daily prophet

La Coupe de Quidditch britanique touche à sa fin. Les Hollyhead Harpies sortent vainqueurs du tournoi et la fête bat son plein. La rebellion, elle, murmure (+).
Les tensions montent alors qu'un nouveau revenant est enfermé à Azkaban pour le meurtre "accidentel" de sa fiancée.
Teatime with the Queen : Buckinghamshire est voté le county préféré des sorciers immigrants.



 

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 I COME WITH KNIVES (theodora)

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Sujet: I COME WITH KNIVES (theodora)   Dim 26 Nov - 0:43


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Affalée dans son canapé de cuir, les jambes pendant par-dessus l’accoudoir, la blonde a le regard vague. Elle fixe sans le voir l’appartement qui l’entoure, le désordre qui l’habite. Elle y est accoutumée maintenant. Les livres et les papiers importants s’entassent sur son bureau, sur les étagères. Les portraits disputent la place aux photos épinglées aux murs. Jonché d’ustensiles voués aux potions, le parquet de chêne massif disparaît presque à la vue. Un épais tapis persan n’arrange rien à l’évanouissement progressif de l’antique sol. L’air sent le parchemin et le feu de bois, la cire de bougie et la poussière. Dans son antre, Ariadne profite de ses derniers instants de tranquillité. Tenue entre deux doigts nonchalants, une missive arrivée ce matin même par hibou. Convocation immédiate au sommet. L’ordre est sans appel. La signature, apposée d’une main ferme, fait figure à elle seule de citation à comparaître. Manquer au rendez-vous équivaudrait à une provocation, un acte de défi que la sorcière n’est pas encore prête à commettre. Avec un soupir, elle balance ses longues jambes hors du canapé et se lève, résolue à affronter son juge. La lettre qu’elle tient encore à la main ne laisse aucun indice sur les raisons de sa venue. Mais elle ne se leurre pas. Un message urgent de Theodora Avery, directrice de la justice magique, n’est jamais de bon augure. Que la sorcière soit sa cousine ne change rien à la situation. Mais, égale à elle-même, Ariadne ne s’inquiète pas. Il sera toujours temps de le faire plus tard.

Habillée de pied en cape, l’alchimiste se présente devant l’imposante porte noire. Face à elle, une maison londonienne semblable à ses voisines. Mais derrière cette façade de pierres blanches se trouve l’une des femmes les plus importantes de sa vie. Si elle affiche sans cesse un air de suprême indifférence, Ariadne reste néanmoins attentive à l’avis de sa cousine. Pendant vingt-cinq ans, celle-ci a été la seule figure maternelle que la sorcière ait connue. Par bien des aspects, Theodora a su remplacer Galatea, alors même que le rôle ne devait pas lui échoir. Aujourd’hui, comme au temps de son enfance, Ariadne n’obéit qu’à ses propres désirs. Mais si elle a grandi, rien n’empêche sa cousine de la réprimander quand bon lui semble. Heureusement, malgré la fierté chaque fois meurtrie de la sorcière, ses relations avec Theodora n’en souffrent pas. C’est pourquoi elle ne craint pas l’entrevue qui s’annonce. Peu importe les mots qu’elles échangeront, leur lien est indéfectible. Le sang Avery qui coule dans ses veines parle de lui-même. Au sein de ce clan soudé, rares sont les disputes entraînant une rupture définitive. En revanche, lorsqu’éclate vraiment l’orage, le couperet tombe et les racines sont tranchées. Sous l’arrogance et le cynisme, Ariadne craint tout de même de perdre ce trait d’union avec sa mère. Elle reste lucide sur elle-même et ses propres faiblesses. Bien enfouie sous les années, sous les souvenirs heureux, la plaie qu’a provoqué la mort de Galatea est encore béante. Son retour récent n’a fait que l’accentuer, creusant un fossé large de vingt-cinq ans.

Préparant ses armes, ses mots, Ariadne frappe trois coups à la porte noir. Très vite, une gouvernante distinguée vient lui ouvrir. Voilà la sorcière débarrassée de sa cape et dirigée vers un petit salon où l’attend déjà Theodora. La directrice se lève, déployant avec grâce sa haute taille mince. Toutes en blondeur candide et en finesse, les deux cousines se ressemblent de façon indéniable, jusque dans leurs attitudes. Depuis son enfance, la plus jeune a fait de l’imitation de Theodora un jeu. Puis, par mimétisme et admiration, Ariadne est peu à peu devenue un double inconscient de son aînée. Elle a adopté ses manières brusques et décalées, élégamment froides. Ainsi, esquivant les salutations d’usage, la sorcière prend place dans un fauteuil face à sa cousine. Amusée et curieuse, elle brandit la convocation et s’évente avec le parchemin plié en deux. « Alors, que me vaux l’honneur d’être appelée ici ? » Son ton est cynique, à son image. Elle ne cherche pas la provocation, pourtant. Ariadne sait quand être bravache et quand se taire. Mais aujourd’hui, elle ne voit pas venir la tempête.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Dim 26 Nov - 18:03

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Une mystérieuse drogue fait des émules auprès de la jeunesse sorcière dorée. D'overdose en abus, de dérive en scandale, les puissants cherchent une tête à mettre au bout d'une pique pour excuser les conneries de leur progéniture. Contre tant de pression, le Ministère n'a eu d'autre choix que de remuer la boue, en quête de l'idiot qui s'amuse à pervertir les, on le sait tous, très purs esprits des héritiers de l'Angleterre.

Une histoire qui aurait pu trouver une conclusion rapide, et expéditive. Qui aurait dû trouver une conclusion rapide, et expéditive. Les interventions répétées de Theodora auront, à chaque fois, dirigé les enquêteurs sur les mauvaises pistes. Ça l'irrite. A vrai dire, elle ne s'en soucierait guère si l'affaire ne la concernait pas directement. Oh, non. Ses filles ne sont pas assez stupides pour s'auto-détruire de la sorte, Merlin merci. Il s'agit plutôt de sa cousine. Ariadne. Elle non plus, n'est pas assez stupide pour s'auto-détruire par le biais d'une quelconque substance hallucinogène. En revanche, elle est assez intelligente, assez brillante, pour la mettre au point. Dommage qu'elle ne le soit pas autant pour couvrir proprement ses traces. Ce n'est même pas qu'Aria en est incapable (Theodora est la première à pouvoir en attester) : c'est davantage qu'elle a l'air de s'en foutre. Ou au moins de privilégier son expansion, quitte à, pour ce faire, prendre des risques et jouer des paris dangereux.

Ariadne attire bien trop l'attention. A ce rythme, elle finira par froisser la mauvaise personne. Un recadrage s'impose. Pas dans deux jours, une semaine, ou quand on lui tombera dessus. Maintenant. La convocation est partie ce matin. Et, installée dans le petit salon de sa maison de ville, Theodora entend bien qu'on lui fasse l'honneur de sa présence.

Et la voila, d'ailleurs. Ariadne, qui déploie toute la superbe et toute l'impertinence dont elle est capable. Theodora ne le prend pas personnellement. C'est une impertinence naturelle. La même que la sienne, en fait. Un sourire altier fend les lèvres de l'aînée. C'est ironique, comme elle a bien plus façonné Ariadne à son image que ses propres filles. C'est probablement pour ça qu'elle l'aime. Comme une mère plus que comme une cousine.

D'un détachement envoûtant, Theodora se lève pour gagner de la hauteur sur Aria, qui d'ailleurs s'installe et prend ses aises comme bon lui semble. Le cristal des yeux s'empale un instant sur la silhouette. Et puis la Avery se dirige vers le bar à liqueurs sans se donner la peine de répondre à la question.

« Scotch ? »

Elle est déjà à servir deux verres. C'est notoirement la boisson fétiche de Theodora, et elle ne s'encombre, de toute façon, plus à acheter quoi que ce soit d'autre. Le flacon est encore à déverser son contenu quand elle reprend la parole, l'air de rien.

