur en brique.
« A ton avis ? Il est certain que je ne me couvre pas les mains de sang pour mon amusement personnel… » Paroles dites avec un léger agacement, bien que pas de froideur, pas d’agressivité, juste une fatigue que je tente pourtant de contrôler. Pauvre enfant perdu, il semble pris au piège d’un endroit de cauchemars. Je ne peux m’empêcher de soupirer doucement, me décollant de mon poste pour redresser son sceau, détachant durant quelques instants mon regard du sien. La vue du sang, voilà longtemps qu’elle ne me fait plus rien. Devenue ma meilleure amie, j’ai appris à dompter ce liquide âcre, j’ai appris à l’aimer, à l’apprécier en quelque sorte…Me redressant entièrement, je le surplombe de ma hauteur, de mes presque deux mètres, baissant les yeux vers lui.
« Cesse de faire l’enfant et redresse-toi, je ne vais pas te manger ni même te faire de mal, ma mission n’est pas celle-ci…Imagine que c’est, je ne sais pas, de la sauce tomate ou encore de la peinture rouge. » Haussement d’épaules, je glisse mes iris dans les siennes, tendant légèrement la main pour l’inviter à se redresser. Preuve d’humanité cachée, je n’en sais trop rien, disons que c’est également de la curiosité. Il semble peureux, bien trop pour un innocent, pour quelqu’un qui n’a absolument rien à se reprocher. Les secrets sont généralement dévorant, je le sais, j’ai appris à reconnaître quelqu’un qui en possède.