daily prophet

La Coupe de Quidditch britanique touche à sa fin. Les Hollyhead Harpies sortent vainqueurs du tournoi et la fête bat son plein. La rebellion, elle, murmure (+).
Les tensions montent alors qu'un nouveau revenant est enfermé à Azkaban pour le meurtre "accidentel" de sa fiancée.
Teatime with the Queen : Buckinghamshire est voté le county préféré des sorciers immigrants.



 

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 Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.

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Sujet: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Dim 19 Nov - 15:38

Ce n'est pas la victoire
que je voulais mais la lutte.
avec nimue carrow

Le bruit a couru jusqu’à Mulciber : Aymeline est allée se faire trépaner la mémoire contre une bonne poignée de gallions, une pratique de plus en plus courante chez ceux qui en ont trop. Pas de quoi s’émouvoir, surtout pas lui. Ils ont trinqué à quatre, à sept, à vingt, à la futilité de leur existence vernie, puis il y a eu d’autres ragots, pires et mieux, et Roderick n’y a plus songé. Enfin, il a revu Aymeline. C’était à une de ces soirées idiotes, très policées – où il aura au moins eu l’occasion de marauder avec Ruby Weasley. Aymeline était différente, cette nuit-là. Distante. Joyeuse. Plus joyeuse à mesure qu’elle était distante. De lui.
Ils ont été proches, un temps. Pas des amis ; on n’entraîne pas ses amis dans de sombres alcôves pour leur fouiller la gorge et les cuisses. Pas non plus des amants ; au grand désespoir d’Aymeline, Mulciber est incapable d’un amour quelconque, même difforme, même factice. Elle le lui a reproché, beaucoup, mais rien n’a fait fléchir ce myocarde froid et cet orgueil brûlant. Roderick a pourtant de la sympathie pour la jolie Aymeline, et plus de sympathie encore pour sa beauté.

Voilà qui résume toute l’affaire.

Elle se souvient de lui, de leur rencontre et de nombre de leurs discussions, de leurs ébats et de toutes leurs disputes. Ce qu’elle a fait extraire, lui a-t-elle expliqué après qu’elle a bu assez d’Ogden's Old Firewhisky pour s’en sentir le courage, c’est le souvenir du jour où elle est tombée amoureuse : Roderick avait remporté un tournoi mineur (auquel il avait invité Aymeline par pur ego) et elle se trouvait là, à applaudir, à l’embrasser dès sa descente de l’estrade, la poitrine pleine d’une fierté indicible et autre chose. Cette autre chose lui pourrissait la vie depuis, a-t-elle continué de dire, car jamais l’héritier ne le lui a rendu. Mulciber n’aurait pas pu démentir. Il aurait dû être soulagé qu’elle ait pu dissoudre ce qui la rattachait à lui avec tant de désespoir et, néanmoins, il en a conçu de l’indignation. Malgré son fade intérêt pour elle, il était attaché à ce fragment, lui aussi. C’était une belle journée. Une soirée magnifique. N’être pas amoureux d’elle ne devait pas tout gâcher. Sa contrariété serait passée, à vrai dire, si, à lui demander qui donc l’avait effacé d’elle, Aymeline n’avait répondu avec banalité : Nimue Carrow.

Il est au département des jeux et sports magiques pour son propre profit et un séjour prochain en Bulgarie. Lorsqu'il en termine d’une paperasse assommante, Mulciber emprunte l’un des ascenseurs depuis le septième niveau. La cage marque un arrêt au troisième étage : département des accidents et catastrophes magiques. C’est là que Mulciber tranche et sort dans le sillage de quelques employés pressés.

En chemin, on le salue à plusieurs reprises. C’est l’une des choses que Roderick préfère : le reflet qu’ils voient tous, celui de Kenneth Mulciber et Imogen Selwyn. Sa démarche a de l’excès, son aplomb de la fatuité, et il ne se cache pas. Mètre après mètre, il darde son regard plein de morgue partout. Son allure ne décline qu’à peine lorsqu’il pénètre dans le secteur attribué aux oubliators. Elle pourrait n’être pas là et, alors, qu’aurait-il fait ? La chance, cependant, sourit aux salauds…

Nimue est moins reconnaissable que son talent ne le permet volontiers. Elle accroche malgré tout l’oeil de Roderick, l’oeil chicaneur de Roderick Mulciber. Il approche du bureau qu’elle occupe. Ce qu’elle fait ? Il s’en fiche. Si c’est important… ? D’une main apparemment négligente, il renverse une pile de documents sur le sol. Quelques pupilles convergent ; aucune réaction de sa part et il s’assoit sur un tabouret chapardé alentours. « Ton patron est au courant de ce que tu fais sur ton temps libre… ? » Pour qu’elle ne l’encombre pas, Roderick tire sa baguette de sa poche. « Au cas où ça ne serait pas évident, je ne parle pas de ce que tu fais de ton cul. » Le sourire ironique perle à la bouche tandis qu’il mime l’office qu’on pratique trop dans ce bureau, le bout du bois de tremble sur sa tempe.  
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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Dim 19 Nov - 17:32

Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.
« My idea of good company is the company of clever, well-informed people who have a great deal of conversation; that is what I call good company. »

L
e tic tac sans fin des jours qui défilent et se ressemblent, le bruissement du sable dans la roue du temps, qui tourne, tourne et écrase la raison. Les nuits toutes trop similaires qui ne créent aucune étincelle. Chaque seconde se fond dans sa voisine, chaque matin ressemble à celui de la veille et chaque aube a les éclats rougeoyants que son coeur ne connait pas. Nimue s’est rendue sur son lieu de travail, comme toujours, dissimulée derrière l’image banale de la brune aux yeux clairs, écartant d’elle les regards, épouse dévouée d’une aimante obscurité. La lumière n’était pas pour les gens comme elle, au sang souillé, aux moeurs défaites. La lumière ne lui allait pas mais le papillon aux ailes percées ne pouvait s’empêcher de flirter avec, par la nature de sa particularité autant que par l’aura que trainaient les siens, attractifs et repoussants à la fois. Vingt-cinq années à essayer de se faire oublier, vingt-cinq années d’échec, vingt-cinq années à n’être que l’objet des ambitions de sa famille. Être Oubliator avait été sa rébellion chez ceux qui formaient des requins en affaires, des virtuoses des chiffres. Elle faisait oublier, contre des gallions, elle effaçait avec une sorte de générosité les douleurs, les peines, les remords, du coeur des amers, des délaissés, des adeptes de l’erreur. Protéger le secret magique ne lui suffisait pas, parce que son existence était d’un ennui mortel, parce qu’une part d’elle savait que la société était à vomir, que le dé était truqué. Ironique, pour celle née des charismatiques, ceux qui avaient réussi en tout discrétion à se hisser tout proche du sommet de la chaîne alimentaire. Carnassiers sympathiques, terrifiants mystérieux, arrivistes sadiques, on ne savait jamais trop.

La pile de documents heurte le sol dans un bruit sec et lourd, obligeant Nimue à relever les yeux vers le responsable, calmement. « Ton patron est au courant de ce que tu fais sur ton temps libre… ? » Elle a un sourire au coin des lèvres ornées d’un rouge sombre. « Au cas où ça ne serait pas évident, je ne parle pas de ce que tu fais de ton cul. » Roderick était un homme théâtral, sa réputation était forgée de ses frasques, de ses jeux idiots - de ce qu’ils avaient partagé, autrefois. « A l’évidence, mon temps libre m’appartient. » commence-t-elle, sur un ton presque chaud, les mains toujours appuyées à plat sur le bureau. Elle n’avait pas bougé, observatrice patiente, pas même pour ramasser les dossiers désormais étalés sur le sol. « Comment pourrais-tu savoir ce que je fais de mon cul ? Tu n’en as jamais profité. » Elle se souvenait d’une époque où les mondanités ne l’intéressaient que pour la perspective d’une sympathique dispute avec le jeune homme, elle se souvenait d’avoir ri de ses idioties, elle qui ne riait que trop peu. Elle se souvenait aussi de ce père qui s’était mis en travers de leur escalade de provocation. Aymeline n’était qu’un travail même s’il y’avait eu quelque chose d’extrêmement plaisant à extraire le honteux sentiment du myocarde faible, même s’il y’avait eu une saveur particulière à fouiller pour obtenir l’instant précis. « Au rythme où tu les épuises, il te faudra bientôt les prendre au berceau. » Ces dames alanguis au regard d’un homme aux insondables sentiments, ces damoiselles en détresse qui tombent à ses pieds puis viennent supplier l’oubli salvateur. « J’ai été tentée d’arracher le souvenir de ses premiers soupirs. Elle m’aurait laissé faire, tu sais, si cela avait été nécessaire, si je n’avais pas trouvé comment séparer les premiers sentiments du poison de t’aimer. » La mémoire, un foutoir sans nom, un véritable puzzle. Falsifier ou effacer nécessitait toujours de démêler le noeud d’un problème à ôter et parfois, les premières étreintes participaient autant de la peine que le souvenir visé en lui-même. Nimue n’était pas légilimens, elle n’avait pas accès à l’intégralité des esprits qu’elle touchait mais son métier lui avait appris à suivre les fils tissés par le passé, à comprendre et analyser. « Tu devrais me remercier de ne pas m’être laissée emporter par le jeu. » Et ce sourire en coin, toujours là, presque moqueur alors qu’elle ne détache pas son regard du sien, pas même lorsque sa chevelure se défait de sa couleur de jais pour retrouver le blanc naturel ; ils venaient d’attirer l’attention, inutile donc de conserver une part de sa concentration tournée vers la maîtrise de sa métamorphomagie. « Tu es fâché, Trésor ? A moins que ce ne soit l’indifférence de la belle qui écorche ton égo démesuré. Roderick Mulciber, un vulgaire plan cul comme un autre. »    

