don't go breakin' my heart. (anthorias)

Ce n'était qu'une question d'apparences, de provocation. Avec son rictus moqueur, Zacharias lançait parfois des petits coups d’œil à ses congénères du bar. Il savait que tous se posaient une seule et même question, celle qui leur brûlait les lèvres ; qu'est-ce qu'un Skeeter branle ici ? Lui-même ne le savait pas. Il avait juste cet alcool de mauvais goût, qu'il buvait avec une extrême lenteur, son visage se déformant de grimaces après chaque gorgée bue. S'il s'infligeait une telle horreur, c'était parce qu'il voulait qu'on le laisse tranquille, seul, inconsciemment. Il se demandait qu'est ce qu'il aurait fait à cette heure-là, trois mois plus tôt. Sûrement qu'il aurait été sous des draps, partagés avec Anthonin. Il se mordilla la lèvre, constatant qu'il devenait avec effroi le cliché des cœurs brisés. Il n'avait pas besoin de lui, il était jeune, plutôt mignon, libre et il pourrait aisément avoir qui il voulait, s'il faisait un effort. L'utopiste préférait plutôt la complication, les mèches blondes et plus matures que les siennes. Il aimait le danger, et ce qu'il espérait, c'était de pouvoir s'y confronter. Avalant une autre gorgée, il s'était demandé pourquoi il n'avait pas investi dans plus de mornilles pour avoir une boisson bien plus potable que celle qu'il buvait. Boire une bière nommée Pisse de Troll devrait plutôt être interdit. Et même s'il n'était pas proche de son argent, l'idée de gaspiller quelque chose qu'il avait acheter l'embêtait. Cependant, ses légers tourments se dissipèrent lorsqu'il vit un visage familier entrer dans le bar. Ce n'était décidément pas sa journée.

Anthonin Selwyn. Enfin, quelqu'un d’intéressant, et autant être franc, d'agréable à regarder. Le voir dans le même lieu venait de le faire bouillir de rage, de colère, de tristesse. Toutes ces émotions négatives qui jaillirent telle une lave d'un volcan en éruption. Instinctivement, il se leva et se dirigea vers lui. Il se fichait du regard des autres, tous bien trop occupés à leurs occupations et il se saisit du poignet du blond, venant l'entrainer rapidement dans le couloir annexe. « Tu peux me dire à quoi tu joues ? » Il se doutait qu'Anthonin ne comprendrait pas ses dires équivoques. « Ton but, c'est de me faire du mal, c'est ça ? Déjà, tu m'plantes avec des excuses bidons et ensuite, tu t'décides de te fiancer avec une de mes proches. »

J’avais des choses à faire, des histoires à régler. Pourtant, j’ai l’impression que rien ne s’arrange, encore moins lorsque je sais que, bientôt, je serais enchaînée à une femme dont je ne suis absolument pas amoureux. Mais la vie est ainsi me dit-ont. Je n’ai pas le choix, n’ayant pas encore trouver la femme que j’allais épouser. Sauf que voilà, mes parents ne savent pas, ils ne comprennent pas que mon cœur a été meurtri à deux reprises. Seraphyne, Zacharias, deux personnes différentes, semblables, des sang-mêlé. Honte de la famille, j’ai dû me résoudre à tuer la première, à quitter le second pour sa propre sécurité. Il ne le sait pas, ayant été exécrable avec lui lors de notre rupture, mais moi, je sais une chose, c’est que mon cœur s’est définitivement brisé ce jour maudit. Poussant un long soupire, je me décide à aller boire un verre, juste pour éviter, retarder de rentrer. Je préfère rester dehors, volant d’endroit à endroit, cherchant du réconfort ou je le peux. Peut-être ne finirais-je pas seul ce soir ? Peut-être trouverais-je quelqu’un pour me tenir compagnie et me faire oublier mes rancoeurs, mes tourments, mes peines. Je sais que ça ne sera que passager, que momentané, mais au moins, j’oublierais l’espace d’une heure ou deux. Ouvrant la porte du bar, je sens la puanteur des lieux et grimace, me demandant si rester ici est une bonne idée. Je vaux bien mieux que ça, que ce bar puant, que ces trolls, qui cuvent dans leur coin ou encore, qui murmurent quelques secrets au creux de l’oreille de leur voisin. Mais j’ai soif. Pour boire, je n’ai pas besoin de me mélanger aux autres sorciers à la laideur repoussante…ce n’est aisément pas ici que je vais trouver quelqu’un pour partager un lit ce soir.

