daily prophet

La Coupe de Quidditch britanique touche à sa fin. Les Hollyhead Harpies sortent vainqueurs du tournoi et la fête bat son plein. La rebellion, elle, murmure (+).
Les tensions montent alors qu'un nouveau revenant est enfermé à Azkaban pour le meurtre "accidentel" de sa fiancée.
Teatime with the Queen : Buckinghamshire est voté le county préféré des sorciers immigrants.



 

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 are you insane like me (sunden)

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Sujet: are you insane like me (sunden)   Jeu 16 Nov - 14:59

you can't wake up, this is not a dream. you're part of a machine, you are not a human being. with your face all made up, living on a screen. low on self-esteem, so you run on gasoline. i think there's a flaw in my code. these voices won't leave me alone. well my heart is gold, and my hands are cold.


Les yeux grands ouverts, ses prunelles fixaient droit devant comme si elles essayaient de voir par delà une ligne d’horizon imaginaire, détaillant chaque imperfection du plafond sans même vraiment les voir. Les yeux grands ouverts, ses cernes formaient à présents des grandes poches indigo, de plus en plus sombres et creusées, sous ses opales pourtant toujours aussi claires et transperçant.  Les yeux grands ouverts, il entendait encore les cris exploser dans les rues en feu et en cendres, malgré que la guerre soit – officiellement – finie depuis des années maintenant. Les yeux grands ouverts, c’était bien ainsi que ses journées et nuits se déroulaient à présent. Le petit soleil éclatant avait perdu de son rayonnement, saveur âpre et bien fade, il était tellement exténué que la fatigue ne se faisait plus ressentir. Jusqu’à ce que son corps, son cœur, finissent par lâcher un jour, peut-être. Quelle ironie lorsqu’on savait qu’en réalité depuis qu’il partageait son lit, qui était devenu sien il y avait quelques semaines de cela, avec une autre chaleur humaine réconfortante, il avait en effet connu des nuits bien reposantes. Les plus reposantes depuis un temps tellement lointain, qu’il en était presque oublié. Douce chaleur diffuse qui embaumait son myocarde et soulageait quelque peu ces tourments qu’il s’efforçait d’ignorer pour le bien de sa survie, de sa raison persévérante mais bancale,  mais qui toutefois continuaient de peser lourdement sur ses épaules. Un petit sourire sans joie vint étirer ses lèvres, mimique d’un soupir qui mourut dans sa trachée, avant de rejeter les couvertures pour se lever, ignorant sans peine le froid qui frappa son corps. Il se leva, et descendit dans la cuisine se préparer un café, caféine qui n’avait pourtant aucun impact sur son organisme bien trop éreinté, alors que son compagnon était toujours bien blotti dans les bras de Morphée. Repos bien mérité pour lui, pour tout le monde qui essayait toujours de subsister dans un monde devenu bien sombre. Petit gamin tout droit sorti du Pays Imaginaire plein d’enchantements, Sunny avait toujours vécu au jour le jour, et il ne se serait jamais douté que cela vienne un jour lui peser.