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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Mar 21 Nov - 22:44


Machinalement, le regard de Roderick glisse sur la silhouette de Nimue – ce que le bureau laisse en voir et en deviner. Il ne dirait pas qu’il n’a jamais eu envie d’elle mais, ainsi qu’elle l’entérine, l’occasion ne s’est pas présentée. À l’époque, Mulciber avait également la faiblesse de croire qu’ils s’étaient liés d’une amitié un brin plus intéressante que cela. Il n’en reste rien, sa faute à lui. Ou bien il n’y avait rien de tout cela et, finalement, la jeune Carrow n’est qu’une jolie plastique et un tempérament infect.

« Épargne-moi tes fausses leçons sur la moralité… »

Au moins, ils n’auront pas besoin de faire semblant. Ils savent tous les deux ce dont il est question : Aymeline, ou plutôt pas, car la fille est libre de défigurer sa mémoire et de l’abandonner, lui, parmi les fragments inutiles et stériles (ce que, du reste, il est bel et bien). Fallait-il cependant que ce soit Nimue Carrow ? et pourquoi pas, par Morgane, n’importe quel autre profiteur ? Roderick n’aime rien de cette réalité, ni qu’Aymeline, qu’importe ses intérêts et ses raisons, ait crucifié leur souvenir ni que Nimue ait pu déambuler là-dedans à loisir. Il y a quelques jolies choses, c’est certain, puis d’autres, des méfaits, moins reluisants pour le digne héritier de Kenneth Mulciber. Sans parler de… « Tu offres des rabais quand t’as l’opportunité de te rincer l’oeil ? » Le ton s’efforce d’être uniquement mordant mais il est encore blessé.

Roderick ignore à quoi ressemble une mémoire. Sa tante, Cordelia, lui en a expliqué les rudiments ainsi que quelques exercices auxquels il est possible de la soumettre par la magie. Cette instruction buissonnière date, effacée avec Delia elle-même (et il est hors de question de creuser après elle pour excaver un genre de savoirs qui l’effraient au moins autant que leur accès). Tellement prosaïque, Roderick serait plutôt d’avis qu’il convient de laisser cette chimie en paix, à l’exception du moldu dont la race est évidemment inférieure et donc malléable, à volonté et à l’excès, dans l’intérêt des sorciers.

« Je ne suis pas fâché, rétorque-t-il tout de suite. » Réflexe, aveu, la désormais blonde oxydée jusqu’au blanc décidera. En revanche, il est avéré que cette indifférence entame son ego, avec d’autres choses qu’il n’admettra pas à haute voix devant elle. « En fait, ça m’arrange assez qu’elle soit passée à autre chose. » Passée l’indignation somme toute très naturelle, Roderick aime autant autant n’avoir plus à surveiller ses arrières, ses baisers, et ses escapades plus sournoises. C’est trop fatigant – en plus d’être dérangeant à la perspective d’être bientôt, peut-être, marié. Ce n’est vraiment rien dont il entend entretenir Nimue. « Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander si ce que tu fais est bien légal. » Le sourire oblique va et balafre crescendo dans la bouche. « Non, attends, il enchaîne. Laisse-moi reformuler ça : qu’est-ce que le papa et la maman d’Aymeline vont penser de ce que tu fais de leur argent et de la jolie caboche de leur fille unique ? » Il a déposé la baguette au bord du bureau et s’est appuyé à deux mains, penché vers l’oubliator. Papa et maman ont fait fortune dans les pompes funèbres pendant et après la Guerre. Cercueil, inhumation, caveau, extravagances de toutes les sortes… On ne manquait pas de cadavres à coller sous terre. Depuis quelques temps, leur business a même doublé par l’excavation de potentiels revenants, ou plus exactement de leur boîte en pin vide. Alors, et bien que de sang-mêlé, ils disposent du pouvoir de l’argent, propice à déclencher la jalousie de leurs pairs et le dédain des autres. Pas que ça compte pour Roderick (Aymeline était là, lui aussi, point) mais il n’aurait jamais pu l’épouser en dépits des espoirs poussifs de la jeune femme. « T’as sûrement pensé à tout ce qui pourrait mal tourné dans ta petite affaire… »


Dernière édition par Roderick Mulciber le Mer 22 Nov - 23:44, édité 2 fois
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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Mer 22 Nov - 15:51

Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.
« My idea of good company is the company of clever, well-informed people who have a great deal of conversation; that is what I call good company. »

L
e regard glisse sur sa silhouette et fracture brutalement le reflet de glace qu’elle offre depuis tant d’années. Le mouvement de recul n’est pas contrôlé, la mèche d’un rose tirant vers le mauve qui s’impose sur le côté de son visage, tranchant la chevelure blanche, est une preuve criante d’honnêteté. « Épargne-moi tes fausses leçons sur la moralité… » « Ne fais pas ça. » Ca. Ce sur quoi elle ne sait pas mettre de mots. L’assurance s’est effritée, comme si toutes les paroles et toutes les piques n’avaient jamais eu d’impact, comme si finalement tout ce qu’ils avaient pu se dire, tout ce que lui avait pu lui cracher n’était jamais parvenu à atteindre ce qu’un seul regard avait suffi à percer. Nimue l’avait vu faire avec les autres, elle avait pu être témoin de cette façon particulière qu’il avait de détailler les femmes dont les courbes éclipsaient aisément le nom, le sang ou l’intellect. Elle reprend contenance, tant bien que mal, défroissant la jupe de son tailleur noir, reprenant la maîtrise de sa métamorphomagie, estompant la teinte intempestive. La glace et l’obscurité pour voiler le coeur, l’âme qui se dissimule derrière. Un discours mordant pour rattraper l’erreur, en vain. « Tu offres des rabais quand t’as l’opportunité de te rincer l’oeil ? » Ils en sont donc là, à toucher les cordes sensibles. Elle se baisse pour ramasser les dossiers, peut-être pour ne plus croiser ses billes sombres quand un tour de baguette l’aurait obligée à affronter le ton presque blessé qu’il a pris. « Je ne suis pas fâché, » Ment-il ? Elle n’en est pas certaine. La pile retrouve sa place sur le bureau, rien de bien folichon, quelques cas de moldus témoins de ce qu’ils n’auraient pas dû voir, de la paperasse à remplir pour indiquer que les missions ont été accomplies. « En fait, ça m’arrange assez qu’elle soit passée à autre chose. » « Elle t’idéalisait. » Lâche-t-elle dans un soupir un brin blasé. C’est tout ce que Nimue en a tiré, tout ce qu’elle a pu conclure des scènes piochées dans la mémoire d’Aymeline, rien qui ne fasse penser à l’Oubliator qu’il y’avait un réel intérêt autre que le plaisir d’effacer les énièmes frasques du Mulciber. Bien sûr, elle pouvait prétendre qu’elle aimait le voir souffrir, la vérité c’est que son orgueil blessé ne suffisait pas à lui souhaiter toutes les blessures amoureuses du monde. A quoi bon ? Aucun d’eux n’en avait, de coeur. Elle avait été l’amie écartée sur l’autel de deux héritages contraires. Elle n’avait eu que la saveur d’un pouvoir éphémère sur une conquête toute aussi éphémère. Glorieux.