« Dans deux jours, les rafleurs trouveront un dénommé Julius Heavensworth, dans une planque, sur l'allée des embrumes. Commence-t-elle son histoire avec une nonchalance quasi-anecdotique. »

On ne voit, pour le moment, sans doute pas où elle veut en venir. C'est normal. Elle tend un verre à Ariadne et retourne s'installer dans son propre fauteuil. Le regard toise la Slughorn. Il a ça de spécial qu'on dirait qu'il est capable de sonder une âme.

« Un sang-mêlé. Un botaniste qui travaillait, fut un temps, pour les Rosier. Bref... Une pause est marquée en même temps qu'elle prend une nouvelle gorgée d'alcool. Il avouera notamment à ces mêmes rafleurs avoir voulu se mettre à son propre compte. Et avoir commencé à fabriquer et commercialiser ce nouveau produit... Comment tu l'appelles, déjà ? Night howler ? Oui, je crois que c'est ça : Night howler. »

C'est le coupable parfait. Elle n'a eu qu'à lui promettre une faveur du Ministère (un rapport avec sa femme régulièrement harcelée par les autorités ministérielles...) pour qu'il consente à se faire arrêter et à avouer. Evidemment, avant qu'il ne se décide à retourner sa veste, son corps sera retrouvé pendu, dans sa cellule : il n'aura pas pu supporter le poids d'une telle honte auprès de sa famille.

« C'est ainsi que, suite à l'arrestation de ce monsieur Heavensworth, la night howler commencera progressivement à disparaître du marché. Et que le Ministère retournera s'occuper de vraies urgences. »

Elles ne sont pas en négociations. Le visage placide, les mots autoritaires, Theodora impose sa volonté comme elle l'a toujours fait.

« Je ne te demande pas d'arrêter. Pas définitivement. Seulement de faire profil bas, le temps que tout ça se tasse. Refais tes stocks. Invente de nouveaux produits. Je ne sais pas. Tu es une grande fille, tu dois bien avoir de quoi t'occuper... Je te dirai quand tu pourras reprendre. »

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Dim 26 Nov - 23:09


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L’insolente affiche avec délectation ce sourire malicieux qui fait son charme. Au fil du temps, on a fini par s’habituer, par excuser. Cette arrogance non dissimulée est devenue sa marque de fabrique, au même titre que ses cheveux blonds et ses talents d’alchimiste. Si elle n'est pas une figure mondaine, au moins sait-on qu'elle joue de ses potions pour malmener son prochain. Dans les salons dorés de la capitale, son patronyme circule de manière confidentielle. Pourvoyeuse de bonheur chimique, commerçante de rêves acides, Ariadne a fait de son nom le synonyme d'un nirvana accessible à tous pour une poignée de gallions.

Jambes croisées, les bras en appui sur les accoudoirs, la voilà qui fixe sa cousine. Debout face au bar, la blonde prépare pour elles deux verres d'un liquide ambré, au parfum caractéristique. La sorcière ne prend pas la peine d'accepter la proposition. Si elle refuse, l'alcool lui sera administré en intraveineuse. C'est donc un accord tacite entre les deux femmes.

« Et ? »

Aux premiers mots de Theodora, l'attention d'Ariadne bat déjà la campagne. Elle n'est pas venue pour siroter du Scotch en écoutant les histoires de sa cousine. Celles-ci ne l'intéresse pas et elle saisit distraitement le verre que lui tend son aînée, réfléchissant à d'autres choses. Elle ne remarque pas le regard pénétrant de la grande directrice. Souvent, cette capacité à s'extraire d'une conversation lui a épargné des heures d'ennui mortel.

Le joli conte se déroule lentement, rythmé par les pauses alcoolisées de Theo. Entre deux gorgées se dessine devant elle l'histoire à venir de cet homme arrêté par les rafleurs. Prophétie d'un malheur annoncé pour ce mêlé et ses proches. Mais un nom fait tiquer l'alchimiste. Night howler. Son dernier produit, son dernier bijou. Ariadne se redresse dans son fauteuil, écarte le whisky. Envolés, sa belle indifférence et son cynisme. Sur le qui-vive, la blonde écoute la suite du roman. Et elle n'est pas déçue du voyage.

« Attends une seconde, Theo. En quoi la night dérange-t-elle le Ministère ? »

Elle passe sous silence le sort réservé à cette pauvre andouille de botaniste. Sous le feu du regard scrutateur de sa cousine, elle devine aisément quelle sera l'issue du séjour que passera en prison Heavensworth. Un nom prédéstiné, semble-t-il. En bonne égoïste, la vie ou la mort de cet homme lui importe peu. Qu'elle serve à protéger ses intérêts ne l'effleure pas un instant, tant elle paraît naturelle.

« Ah, donc l'ordre ne vient pas du Ministère, mais de toi. C'est toi que la situation dérange. Qu'est-ce que tu crains précisément ? Que je contamine ta progéniture ? »

Son ton narquois ne peut échapper à Theodora. Elle ne s'embarrasse pas d'amabilités ou de faux semblants. Il n'y en a jamais eu besoin entre elles. Agacée, la sorcière passe une main nerveuse dans ses cheveux longs.

« C'est aussi bien que tu ne me le demandes pas, parce que je ne compte pas t'obéir. »

D'un geste vif elle se lève et sort de ses poches un paquet de cigarettes. Sale habitude prise aux moldus. En une seconde, la clope brûle entre ses lèvres. La voilà qui fixe avec insistance sa cousine.

« J'ai plus douze ans, tu sais. Tu peux plus me dire ce que j'ai le droit de faire ou non. Ça passait encore quand je me gavais de chocogrenouilles, mais c'est terminé. »

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Mar 28 Nov - 22:21

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Dès qu'Ariadne commence à se rebiffer, Theodora lève les yeux au ciel, d'avance exaspérée d'avoir à batailler pour quelque chose qui ne lui apporte ou rapporte rien. C'est d'autant plus contrariant qu'elle est au moins trois fois plus permissive avec sa cousine qu'elle l'est avec ses propres filles, et que la Slughorn s'autorise quand même à jouer aux enfants capricieuses. Un soupir las s'exhume de la trachée, alors qu'on tente de se donner des airs adultes. Longtemps, Theodora ne répond pas, et laisse le silence noyer la jeune effrontée. Le regard crucifie. Les babines voudraient se retrousser pour permettre à leur propriétaire de feuler son irritation. Une minute se consume dans les volutes de tabac et les assassinats mentaux. Et puis la Avery décide que c'en est assez. La voila qui finit le reste de son verre d'une traite.

« Cesse d'agir comme si c'était encore le cas, alors. »

Le timbre tranche, condamne le culot d'Ariadne. Maudit Arcturus, infoutu de dispenser une éducation correcte à sa fille. Theodora se dresse de toute sa hauteur, plus auguste et impérieuse que jamais. Les phalanges subtilisent le tube de nicotine.

« On ne fume pas à l'intérieur. »

Pourtant, le cendrier bourré de cendres et de mégots qui orne la table basse dit le contraire. Ça aussi, c'est sans doute une mauvaise habitude qu'on a partiellement hérité d'elle. Une latte est tirée avant que le reste de la cigarette soit envoyé rejoindre ses ancêtres.