J’avance calmement lorsque quelqu’un m’attrape, me tirant vers le couloir annexe. La rage au ventre, je suis prêt à balancer mon poing à la gueule de ce jeune homme, du moins, avant de le reconnaître. Ma gorge se serre, mon cœur se fend. Zacharias. Que fait-il ici ? Je n’en sais rien, mais le revoir semble me tuer à petit feu, comme si quelqu’un s’amusait à serrer mon palpitant encore et encore. Sa question, elle me fait hausser un sourcil, mes traits restant froids, restant neutres. Il ne doit pas savoir ce que je ressens, ce que j’éprouve, c’est hors de question. Ses autres paroles me font soupirer. Je détourne les yeux, passant une main dans mes cheveux. « Mon monde ne tourne pas autour de toi Zacharias…Je suis fiancé parce que je le devais, mes parents l’ont choisie, pas moi…Puis, ce n’était pas des excuses bidons, alors la prochaine fois que tu m’attrapes comme tu viens de le faire, je t’égorge sur place… » Je dois me montrer méchant, exécrable, je n’ai pas d’autres solutions. Pourtant, je ne rêve que d’une chose, le prendre dans mes bras, le serrer contre moi, sentir de nouveau sa chaleur m’envelopper… Malheureusement, je refuse de le mettre en danger.

Le paradoxe germait en lui. Le voir, l'avoir près de lui, en face, ses lèvres à quelques mètres des siennes le rendait euphorique, le galvanisait. Or, de l'autre côté, il y avait toujours cette colère qui rôdait en lui, cette tristesse, cette frustration d'être blessé. Pourtant, il l'avait toujours prédit, qu'entre eux, leur fin serait tragique, qu'ils ne pourraient pas être heureux dans cette situation actuelle. Une part de lui désirait simplement la contradiction, l'espoir enfoui au fond de lui. Il ne s'attendait pas à ce qu'Anthonin l'accueille les bras ouverts, il avait prédit le rejet alors lorsque le Mangemort le regarde d'un air colérique, la voix rocailleuse, il se renfrogna instinctivement. Il se retenait de pleurer, de lâcher une larme, il préférait adopter une attitude renfermée, répondant tout simplement dans la provocation ; « Vas-y, je t'en prie, égorge-moi, t'as l'air bon à torturer les gens. » Zacharias avait toujours eu ce côté insensé, dangereux parce qu'il n'avait pas peur de la mort, en soit. Dans ce genre de contexte, comment pouvez-vous espérer vivre lorsque chaque jour, les morts s'amassaient ? Si un jour, il mourrait, c'est parce que c'était ce jour-là et pas un autre. « Ce n'était pas des excuses bidons ? Parce que du jour au lendemain, ça te dérange de te taper du Sang-Mêlé. A d'autre steuplait, j'ai beau avoir un sang inférieur au temps, je pense que pour l'intelligence, les choses se sont inversées. » Il détourne le regard, il a une simple envie : l'embrasser, sur sa bouche, plus bas, beaucoup plus bas, et il pourrait sauter sur lui, s'abaisser et s'accroupir mais il ne le fera pas, pas ici, pas maintenant.

« T'avais mille excuses, du genre que tu tapes un autre mec, genre un Sang-Pur, ou ton cousin, ou j'sais pas... » Il cherchait un fond de vérité la-dedans, il cherchait à ce qu'Anthonin soit enfin honnête avec lui mais avait-il encore une fois trop d'espoir pour que cela arrive ? Il y avait des chances. Cependant, dans un dernier élan de provocation, il le plaqua contre le mur, une main venant se loger contre son pantalon, à l'endroit de son entrejambe. « On le sait tous deux ; y'a que moi qui te procure un effet aussi intense. » Le regardant droit dans les yeux, avec un regard ferme, presque malicieux, il tentait d'obtenir un semblant de réaction spontanée.