La journée était passée à une lenteur tortueuse, pourtant malheureusement bien habituelle. Il avait erré, chez lui, dans les rues de Londres, essayant de retrouver les parfums de la vie qui l’enivraient à l’époque. Découragement intense, âme fantôme en peine, si jeune il avait rencontré l’homme qu’il était devenu aujourd’hui, probablement qu’il se serait moque de lui-même. Il se serait pointé du doigt sans ménagement, et aurait éclaté de rire sous son propre nez. Ce fut peut-être cette pensée, cette image, qui lui redonnèrent une vague de rage, motivation peut-être malsaine toutefois passionnelle, suffisante à lui donner un souffle, néanmoins probablement éphémère, pour se bouger les quelques heures à venir. Ce fut bien ainsi, ce fut bien pour cela, qu’il se retrouva à dévaler les rues du Chemin de Traverse d’un pas déterminé, rythme dont l’ancien Sunny ardent aurait été fier, clope fumante au bec. Dans ses rues toujours animées, on pouvait aisément prétendre que l’apocalypse ne s’était pas abattue sur le monde sorcier depuis trop longtemps maintenant. Lui-même aurait pu se fondre dans l’illusion presque parfaite, s’il ne ressentait pas le désespoir de chaque individu de plein fouet. Baffe qu’il se recevait sans cesse en pleine figure, et si certains pouvaient penser qu’avec le temps il se serait habitué, ce n’était bien sûr pas vrai. Il n’était pas seulement empathe, l’ancien Gryffondor était profondément compatissant. Et si c’était peut-être sa plus grande qualité, ce serait aussi peut-être cette particularité qui causerait sa perte. Empathie qu’il pourrait très bien taire en portant un de ces bijoux magiques destinés à atténuer son don. Évidemment, si à l’époque il en avait été hors de question, c’était encore aujourd’hui bien le cas. Chaque désespoir était bien unique, malgré leur ressemblance, et alors que ses pieds parcouraient les rues pavées, c’était sa manière à lui d’observer le monde, le comprendre. Tête bien haute, les sens alertes, il arriva finalement devant le Cabaret des Rosiers, réprimant une grimace de dégoût qui menaçait de traverser ses traits et trahir ses propres pensées. Il ne pouvait pas croire qu’il avait décidé de se rendre dans un tel endroit, et pourtant c’était bien ici que ses pas et sa raison l’avaient mené.

Microcosme à lui tout seul, le Cabaret des Rosiers était l’endroit idéal pour essayer de dénicher les plus sombres secrets. Il n’était pas inconnu du grand public que certains trafics se déroulaient entre ces quatre murs mêmes, et même si sa volonté d’antan s’était quelque peu éteinte, il était toujours décidé à faire tomber le mal pour retrouver le chemin vers une certaine paix, une certaine sérénité. Alors il ravala ses ressentiments, cette haine qu’il avait toujours eus pour de tels êtres, s’enfonçant dans l’antre du démon, ignorant les danseuses – pourtant plus sensuelles les unes que les autres –, et s’assit à une table, déposant papiers et plume. Calmant les palpitations de son myocarde, il se laissa envahir par les émotions présentes dans la grande salle, tempête qui envahit tout son orgasme comme une tornade emporte et détruit tout sur son passage, essayant d’analyser ce qu’il pouvait ressentir, et les sourires forcés qu’affichaient les protagonistes présents. Rien à faire. Il fallait croire que Sunny avait perdu la main, parce qu’à chaque fois que sa plume se mettait à gratter le parchemin vierge, ce n’était pas des mots qu’il gravait, mais bien des dessins à la con. Syndrome de la page blanche, et il gaspillait de l’encre inutilement. Il soupira, en colère contre lui-même. « Un triple whisky pur feu. », qu’il marmonna à la serveuse lambda – du moins, il pensait – qui s’était approchée de lui sans même lever la tête, trop concentré à donner vie à un vif d’or qu’il avait griffonné sur son pauvre parchemin qui allait finir à la poubelle. Ce n’était peut-être pas encore l’heure convenable pour commencer à boire, toutefois cela faisait bien longtemps qu’il n’en avait plus rien à foutre. Les heures se ressemblaient toutes, notion du temps complètement perdue. Il serra les dents, la mâchoire devenant légèrement blanchâtre, alors que par les sentiments qui l’envahissaient, il reconnaissait la serveuse comme une revenante. Respire, respire. Il n’arrivait pas à les gérer, préférant largement les ignorer, alors que des sentiments plus contradictoires les uns que les autres, et cette fois qui lui appartenaient, tordaient ses intestins à leur contact. Alors, il baissa encore plus la tête, bloquant son champ de vision, sa main devenant tremblante sur sa plume qu’il menaçait de briser.
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Sujet: Re: are you insane like me (sunden)   Ven 17 Nov - 20:37