« Mais je ne peux pas m’empêcher de me demander si ce que tu fais est bien légal. » Les paumes se replacent sur la surface du bois, les yeux bleus se reposant sur le visage masculin. Il a ce sourire oblique et elle a cet air las. « Non, attends, laisse-moi reformuler ça : qu’est-ce que le papa et la maman d’Aymeline vont penser de ce que tu fais de leur argent et de la jolie caboche de leur fille unique ? » Les billes claires roulent, signent combien cela l’indiffère, combien ces menaces n’ont que peu d’impact sur son existence. « T’as sûrement pensé à tout ce qui pourrait mal tourné dans ta petite affaire… » Elle ne peut que rire de ce poids qu’il tente de donner aux opinions parentales d’une gamine capricieuse. Certes, elle descendait de sang-mêlés à la fortune indéniable et à la réputation notable mais ça n’avait pas l’air de faire frémir Nimue, bien au contraire, son amusement se mêle à une sorte de vieille amertume qui n’est - pour une fois - pas du fait de Roderick. « Et puis quoi, Roderick ? On contrarie les Carrow pour une amourette sans avenir d’une jeune femme sans cervelle qui espérait épouser le grand et bel héritier de la lignée Mulciber ? On laisse tourner au massacre les envies démesurées d’Aymeline jusqu’à ce qu’elle souille d’un bâtard le sang pur qui est le tien ? » Réalisme ou fatalisme, difficile à dire. « Il faut être bien prétentieux pour envisager que des sang-mêlés puissent se permettre de telles extravagances sans en payer le prix. Qu’en aurait pensé ton père ? »    

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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Mer 22 Nov - 23:33


Il allait protester. Il allait dire qu’il ne fait rien. Or, Roderick réalise ce qu’il fait en même temps que Nimue, dont la couleur à la tempe vire derechef au rose, le lui reproche. On le sait, le regard de l’héritier Mulciber n’est pas gentil avec les femmes, les sœurs, et filles, et mères… Le coup d’oeil est rodé, façonné il ignore depuis quand. Le plus souvent, il ne retient pas ce qu’il voit. Ce sont des visages, des corps, des mensurations. Un fin sourire se découpe, mécanique, dans sa bouche et il poursuit de les observer sans plus d’intérêt pour leur âge, leur naissance, sans parler de leur personnalité. Il ne le commet pas exprès. Ce n’est ni bienveillant ni malveillant. C’est ainsi qu’il est – que l’on croit qu’il est, goinfre et concupiscent, futile et misogyne, la lie de l’espèce humaine parmi sa moitié mâle.
Intérieurement, pourtant, Roderick promet, dès lors, de s’abstenir et il se débarrasse de la bêtise d’aller mater comme Nimue ramasse le foutoir qu’il a jeté en contrebas de son bureau.

D’un revers de la main, il chasse les évidences. Bien entendu, Aymeline l’idéalisait… Et, sans être amoureuse de lui ou plus tant, elle l’accomplit encore. Elle ne le connaît pas, pas du tout, et il est bien inspiré de ne pas l’en blâmer. Tout est de la faute du secret, de ces verrous qu’il porte en camisole tout du long de l’échine et du tempérament. En cela, Nimue Carrow est semblable à toutes les autres. Pas instruite. Pas consciente. Bien qu’elle ait jeté, jadis, un œil par l’interstice.

« C’est amusant que tu te planques derrière ton nom, il commente en s’enfonçant dans son siège. Et puis ne fais pas comme si t’avais à coeur que j’aie un ou une bonne centaine de bâtards à travers le tout Londres… Tu ne fais ça que pour l’argent. » Comme tous les Carrow, doit-il être écrit au fronton de Gringotts. C’est, compte tenu de son propre patronyme, extrêmement délicat de la critiquer sur ce point. À vrai dire, il s’en fiche. Qu’elle déleste les idiots de leur argent en même temps que de leurs souvenirs… Son amertume n’est pas là. « Ce qu’en aurait pensé mon père ne te regarde absolument pas. » Là, on saurait flairer les premiers relents d’aigreur. Car tout est parti de Kenneth Mulciber ou, comme toujours, de ses opinions s’agissant des faits et gestes de son fils unique. Celui-là a plié, renvoyé Nimue à la troupe de ceux qui lui sont très indifférents – ce que, soit noté quelque part, elle sait très bien lui rendre. De fait, la manière dont Roderick a de le dire a quelque chose du goût de : souviens-toi qu’on n’est pas égaux.

Du bout des doigts, il tapote la garde de sa baguette. « Rassure-toi, lâche-t-il avec tiédeur. Je ne suis pas venu te menacer. » Ce qui brille dans le fond de ses pupilles de plus en plus noires le dément. En sortant de l’ascenseur, Mulciber n’avait aucune idée en tête. Son premier souhait était de la confronter, après tout ce temps. Le second, de lui causer un peu d’ennui. Il se trouve que l’attention dont ils font désormais l’objet depuis cinq bonnes minutes le satisfait pleinement. La rumeur des conversations lui parvient sans qu’il ait envie d’en découvrir la teneur. S’il est encore tenté d’aller converser avec le responsable des oubliators, il tient son siège et le regard de Nimue dans le sien. « Mais il va falloir que t’arrêtes tes petites activités. Moi, vois-tu, j'ai une petite idée de ce qui pourrait mal tourner et... comment tu as dit ? – il faut être prétentieux pour envisager que des sang-mêlés puissent se permettre de telles extravagances sans en payer le prix. »
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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Jeu 23 Nov - 1:38

Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.
« My idea of good company is the company of clever, well-informed people who have a great deal of conversation; that is what I call good company. »

T
u ne fais ça que pour l’argent. Il la met en colère. Il craquèle le contrôle, met à mal celle qu’elle était devenue avec le temps, il réveille ce qu’il n’avait pas connu. Il gratte à la surface de sa raison, de sa discrétion, pire encore il griffe violemment le calme pour faire ressortir la soif d’une violence qui la délesterait de ses blessures et pourtant, elle ne bouge pas. Elle musèle ce que la métamorphomagie trahirait mais son regard se fait meurtrier, pas comme lorsqu’elle était la gamine de dix-huit ou dix-neuf ans jouant avec son nom, avec ce qu’on pensait toujours de sa lignée - non, il y’a vraiment la mort dans les grands yeux bleus foncés. Il y’a autre chose que la simple réserve ou le fait d’aimer n’être personne, celle que Roderick avait connu était peut-être morte, pas comme tous ces revenants mais d’une façon particulière, à la fois douloureuse et délicieuse. Le duel visuel s’assombrit si bien qu’il y’a quelque chose d’inquiétant à les voir s’affronter de la sorte, chacun retranché de son côté du bureau. Tout le monde dans cette pièce sait ce que Mulciber et Carrow ont de contraire. Tout le monde sait que ce sont deux noms à l’incompatibilité indéniable. il faut être prétentieux pour envisager que des sang-mêlés puissent se permettre de telles extravagances sans en payer le prix. Il répète et elle bouge enfin. C’est l’agonie de la fillette amusée qui n’avait pour ambition que de le défier, elle repousse ses peurs et ses regrets loin quand elle contourne le bureau d’une démarche presque féline, les doigts continuant de caresser la surface du bois. Elle dévore la distance entre eux et lui offre les paradoxes de sa personnalité en pâture. Elle a oublié les murmures dans la salle.

Une main se referme sur le col de la chemise au prix exorbitant tandis qu’elle profite de l’espace entre le siège et le bureau pour venir souffler, tout près de son oreille. « Je t’interdis de m’interdire quoique ce soit. » Trop de proximité, bien plus qu’en tout ce temps où ils aimaient se taquiner. Ce n’est plus le jeu de provocation parce qu’il y’a quelque chose de malsain dans sa façon de passer du tout au rien, du rien au trop. « Mon sang est peut-être impur mais on sait tous les deux que je suis libre et que tu es prisonnier des désirs de ton paternel jusqu’au fond de ton lit. » Elle n’est plus contre sa joue, préférant planter le regard dans le sien, sans supprimer le contact de ses ongles dans le tissu délicat. « Peut-être que je ne fais ça que pour les gallions, après tout, je suis une Carrow, je suis donc forcément vénale. c’est ce que t’as vu de moi, Roderick, tout ce temps ? Seulement ça ? » Elle avait perdu les occasions de rire en le perdant lui, elle avait perdu les distractions pour retourner à l’oubli et la solitude. Etait-il en partie la raison du sang qu’elle avait fini par avoir sur les mains, de la perte de contrôle du feu meurtrier qui brûlait parfois dans ses veines, parce qu’il n’y’avait plus rien pour l’en détourner, pour la sortir de l’horreur et des peines d’autrui, des mémoires brisées ? Foutue société. Foutu Mulciber. « Hé Carrow ! Tu sais que t’as fini ta journée, si tu veux.. aller à ton rendez-vous ? » Elle relâche la chemise et se redresse, comme prise sur le fait d’une chose dont elle n’avait pas eu conscience.