« Tu ne comprends donc pas ? Dédaigne-t-elle, atterrée par le cruel manque de vision de sa cousine. Tes saletés commencent à attirer trop d'attention. Tu commences à attirer trop d'attention. »

Les incartades d'Ariadne l’indifféreraient totalement, si elles ne la mettaient pas autant en danger. Et elle parle bien de sa cousine, non d'elle. Elle, est intouchable. Ou quasiment. C'est que l'ombre de Dorothea Avery la surplombe, à la fois protectrice et dissuasive. Theodora serait mal avisée de s'en rendre indigne. Si elle s'efforce de refléter la même aura à l'égard d'Aria, le chaperonnage et la parentalité (le dévouement, plus généralement) n'ont, chez l'indépendante, l'égoïste, Theodora Avery, rien de naturel. Et pourtant, il lui semble presque que ça l'est, avec Ariadne. Naturel. Elle s'est, sûrement, de manière inconsciente, échinée à ce que ça le soit, pour pallier à ses remords vis-à-vis de Galatea. Galatea. Un instant, le souvenir lui écartèle le myocarde. Puis le cristal des yeux retourne supplicier la fille, dans l'espoir vain d'oublier que la mère arpente à nouveau les rues de Londres.

« Sois raisonnable. S'il-te-plaît. »

La politesse lui écorche littéralement les cordes vocales. S'il-te-plaît doit être un terme qu'elle utilise, quoi ? Deux ou trois fois l'an ?

« Et peut-être bien que je t'offrirai un paquet de chocogrenouilles. »

Elle se moque d'un cynisme caractéristique, avant de rejoindre à nouveau le bar et de se resservir. Elle est déjà passablement imbibée pour l'heure. Mais les nombreuses années à dilapider du scotch l'ont rendue particulièrement résistante. Son jugement et ses humeurs n'en sont affectés qu'après un nombre de verres qui frôle cinq. En comptant celui-ci, elle en est à quatre. Le nectar ambré est encore entrain d'être déversé quand la voix s'élève.

« A défaut de m'écouter, prends au moins de nouvelles précautions. Ne vends plus toi-même. Trouve des intermédiaires. Brouille les pistes. Travaille en collaboration avec les Rosier, même, s'il le faut. »

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Jeu 30 Nov - 23:17


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Face aux signes de l'agacement de Theo, la sorcière serre les dents. Elle sait déjà que la partie ne se jouera pas facilement et qu'elle risque d'y laisser des plumes. Elle ne craint pas les sorts ou le sang, mais plutôt les mots blessants. Faites du même bois, les deux blondes savent aussi bien se servir de leurs baguettes que de leurs langues acérées. Ariadne n'ignore pas que sa cousine a la rancune tenace et elle se refuse à risquer sa peau pour si peu. Néanmoins, tenir tête à la directrice du Département de la Justice Magique représente un défi devant lequel la joueuse qu'elle est ne peut se dérober.

« Si tu cesses de m'infantiliser, on fera déjà un grand bond en avant. »

La main fuse et elle craint un instant de sentir la douleur cuisante de la gifle sur sa joue. Mais au lieu de cela, les longs doigts arrachent de ses lèvres la cigarette déjà à demi consumée. La blonde hausse un sourcil devant le spectacle offert par sa tante. L'hypocrisie, de même que l'arrogance, semble être un trait caractéristique de sa famille maternelle.

« La bonne blague. » marmonne-t-elle dans sa barbe.

Sans un mot de plus, elle pioche un nouveau tube dans le paquet. Le regard ostentatoire qu'elle lance à Theodora est sans équivoque. Cette fois, le gant est jeté. Le duel s'engage entre les deux sorcières. Bravache, elle écoute les récriminations de sa cousine. Ses derniers mots amènent un sourire goguenard à ses lèvres.

« Pourtant c'est la partie la plus amusante du job. »

Elle rit, Ariadne. Elle se moque, se joue des convenances. Comme tant d'autres, elle manipule les règles selon sa volonté. Elle n'hésite pas à détourner pour son propre intérêt les codes de la morale et de la loi. Plus que tout, c'est son goût de la provocation qui la pousse à dépasser sans cesse la ligne rouge. Peut-être une fois de trop. Elle prend un malin plaisir à entendre la supplique de la sorcière.

« Répète ça encore une fois et j'envisagerais peut-être, je dis bien peut-être, d'obéir à ta gracieuse majesté. »

Elle fronce les sourcils à la promesse d'un paquet de chocogrenouilles. Faussement sévère, usant du ton de la mère à l'enfant coupable, elle agite son index libre.

« Tu recommences, Theodora. Je t'ai déjà dit que je n'étais plus une enfant. Et certainement pas la tienne. »

N'allez pas vous méprendre. Si les souvenirs qu'a Ariadne de sa mère sont rares et précieux, elle n'oubliera jamais la complicité qui unissait sa génitrice et sa cousine. Elle n'ignore pas que les égards qu'a eu cette dernière pour elle durant les vingt-cinq dernières années, elle les doit à Galatea. Cette relation si particulière n'a pu voir le jour que parce que le palpitant de la sorcière a cessé de battre. Protégeant Theodora, Galatea a donné sa vie pour sauver celle de sa nièce. Cette histoire, cette légende, circule encore au sein du clan Avery. Si elle ne doute pas que la culpabilité a pu étouffer parfois l'ancienne rafleuse, Ariadne n'a jamais éprouvé de rancune à son égard. Et, bien qu'ayant souvent tenu un rôle plus maternel que sa propre belle-mère, Theo n'a jamais revendiqué la place de Galatea. Jusqu'à aujourd'hui, où elle tente d'imposer sa volonté à son impétueuse cousine. Sa proposition manque d'ailleurs de la faire bondir.

« Je préfère encore tout arrêter et me caser avec le premier mêlé venu. Travailler avec les Rosier ? Jamais. »

Le ton est catégorique. Car elle n'oublie pas, Ariadne. Elle n'oublie pas Phaedre Rosier et son sourire d'ange, Roderick Mulciber et son air hautain. Elle n'oublie pas que leurs actes ont mené à sa perte son cousin Lorcan. Bien sûr, les remords la grignotent toujours, malgré le retour du défunt, car c'est bien elle qui l'a jeté dans les bras de la mort. Mais elle n'oublie pas les mensonges et la trahison de Phaedre Rosier. Cette amie si chère promise à l'adoré cousin, enlacée dans les bras du fiancé d'Ariadne.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Mer 6 Déc - 13:42

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« Eh bien soit ! Cède-t-elle. »

Theodora a essayé. Elle lui a dit. Elle lui a répété. Elle lui a proposé des alternatives. Putain, elle l'a même couverte. On ne pourra pas lui reprocher son manque d'implication. Elle peste intérieurement contre l'effronterie de sa cousine et descend une gorgée de scotch bien sentie. Les dents se serrent, grincent. Et puis la Avery fait à nouveau front.

« Fais donc ce que tu veux. »

Le timbre frôle la résignation amère et la frustration courroucée. Theodora n'est pas naturellement douée de la fibre maternelle : elle doit la forcer. Et l'alcool qui coule dans les veines la pousse sévèrement à l'abandon. C'est qu'elle a d'autres choses à faire et à penser sans qu'Ariadne vienne l'imputer de ses affaires bancales. Elle n'est ni sa mère, ni sa tante. Elles ne portent même pas le même patronyme. Alors pourquoi s'en affecter comme telle ? Un flash du visage de Galatea lui transfigure l'esprit. Les cils papillonnent un bref instant, comme pour se débarrasser de ces horreurs mentales.

« Tu as raison. C'est vrai : je ne suis ni ta mère, ni ta tante, ni ta sœur. Pourquoi diable m'écouterais-tu ? »

Elle hausse les épaules, l'air de signifier, très ironiquement, "quelle idée absurde". Mais plus elle s'enfonce dans le déni et la mauvaise foi, plus les réminiscences de Galatea lui parasitent l'esprit. Ça fait des mois, maintenant, que sa tante est revenue. Et le souvenir de cette dernière n'a eu de cesse de la persécuter. De loin. Parce qu'une force invisible la pousse à considérer son retour à la vie comme nul et non avenu. Parce que son courage se transforme mécaniquement en une flopée de frissons dès lors qu'on mentionne Galatea. Parce que c'est elle qui aurait dû mourir, et non la mère d'Ariadne. Elle aurait dû mourir. Elle n'aurait pas laissé d'orphelins, elle.