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L’antre du Diable était bien malgré elle devenu le théâtre de son quotidien. Qui aurait cru que l’ancienne Gryffondor aux convictions toutes scrupuleusement dédiées à l’Ordre tomberait un jour si bas ? La revenante avait accepté l’offre malgré elle, assujettie par un ardent besoin de survie. Le cabaret Rosier lui avait ouvert ses portes. Strict, impitoyable, frôlant la tyrannie. La direction avait vite imposé ses règles, s’accaparant les modestes services de la jeune femme, jouant littéralement de la situation fragile de sa nouvelle recrue. En réalité, ses supérieurs usaient malicieusement de leur suprématie pour mieux asseoir leur sévérité malsaine. Les soirées de la danoise étaient donc loin de ressembler à une partie de plaisir. Ordres glacials, remontrances injustifiées et humiliations publiques, Eden subissait cet emploi. Plus d’une fois elle eut envie de tout plaquer, de leur cracher à la figure et de foutre enfin le camp de cet enfer. Impossible. Pauvre petite naïve. Elle était bel et bien coincée dans ce cauchemar, car où serait-elle allée après avoir claqué la porte ? Que serait-elle devenue ? Clocharde, sans doute. C’était peut-être plus réjouissant que d’être au service de l’incarnation du mal, après tout. Ces pensées et interrogations étaient tous les jours au centre de ses préoccupations, et plus encore ce soir-là. Sûrement la faute au temps maussade qui s’était installé sur Londres en ce mois de novembre, et qui il fallait le dire, ne favorisait pas les élans de positivisme chez grand monde. La météo avait toujours eu une forte influence sur son moral, mais ce n’était rien face au traitement sadique qu’on lui infligeait quotidiennement. Focalisée sur ses propres réflexions, Eden n’était plus à son travail, tant et si bien qu’elle n’avait pas prêté attention au fait qu’elle était en train d’astiquer le même verre depuis plusieurs minutes. L’arrivée du tout dernier client lui avait évidemment totalement échappé, bien que ses autres collègues l’aient quant à elles très poliment salué. « Vous comptez rester là à rêvasser toute la soirée ?! » Le ton accusateur de sa supérieure l’extirpa violemment de ses songes. Eden détestait cette arrogance constante qui lui était réservée, mais c’est la tête haute et sans broncher qu’elle se pressa pour aller accueillir le nouveau venu.

« Monsieur. » annonça-t-elle d’une manière très conventionnelle tandis qu’elle se présentait, droite comme un i, à la table. A peine avait-elle salué le client que ce dernier annonça froidement sa commande. Faire face à une considération quasi inexistante de la part des clients était devenue une coutume qu’elle avait appris à tolérer ici et qui ne la froissait plus. Elle ne cherchait même plus à capter le regard de la clientèle, c’était une tentative vouée à l’échec. Oui, car aux yeux de l’élite fidèlement présente entre ces murs, Eden n’était qu’une serveuse parmi tant d’autres, un pion de faible valeur, si facilement interchangeable. Silencieusement, la danoise acquiesça d’un hochement de tête et s’exécuta aussitôt. « C’est Sunny Rain, l’écrivain. » entendit-elle chuchoter derrière le bar alors qu’elle était occupée à remplir un verre de whisky. Eden sentit alors son cœur bondir vertigineusement sous sa poitrine. Calme toi, calme toi, martelait-elle pour elle-même. Prise d’une panique soudaine à l’idée de retrouver cet ex-fiancé qu’était Sunny, la jeune femme s’efforça de respirer profondément. Elle avait attendu cet instant depuis des mois, se prêtant souvent à imaginer leurs retrouvailles comme un pur moment de joie. Pourtant et étrangement, c’est bel et bien l’angoisse qui dominait son corps tout entier.