Elle fusille sa collègue des yeux et s’écarte, récupérant sa baguette d’un geste presque rageur pour simplement s’extirper du quartier général des oubliators. Rares sont les dons aussi sensibles aux émotions que la métamorphomagie et Nimue a à peine le temps de s’appuyer contre un mur que se lisent dans le rouge et le bleu pâle de sa chevelure à la fois la colère et l’affection trahie qu’elle avait pu porter à cet idiot. Il venait de lui prouver qu’elle n’était rien sinon une vulgaire impure négligeable sur le parcours de ses amitiés parfaites. Il y’aurait eu du potentiel d’entente entre eux, elle en avait perçu les contours dans les piques d’autrefois mais les ailes brûlées, il avait fallu revenir en arrière, pour le bien de Roderick, pour que le nom des Carrow n’entache pas les tabloïds. Qu’aurait-on dit ? Qu’elle poussait le parfait à l’être moins ? Etait ce qu’avait craint Kenneth ? A vrai dire, elle ne comprenait toujours pas pourquoi, elle pouvait facilement remettre en cause les rumeurs autour de sa famille ou les conflits entre les deux chemins de vie, ça n’avait eu aucun sens alors et ça n’en avait toujours pas. Nimue était certes l’objet des ambitions de son père mais il ne s’interposait pas dans ses relations, il n’en avait sans doute rien à faire tant qu’elle ne se détournait pas de ce qu’elle devait être : parfaite exécutrice, talentueuse et sans attache durable. Et rien ne durait jamais avec Nimue, comme si elle faisait oublier aux hommes qui froissaient parfois ses draps - parce qu’en fin de compte, c’était le cas. Mieux valait l’oubli que la blessure de voir dans leurs yeux une lubricité déviée, douloureuse, la victoire quand elle se voulait intouchable. Elle appuie la tête contre la surface froide du mur en s’obligeant à respirer, à se dompter, priant presque Merlin qu’on l’oublie.     

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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Mer 29 Nov - 23:02


Le souffle du mangemort tarit tout juste que Nimue se lève. Quoi que ce soit à peine perceptible, le sursaut de l’oubliator le fait se redresser, râble plaqué sur le dossier. Roderick la regarde faire le tour et venir à lui à la manière dont on resserre un nœud coulant. À tort, sans doute, peut-être, il ne la craint jamais. Nimue Carrow est d’un sang trouble, à la botte du Ministère et détentrice d’un horcruxe dont tous les autres garants estiment les siens indignes. On a bourré le crâne de Mulciber avec du mépris crasse et vaniteux, si bien qu’il vomit du mépris. On lui a pétri les anciennes affections avec de l’indifférence, si bien qu’il en déborde. Il paraît oublier qu’ils ont été proches. Pas amis, camarades. Ou un alliage plus primitif et plus sublime que les mots ordinaires ne savent le décrire. Il n’empêche que Roderick ne vacille pas d’un iota, quand même Nimue le tient, quand même Nimue le presse.

« Je t’interdis de m’interdire quoi que ce soit.
- Sinon quoi ? »

La contiguïté ne rebute pas le minable petit salaud. Il tient contre la mâchoire, confine le grondement dans sa gorge. Ses pupilles ont même l’arrogance de vagabonder tout autour, comme s’il cherchait le moindre badaud afin de le faire spectateur. Lorsque Nimue recule, Mulciber lui rend la profondeur de son regard. Impur. Prisonnier. Paternel. Vénale. Lèvres closes et billes fixes, il prend cependant la mesure de ce qu’elle dit. Roderick se souvient qu’ils ont été proches. Lointainement proches. Il va casser l’étau qui froisse son apparat quand une tierce voix rompt l’enclave. Qu’elle aille boire la tasse dans le Lac noir... Les deux pairs d’yeux convergent, jumelles dans leur lueur, puis Roderick est seul à la mater avec l'acharnement de celui qui désiraix toute l'attention et, plus capricieux qu'il ne doit être permis, n'en veut plus tant.

◈ ◈ ◈

Deux choses sont fiables pour remonter la piste d’un sorcier : les bruissements et les oeillades de ceux qui feraient mieux de retourner à leur tâche que de pinailler dans les couloirs et la métamorphomagie de celle-là que l’on piste. « Reprends-toi, Carrow. » Sans faire montre d’attention pour les couleurs éloquentes dans la tignasse, Roderick la double. « Et suis-moi. » Il ne s’attarde que quelques pas plus loin, mirettes par-dessus l’épaule et une sorte de dédain en moins dans les pupilles. Il ne croit pas qu’elle se fiera à lui, et à sa délicate nature, mais ils sont dans l’enceinte de l’un des bâtiments les mieux protégés de Grande-Bretagne : il ne peut rien arriver, ni à l’un ni l’autre, fût-ce du fait de l’un ou de l’autre. Roderick patiente – peu – de la savoir dans son sillage et retourne aux portions qui accumulent les ascenseurs.

« Tu as vraiment rendez-vous ? il demande lorsqu’ils sont engoncés parmi d’autres dans les quelques mètres carrés qui servent à fendre le labyrinthe du Ministère. Ou elle a vraiment cru te rendre service en t’envoyant n’importe où que près de moi ? » Un sourcil se dresse, en témoin sceptique. Non pas que la réponse l’intéresse réellement.

À six ou sept, ils débouchent sur le hall, et Roderick invite Nimue à le procéder. Ils patientent là, sous l’une de ces arcades où les assistants, des notes compulsives sur des morceaux de parchemin froissé, attendent après les pontes de leur bureau. Appuyé contre l’ornemental d’une colonne, Mulciber ne fait l’effort d’aucune conversation ou du moindre éclaircissement. Puis : « Ah, le voilà. » Il ne va pas non plus à la rencontre du sorcier. « Tu vois ce type-là bas ? » La cinquantaine, fraîchement extirpé d’une cheminée. Blond, presque roux. L’air pressé. Extrêmement pressé. Une serviette en cuir contre la cuisse. Une fois qu’il est certain que Nimue n’a pu le confondre dans le grouillant qui vient et va dans toutes les directions, Roderick se penche vers elle, trois tons au-dessous de son volume habituel : « Disons que s’il oublie combien il a envie d’aller parier, vendredi prochain, je réfléchirais à ce qu’on soit quitte, toi et moi, à propos d’Aymeline. »
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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Jeu 30 Nov - 1:50

Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.
« My idea of good company is the company of clever, well-informed people who have a great deal of conversation; that is what I call good company. »

S
inon quoi ? L’interrogation flotte encore dans son esprit alors qu’elle s’est échappée du quartier général des Oubliators. C’est vrai. Sinon, quoi, qu’aurait-elle fait ? Probablement rien mais pas parce que la société l’exigeait. La société n’était pas le centre de son attention, elle qui y vivait comme une ombre, traînant sa carcasse, âme en peine sans but, sans avenir. Elle n’aurait rien fait parce que Roderick Mulciber avait été une sorte d’ami, un des rares. « Reprends-toi, Carrow. » Elle redresse la tête qu’elle avait appuyé contre le mur et consent à le regarder, sans guère de conviction. « Et suis-moi. » Pour qui se prend-t-il ? Incroyablement arrogant, incroyablement con. « En quel honneur ? » Lâche-t-elle, presque par pure provocation. Ce n’est probablement que parce que le dédain s’estompe dans les prunelles masculines que Nimue bouge, efface la distance qui les sépare, encore une fois. Elle suit sans un mot, toujours trop colorée pour passer inaperçue, sans sembler désirer remédier à ce qui n’est qu’un détail, qu’une manifestation émotionnelle au-dessus du rivage de la solitude. Ca la contrarie d’attirer l’attention mais elle a conscience que quelque soit son allure, se trouver près de lui avait une fâcheuse tendance à faire pivoter les regards, comme à la recherche de la prochaine aberration qu’il parviendrait à inventer. « Tu as vraiment rendez-vous ? » La promiscuité ne fait qu’enfoncer son humeur vers l’agacement palpable, qu’elle contient, qu’elle musèle habilement derrière des dehors d’indifférence. Qu’est-ce qu’il veut, à la fin ? « Ca t’étonnerait tant que ça ? » C’est une vraie question pourtant elle aurait pu se parer de rhétorique tant l’imaginer avoir de quelconques rendez-vous qui ne soient pas professionnels devenait saugrenu - depuis combien de temps n’avait-elle pas d’existence privée dévoilée ? « Ou elle a vraiment cru te rendre service en t’envoyant n’importe où que près de moi ? » Le rire mi-amer mi nerveux n’est pas retenu, il lui échappe purement et simplement. « C’est de toi qu’elle parlait. » D’où le recul, d’où la fuite. Combien se pâment devant Roderick ? Il est loin d’être vilain physiquement. A l’époque, elle avait même pu lui trouver du charme. Et les chemins s’étaient brutalement séparés, elle n’avait plus vu en lui que le manque d’affirmation, de véritable prise de risque en ne disant pas non à un père envahissant.

