Some fall without even dreaming - Miroslav.

12 april 1996, late afternoon.

Il respire, Xolani. Il respire alors que son cœur s’élance. Il respire alors que son âme s’étouffe. Assis dans son sous-sol sombre, les bureaux d’autres correcteurs l’entourent. Ils ne parlent pas, pas vraiment, se contentant des banalités mondaines d’un environnement qui ne l’est plus réellement. Il en connait quelques-uns, Xolani. Il connait ceux qui se battent silencieusement a ses cotés au sein de la rébellion. Il reconnait le visage de ceux qui aident sans vraiment vouloir le faire. Chaque jour, un autre sorcier, une autre sorcière apparait sur le pas de leur porte. Les murmures de l’Ordre sont devenus des hurlements que l’on ne peut ignorer, des mots que le monde comprend, des mots que le monde écoute. Quoi de mieux que de voir leurs rangs s’agrandir jour après jour ? C’est une poussée d’espoir qui s’est faufilée entre leurs ailes, qui les emporte vers l’avant. Les oisillons sont devenus dragons de feu. Mais les dragons sont loin d’être invisibles. Le peuple a retrouvé son espoir. Le régime a retrouvé son ennemi. On les traque plus que jamais. On les traque sans s’avouer qu’il s’agit d’une organisation prête à tout pour voir le serpent tomber. Eux, les rebelles qui s’agrandissent. Eux, les rebelles qui tombent.

« Crucio ! » Il ne réagit pas, Xolani. Il ne réagit pas alors que son cœur se brise. Il ne réagit pas alors que son cœur pleure. Il ne la connait pas, pas vraiment. Une sorcière a la chevelure de blé. Une étrangère venue d’ailleurs. Une femme qui a à peine commencé à relayer ses connaissances. Ses murmures ont trouvé une mauvaise audience. Traitre, voilà ce qu’elle est désormais. Le hurlement qui s’échappe d’entre ses lèvres est une agonie si lointaine de la douceur de ses mots. Sa vie a pris fin. Là, au milieu de leur sous terrain. Son corps haletant s’élève, se fait emporter. Les mangemorts se tournent vers les autres, vers les correcteurs qui affichent une peur au visage. « Now you know what awaits you… » Un moment durant, ils partagent une conversation murmurée. Sa main portée à l’oreille, la magie de l’Africain se faufile jusqu’au petit groupe qu’il entend avec perfection. Ils désirent les investiguer. Mais le véritasérum manque en raison d’un raid récent. Mais aucun n’est adepte de la légilimancie. Il sourit, le rebelle. Ils froncent les sourcils, les serpents. Après leur offrir plus de menaces, ils finissent par disparaitre. Un court instant durant, le regard du conseiller rencontre celui d’un combattant. La rage attise son désir de rébellion.

« Forget your research, old man. » Les mots sont profonds, l’accent se heurte à chaque coin du large hall. La silhouette du sorcier s’approche d’une des tables, plantant son regard dans celui de son ami. « I nearly croaked today, so fuck the revenants, come and make sure I don’t become one. » Il ne lui laisse pas vraiment de choix, a Miroslav. Ce n’est pas la première fois qu’il l’arrache ainsi à son travail, et ce ne sera surement pas la dernière. Il a besoin de la présence de l’homme, il a besoin de cette aura qui l’entoure, cette aura qu’il n’a jamais compris. Il l’a connu de longues années plutôt, ou du moins, c’est ce qu’on lui a raconté. Proches, ils se sont battus cote à cote. Proches, mais pas autant que l’a un jour été Sizani. Ou du moins, c’est ce qu’on lui a raconté. Les connaissances d’une autre vie, voilà tout ce que beaucoup de rebelles sont aux yeux de l’Africain. Il y en a certains à qui il a immédiatement fait confiance, n’ayant pas hésité un instant avant de suivre Hamish, la baguette au point. Il y en a qu’il a dû redécouvrir, certains qu’il a réellement oublié. Et puis il y a Miroslav. Le visage a été inconnu, la voix également, et pourtant. Et pourtant, il l’a immédiatement retrouvé. Différents et pourtant si semblables, ils partagent beaucoup. Un homme avec qui Xolani sait qu’il n’a pas besoin de prétendre. Un homme qui a connu Sizani. Un homme qui en a été proche. Tell me about her, qu’il lui demande souvent. Remind me of how she laughed, qu’il supplie lorsque la boisson s’enroule autour de son cœur. La porte de son bureau claque, le ramène à la réalité. Loin du monde, loin des autres, il se laisse tomber sur le vieux canapé qui habite un coin de la pièce. « We really need to teach the new ones to be careful, » dit-il en secouant la tête. « It’s getting hot out there, Miroslav. » Il soupire, Xolani, fatigué. Il n’a pas peur, non, pas pour lui. Mais il n’est pas difficile de voir que quelque chose le dérange.