Sa main gauche empoigna le verre d’alcool qu’elle posa avec la plus grande délicatesse sur la table. L’écrivain et reporter était un client qu’elle s’efforçait de traiter avec un soin tout particulier, car il n’était tout à coup plus comme les autres. Celui-là ne se fondait pas la masse de sorciers grossiers et pervers venus se délecter de silhouettes voluptueuses. Eden ne pouvait se retenir de le détailler de ses émeraudes emplies de de chaleur et d’amour. Sunny illuminait à lui seul la pièce, à la fois par sa prestance naturelle qui s’était renforcée avec les années, ainsi que par son regard, décidément toujours aussi perçant, et terriblement envoûtant. D’ailleurs, comment avait-elle pu passer outre une telle présence si élégante ? Elle espérait que son geste soit suffisamment langoureux et lent pour lui laisser le temps d’apercevoir l’anneau illuminant son annulaire, anneau qu’elle n’avait jamais eu la force d’ôter. L’objet précieux était celui-là même qu’il lui avait offert pour célébrer leurs fiançailles, celui-là même qui matérialisait la promesse qu’ils s’étaient mutuellement faite : celle d’un amour éternel. Sa tactique fonctionna, Sunny interceptant finalement sa démarche à peine exagérée. Oui, elle était de ceux qui étaient revenus. Oui, était celle qu’il avait autrefois aimé d’un amour fou, mais dont la mort s’était soudainement emparée. Au fond des prunelles argentées de son âme sœur, Eden pouvait lire ce qui ressemblait à un mélange d’effroi et de désir. Du pouvoir, il en aurait toujours sur elle. Une sorte de mainmise délicieuse et brûlante dont elle ne se serait échappée pour rien au monde, qui dorlotait son cœur et apaisait son esprit. Ses yeux se plongèrent un instant dans les siens, et le temps sembla alors s’arrêter, les silhouettes se figer tout autour d’eux. Plus rien d’autre n’existait, leur bulle s’était enfin reformée. Appelée par le devoir, Eden arracha brutalement ses prunelles des siennes, brisant simultanément la magie de l’instant. C’est toute chamboulée et sous l’emprise d’une immense émotion que la jeune danoise fit volte-face, plateau en main, tête dans les nuages. Ce bref mais intense échange visuel avec Sunny lui avait presque fait perdre tout contact avec la réalité. Au point de percuter de plein fouet sa patronne qu’elle n’avait pas vue trotter derrière elle, à toute allure entre les allées. Evidemment, le résultat fut désastreux : plateau renversé, tenue arrosée, boissons en vrac sur la moquette, sans parler des regards curieux qui la dévisageaient çà et là dans la salle. Eden ne prêta aucune attention à ces derniers. En fait, elle n’en eut pas le temps, puisque son regard s’attarda sur son client privilégié, qui n’était pas en reste point de vue dégâts : le contenu des verres s’était également déversé sur sa table et avait par la même occasion aspergé ses vêtements. Sans perdre une seconde, Eden s’accroupit pour ramasser la casse et éponger les ravages d’un revers de main ensorcelée du sortilège Tergeo. « Je suis confuse. Pardonnez-moi. J’arrange ça tout de suite. » lâcha-t-elle précipitamment, n’osant tout à coup plus planter ses yeux dans ceux de l’homme de sa vie. Les évitant en fait à tout prix, y compris au moment où elle s’employa à éliminer toute trace de liquide imbibant le tissu de ses vêtements, et destiné à le dépêtrer de cette situation délicate. Que devait-il penser maintenant ? Quelle foutue conne, songea-t-elle plusieurs fois de suite. Incapable de faire attention et de bosser correctement. Connaissant les Rosier, cette bourde allait probablement lui coûter cher. Très cher. « Dépêchez-vous un peu, monsieur attend. » grommela celle qui était à la tête du cabaret et qui profitait de son statut pour lui en faire voir de toutes les couleurs au quotidien. L’humiliation, encore et toujours. Cette peau de vache ne perdait pas une occasion pour mettre son employée plus bas que terre, qui plus est devant la haute société sorcière. Mais Eden se fichait éperdument de ce dernier point à vrai dire. C’était davantage la mesquinerie et la cruauté gratuite dont faisaient preuve les Rosier qui l’insupportait et la poussait toujours plus loin dans ses retranchements. « Regardez moi ce désastre ! C’est pas fini. » Sa voix, tranchante et implacable avait l’effet d’une claque prise en pleine figure chez Eden. Accroupie, elle pouvait ainsi aisément observer la trajectoire bancale de ce verre qui vint rouler jusque sous son nez, poussé par le pied de la gérante. A la longue, la jeune serveuse avait appris à se construire des remparts invisibles, censés la protéger de tout affront. Cependant, ceux-ci vacillaient dangereusement depuis plusieurs jours, trop peu stables pour résister à une telle escalade de mépris. Ce soir, les murs étaient sur le point de céder, mais Eden n’avait aucun mot à dire, juste à obéir sagement, comme à chaque service. Son don vint alors à la trahir sans crier gare : incontrôlable, il était progressivement en train de colorer sa chevelure ébène d’un rouge vermillon, preuve irréfutable de cette colère interne et bouillonnante qu’Eden peinait trop à contenir. Dévastée par la honte et l’embarras, elle se hâta à terminer son opération nettoyage avant de disparaitre discrètement dans les toilettes.