« Ah, le voilà. » Nimue ignore ce qu’ils attendent et pourquoi ils le font. Elle ne sait pas pourquoi elle cède encore quand dix minutes plus tôt elle voulait l’éviscérer et envoyer ses tripes à l’ancêtre. « Tu vois ce type-là bas ? » Le regard fait une analyse rapide. Blond ou roux, elle ne sait pas vraiment le déterminer, trop âgé à l’évidence pour être du genre stagiaire, pressé. « Disons que s’il oublie combien il a envie d’aller parier, vendredi prochain, je réfléchirais à ce qu’on soit quitte, toi et moi, à propos d’Aymeline. » Les bras croisés, elle demeure silencieuse, lui refuse une réponse durant plusieurs longues secondes. Impossible de savoir si elle l’a écouté, si elle l'ignore, si elle accepte. Elle pourrait tout aussi bien contempler la décoration du hall. Il veut se servir de ses petits travers pour son bénéfice personnel. Elle devrait s’en aller, le laisser se débrouiller avec ses emmerdes, ça ne serait pas la première fois qu’elle se détache de situations avec une indifférence criarde. Quoique rarement avec lui, pas gratuitement, pas de cette façon. « Pourquoi ? » demande-t-elle finalement, avant de corriger presque aussitôt, réalisant que l’interrogation n’a de sens que pour elle. « Pourquoi a-t-il envie de parier et sur quoi ? Où et à quelle heure environs ? » Elle tourne légèrement le visage vers Roderick, sans perdre son attention sur cette cible toute indiquée. « En quoi cela a-t-il un lien avec toi ? » Déjà, les couleurs de la chevelure féminine se diluent et laissent place au brun profond, à ce noir qui allait si bien aux Carrow, avec lequel elle n’était pas née. « Ce n’est pas pour juger, si je le fais, je le fais bien ou je ne le fais pas. Pour modifier la mémoire, je dois obtenir les raisons de ce qu’il y’a à dévier. » Qu’il ne pense pas qu’elle veut le rouler, ce n’est pas le cas. « Dernière chose : je me fiche pas mal qu’on soit quitte. C’est une simple faveur en souvenir du temps où t’étais moins méprisant. » Avec elle, du moins.    

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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Sam 2 Déc - 15:16


Qu’elle apparaisse à Mulciber aujourd’hui, demain ou bientôt, il lui faut une solution à cette difficulté de plus en plus urgente. Nimue peut être tout ou partie de celle-ci. Tandis qu’elle s’échappait, l’éventualité a sauté à l’intelligence de Roderick qui, d’ailleurs, se satisferait tout aussi bien d’un refus de l’oubliator. Mais… pourquoi pas ? Lorsque, féroce, Nimue le tenait dans sa paume fermée, il a cru déceler un angle sensible, une anfractuosité, et le met aussitôt à l’épreuve. Le marqué est conforté dans son sentiment dès le moment où elle consent à l’écouter quand il lui serait facile de tourner les talons et d’imprimer une distance de plusieurs milles entre l’héritier de Kenneth et elle. Il est demeuré quelque chose de leur ancien… eux, encore qu’il faille déterminer si cela tient plutôt de la loyauté ou de la rancune.

Alors qu’il était à un souffle intempérant du pourquoi quoi, Roderick étudie longuement la jolie brune. Il ne croit pas qu’elle s’abstiendra de juger, de même qu’il n’a aucune confiance en elle s’il s’agit de conserver ses secrets. À l’inverse, il ne doute pas que ces informations soient indispensables à la réalisation qu’il demande. « Je serais moins méprisant si tu n’avais pas touché à la jolie mémoire de notre amie commune… » L’expression de Roderick est divisée entre un sarcasme si léger qu’il veut tenir de la plaisanterie et une haine profonde, qu’il ne peut contenir chaque fois qu’il se souvient d’Aymeline, ce fameux soir où elle a tout admis. Signe qu’il n’a, néanmoins, aucune intention d’en débattre encore, son attention se reporte sur le sorcier qui fend la masse inextricable du Ministère et file à travers elle.

« Il va y avoir un tournoi à Varna, en Bulgarie. » Roderick a retrouvé sa posture nonchalante, épaulé par le pilastre, et ses pupilles ne s’embarrassent pas de guigner les réactions de Nimue tandis que ses lèvres racontent d’un ton parfaitement plat. « De l’exhibition, surtout. Les juniors de la discipline à travers toute l’Europe… Et un duel avec ton serviteur. » Il plaque la paume sur sa poitrine mais ne s’attarde pas. « Ce brave, là-bas, s’appelle Thelonius Blake. Il représente beaucoup de mornilles qui font beaucoup de gallions, une sorte de bookmaker pour ceux qui se fichent de comment ils gagnent de l’argent du moment qu’ils en gagnent. Et il va parier sur moi. » Ce qui fera mécaniquement monter sa côte et baisser le ratio du duel. Or, Roderick a conçu des arrangements différents avec des partenaires aussi peu scrupuleux que lui. Surtout, il ne peut pas céder à une tricherie qui consisterait à perdre de son plein gré. Nimue Carrow pourrait régler ce problème. « Je ne peux pas savoir quand il va partir, il explique avec un haussement d'épaule, mais il est en chemin pour en demander l’autorisation. » Le Ministère ne peut pas surveiller les allers et venues de tous les sorciers britanniques. En revanche, ils peuvent dominer les déplacements officiels à des évènements officiels, et ça notamment lorsqu'il s'agit de déplacer des fonds ou des influences. Roderick se soumet, de facto, à ces obligations depuis qu'il est licencié en duel sportif, et quelques autres fois pour des affaires d'ordre diplomatique, ou quasi, pour la maison Mulciber (ce que, soit dit en passant, il fait de toute façon). « Alors... Tu vas m'aider ou non ? »
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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Dim 3 Déc - 15:47

Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.
« My idea of good company is the company of clever, well-informed people who have a great deal of conversation; that is what I call good company. »

I
l serait moins méprisant si elle n’avait pas touché à la précieuse mémoire. L’affirmation lui arrache un sourire en coin tandis que son regard analyse la foule agitée, toujours pressée, qui bouge au sein du Ministère. C’est Roderick, l’intrus de cette histoire. C’est lui à qui l’aveu a été fait, qui s’est perdu dans ces couloirs à la recherche de quelque chose de plus ou moins précis mais dont l’existence ne tourne pas autour des intérêts ministériels. Lui, il est un héritier, un fils au nom prestigieux, au sang trop pur, à l’avenir qui ne dépend plus tout à fait de ces murs là. Duelliste. Talentueux duelliste. Et si demain l’endroit implosait, son avenir n’en serait qu’à peine ébouriffé. Ses gallions, il les gagne ailleurs. « Je suis faible face à la tentation. » Malice qui ne prend pas la peine de se dissimuler. Faible face à la tentation de goûter aux souvenirs d’Aymeline, de savourer la soudaine impuissance du Mulciber qui n’avait eu que trop peu d’égards pour elle. Sa vie a elle lui avait glissé entre les doigts après qu’il n’ait plus été dans son paysage familier, après avoir perdu cette drôle d’amitié certes un peu malsaine mais.. c’était la leur et elle s’y était habituée. Familles ennemies qui se méprisaient sans nul doute parce qu’ils avaient d’indéniables points communs, les uns maquillés d’ombre, les autres de lumière. Et puis quoi ? L’immoralité quand même, les ambitions aussi. Aucun n’avait le ramage blanc dépourvu de taches de sang. Ils avaient faits de leurs enfants des outils plus ou moins dociles. Et ce qu’avait tant aimé Nimue chez Roderick, c’était sa façon de ne pas plier devant les rumeurs, de se vautrer tête la première dans ses caprices, ses envies soudaines - ce qu’elle, pauvre folle, n’avait pas su faire. Son seul refus s’était nommé Gringotts, elle s’était faite Oubliator pour ne pas devenir banquière ou vulgaire croqueuse de diamants au service de sa famille. Lui, il lui avait semblé plus libre, plus révolté, jusqu’à ce qu’il se soumette à Kenneth et qu’elle comprenne que, peut-être, il n’avait rien de plus qu’elle sinon la pureté. Et elle avait grandi, dérapé, loin du sillage d’un Mulciber, sans pouvoir rejeter la faute sur lui. Elle était finalement seule responsable de ses propres déviances. Peut-être que c’était cela : elle le détestait autant qu’elle l’appréciait, elle lui reprochait tout et rien, agissait avec indifférence et crachait sans mal son mépris pour lui, sans toujours le penser, trop indécise. Une seconde elle le trouve idiot, la suivante elle lui trouve une qualité. Risible.