Cœur en souffrance que de voire l’être tant aimer devant moi, me lacérant les entrailles, lui que j’avais tant désirer oublier, que j’avais souhaité protéger. Je ne peux pas retomber dans ses filets, je ne peux pas prendre le risque de le voire de nouveau me sourire alors que notre cause est perdue. Mes parents avaient fait en sorte que je tue Seraphyne, je ne peux pas imaginer lui faire subir un tel sort, je n’y survivrais pas, car tel est la vérité. Deux années…Il avait fait bondir mon palpitant, l’avait de nouveau fait ressentir un amour si fort, que je m’étais surpris à être heureux, bien que sans cesse sur mes gardes, sans cesses emplis de tourments et de peurs. Provocation, il joue sur mon métier, sur ma façon de vivre et je ne peux aisément pas l’en blâmer. Pourtant, il devrait savoir que jamais je ne lèverais la main sur lui, qu’une chose pareille n’est pas envisageable, ne m’est pas tolérable. « Arrête de jouer les durs ! » Pestais-je furieusement, les yeux brillants de cette amertume, dissimulant mes émotions bien plus difficiles à gérer. Il a raison, mes excuses étaient fausses, mes raisons n’étaient pas réelles. Je n’avais jamais regardé au sang, pas lorsque mon cœur dictait mes actes. Seraphyne était une sang-mêlé, Zacharias aussi. Impurs, ils n’en valaient pas moins que moi, moi de sang pur, j’avais aimé ces deux personnes d’un amour inconditionnel. « Mon cousin ? Et après tu dis être doté d’une certaine intelligence… » Ricanement mauvais, je tente de garder la tête haute, de ne rien montrer. Et pourtant, cette proximité me met dans un état non négligeable. La chaleur m’enveloppe, mon corps frisonne, mon palpitant se met à battre bien trop rapidement face aux souvenirs de nos corps blottis l’un contre l’autre.

Main qui s’égare à l’endroit de mon entrejambe, venant se poser sur cette bosse qui commence déjà à se faire ressentir face à cette proximité. Je me crispe, tente de ne pas fermer les yeux, tente de ne pas apprécier ce simple contact. C’est perdu d’avance. Il a raison, il me procure une sensation que je ne peux nier, que je ne peux effacer d’un coup de baguette magique. Je tente d’avaler ma salive, peine perdue, je ne peux même pas retenir un léger soupire qui vient s’échapper de mes lippes. « Arrête… » Murmurais-je légèrement, pris d’assaut par des pulsions que je tentes de contenir, de renier alors que je serre les poings, enfonçant mes ongles dans ma paume, cherchant à me raccrocher à cette douleur plutôt qu’au plaisir qui me ronge, qu’a l’envie qui grimpe subtilement, malicieusement, tel un venin mortel qui causera ma perte. « Zacharias, lâches moi, tu as trente secondes pour retirer ta main… » Sinon quoi ? Je n’en sais rien, je suis incapable d’en dire plus, de parler davantage. Je me sais faible sous ses doigts, je me sais complètement faible sous son regard, comme un abruti incapable de tourner la page et de se tenir à ses bonnes résolutions. « C’est terminé entre nous tu m’entends ? Je suis fiancé, que ça te plaise ou non. » Nouvelle excuse bidon, je ne l’aime pas, elle, l’infidélité n’est pas une chose que je vais regretter…Mon cœur n’est pas épris, pas comme il l’a été avec lui, ou Seraphyne, pour qui j’étais d’une fidélité à toute épreuve. Mais elle…non…

Zacharias tentait de garder un visage fermé, renfermé alors qu'intérieurement, tout se fissurait lentement. Il le sentait s'échapper, il l'avait perdu mais il avait la possibilité de l'enfermer entre ses doigts, mais Anthonin est plus fort, il glisse, s'évapore de sa main et il le perdra encore une fois, peut-être même définitivement encore. Le Mangemort le somme d'arrêter, à deux reprises, il veut qu'il le lâche, il souhaite notamment qu'il enlève sa main de cette partie de son pantalon. Comme il le disait, trente secondes pour enlever sa main. L'idée d'accentuer son geste, de passer sa main sous le tissu de son pantalon, sous même 'l’élastique de son sous-vêtement avait traversé son esprit. Pourtant, il avait l'amère impression d'être au bord de l’exécution d'un viol, ni plus ni moins. Violer un Mangemort, s'il aurait cru ça un jour. Et pourtant, le Selwyn n'était pas né Mangemort, il l'était devenu, il était avant tout un être humain avec ses désirs, ses choix. Le plus jeune espérait pourtant cette chose ; qu'il le désire, lui, qu'il le choisisse, lui, qu'il veuille de nouveau qu'ils s'embarquent dans cette folle aventure, là où ils s’enfournaient dans les draps, cachés de tous.