Seule face au miroir, les mains agrippées au marbre froid de la vasque, Eden ferma doucement ses paupières, en quête du retour d’une quiétude qui lui paraissait si lointaine. La serveuse s’évertua à évacuer toute pensée négative de son esprit. A oublier que le temps lui tardait de plus en plus de pouvoir enfin quitter cet établissement de malheur, que rien n’allait plus ici puisque les profondes divergences qui la séparaient de son employeur étaient bel et bien en train de prendre le pas sur sa volonté de fer.
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Sujet: Re: are you insane like me (sunden)   Lun 20 Nov - 11:53

you can't wake up, this is not a dream. you're part of a machine, you are not a human being. with your face all made up, living on a screen. low on self-esteem, so you run on gasoline. i think there's a flaw in my code. these voices won't leave me alone. well my heart is gold, and my hands are cold.


Tachycardie des sentiments, et non pas seulement les siens. Il n’avait pas besoin de lever les yeux de son parchemin chiffonné et gribouillé pour réellement voir. Si ses prunelles étaient, en apparence, parfaitement concentrées sur ce vif d’or qui prenait vie de manière illusoire – nostalgie mélancolique à peine cachée par son inconscient –, en réalité son esprit vagabondait bien en dehors et indépendamment de sa propre limitation charnelle, errant entre les nombreux individus qui bondaient l’immonde Cabaret des Rosiers. Il n’était pas du tout intéressé par ces danseuses, pourtant bien alléchantes, qui attiraient et capturaient l’attention de la grande majorité des sorciers présents dans la salle. Ce n’était pas qu’il était un être frigide, ce n’était pas qu’il prétendait s’élever au dessus de la sensualité. Toutefois, il savait pertinemment que ce ne serait pas le ravissement de la luxure qui envahirait son myocarde. Ses pupilles se forceraient à être happées par leurs mouvements sulfureux, alors que son cerveau lirait parfaitement toutes les émotions qui s’emparaient de leurs âmes en désarroi. Espoir, désespoir. Haine ardente, absence de réaction placide et glaciale. Tristesse banale et commune, joie malsaine et perverse. Cette tempête émotionnelle, cocktail aux mauvais alcools faits par un barman amateur, lui donnait la nausée, et il essayait de noyer l’évidence dans des alcools au degré élevé et pourtant jamais assez fort à son goût.
Lorsque la serveuse s’approcha de lui, il se renfrogna encore plus dans ses pensées et ses mots fantômes qu’il n’avait pas apposés sur le papier aussi fatigué que lui. Sa voix ne lui arriva aux oreilles qu’en sourdine, son cerveau ne capta qu’à moitié qu’elle s’était effectivement adressée à lui. Le myocarde qui s’emballa, la mort rôdait tout autour d’elle, et alors que les images de l’horcruxe brisé lui revenaient en mémoire, hantise qui ne faisait qu’accentuer ses cauchemars et insomnies. Alors qu’il était en proie à sa propre terreur honteuse, il ne réalisa pas que son fantasme malsain, son espoir désespéré, s’était effectivement matérialisé sous ses yeux. Cette pensée permanente, incessante, qui était une représentation de ses remords qui l’avaient hanté jour après jour, nuit après nuit, durant toutes ces années, avait été écoutée, et l’amour de sa vie – ancienne vie délaissée mais pas oubliée – était revenue auprès de lui. Quel idiot. Le petit rayon sociable éblouissant ne s’était pas seulement métamorphosé en loup solitaire et maussade, il était aussi bel et bien devenu aveugle. À force de penser qu’il pouvait tout voir et comprendre avec le cœur, il s’était lui-même mis des œillères, qui prenaient tout son sens à ce moment précis. Néanmoins, l’ignorance ne pouvait durer qu’un instant, malgré tous les efforts pour se maintenir dans le confort  de l’impossibilité, il arrivait toujours un temps où on était forcé de sortir de la caverne.