« Ariadne. S'il-te-plaît. »

Cette fois, la voix est tout à fait posée. Raisonnable. Il n'y a aucune variation dans l'intonation, et aucune envie de moquer non plus. L'alcool aide à ne pas se trouver ridicule. Et Theodora attrape la nouvelle cigarette qui se consume aux lèvres pour la rapatrier aux siennes. Une longue volute de fumée est crachée. La liqueur et le tabac mélangés lui échinent l'épouvantable caractère.

« Pense à ta mère, justement. Pense à tes frères, et à tes sœurs. Si je te dis que ça devient trop dangereux, c'est que ça devient trop dangereux. Je ne suis pas là pour m'amuser à te contrarier ou à faire de toi une gentille fille. »

Aucune Avery n'est une gentille fille. Et Ariadne a, sinon le nom, tout d'une Avery. Elle tire une nouvelle fois sur le tube de nicotine et fait suivre une gorgée de scotch à sa suite. Le cristal des yeux plonge dans celui de son adversaire. Mais Theodora ne laisse pas le silence proliférer davantage.

« Je suis là pour te garder en vie. »

Te garder en vie comme ta mère m'a gardée en vie. Le cœur se comprime contre les entraves formées par les rangées de côtes. Elle n'arrive plus à se débarrasser des images sanglantes qui lui parsèment l'âme. Si tant est qu'il lui en reste un morceau. Galatea. C'est le moins qu'elle puisse faire pour se racheter auprès de sa sauveuse. Et elle sait. Elle sait qu'elle n'aura jamais assez d'une vie pour repayer sa dette. Ça ne l'empêche pas d'essayer. C'est même le minimum : essayer.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Mer 6 Déc - 23:44


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L'abdication de Theodora lui arrache un sourire. Elle ne pensait pas remporter si facilement cette manche. Un instant, elle savoure sa victoire sur sa si puissante cousine. Un instant seulement, car elle réalise très vite que justement, c'est trop facile. Jamais Theodora ne se laisse vaincre si aisément. Elle se bat comme une lionne mais avec calme, élégance et froideur. Pas un mot plus haut que l'autre, seulement une volonté implacable et immuable. Ariadne ne commettra pas l'erreur de croire qu'elle a abattu cette volonté.

« C'est tout ? »

Elle reste un peu abasourdie la gamine. Même si elle n'y croit pas, voir Theodora baisser les bras est un spectacle en soi. Soudain plus ouverte à la discussion, la sorcière regagne son fauteuil pour y siroter sa boisson. Elle a à peine toucher à son verre. La tirade de Theo lui fait relever le nez, froncer les sourcils. Elle ne s'attendait pas à ce que sa cousine y réagisse vraiment. Sans paraître blessée, la directrice a tout de même l'air perturbée par la pique de sa cousine. A moins que cela ne soit l'alcool.

« Theo, tu sais bien que je ne disais pas cela comme ça. »

Plus que tout autre, Theo est sa mère, sa soeur, son amie. Elle a été la seule femme de son entourage à agir comme tel avec elle, éduquant son caractère et sa sensibilité. Même sa belle-mère et ses tantes paternelles n'ont pas pris autant part à son façonnage. C'est dire. Plus que tout, Galatea avait émit le souhait que sa fille garde le contact avec le clan Avery. Une espérance aujourd'hui satisfaite grâce à Theodora. Dans ses os, dans son sang, Ariadne est Avery. Des Slughorn, elle n'a hérité qu'un nom et une neutralité à toute épreuve. Avec un soupir pour sa maladresse, unique en son genre elle, la blonde pince l'arête de son nez.

« Je suis désolée. Je sais que tu aimais beaucoup ma mère. »

Et qu'elle a sacrifié sa vie pour sauver la tienne. Elle n'a pas besoin de les prononcer, les mots planent entre elles, habitent chaque recoin de la pièce. Le retour de Galatea n'ôte rien à ses actions passées, au courage héroïque dont elle a fait preuve. Elle n'aurait pas dû mourir, pas aussi jeune. Sentant sa gorge se nouer, Ariadne avale d'une traite son verre et se lève pour rejoindre le mini-bar. Il s'agit plus d'une manoeuvre pour dissimuler ses yeux embués que d'étancher sa soif.

« Je sais que c'est dangereux. Mais après le départ de Persée, la mort de Lorcan, je n'ai plus eu que cela à quoi me raccrocher. »

Ça n'est pas une excuse, à peine un semblant d'explication. Mais c'est tout ce qu'elle trouve à dire pour l'instant, pour éviter d'évoquer plus avant sa mère. Se servant un nouveau verre, la sorcière tourne le dos à son aînée. Elle ne veut pas montrer que l'image de sa mère, flottant entre elles, la blesse. De même, l'évocation des six dernières années rouvre des plaies qu'elle croyait refermées depuis longtemps.

« Je vais arrêter, un temps, et brouiller les pistes, souffle-t-elle. Mais tu devras m'aider. »

Verre à la main, elle se retourne et s'appuie au meuble pour regarder Theo. Elle accepte de calmer le jeu, de se faire discrète. Si l'argument politique n'a eu aucune prise sur elle, l'allusion à sa famille a touché chez Ariadne une corde sensible.

« Heureusement pour toi, je suis increvable. »

Ou presque.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Ven 8 Déc - 22:49

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Quand Ariadne accepte finalement de rendre les armes, Theodora adresse un remerciement silencieux à tous les putain de panthéons existants sur cette foutue planète. Elle se fiche d'être pathétique ou d'abuser de la culpabilité de sa cadette. Du moment que cette dernière est en sécurité. C'est qu'elle s'en veut déjà assez d'avoir arraché la mère à la vie. Il ne manquerait plus que, sous sa garde, la fille finisse en prison. Et soyez conscients que dans ce cas précis, la prison est la meilleure des perspectives... On n'esquinte pas impunément la jeunesse dorée du Londres sorcier. Theodora lève les yeux au ciel. La jeunesse dorée est stupide. Ce n'est pas tant de la faute d'Aria, que de celles de ces gamins écervelés qui n'ont rien d'autre à branler de leur vie que de s'auto-détruire dans des tentatives désespérées d'attirer l'attention de leurs parents. Elle en sait quelque chose, puisqu'Alhana est faite du même bois. Encore qu'Alhana ne s'est pas encore montrée assez stupide pour se calciner le cerveau avec ces conneries.

La dernière remarque lui tire un rictus mi-fier mi-amusé. Increvable, hein ? Theodora termine de consumer les derniers instants de sa cigarette et écrase le mégot dans le cendrier. Le verre vide, lui aussi, est laissé non loin de là, quelque part sur la table basse. Ceci fait, les yeux retournent à Aria. Et puis ce sont les pas. Elle ne s'arrête que lorsqu'il n'y a plus qu'une poignée de centimètres qui les séparent. Les mains se posent de chaque côté du meuble, de chaque côté d'Aria, comme pour empêcher une éventuelle fuite.

« Oh, Aria chérie. Ne t'en fais pas, voyons. Laisse donc monsieur Heavensworth régler nos soucis. Et tout ira pour le mieux. »

Son sourire carnassier encoche à nouveau les lèvres. Et tout de suite, Theodora se sent plus confiante, moins vulnérable. Elle réussit même à ranger les clichés macabres dans la lie de la mémoire, à balayer Galatea comme elle essaye lamentablement de la balayer depuis des années. Elle y parvient des fois. Mal. Mais elle y parvient. L'alcool aide. Ou elle se persuade qu'il aide. Elle doit empester, d'ailleurs. La liqueur. Le tabac. La culpabilité. La main droite cercle la mâchoire. Et les pupilles persécutent les pupilles.