Nimue écoute les explications du sorcier, lui accordant à peine un regard. Elle réfléchit tout en l’écoutant, en imprimant ses explications. En toute honnêteté, le monde des duels lui échappait. Elle ne s’y était jamais intéressée, n’avait jamais vraiment cherché à en décrypter les rouages, ça n’est pas son monde, trop médiatique sans doute. Avec ton serviteur, ça lui a arraché l’ombre d’un sourire amusé, qu’elle a bien vite effacé. « Alors... Tu vas m'aider ou non ? » La cible est retardée par la foule qui ne semble pas savoir dans quelle direction se mouvoir, qui l’oblige à contourner, éviter de se faire bousculer. Nimue n’a pas bougé, les bras croisés. Lorsqu’enfin elle se décide, elle pivote face à Roderick et la métamorphomagie fait déjà son oeuvre. La longue chevelure se fait carré plongeant blond comme les blés, les yeux bleus prennent une teinte verte et les traits du visage subissent une modification conséquente. Le reste de l’enveloppe charnelle suit. C’était douloureux, au début, mais à présent la jeune femme est capable de jouer avec cette particularité comme on change simplement de vêtements, sans en ressentir plus de souffrance que cela. Elle est plus grande, plus pulpeuse, soudain. « Je ne vais pas refuser un défi, trésor. » Elle a l’air plus jeune, pas plus innocente en revanche tant que c'est à Roderick qu'elle fait face. « Allons donc lever l’épine du pied du preux chevalier. » Un clin d’oeil et elle part se noyer dans l’agitation qui commence à se désengorger.

Sa démarche se fait pressée et elle place sur son nez des lunettes digne du cliché parfait de la secrétaire, simple accessoire. Elle avait toujours quelques petites choses dans une poche ensorcelée, pour parer à toutes les éventualités, à la nécessité de changer de rôle. Elle le heurte de plein fouet, le cinquantenaire en retard, si bien que la serviette en cuir rencontre le sol et glisse plus loin, provoquant les protestations de ceux qui manquent s’y prendre les pieds. « Oh ! Je suis.. je suis terriblement confuse monsieur ! » Elle se précipite vers le précieux objet pour le ramasser mais glisse à son tour, en se baissant, finissant ainsi à quatre pattes mais la main sur le cuir qui cesse enfin d’être bousculé par les diverses chaussures qui en rencontrent les angles. Un rire volontairement nerveux s’échappe de ses lèvres, parfaite petite comédie de gamine un peu superficielle et maladroite. Elle peine à se relever, la blonde, se remet sur ses escarpins, les joues roses, en tirant un peu sur la jupe du tailleur. « C’est mon premier jour, je suis complètement perdue. Vous sauriez où se trouve le département de la coopération magique internationale ? » Elle lui tend la serviette, poliment. « J’espère que vous.. me laisserez me faire pardonner ? » Tout ce dont elle avait besoin, c’était de détourner l’attention, chose faite dés l’instant où elle l’avait heurté, le reste de la conversation ne servait qu’à conserver une proximité suffisante afin de sceller quelques sortilèges muets. Être à son goût n’est qu’un bonus. Ne dit-on pas que, passé un certain âge, les hommes aiment à penser qu’ils font toujours de l’effet aux petites jeunes ? « J’m’appelle Nelly. Nelly Rice, si un jour ça vous dit, un café pour vous renouveler mes excuses. Mais vous avez l’air pressé, je ne vous retiens pas plus. »

Il a l’air un peu hébété lorsqu’elle tourne les talons, replaçant sa baguette dans la veste de son tailleur. De la blonde à la brune, il ne lui faut que quelques pas, elle modifie son apparence entre deux pilliers et retrouve Roderick en réapparaissant de l’autre côté, ses traits originels retrouvés avec sa longue chevelure trop blanche et ses yeux bleus. Elle retire les lunettes de son nez, les replace de sa poche. « Pas de sortilège d’amnésie, trop instable étant donné qu’il me manquait des éléments, en revanche il ne demandera pas les autorisations puisqu’il est persuadé de l’avoir fait avant que la petite secrétaire ne le percute. Il va se sentir désorienté quelques heures et Varna lui semblera, de façon inexplicable, la pire destination du monde jusqu’à ce que ce tournoi soit passé. On a parfois la sensation que se rendre quelque part fait naître un mauvais pressentiment, et bien lui, ça va le tétaniser. Basique mais plutôt efficace comme stratagème, en règle générale. » Elle se penche légèrement et souffle à son oreille, un sourire en coin. « Vendredi prochain, il aura terriblement envie d’avoir son café pour faire passer cette oppression soudaine. » Vile créature qui a remplacé l’envie de parier par une autre, bien moins louable.    

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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Jeu 7 Déc - 14:56


La métamorphomagie est fascinante, et mystérieusement érotique. Du moins l’est-elle sous les pupilles curieuses de Roderick. Ce n’est pas la première fois qu’il la voit faire et, néanmoins, un sourire plein et satisfait peinture sa bouche à mesure que Nimue se transforme. Il tient de l’enfant plus qu’autre chose. Un enfant gourmand, oui, et impatient de la façon dont on va pouvoir combler son caprice. Quand la jeune femme ne tient plus rien de celle qu’il connaît, Mulciber a tout de même un regain de perplexité. « Je ne m’y ferai jamais, dit-il, blasé. » À cette transmutation. À ce trésor qu’elle a aux lèvres. Au plaisir renouvelé de se trouver une complice dans les arcanes où on ne le pensait pas.

Roderick la regarde se mêler à la foule. Nimue est très douée à faire une chose très illégale, au vu et au su de tout le Ministère, du reste. De son côté, et sans les lâcher du coin de l’oeil plus d’une ramée de secondes, il jette son attention dans tous les recoins habituels. Il y a toujours foule de porte-baguettes, ici. Régime oblige. Ceux-là qui croisent ses sombres iris détournent volontiers les leurs. Pour le reste, l’héritier ne s’inquiète guère ; le traficotage de paris est une monnaie tellement courante chez les mêlés qu’elle est nécessairement un passe-temps chez les purs. L’argent rentrerait dans les caisses tout aussi loyalement, mais, ce faisant, où serait donc le plaisir ?

« Tu étais forcée de te mettre sur les genoux, bien sûr… fait-il à la seconde où elle réapparait près de lui. » Cette fois, son expression est vide de toute animosité. Roderick est… profondément amusé, et même touché qu’elle donne autant de sa personne pour des crapuleries pécuniaires. Il n’aura pas été le seul à ne rien manquer d’une spectacle et la mine déconfite de Thelonius, de l’autre côté du hall. « Même si tu ne lui as inspiré qu’un café, mâche-t-il chacune de ses syllabes, j’ai malgré tout l’impression de t’avoir prostituée. Et, étonnement, je n’en ressens pas la moindre culpabilité. » Il n’y a toujours pas une once de malveillance dans le timbre ou dans le sourire. Au contraire, Mulciber tend une poigne amicale en direction de Nimue. Il ne croit pas qu’elle a uniquement accepté un défi mais se retiendra d'en faire étalage.

« Un court séjour à Azkaban ne vous a pas suffi ?
- Oh, Jonathan, pivote Roderick en retenant le frisson à la base de sa nuque et le rempaçant par son air naturel et naturellement insolent.
- Je peux savoir ce que vous fabriquez ?
- Je discute avec une vieille amie. » Paume ouverte vers l'oubliator, il continue : « Nimue Carrow, la nièce de Judith. » Puis il retourne la politesse. « Jonathan Crespo. L'un des rares aurors à avoir réussi l'exploit d'une reconversion parmi les rafleurs. » Son rictus est ironique, de même que son ton, de même que toute sa gueule.