L’empathe en plein trouble égocentrique soupira de soulagement lorsqu’elle repartit chercher sa commande, après trois petits mots froids adressés à son égard – courtoisie malheureusement perdue en même temps que ses yeux s’embuaient d’une mélancolie lourde –, essayant de fermer son esprit à toute autre chose que ses propres pensées chaotiques, se focalisant de nouveau sur la raison de sa présence dans ce lieu maudit. Si foule il y avait toujours, il commençait à croire que son timing était bien mauvais, puisqu’il ne surprenait rien d’autre que d’honnêtes – ou presque – gens venus oublier la noirceur maussade de leur quotidien pour quelques heures éphémères seulement mais importantes. Malgré tout le brouhaha ambiant, il entendit vaguement deux serveuses discuter, glousser derrière le bar, prononcer son nom, et un sourire sans joie étira ses lèvres. Non, il avait été, toutefois il n’était plus. C’était un fait incontestable. Le fameux Sunny Rain survivait plus qu’existait encore, et l’écrivain était retourné à l’état de fœtus dans son œuf. Preuve étant que si le parchemin se remplissait, c’était bien seulement de croquis inconscients aux significations qu’il ne voulait pas connaître. Ce fut peut-être pour cela, alors qu’il était encore et toujours en colère contre lui-même, qu’il fut plus irrité qu’il ne l’aurait dû alors que la serveuse revenante lui apporta son verre. Il serra les dents et sa mâchoire devint légèrement blanche sous la tension physique qu’il exerçait sur son pauvre corps. Alors qu’elle prenait visiblement son temps de manière exprès, se disant vaguement qu’elle avait entendu qu’il était un ancien écrivain à peu près connu et qu’elle se faisait sérieuse, il leva finalement la tête pour lui demander de le laisser tranquille, mais alors qu’il commença à ouvrir la bouche, son regard capta le sien et tout son mourut dans sa gorge. S’il s’était senti violer dans son intimité par l’observation extérieure il y avait quelques secondes à peine, à présent il se sentait bien fou, et se disait qu’elle avait bien trop gardé ses distances. Il ne dit mot, elle non plus. Ses yeux ne clignèrent pas une seule fois, mais ses pupilles d’un bleu transparent oscillèrent dangereusement, alors que son cœur s’emplissait d’une joie mêlée à une terreur étrange, ressentant de plein fouet l’angoisse de son ex-fiancée – où l’était-elle encore ? –, qui reflétait la sienne. Un milliard de pensées traversèrent son esprit en surchauffe, sentant comme une sorte de fièvre commencer à monter en lui. Des pensées banales, comme le fait qu’il n’arrivait pas à croire qu’elle était bel et bien en face de lui, et d’autres plus excentriques comme celle de se sentir moche alors que le temps avait eu son effet évident sur lui, les cheveux argentés et les traits tirés, alors qu’elle était toujours aussi resplendissante. Un peu plus, et il aurait presque voulu se cacher.