« Quant à ton caractère immortel, je préfère quand même qu'on se garde de le mettre trop souvent à l'épreuve, d'accord ? »

Theodora embrasse le front et réinstaure une certaine distance. La main qui agaçait le bord de la mandibule subtilise le verre de sa cousine.

« Tu prends vraiment de mauvaises habitudes... »

La réprimande n'est qu'à moitié sérieuse. Elle a conscience de ne pas être spécialement bien placée pour faire ce genre de remarques. Ou, à contrario, d'être spécialement bien placée pour savoir qu'elle ne veut pas (ou plutôt, préférerait ne pas avoir, à défaut de pouvoir réellement exiger) de ces addictions pour Ariadne. Elle descend le reste du contenant et le repose sur le meuble, avant de tourner les talons pour se réinstaller dans son fauteuil. Sa main vient soutenir sa tempe. SI elle garde admirablement la face, elle comprend que son corps a atteint les limites de sa consommation habituelle. Elle l'a même sans doute dépassé d'un ou deux verres.

« Comment va ta mère, au fait ? »

Ça lui brûlait la langue depuis longtemps. Jusqu'à présent, elle n'avait jamais eu de prétexte pour correctement aborder le sujet, et pas le courage nécessaire pour le faire. Mais aujourd'hui, Galatea est plus d'actualité que dans n'importe lesquelles de leurs conversations. Et elle a visiblement assez bu pour supporter tout ce qu'on pourra lui confier sur son pire cauchemar. Parce que c'est ce que Galatea est : son pire cauchemar.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Lun 11 Déc - 0:18


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Sirotant sa boisson, Ariadne affiche l'air blasé de celle qui vient de perdre pire qu'une bataille. Elle sait avoir été manipulée par sa cousine, mais curieusement, elle ne lui en veut pas. Elle a pourtant la rancune tenace. Peut-être que quelque part, elle attendait simplement ce signal, cet avertissement de Theodora pour rendre les armes en toute quiétude. Quand on se forge une image d'éternelle cynique, il devient parfois difficile de s'en débarrasser. On a alors besoin de l'assentiment d'un tiers pour redevenir soi-même, enlever le costume. Enlisée depuis longtemps dans ce personnage, la sorcière attendait de Theodora l'autorisation de se décharger de son fardeau. Il lui fallait batailler un minimum, pour l'honneur. Mais cette défaite n'a cependant pas le goût amer auquel elle s'attendait. Plutôt la saveur du soulagement, et du scotch.

Bien sûr, de son côté, Theo arbore sa victoire comme un étendard, avec la satisfaction de celle qui a accompli sa mission. Abandonnant cigarette éteinte et verre vide, elle s'approche de sa cousine. Malgré l'alcool, la sorcière tient encore avec superbe le rang qu'elle occupe au sein de la société magique. Élégante, à peine vacillante, Theodora la rejoint près du bar. De son corps, elle fait barrage entre Ariadne et le monde. De son corps, elle protège sa cadette, comme la mère de cette dernière l'a jadis protégée.

Et soudain, sans prévenir, l'envie d'embrasser Theodora est là.

Les regards se croisent, les corps se frôlent. Les mots murmurés font naître sur les lèvres de Theo un souffle qui effleure le visage d'Ariadne. Quand bien même ses paroles n'ont rien d'ambiguë, la cadette ne peut s'empêcher de frissonner. Rendue râpeuse par l'alcool et la clope, la voix a malgré elle des accents de sensualité.

« Theo... souffle-t-elle. »

Une main fraîche s'empare d'elle, la ramène à un semblant de réalité. La proximité de Theo lui paraît soudain calculée, trop pour être véritablement malsaine. Néanmoins, la tentation est bien là. Et le chaste baiser que pose sa cousine sur son front est une torture. La frustration est un serpent au creux de son estomac. La main quitte son visage, lui arrachant son verre des doigts. Ailleurs, l'alchimise rit vaguement au bon mot de Theo. Celle-ci se détourne, laissant Ariadne chancelante, accrochée au bar comme la misère au désespoir. Faisant volte-face, elle récupère son verre avec avidité. Elle n'est pas encore assez ivre pour s'empêcher de réfléchir. Son verre plein du liquide ambré, elle reste un instant esseulée. De son côté, Theodora assène les mots qui fâchent.

Se reprenant, Ariadne avale d'une traite son verre, avant de remplir à nouveau le contenant. D'une démarche désormais mal assurée, mais tout de même digne, elle rejoint son fauteuil. Abandonnant son verre à la table basse, elle sort encore une fois son paquet de cigarettes. Le briquet claque, la clope s'enflamme. Le silence, un instant.

« Elle va bien, dans la mesure du possible, dit-elle en expirant un nuage de fumée. Elle demande pourquoi tu n'es pas encore venue la voir. »

Ariadne se mord les lèvres. Galatea a dit bien plus que cela sur Theodora. Sa mère n'en sait rien, mais la blonde l'a surprise pliée en deux sur une photo de sa nièce. Les larmes sur le visage de la revenante ont convaincue Ariadne d'écouter à la porte entrouverte. Si elle n'a rien appris qu'elle ne savait déjà, la sorcière a été surprise par la profondeur du chagrin de sa mère. De toute évidence, les deux femmes étaient liées par un sentiment fort, qui n'aura pas résisté aux vingt-cinq années d'absence de Galatea. Mais au-delà de cela, c'est la culpabilité qu'elle a lu chez sa génitrice qui a perturbé Ariadne. Quel secret se cache derrière ces pleurs et ce malaise latent entre les deux sorcières ?

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Lun 11 Déc - 14:32

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Elle demande pourquoi tu n'es pas encore venue la voir. La phrase résonne et ricoche douloureusement contre les parois de son esprit. Ça ne sait plus s'arrêter. Si bien qu'elle fronce des sourcils et écarquille subitement les yeux pour s'imprégner d'une autre image que de celle de Galatea. En l'occurrence, celle de sa fille. Ariadne. Les traits du visage se radoucissent sitôt que les pupilles rencontrent la silhouette de sa jeune cousine. Empêtrée dans son propre désarroi, elle ne remarque pas celui de son adversaire.

« Tant mieux. »

Elle se contente de répondre en oblitérant totalement la seconde partie du discours. L'essentiel, c'est que le retour de sa tante se passe au mieux possible. Elle est peut-être à se badigeonner de déni, de lâcheté, ou des deux, mais Theodora reste persuadée que sa présence ne ferait que perturber son rétablissement. Parce que les revenants sont instables, non ? C'est ce qu'ils disent tous. Elle n'a pas voulu constater de ses propres yeux. Même Henry, qu'elle a pourtant eu la désobligeance d'affronter, ne sert pas proprement le rôle d'échantillon. En l'occurrence, il avait de nombreuses raisons de lui en vouloir... Ses écarts de comportement étaient donc justifiés.

Quoi qu'il en soit, elle a l'impression de devoir une explication à Ariadne. Et sa conscience bataille sévèrement pour garder le contrôle sur sa désinhibition. A quoi ça lui servirait, de savoir ? Ça ne ferait qu'attiser la haine. Peut-être que Theodora a besoin de ça, pour se sentir vivre. Pour se sentir mieux. Être haïe. Elle devrait l'être, non ? Au lieu de quoi, elle s'est accaparée la place de Galatea. Elle n'avait pas le droit. Elle n'avait pas le droit, n'est-ce pas ? Une fissure fend le masque et laisse entrevoir une certaine vulnérabilité.

« J'ai tué ta mère. »

Theodora livre de sa voix rauque. Aria le sait. Aria sait que Galatea a donné sa vie pour sauver la sienne. Pourquoi elle ne lui en a jamais voulu ? La question perce la réflexion, souvent, quand l'aînée n'a pas assez bu ou quand elle l'a trop fait. Ses yeux n'osent plus tant faire face et partent fixer une portion du sol. Les paumes passent sur le visage, tentent de se débarrasser de cette culpabilité. Rien n'y fait.