Instinctivement, il décida quand même de le lâcher, répondant à une dernière provocation, lâchant d'une voix plus basse « Cela en devenait... dur. » Il a envie de lâcher un rire narquois, mais son visage restait toujours autant sombre, ses yeux emplis de désespoir. « J'en connais des hommes fiancés, mariés qui trompent leurs promises. » Implicitement, il lui suggérait l'idée d'une vie future où il ne serait pas emprisonné à Lavinia. De toutes façons, ce n'était pas comme s'il y avait un risque de naissance de bâtards entre eux deux. C'est terminé. Ses mots le faisaient souffrir, autant que la première fois qu'il les avait entendues. Il ne pouvait s'y résoudre, c'était plus fort que lui. Il sentait seulement une larme s'échapper de son œil droit, s'écoulant sur sa joue. Instinctivement, d'un revers de main, il s'assura qu'elle disparaisse. Anthonin ne méritait pas une larme. « Si tel est ton choix... je suis bien forcé de le respecter. » Son ton était rempli d'amertume, tant il avait envie de goûter encore une fois à ses lèvres. Il replongea son regard dans le sien, ne sachant plus quoi dire. Pouvait-il encore le quitter ? Partir comme ça, à la fin d'une entrevue. Soudainement, il dressa son poing, prêt à le frapper, à le marquer de son crochet du droit afin qu'un cocard se dessine sur l'un de ses yeux mais il n'arrivait même pas à aller jusqu'au bout, son poing s'arrêtant dans sa lancée. Pourquoi exposait-il ainsi sa faiblesse à son ennemi, à son amant. Le lâchant, il baissa le regard, déclarant d'une voix triste « T'as qu'à me lancer un Oubliettes, histoire de faire en sorte que j'oublie ta sale gueule de.... » Il n'arrivait même pas à finir sa phrase.

Je ne peux pas me permettre de sombrer, de le laisser prendre du terrain. Je ne peux pas le laisser prendre le dessus sur moi, réveiller des sentiments qui m’ont dévoré, qui m’ont brutalisé. Oui, je refuse tout ça, pourtant, cette proximité ne m’aide pas à tenir bonne contenance. Je tente de garder la tête froide et ce, malgré sa main posée sur cette partie bien trop sensible à son toucher. Il a trente secondes pour me lâcher, pour s’éloigner, sinon…sinon et bien, je ne sais ce qui pourrait se passer. Il en faudrait de peu pour que je succombe. Un frôlement, un baiser, une caresse plus appuyer. Je ne suis qu’un faible face à ce cœur martyriser. Heureusement pour moi, Zacharias semble ne pas remarquer mes propres faiblesses, finissant par ôter sa main, me libérant de cette emprise. Mon cœur rate un battement, je me retiens de soupirer de soulagement. « Très drôle… » Grognais-je face à son jeu de mot, l’observant avec cette froideur évidente, masque de mes propres émotions, je veux qu’il me déteste au point qu’il ne puisse plus me regarder, m’observer, m’aimer…C’était là mon but ultime, qu’il cesse de m’aimer, ça en sera tellement plus facile pour lui. Paroles véridiques, je connais également beaucoup de ces hommes, je suis ce genre d’hommes. Mes fiançailles ne m’ont pas arrêtées, alors qu’encore aujourd’hui, j’arpentais les auberges en bonnes compagnies parfois féminines, parfois masculines. Mais ça, il ne doit pas le savoir, il ne doit pas s’en douter…Il doit juste oublier et accepter le fait que ça soit terminer et ce, même si mon cœur, à l’heure d’aujourd’hui, souffre de son absence que je me suis moi-même infliger. Les choses sont différentes, trop dangereuses, je cherche à le préserver de ce tragique destin qu’il subira si nous continuons.