Alors que Sunny reprenait enfin ses esprits au bout de longues minutes, qui semblèrent être des décennies mais toujours moins interminables que celles qu’il avait passées sans elle, elle fit volte-face. Son palpitant manqua un battement dans sa poitrine, ayant l’impression qu’il était au bord de la crise d’angoisse alors qu’elle cherchait à s’éloigner de lui. Elle cherchait à mettre subitement de la distance entre eux alors qu’il venait juste de la retrouver. Il tendit de manière désespérée la main vers elle, sa voix s’élevant comme un murmure et pourtant parfaitement audible pour leurs esprits et pas tant leurs oreilles « Att… », mais alors qu’il n’eut même pas le temps de l’atteindre ou de finir sa phase – comme un signe prémonitoire cauchemardesque –, elle rentra de plein fouet dans une personne, qui sembla à l’évidence être sa patronne. Le résultat de cet incident fut désastreux, et pourtant il sentit à peine qu’il était trempé de whisky de la tête aux pieds. Non, sa bouche se referma, son regard se faisant bien plus triste, alors qu’il ne bougea toujours pas d’un pouce mais qu’il se rappela qu’il était effectivement important de respirer. Son expression devint affreusement douce mais accablée, alors qu’il l’observa, passif et impuissant, le sécher lentement, et s’agenouiller ramasser son verre. Jamais ils n’auraient pensé qu’ils puissent devenir des inconnus l’un pour l’autre, Eden et Sunny. Et pourtant, il aurait été bien fou de penser qu’ils allaient tout simplement retomber dans les bras l’un de l’autre. Toute image d’une époque heureuse dans ses bras disparut alors que la voix exécrable de cette personne encore plus détestable qu’elle avait renversée s’éleva entre eux, et le ramena subitement à la réalité. Si les cheveux de la métamorphomage commençaient à tourner à un rouge vermillon, trahissant ses émotions momentanées qu’il ne ressentait que trop violemment, lui-même se laissa envahir par une rage diffuse et encore discrète contre cette tyran. Les Rosier, il n’était pas étonné, mais toujours en preux chevalier romanesque, il ne pouvait supporter que son Eden puisse se faire traiter de la sorte. Alors, adieu l’homme censé être réfléchi, il se laissa guider par ses impulsions, et au lieu de brandir son poing, il brandit un gros billet à cette charmante dame qu’il avait envie d’étriper. « Ne vous inquiétez pas pour moi, c’était un accident tout ce qu’il y a de plus honnête. Ça, c’est pour que vous fermiez les yeux, et que vous la laissiez tranquille. » Si son ton était infiniment poli, triste ironie alors qu’il avait été plus que froid quelques minutes auparavant avec son âme sœur, il était néanmoins sans appel. Ferme et dur, derrière ces quelques mots planaient comme une menace. Et il espérait que les gallions étincelants allaient être suffisants pour qu’elle ne continue pas à alimenter sa haine à son égard, s’en fichant présentement de dépenser les quelques sous qu’il avait pour une famille qu’il ne pouvait supporter ou accepter. Alors qu’elle était sur le point de rajouter quelque chose, sûrement le contredire et repoussant les limites du contrôle de Sunny toujours plus loin, son regard se fit encore plus dur et noir, la dissuadant d’ouvrir sa grande gueule. Finalement, elle soupira, attrapant le billet et s’en alla tyranniser d’autres pauvres employés. Se radoucissant immédiatement, il voulut se retourner pour aider sa moitié disparue mais retrouvée, pour constater qu’elle s’était déjà de nouveau évaporée. En panique, il regarda frénétiquement tout autour de lui pour essayer de repérer cette silhouette qu’il connaissait par cœur, même après toutes ces années perdues, pour finalement apercevoir la porte des toilettes se fermer. Il soupira, avant de s’y diriger à son tour, ne lui laissant absolument pas le loisir d’être seule.