« Je sais que tu sais. Je sais que tu crois savoir. Mais c'est faux. J'ai tué ta mère. »

Elle dit ça comme si elle avait réellement assassiné Galatea de ses propres mains. C'est le cas. Elle estime que c'est le cas. Elle ne méritait pas d'être sauvée. Elle ne méritait pas de vivre. Galatea méritait, elle. Les ressentiments macèrent dans l'alcool, se déchaînent et persécutent l'absence de conscience que Theodora arbore d'habitude.

« Elle n'aurait pas dû sacrifier sa vie pour la mienne. Je ne le méritais pas. Tu aurais dû grandir avec une mère. Au lieu de quoi, tu as grandi avec... Moi. »

Le ricanement qui accompagne les mots pue le sarcasme et l'état d'ébriété. Ça ne compte pas vraiment quand Theodora se relève pour glaner le verre d'Ariadne sur la table basse. Droite, impérieuse (aussi impérieuse que le sang alcoolisé lui permet), une main dans la poche de son pantalon et l'autre qui porte le scotch aux lèvres (tant pis pour les limites raisonnables), le cristal des yeux ne quitte jamais le visage de sa cousine. Elle semble essayer d'y lire les sentiments et les expressions, d'y décrypter une forme quelconque de réaction. L'exercice est rendu difficile par ses sens émoussés.

« Ta mère ne m'aime pas. Ou plutôt, je ne l'aimais pas. Je l'ai rejetée. »

Le ton est le plus froid et le plus détaché possible. Theodora veut qu'on constate à quel point ça l'indiffère. Ou au moins qu'on le croit. Et pourtant, des fissures craquellent dangereusement la façade.

« Ta mère a donné sa vie pour une ingrate. »

La voix mue, devient plus dure et plus cassante. Elle mérite qu'on la haïsse, elle mérite qu'on lui dise d'aller se faire foutre. Elle contourne la table basse, s'assoit sur le rebord pour mieux faire face à sa cousine. Pour mieux froncer des sourcils et persécuter les yeux. Ses coudes rejoignent ses propres genoux. Le verre flotte devant, tenus par ses deux mains. Le torse penche un peu vers l'avant.

« Parce que c'est ce que je suis : une ingrate. Une égoïste. Un sourire carnassier, pitoyable quand on sait voir au travers, force les lèvres. Tu lui diras ça, la prochaine fois qu'elle demandera pourquoi. »

La cruauté lui sied bien, d'habitude. Alors pourquoi ça sonne si creux, avec Ariadne ?

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Jeu 14 Déc - 1:06


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Égale à elle-même, l'indifférence de Theo frôle l'insensibilité. Elle semble oublier la mort de Galatea, les vingt-cinq années d'absence de cette dernière, et son récent retour à la vie. De quoi perturber le plus stable des sorciers. Mais Theo se contente d'afficher un air de suprême désintérêt. Son ton n'est pas différent de l'expression de son visage. Aussi froid et désinvolte l'un que l'autre. Il faut dire que les verres avalés à la va-vite altèrent la perception d'Ariadne. Les nuances se perdent et elle ne distingue plus la désinvolture du dédain. Peut-être que Theodora n'affiche ni l'un ni l'autre. Peut-être est-elle tout simplement perdue dans ses réflexions. Entre elles, le silence s'installe un court instant. Absorbée par ses propres pensées, fumant lentement sa cigarette, Ariadne sursaute lorsque tombe la bombe.

Les mots de Theodora la frappent plus durement que n'importe quel coup de poing. Sonnée, elle ne réagit pas tout de suite. Elle connaît l'histoire, la légende. Elle sait que Galatea s'est interposée entre Theodora et le sort qui allait la tuer. Elle sait que sa mère s'est sacrifiée pour sauver sa nièce. Elle sait tout ça. C'est presque de l'Histoire. Alors pourquoi Theo invente-t-elle quelque chose d'aussi horrible ? Abasourdie, Ariadne ne dit rien. Elle laisse s'égrener les secondes. Espérant peut-être que tout ne soit qu'une illusion. Mais Theo revient à la charge.

« Arrête... Tais toi, murmure-t-elle. »

Le souffle est court. La révélation ricoche contre les parois de son crâne. Elle voudrait ne plus entendre, ne plus écouter. Se replier sur elle-même, effacer le salon enfumé autour d'elle. Elle voudrait être sourde. Et pourtant, elle est contrainte d'écouter le discours de sa cousine. Tétanisée, son regard reste fixé sur Theodora. Dictatoriale, celle-ci domine sa cadette de toute sa hauteur, son verre à la main. Ses yeux clairs braqués sur Ariadne semblent chercher les traces de la douleur infligée par ses mots.

Vraie ou non, les paroles de Theodora ont l'effet escompté. Peu à peu, le visage d'Ariadne se déforme, marqué par la souffrance. Insensible, l'autoritaire sorcière poursuit ses ravages. Les mots claquent, rudes et froids. Les poings se serrent, la mâchoire se durcit. Le regard se charge de haine. L'envie d'hurler lui déchire la gorge. Elle veut détruire cet air cruel sur le visage de Theo. Lorsque celle-ci prend place face à elle, Aria réprime un mouvement de dégoût. Mais elle ne retient pas la main qui envoie valser le verre de Theo. L'alcool les inonde toutes les deux, collent à leurs joues les mèches de leurs cheveux.

« Ferme-la. »

Le ton est glacial. Les lèvres se retroussent en un rictus de mépris. Ariadne se lève, domine à son tour.

« Elle t'a sauvé la vie. Elle s'est sacrifiée pour toi. Tu n'as pas le droit de dire ça. »

Sa voix se fait grinçante. Le regard froid cherche celui de sa cousine. Sa colère la rend tremblante et instable. Elle veut que Theo riposte, qu'elle se relève et lui réponde. Elle veut saisir sa baguette et lui faire ravaler ses mots. L'entendre demander pardon. Pardon pour ses paroles, pardon pour la mort de Galatea. Pardon pour ces années solitaires.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Jeu 14 Déc - 2:36

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Theodora n'essaye pas d'éviter la main inquisitrice, ni d'essuyer le contenu du verre qui ruisselle sur la figure. Oh, on veut combattre. Ses pupille tailladent les contours de la silhouette qui s'érige. Elle se sent d'humeur à combattre, elle se sent d'humeur à battre et à gagner. A humilier pour mieux qu'on la haïsse. Longtemps, elle laisse le silence gangrener l'atmosphère et l'écho des mots macérer dans un dédain de façade. Et puis elle dépose le verre malmené à côté d'elle et se lève à son tour. Le menton haut, le regard fier, la main agrippe le menton par le dessous et les phalanges se contractent pour emprisonner la mâchoire. Sa propre haine finit par bouffer son sourire torve pour laisser place à l'amertume.

« Je te prierai de ne pas oublier à qui tu t'adresses. »

Le visage penche d'une façon sinistre, les babines retroussées dévoilent les canines. La proximité rend les échanges électriques, et l'alcool qui pulse dans les veines n'aide pas à contenir l'ire débordante.

« Je dirai bien ce que j'ai envie de dire, et ce n'est certainement pas toi qui m'en empêchera. »

Theodora travaille à attiser la fureur, à la collecter pour mieux se détruire. En rabaissant ainsi ses liens avec Ariadne, elle espère qu'on sera plus prompte à la rejeter. On ne devrait pas se battre. On ne devrait pas se battre pour elle, ou pour lui accorder une certaine forme, pense-t-elle, de rédemption. Elle ne mérite aucune rédemption, aucun pardon. Elle a tué Galatea. Elle a fait d'Ariadne une orpheline. Pour les monstres, il n'y a pas de retour en arrière possible et pas non plus de dénouement heureux.