« Ils ne portent pas mon nom et sont encore moins des Selwyn, chose que je ne peux me permettre sans voire ma famille se déchaîner… » Vulgaire tentative pour lui faire comprendre les véritables raisons de notre rupture, sans pour autant lui dire clairement les choses. Il s’éloigne, m’annoncer que si tel est mon choix, il le respectera. Cette larme, elle me fait me crisper, me donne envie de me gifler mentalement. J’ai beau avoir des allures froides et neutres, Zacharias est l’une des rares personnes que j’ai véritablement aimées. Oh oui, il avait mon cœur, mon âme, me réapprenant ce que l’amour signifiait vraiment. « Zach… » Murmurais-je comme une plainte, sauf que voilà, son poing se lève et je ne bronche pas. J’aurais pu le stopper sans grands soucis, j’aurais pu le retourner, le plaquer contre le mur et lui faire mal, véritablement…mais je n’en fais rien. « Va y frappe si c’est vraiment ce que tu souhaites ! » Dis-je froidement, plongeant mes iris dans les siennes, le provoquant d’aller jusqu’au bout, chose qu’il ne fait pas. Bras qui se baisse il me demande d’effacer ses souvenirs de nous, qu’il veut oublier ma sale gueule. Ma gorge se serre et je ferme légèrement les yeux, essayant de trouver mon souffle, les mots. En était-il arrivé là ? A souffrir à la simple pensée de mon visage ? Pourquoi s’obstinait-il ? « Je peux pas… » Dis-je simplement, murmure fébriles, ignorance étrange, confession violente. Je refuse de lui effacer la mémoire, simplement parce que je ne peux pas imaginer qu’il puisse m’oublier, nous oublier. « Je ne veux pas que tu oublies…parce que je ne veux pas être le seul à me souvenir. » Dis-je en ouvrant de nouveau les yeux, le cœur au bord des lèvres. « Je refuse de t’oublier Zach. »

S'il n'y avait bien quelque chose dont Zacharias avait peur dans ce monde, c'était bien la tristesse liée à la solitude. Souffrir, continuellement, sans jamais pouvoir s'arrêter. Il avait la force d'aller se sacrifier, d'aller à la rencontre de la Mort, de se faire torturer s'il le fallait mais souffrir à cause de ses émotions, il ne le pouvait pas, il se sentait beaucoup trop faible. Il avait pourtant cette solution de facilité, pouvoir tout oublier. Pouvoir l'oublier, lui, Anthonin, sa tête, ses mèches brunes, ses lèvres délicates, sa posture enivrante. Il voulait que ce soit le Selwyn qui s'y colle, une demande pour se venger, pour lui faire payer ce qu'il lui faisait subir. Cependant, ce dernier refusait, prétextant ne pas pouvoir. Au nom de leur passé, de ce qu'ils avaient vécus, car le Selwyn ne voulait pas être le seul à se souvenir. Un rire mutin sortit de la gorge du plus jeune. Il se sentait estomaqué, comme si son ancien amant se payait sa tête, comme s'il se moquait de lui, à cracher sur toute forme de décence. « Donc, tu veux que je souffre. Je n'en attendais pas moins d'un bourreau. » Il serra son poing, car même cette demande, son amant ne pouvait y accéder. A quoi Zacharias avait-il le droit ? Pas grand chose, en avait-il l'impression.

« Si, pour arrêter de souffrir, il faut que je t'oublie, j'y arriverai tôt ou tard. L'idée de t'aimer et d'en être frustré.... C'est insupportable. » Lentement, il se livrait à Anthonin, car contenir ses émotions devenait de plus en plus difficile. Il suffoquait de ses démons d'amour, de cette passion dévorante à l'égard du Mangemort. Un soupir, une frustration, une tension. Puis, subitement, sans même prévenir, il s'approche drastiquement de lui, collant ses lèvres sur les siennes, l'embrassant fortement, avec passion, profitant de ce court instant pour dévorer ses lèvres, cette chair désirable qui l'avait tant fait fantasmé par le passé. Il se sent rapidement repoussé, inconsciemment, ne sachant pas s'il s'agissait de lui-même ou d'Anthonin. « Fais moi l'amour, une dernière fois. » Il mentait, il savait qu'il en voudrait plus, qu'il ne se satisferait pas que d'une seule fois. La passion qui le brûlait l'avait toujours amené à en demander, encore et encore, comme un gamin capricieux. Et Zacharias se connaît, il répond à tout pêché, il brûle de luxure, de gourmandise afin de parer à cette vie maussade et terne que lui livrait le régime du Lord. « Trouve une solution. J'en ai rien à faire, mais trouve une solution. Je ne peux rester dans cette situation, à t'aimer et souffrir tandis que tu mènes ta vie, à te marier, à surement te donner à d'autres. » Il quémandait l'impossible. Un autre soupir, plus long, un silence avant d'avouer « Je pourrais jamais te détester. » Parce qu'il l'aimait trop. Beaucoup trop.