Ce ne fut que quelques secondes après elle qu’il entra lui aussi dans la pièce, étonnamment vide et dans un état à peu près correct. D’un coup de baguette magique discrète, il verrouilla la porte, ne prenant pas le risque d’être dérangé par d’autres créatures vivantes malvenues. Il l’observa devant son miroir, lui toujours dans l’entrée, comme s’il avait peur de faire un pas de plus. Il l’observa, et même s’il était évident qu’elle était en chute libre, que lui-même avait envie de pleurer toutes les larmes de son corps, il ne put empêcher un sourire d’étirer ses lèvres et apparaître sur son visage. Petit sourire, presque invisible, et pourtant le premier sincèrement joyeux de la journée. « Hey. » Putain, quel con. Il avait rêvé de cet instant un nombre incalculable de fois, il avait fantasmé sur tous les scénarios impossibles et inimaginables où il la retrouverait enfin – dans la vie ou dans la mort –, et à présent que cela se réalisait, il ne savait pas quoi lui dire. Il rit, pour lui, de lui. Il baissa le regard, et constata subitement que le sort simple de Tergeo avait eu des conséquences néfastes et avait laissé des traces colorées sur sa chemise – pas repassée et dans un piteux état dès le départ –, s’il ne l’avait pas brûlée par petits endroits. Ce n’était donc pas qu’une rumeur que les revenants n’arrivaient pas à contrôler leur magie. Il serra la mâchoire, essayant de chasser le sentiment de culpabilité pour revenir au temps présent, posant de nouveaux ses opales et faisant quelques pas tremblant en sa direction. « Je… » Il quoi, justement ? Il était heureux de la retrouver ? Il s’excusait pour tout ? Il voulait la serrer fort dans ses bras et ne plus jamais la laisser partir ? Il voulait lui dire qu’elle avait toujours eu raison et qu’il avait finalement rejoint l’Ordre du Phœnix, comme pour conclure cette dispute fatale et tragique ? « T’es encore plus belle que dans mes souvenirs. » Les mots étaient sortis sans qu’il ne réfléchisse, sans qu’il ne puisse les contrôler, et réalisant soudainement ce qu’il venait de dire, il détourna le regard, rougissant légèrement bien malgré lui. C’était pitoyable, il se serait presque ri au nez. Néanmoins, ce n’était pas faux. Il revoyait sans cesse son visage, malgré les photos qu’il avait planquées quelque part pour essayer de ne pas être hanté par des fantômes, et sa mémoire ne lui faisait pas justice. « Par contre, je dois faire peine à voir. » Ouais, il n’était pas excessivement fier de ce qu’il était aujourd’hui. Outre les vêtements de mauvaise qualité à cause des revenus qu’il n’avait plus, des rides qui avaient creusé son visage, et de ses cheveux qui étaient plus blancs que noirs, pas comme autrefois, il n’était plus le soleil éclatant qu’il avait été autrefois. Mais l’humour, bien que mauvais, c’était tout ce qu’il lui restait, et bien incapable de cracher tous les sentiments qui étreignaient son myocarde, la dérision était sa meilleure arme. Il soupira, inconsciemment, ses pupilles analysant tout son corps qu’il avait envie de toucher, mais ne pouvait s’y résoudre comme si elle allait s’évaporer à son contact, partir en fumée, jusqu’à ses prunelles tombent sur la bague, toujours aussi chatoyante que le jour où il lui avait passé au doigt. Des larmes embuèrent ses yeux. « Tu la portes toujours. » Constatation évidente, il ne savait pas comment traiter cette nouvelle information. C’était presque trop d’un coup, pour lui.
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