Il est de notoriété publique que Jonathan Crespo déteste viscéralement Kenneth Mulciber, en raisons de différends à la guerre qu’aucun des deux n’explique jamais. Et, il y a deux ans de cela, Jonathan s'est fait un plaisir d'imposer un Incarcerem au fils de celui-ci. Roderick ne lui a toujours pas pardonné la contention inutile et cruelle mais se satisfait ô combien, en revanche, que son géniteur mette perpétuellement ledit rafleur en échec. Rien n'excède davantage le mêlé que les privilèges, acquis sur des cadavres, et les facilités dévolues aux enfants de meurtriers de toutes les espèces. Il devient donc évident qu'il a vu Nimue procéder ou que, les observant, il soupçonne quelque chose.

Sans s'affecter d'être prudent ou brutal, Jonathan écarte la main que Roderick pointait sans trêve vers lui. « Très amusant, Mulciber. Je vous ai posé une question, il persiste. » « Je crois que c’est une enquête, souffle-t-il, railleur, à sa comparse. Doit-on tout de suite descendre dans les petits cages du deuxième étage... ? » « Tu les connais bien. » Une ombre, mauvaise, traverse le visage de Crespo et une autre, pleine de rage, lui répond dans les traits soudain contractés de Roderick.
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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Ven 8 Déc - 0:30

Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.
« My idea of good company is the company of clever, well-informed people who have a great deal of conversation; that is what I call good company. »

«
 Tu étais forcée de te mettre sur les genoux, bien sûr… » La malice ne s’efface pas, comme si soudain un éclat de vie renaissait au sein de ce qui était mort longtemps auparavant. La trop sérieuse ose à nouveau s’amuser, le temps d’une parenthèse. Une parenthèse qui ne devrait pas exister, elle le sait, elle n’oublie pas la déception, la colère et l’amertume. Elle lui laisse pourtant cette occasion, comme si elle n’avait jamais disparu de son paysage, comme s’il n’avait jamais tourné le dos pour obéir à son père. « Même si tu ne lui as inspiré qu’un café, » Un café noir, un café fort, un amer qui reste longtemps sur la langue, pour qu’il n’oublie pas ce rendez-vous. « j’ai malgré tout l’impression de t’avoir prostituée. Et, étonnement, je n’en ressens pas la moindre culpabilité. » La main rencontre la sienne, sans animosité ; c’est un peu étrange. « J’ai toujours été consentante et tu le sais. » Le double-sens s’extirpe de la bouche sans hésitation, le sourire en coin s’amuse de l’ironie : que diraient leurs pères, à les voir, les entendre ? Mais au royaume des Carrow, Nimue ne garde que peu de comptes à rendre, désormais. Qu’elle suive le chemin tracé par le Lord, qu’elle veille à ne pas trahir la cause, c’est ce qui importe. C’est ce qui l’étouffe, aussi, d’essayer d’être digne d’eux sans jamais avoir le sentiment d’y parvenir. Au royaume des ombres, elle se sentirait presque étincelle désireuse d’épouser les interdits. « Je pourrais presque tenter d’oublier que tu es un véritable petit con. » Délicatesse qu’elle ne peut poursuivre, interrompue.

« Un court séjour à Azkaban ne vous a pas suffi ? » Elle se tourne, surprise que quelqu’un s’impose de la sorte. Y’avait-il encore de bons samaritains qui ne soient pas corrompus, à l’époque où ils vivent ? Elle en serait étonnée. « Je peux savoir ce que vous fabriquez ? » Il s’appelle Jonathan. Et tandis que Roderick retrouve son visage de parfait héritier forgé d’insolence, Nimue demeure silencieuse observatrice. Elle perçoit la tension palpable entre les deux, devine que les présentations ne sont que ces formalités de politesse sociale seulement utiles afin de laisser glisser dans le timbre quelques charmantes moqueries. Ca ne manque pas, l’Auror reconverti n’est pas des plus beaux compliments. « Très amusant, Mulciber. Je vous ai posé une question, » Toujours frappée de mutisme, Nimue fronce les sourcils. Qu’est-ce qui justifie d’insister à ce point ? Même en admettant que détester Kenneth soit un motif valable, le fait est que Roderick n’avait rien fait. « Je crois que c’est une enquête. Doit-on tout de suite descendre dans les petits cages du deuxième étage... ? » « Tu les connais bien. » On aurait pu la croire invisible face à ces deux mâles contrariés, trop proches à son goût d’un duel entre deux lions trop arrogants. Elle savait disparaître mais n’en avait aucune envie, pas sur ce coup là. Si quelqu’un devait faire payer ses âneries à Roderick, ce serait elle d’abord, l’autre ensuite, sans négociation possible. Elle semble se redresser, se parer du ramage sombre de ceux qui portent son nom, le regard bleu venant percer celui du dénommé Jonathan. « Votre enquête, quelqu’en soit la raison, ne peut freiner les recherches. » Le ton est assuré, professionnel, peut-être un peu mordant sur les angles quand elle offre un sourire plein d’une hypocrite politesse « Je suppose que vous ne pouvez pas être informé de tout, n’est-ce pas ? Roderick m’a indiqué une piste concernant les phénomènes qui touchent actuellement nos défunts. » Les Revenants. Cette section de recherches dont elle évitait de parler, dont elle n’avait pas pour habitude de se servir. C’est à peine si elle l’évoquait auprès de sa famille, d’ailleurs, parce que c’était un de ces choix pour lesquels elle n’avait pas demandé leur avis, pas réclamé leur bénédiction : c’était sa fascination, son problème. « Nous ne devons pas inquiéter la population et il est hors de question que vous veniez faire échouer la récolte d’un témoignage pour une mésentente personnelle. » Nimue n’a peut-être pas la Marque des Ténèbres sur le bras mais elle connait les rouages du système, l’absence de tatouage n’ayant pas pour raison le manque de loyauté ou un dévouement jugé défaillant mais véritablement son don en lui-même, que la magie ne devait pas perturber, que le serpent ne devait pas rendre reconnaissable au milieu de brebis ennemies. Elle savait quelle était sa place et elle savait quelles relations elle pouvait faire jouer - mieux encore, elle savait qui il valait mieux défendre, qui ne pas froisser. Roderick était, à cet instant, plus important que le rafleur. « Si vous le désirez, je peux aller immédiatement faire part à la hiérarchie de notre petit différend. J’aime avoir des sources fiables, voyez-vous et si vous devenez soupçonneux, personne n’osera plus nous signaler ni les phénomènes anormaux ni les témoins qui le dissimulent. » Le mensonge coule avec aisance, comme une vérité indéniable alors même que l’échange avec Roderick ne concernait absolument pas ses recherches. Elle avait appris à mentir en même temps qu’elle avait appris à changer d’apparence, à porter un autre visage, une autre peau, à manipuler. Si Jonathan n’aime pas les privilégiés, il est assez évident que ce drôle de duo là doit avoir quelque chose d’un brin irritant, quand l’échec est plus souvent présent que l’auréole de gloire.    

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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Mar 12 Déc - 0:36