« Ne t'avise plus de recommencer. »

La Avery libère son étau et rejette un peu vers l'arrière. Le contact visuel arraché, elle ramasse le verre vide et retourne vers le bar. C'est une épave. Si le brouillon des pensées siffle d'arrêter, les souvenirs, pourtant noyés dans le scotch et le tabac, sont encore trop vivaces à son goût. Dos à Ariadne, les phalanges blanchissent et tremblent autour de la carafe. Ce n'est pas seulement la liqueur. L'air devient rare, et le cœur douloureux. Pourquoi le regard aigre et déçu de sa cousine la persécute autant ? Elle l'a voulu. Elle a cherché à exacerber cette hostilité. Parce qu'elle la mérite. Alors pourquoi elle regrette ? Et si, égoïstement et lâchement, elle n'avait pas le courage de supporter cette haine ? Les paupières clignent. La deuxième main s'agrippe au comptoir. Ne sois pas stupide, Theodora.

« Je... »

Suis désolée. M'excuse. Ne vous mérite pas. Ne te mérite pas. Les mots s'agglutinent dans la trachée mais ne réussissent pas à franchir la cime du son. Les remords et les regrets sont des millions d'aiguillons qui trouent le myocarde. Foutu organe qu'elle est incapable de faire fonctionner correctement. Qu'elle est simplement incapable de faire fonctionner.

« Je ne peux pas. Je ne peux pas la voir. »

Elle a bien trop peur. Des fantômes du passé, ou rien que de se retourner. On dirait une enfant, comme ça. Dans toute sa vulnérabilité et son ingénuité. Un rire, ironique et pitoyable, secoue brièvement les lèvres devant la fatalité.

« Mais je ne peux pas te perdre non plus. »

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Lun 18 Déc - 11:14


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Lorsque Theodora se lève à son tour, Ariadne redevient la petite fille qu'elle a longtemps été. Quelques centimètres distinguent les deux femmes, pourtant si semblables par ailleurs. Le sang parle pour elles. Elles sont irrémédiablement liées l'une à l'autre, qu'elles le veuille ou non. Leurs ressemblances physiques et leurs caractères impérieux en sont la preuve. Mais Theodora a pour elle l'avantage des années et elle s'impose sans coup férir sur la jeune Ariadne. Elle n'a besoin que d'une main, une main qui emprisonne et qui muselle. La gamine voudrait cracher sur ce visage grimaçant de haine. Elle ne reconnait plus la femme qui l'a éduquée pendant des années. L'amertume a transformé Theodora en une tout autre personne.

« Tu crois vraiment ça ? »

Le ton se moque, la voix persifle. Elle n'a pas peur, Ariadne. Pas peur de l'attitude menaçante de Theodora. Pas peur de sa main qui enserre la mandibule. Elle affiche un rictus mauvais, un rictus plein de mépris et de fiel. Sa main cherche dans ses poches sa baguette. Elle n'a aucune chance face à l'ancienne rafleuse, mais l'objet la rassure. Quand la blonde la relâche, la repousse, pour se détourner, Ariadne resserre le poing sur sa baguette. Elle n'ose pas encore la brandir contre Theo. Les liens du sang sont trop forts, malgré les mots échangés.

« Je ne prends aucun ordre de toi, Madame la Directrice. Je ne suis pas l'un de tes employés. »

Je suis ta fille. Le constat la frappe violemment. Les lèvres se tordent sous l'effet du dégoût. Elle ne veut pas être la créature d'une femme comme Theo. Elle ne veut pas avoir été faite par ses mains, façonnée par son éducation. Pas quand elle souffle ainsi sur les brandons de leur colère mutuelle. Pas quand elle les dresse l'une contre l'autre.

« Putain mais qu'est-ce qu'il te prend Theo ? »

Elle voudrait savoir, comprendre. Pourquoi elles se disputent. Pourquoi Theo se fait vipère. Pourquoi elle-même réagit ainsi. Il y a longtemps que Galatea n'a plus droit au titre de mère. Elle l'a été quelques années, avant de mourir pour laisser la place à Theodora. A plus d'un égard, c'est elle, sa génitrice. Aussi est-elle surprise d'entendre la faiblesse dans la voix de celle qu'elle a toujours admirée pour sa force.

« Je ne comprends pas... »

L'aveu de Theodora coupe court à sa colère. Sa main se relâche et libère sa baguette, qui tombe au sol dans un bruit mat. Désarçonnée par les mots de sa cousine, Ariadne ne sait que faire. Entre elles, il n'y a jamais eu de preuve d'affection. Elles s'entendent bien, car leurs caractères sont similaires. Du moins c'est ce qu'Ariadne a toujours cru. Elle n'a jamais envisagé un seul instant que Theo puisse l'aimer. Comme une mère ou comme une amante, cela n'a pas d'importance. Elle tient à elle. Et face à cela, Ariadne ne peut plus tempêter. D'un geste, elle écrase sa cigarette consumée, avant de s'avancer vers sa cousine.

Cramponnée au comptoir, celle-ci est dévastée. Une main tendre saisit le menton de Theo, pour la forcer à la regarder. Dans son visage ravagé de chagrin, Ariadne trouve encore une ressemblance. Avec elle-même et avec Galatea. Toutes mère et fille de l'autre. La filiation est incontestable, mais l'héritage bien lourd à porter. Des années de désespoir, une colère et une culpabilité trop longtemps enfouies. En mourant, Galatea a laissé derrière elle bien plus qu'une orpheline.

« Tu ne me perdras jamais, Theo. Je ne suis pas ma mère. »

Dans un geste impulsif, Ariadne attire la sorcière contre elle. L'étreinte est inhabituelle entre elles, mais elle n'y prête pas attention. Elle veut juste sentir contre ses côtes la cage thoracique de Theodora se soulever au rythme de sa respiration. Elle veut juste s'assurer qu'elle est bien vivante entre ses bras. Car elle non plus ne supportera pas de la perdre.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Mar 19 Déc - 21:58

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Theodora se laisse manipuler comme une poupée décharnée. Elle n'a ni la force, ni l'envie de se dégager. Mais les muscles se contractent instinctivement à la main qui saisit le menton, aux mots qui effleurent la peau, et à l'étau qui emprisonne sa cage. Les cils battent, une, deux, vingt fois peut-être. La scène lui paraît surréaliste, hors du temps. Si loin de tout ce qu'elles ont connu qu'elle n'arrive pas à trouver une réaction appropriée. Les mains relâchent leurs prises d'un seul coup. Alors elle réunit ce qui lui reste de lucidité et de sobriété pour pivoter vers Ariadne. Les bras encerclent les épaules et les lèvres déposent un baiser contre le front.

« Je sais. Se contente-t-elle de répondre. »

Le trop plein d'alcool fait siffler les tempes et les doutes. Theodora a du mal à raisonner, n'est-ce qu'à penser. Il lui faut trépaner loin dans la confiance et l'aplomb pour ne pas s'effondrer complètement. A ce stade, chaque mot, chaque geste pourrait suffire à égratigner le vernis de la façade gauchement reconstruite. Toute émotion, tout souvenir de Galatea est muselé puis soigneusement confiné dans une partie de l'âme qu'on n'ouvre jamais. Une partie de l'âme qu'elle n'est, pourtant, plus la seule à connaître. Car à montrer les failles, Theodora a aussi légué les clés. Le sentiment de vulnérabilité lui colle à la peau, fusionne aux chairs sans lui être désagréable. Sa confiance en Ariadne ne lui avait jamais paru si tangible. Si vraie. Elle en connaît si peu la teneur qu'elle n'est finalement pas surprise de la capter si tard. Sa confiance, véritable et absolue, n'a été, à ce jour, accordée qu'à Ethel. A Fawn, peut-être. Et voila qu'elle fleurit pour une autre personne. Ariadne.