L’animosité entre les deux hommes est tellement palpable que certains badauds se retournent sur eux. Roderick n’est pas sensible aux flux et reflux d’attention, bien qu’il n’ait aucune gloire à tirer de ces circonstances. Jonathan, en revanche, est déjà plus nerveux, indisposé par les regards qui s’attardent et le temps qui s’écoule. Sur ce terrain, ils ne jouent pas à armes égales et c’est la raison pour laquelle il tâche d’échauffer Mulciber. Une moindre réminiscence du traitement infligé forme déjà son prodigieux effet. Le malaise va avec la mémoire et, pendant une poignée de secondes ramassées, Roderick distance son présent. Le seul motif pour lequel, peut-être, il ne tuerait pas Slughorn à nouveau serait son incarcération. Le souvenir est douloureux, très vif et cependant vautré derrière des épaisseurs confuses d’autres fragments. Comme il bat des paupières pour se rappeler la discussion et le cadre qui la flanque, l’héritier est surpris d’entendre la voix de Nimue. Plate. Ferme. Méthodique. À son expression, le rafleur ne s’attendait pas non plus à ce qu’elle dise quoi que ce soit quand, de toute évidence, l’affaire ne la concernait pas (et, en dehors du fait que Jonathan Crespo la soupçonne d’avoir commis une chose pour Roderick Mulciber, rien de tout ceci n’est à propos d’elle). « Quelles recherches ? » Le mêlé traduit parfaitement la pensée du pur. Ce dernier est le premier glacé par l’évocation des revenants, cependant que sa figure tient son arrogance habituelle et son aplomb de naissance. Plusieurs fois, Jonathan le sonde à la lumière des mensonges que l’oubliator tisse devant eux. « Une mésentente personnelle, répète l’homme avec moitié du dégoût et moitié de l’ahurissement. » C’est un tel euphémisme qu’il crève d’envie de la reprendre ; il lui exposerait tous les griefs qu’il nourrit contre les Mulciber, et ceux-là de son espèce. Les Carrow eux-mêmes en auraient au moment du décompte. « Laisse tomber, soupire Roderick. Il va préférer sa petite croisade à l’intérêt supérieur du Régime… » Le mangemort s’est déjà détourné, l’air de vouloir emprunter n’importe quel ascenseur qui leur fera démêler qui de qui a raison là-dedans. Pourtant, Jonathan, qui hésitait déjà à se complaire dans ce marasme très public, quasiment théâtral, piétine face à Nimue. Il estime la valeur de ses dires – qui font un mensonge très convaincant pour ceux qui ne portent pas la Marque et n’en approchent pas. L’ennui pour Jonathan Crespo, c’est qu’il était auror, jadis, et que tout écart de comportement, à l’encontre du Seigneur des ténèbres ou de ses partisans, fût-ce à raison du droit commun, est susceptible d’être perçu comme une résurgence de ses allégeances passées. Il ne prendra pas le risque d’être soupçonné de trahison, pas sur l’intuition que Roderick a commis un forfait très futile en comparaison de la recherche sur les revenants. « Très bien, lâche le rafleur avec tellement d’amertume qu’elle pourrait se toucher. Je suppose que nous avons tous les mêmes priorités, Miss Carrow. » Il glisse un regard furtif en direction de Mulciber (qui n’est pas revenu vers eux) sans non plus l’accuser plus avant de le protéger. « Je vous souhaite une bonne journée. » En dépassant son adversaire, Jonathan articule une menace silencieuse que l’autre n’a besoin de déchiffrer. Un jour ou l’autre, Crespo se fera un plaisir de le balancer, une autre fois, dans une cellule du Ministère, en s’assurant que ce sera pour de bon.

« Je suis impressionné. » Après s’être assuré que le rafleur était hors de portée d’écoute, Roderick se plante près de Nimue, un vague sourire dans la carne de la bouche. « Tu mens aussi naturellement que si tu avais le sang-pur. » Où il y a d’ordinaire du mépris, Mulciber laisse filtrer une pointe subtile d'admiration, cela à dessein d’ajouter : « Et tu as menti pour moi. » Ce qui excède nettement le défi (encore qu’elle se soit protégée en écartant les suspicions d’un rafleur). S’il n’a guère aimé le moyen, Roderick est forcé de reconnaître qu’il est terriblement actif. « Je suppose que je te suis redevable, à présent. » Il n’aura fallu que ces quelques moments chapardés pour qu’il soit satisfait de l’être. Nimue lui a manqué, bien qu’il n’y pensait pas. Il lui en veut toujours, car rien ne pourra remplacer les souvenirs auxquels il tenait tant, furent-ils dans la mémoire de quelqu’un d’autre, mais sa rancune ne répond pas de la totalité de ses sentiments.
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Sujet: Re: Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.   Mar 12 Déc - 13:29

Ce n'est pas la victoire que je voulais mais la lutte.
« My idea of good company is the company of clever, well-informed people who have a great deal of conversation; that is what I call good company. »

L
es Carrow sont jugés, montrés du doigt par les uns, enviés par les autres, méfiés parfois. Ils ont ce charisme dérangeant dont rien ne semble pouvoir les défaire. Nimue, en revanche, doit à son don le talent certain de changer de peau, d’adopter des attitudes différentes. Elle n’extirpe de l’obscurité ses origines que lorsqu’elle est elle-même, lorsqu’elle choisit d’assumer son nom et tout ce qui va avec. Alors oui, elle est soudain la menteuse née, l’hypocrite qui joue de ses connaissances en matière de relations sociales importantes. Les Carrow en seraient-ils là où ils en sont si ils n’avaient pas poussé le vice à étudier ceux qui aiment briller, ceux qui savourent les reflets de la gloire, les fragrances de la reconnaissance ? « Je vous souhaite une bonne journée. » Un hochement de tête poli s’adresse à l’auror reconverti, dans la veine de ce que leur société exige : la soumission au régime et la préservation des apparences. Vaste farce. « Au plaisir, monsieur. » Et il ne faut guère longtemps avant qu’à son tour Roderick réapparaisse, éloigné un peu plus tôt par l’agacement ou ce petit quelque chose de cinéma qu’ils ont offert là. « Je suis impressionné. » Nimue est encore occupée à observer les allées et venues des divers sorciers dans la pièce. Le Ministère lui fait trop souvent l’effet d’une ruche pleine à craquer. « Tu mens aussi naturellement que si tu avais le sang-pur. » Elle tourne le visage vers lui, cherchant la moquerie ou le revers de lame mais il ne donne rien de tout cela, comme si pour une fois ses mots n’étaient pas là pour blesser. « Et tu as menti pour moi. »

Le ‘Pfff’ est presque audible dans sa façon de hausser les épaules et de détourner les yeux de lui. Etait-elle prête à avouer une telle chose ? « Je n’ai rien fait de tel. » Et elle ment si mal, cette fois, sans la conviction précédente. Bien sûr qu’elle l’a fait pour lui. Evidemment qu’elle ne s’en est mêlée que parce qu’il s’agissait de cet idiot, dans le cas contraire elle aurait simplement tourné les talons, à peine concernée par les reproches. Qu’est-ce que des démêlées avec un rafleur, après tout ? Rien qui ne puisse s’arranger à l’amiable. Rien qu’elle ne puisse justifier de la même manière mais dans des circonstances moins périlleuses. Si Roderick avait laissé voir une quelconque surprise, ils auraient été faits, l’un comme l’autre, pris la main dans le sac. Ne pas s’interposer et s’effacer aurait été une solution à la fois plus sûre et plus proche de ses habitudes. « Je suppose que je te suis redevable, à présent. » Elle est si souvent intéressée et prévoyante qu’on aurait peine à ne pas croire qu’elle attend quelque chose en retour. Au fond, elle ne savait pas si elle attendait réellement un retour pour ce mensonge. Probablement pas. Il n’était pas dans son intérêt que Roderick se fasse coffrer, tout simplement, de façon assez générale. « Si tu tombes, Mulciber, sur qui vais-je râler ? » Elle peinait à se souvenir de la raison qui les avait fait s’approcher, la première fois. L’interdit ? Le hasard ? L’ennuie ? Toujours est-il que Roderick lui avait manqué. L’occupation qu’il avait longtemps représenté manquait à son quotidien trop morne. Il n’était pas de ces amants passagers et insipides qu’elle prenait et jetait, sans leur laisser le loisir de la victoire, d’une quelconque mémoire à partager. Il était différent des autres, quoique bien plus arrogant et méprisant que la plupart de ceux qu’elle choisissait pour une nuit. « Ton père avait raison. » Et Diable que ça lui arrache la langue de l’exprimer. « Je t’en ai voulu d’avoir plié si facilement mais de toute évidence, on a une forte tendance à faire absolument n’importe quoi lorsqu’on se trouve à proximité. » Un sourire en coin vient orner ses lèvres, presque amusé. Leurs jeux d’autrefois étaient stupides mais ils ne se faisaient de torts qu’entre eux, du moins au début. Les années passant, la spirale aurait pu s’aggraver, la roue ne jamais cesser de tourner. Les billes bleues se posent sur deux jeunes femmes qui gloussent, non loin, elle les entend, constate que leur centre d’intérêt n’est autre que l’héritier. Il ne lui en faut pas plus pour lever les yeux au ciel. La main de Nimue presse le bras de Roderick, l’entraînant vers ces ascenseurs qu’il faisait mine de vouloir prendre un peu plus tôt. « Certaines choses ne changent vraiment pas, avec toi. » Et elle semble aimer la discrétion plus encore qu’autrefois, rapidement agacée par celles qui sont si expansives, si peu dérangées par le fait d’être vues à lorgner sur un homme ; ces petits détails de la vie dont elle ne sait rien faire, trop sérieuse et distante. Voilà cinq ans qu’elle ne s’amuse plus sincèrement, que son univers n’est que travail et vague à l’âme. Et même de ses aventures, elle ne s’amuse pas, sans passion, sans avenir. « Un verre et on est quitte ? » Le prix de son aide est bien bas, ça lui importe peu. Elle n’est pas si vénale, quand elle veut. « T’as été.. une sorte d’ami et même si on ne s’entend sur presque rien, je ne te refuserais pas un coup de main. Disons que c’est pour tout ce temps où tu m’as pas regardé comme une poupée désincarnée. » Comme il le fait trop souvent avec tant d’autres.    

©️ Starseed
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