« Fais quand même attention à ta mère pour moi, veux-tu. »

Malgré les relents alcoolisés, la voix a gagné en consistance. Theodora ira la voir. Quand elle sera prête. Pas tout de suite. Pas demain, ni la semaine d'après. Un jour. Des deux, Galatea n'a, de toute façon, jamais été celle qui avait besoin de la présence et de la protection de l'autre. Sa tante est une femme pleine de ressources, beaucoup plus forte qu'elle sous bien des aspects. Elle ne se laissera pas crever une seconde fois, Theodora réussit à se convaincre.

Une douleur lui fore le crâne. L'alcool pèse contre le cerveau. Les mâchoires crissent et les paupières se ferment brutalement. L'étreinte est rompue. Mais le corps ne cherche pas la distance. Une longue bouffée d'air vient calmer les poumons et apaiser un peu les tempes. Les yeux se rouvrent pour crucifier leurs adversaires. Les mains encadrent le visage.

« Et toi aussi, fais attention à toi, d'accord ? »

Il y a une part de la conversation passée, de la night et de monsieur Heavensworth. Mais il y a aussi la partie qui anticipe le côté tempétueux et effronté, qui supplie du regard pour qu'on ne prenne pas de risques inconsidérés. Car les temps sont instables et qu'on s'habitue tout juste aux revenants. Car les rumeurs de l'Ordre s'amplifient et que le Régime devient tatillon. Car il suffirait d'un rien, d'un malentendu ou d'une maladresse pour qu'il arrive malheur.

Et s'il arrivait malheur à Ariadne, Theodora ne se le pardonnerait jamais.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Jeu 21 Déc - 1:53


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La soirée a pris une tournure à laquelle Ariadne ne s'attendait pas. Elle est venue sans savoir à quoi s'attendre. Elles ont parlé de ses activités, avant d'en venir à des sujets autrement plus intimes. La dispute qui s'en est suivie a profondément surprise l'alchimiste. Elle ne comprend pas le soudain besoin de Theo de s'accuser de la mort de Galatea. Les bras emprisonnant les côtes, elle serre contre elle sa cousine. Leurs respirations s'accordent, leurs souffles s'apaisent. La tempête passe.

« Je ne suis pas assez distraite pour la perdre une seconde fois. »

Le ton est ironique, peut-être trop au vu des circonstances. Ariadne esquisse l'ombre d'un sourire, suffisamment alcoolisée pour rire d'elle-même. Lorsque Theo s'écarte, le sourire se brise. Le sérieux est de mise. Les mains fraîches de sa cousine sont une bénédiction pour sa concentration.

« Promis. »

Vœu pieux qu'il est facile de proférer sur l'instant. Le respecter s'avérera sans doute bien plus difficile, tant sa propension à se mettre dans les ennuis jusqu'au cou est grande. Le sourire qui se dessine cette fois trahi son taux d'alcoolémie. Elle n'a que bu, en comparaison de Theo. Mais elle a moins d'entraînement. L'ivresse la gagne plus rapidement. Altérant par la même occasion sa perception et sa réflexion. Abandonnée entre les bras de son aînée, Ariadne ne pense plus.

Bien sûr, leur discussion devrait lui donner de quoi cogiter pendant des heures. Elle soulève tout un tas de questions auxquelles la blonde voudra apporter des réponses. Sitôt qu'elle aura dormi. Ou avalé quelques verres de plus. Alors elle osera creuser plus avant le mystère qu'est Theodora, à la recherche d'explications. Pour l'instant, les paupières se font lourdes. Le sommeil frappe à sa porte, impérieux et sournois.

Se dégageant de l'étreinte, Ariadne se tourne une nouvelle fois vers le bar. Saisissant d'une main hésitante la bouteille (sérieusement attaquée) de Scotch, elle rempli une énième fois son verre. Une gorgée disparaît déjà entre ses lippes, tandis qu'elle se dirige vers son fauteuil. Les jambes vacillent et elle trébuche au moment de se baisser pour récupérer sa baguette, tombée au sol. Elle s'effondre dans le fauteuil, se rattrapant à l'accoudoir. Enfin installée, elle sort une nouvelle cigarette et lance le paquet sur la table basse, offert aux mains avides.

« Il y a une chose qui m'interpelle, tout de même. »

Fumée recrachée, gorgée avalée.

« Pourquoi t'accuser ainsi de la mort de ma mère ? »

La question est sincère, bien que lâchée sur un ton hésitant. Elle manque encore de courage liquide. Portant le verre à ses lèvres, elle lance à Theodora un regard par en dessous. Elle est à la limite de la provocation, tout en étant trop alcoolisée pour que cela soit réellement volontaire. Alternant Scotch et cigarette, la blonde patiente, alanguie dans son fauteuil.

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Sujet: Re: I COME WITH KNIVES (theodora)   Mer 27 Déc - 20:37

I COME WITH KNIVES

« Parce que c'est vrai. Je suis responsable de sa mort. »

C'est sorti très spontanément, et il n'y a rien à en dire de plus. Theodora n'est pas prête à exhumer une autre partie de sa mémoire et des sentiments qui vont avec. Pas pour Ariadne. Ni pour quiconque. Ça, ce pan de son histoire, est uniquement pour elle. Pour elle et pour Galatea. Galatea, qui était censée être morte... Un flash macabre torpille sa perception du réel. Les yeux clignent, une ou deux fois, comme pour balayer la vision de la charogne aux yeux vitreux. Et puis, elle ramasse tout ce qui lui reste de sang-froid et de résolution pour accabler Ariadne d'une œillade froide et calculée. Elle a besoin de se sentir en contrôle. Elle a besoin de redevenir cette femme qui s'est construite sur les horreurs de la guerre, qui ne craint rien mais que tous craignent.

« Il est tard. J'ai des choses à faire... »

C'est ce moment où l'aînée précipite la fin de la rencontre sans vraiment prendre la peine de se cacher. Elles se sont dit ce qu'elles avaient à dire, et davantage encore. Sa cousine est libre de quitter les lieux, et même encouragée à le faire. Car Theodora n'est guère plus disposée à parler de Galatea, au risque de se voir complètement lâcher prise. De colère. De haine. De tristesse. De peur. Surtout de peur, comme cette adolescente, qu'on a sauvé, aux prémices de la guerre. Elle fait mine de jeter un œil à sa montre, alors qu'elle ne compte aller nulle part, compte tenu de son degré d'alcoolémie (tout à fait respectable mais pas suffisant pour déformer la façade et brouiller la stature).

« Arvel sera bientôt de retour, et j'ai à m'entretenir avec lui. »

Son cher et tendre mari. Il y a un peu trop d'engouement dans la voix. Et si la raison est toute justifiable (Arvel a enfin une date butoir), elle ne juge pas bon d'en informer Ariadne. Cette dernière n'a pas besoin des détails et n'est, de toute façon, pas en état de les recevoir. Theodora se sert le fond d'un verre et le descend en une gorgée. Et puis elle se dirige vers le fauteuil où est vautrée sa cousine.

« J'aimerais autant que tu ne rentres pas chez toi dans cet état... Mais évidemment, tu es libre de faire ce que tu veux, Aria chérie. Tu peux monter à la chambre d'amis, le temps que ta nausée passe, si jamais. Les draps sont propres. Et on sert le dîner à vingt heures. »

Elle embrasse le front et disparaît à travers l'encadrement de la porte. Aria connaît la maison. Elle y restera, ou n'y restera pas ; dînera, ou ne dînera pas avec eux. Quoi qu'il en soit, Theodora a effectivement à s'entretenir avec Arvel. Et le plus tôt (ou le plus rapide) sera le mieux.

(c) AMIANTE
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