Je n'en attendais pas moins d'un bourreau… Ses paroles viennent me faire grimacer, font en sorte que mon corps se tende, se crispe. Il n’a rien comprit, il ne peut pas comprendre, c’est impossible. Non, je n’aime pas le voire souffrir, je ne souhaite pas être le bourreau de son cœur, que du contraire. Le voire souffrir de la sorte à cause de moi me fait du mal, énormément de mal. J’aimerais qu’il puisse lire dans mes pensées, qu’il puisse comprendre que je l’aime toujours, que cet amour ne peu pas s’éteindre du jour au lendemain. Loin de lui j’arrive à survire avec ce poids, mais une fois qu’il est près de moi, j’ai l’impression de crever à petit feu sous le poids de la culpabilité. « Ce n’est pas ça… » Dis-je simplement, comme pour tenter de justifier mes actes, mes mots, mon comportement. Non, ce n’est pas pour ça, ça ne sera jamais par plaisir. Je soupire face à ses paroles…Oui, si il doit m’oublier, ça arrivera. Il trouvera le réconfort dans les bras de quelqu’un d’autre, d’une personne qui le fera sourire, qui lui offrira l’amour qu’il mérite. Cette personne ne sera pas moi, je ne peux lui offrir que l’obscurité, que le danger permanant, d’un jour, le voire allonger sur le sol froid, inerte. « Je suis désolé… » Chose rare, tellement rare venant de moi. Une excuse que je peine à retenir, qui m’échappe alors que ma gorge se noue, que mon cœur se serre. J’aimerais juste qu’il souffre un peu moins, pourtant, le reste des événements sembles dire le contraire. Son corps rejoint le mien, ses lèvres trouvant les miennes. Sans parvenir à me contenir, je réponds à son baiser, glissant mes doigts dans ses cheveux, l’attirant davantage à moi, pris au piège par mes propres envies.

Et il recule brusquement, s’échappant à mon emprise. Sa demande, elle me fait mal, véritablement. J’aimerais tellement le sentir une nouvelle fois contre moi, lui donner ce qu’il désir…je sais pourtant qu’il en redemandera, que j’en redemanderais également, comme naufragés de nos propres désirs, prisonniers de cette relation de deux années écoulées. Je ne réponds pas, détournant les yeux, me mordant l’intérieur de la joue. Je ne sais pas quoi faire, encore moins lorsqu’il me dit qu’il ne pourra jamais me détester. Tournant la tête vers lui, je me laisse emporter par mes propres impulsions. Il est mal, terriblement mal et je ne peux pas supporter cette vision de l’être aimer. Alors je fonce vers lui, venant à mon tour l’embrasser, le collant contre ce mur de pierre. En quelques secondes, je fais en sorte qu’on transplane dans cette auberge qui était nôtre, dans cette chambre qu’on a si souvent utiliser. Réservée, personne d’autre n’y a mit les pieds depuis longtemps. Détachant mes lèvres des siennes, le souffle coupé. « Une fois…une seule fois Zach… » Murmurais-je non loin de ses lèvres. C’est tout ce que je peux lui offrir pour l’instant, pour sa propre sécurité, pour épargner son être, tout en brisant son cœur.

Il sait qu'il regrettera, qu'il se sent pitoyable, pathétique, honteux de se comporter tel un enfant gâté, capricieux, qui tient à avoir ce qu'il désire. Il sait qu'Anthonin n'est pas un jouet, qu'il a sa propre liberté et qu'il n'est en aucun droit de l'interdire, contrairement à sa famille et ses idéaux qui, eux, le tenaient prisonniers. Alors lorsqu'il vient à lui pour l'embrasser, il sent ses lèvres qui répondent, ont envie aussi, comme un manque qui s'était instauré, il sourit quelque peu dans sa peine, heureux de ne pas avoir à faire face à un refus total. Dans une dernière prière, il avait évoqué ses dernières envies. Il souhaitais seulement se retrouver avec lui, emprisonné dans ses bras, comme avant, comme lorsqu'ils se voyaient en cachette. Attendant une quelconque réaction, il resta stoïque face à lui, reculant d'un pas mais l'attente ne dura que quelques instants, voyant Anthonin se rapprocher drastiquement de lui pour apposer de nouveau ses lèvres sur les siennes, le plaquer contre le mur et d'enfin, transplaner en quelques secondes. Surpris par ce qu'il venait de se produire l'espace de quelques instants, Zacharias eut du mal à y croire. Ce n'était plus un souvenir, un songe, ou encore un rêve mais bel et bien ce présent qui paraissait pourtant irréel, doutant d'être dans vraisemblablement ici, dans cette auberge, cette chambre qui l'avait tant manquée.

Une seule fois, seulement une seule fois. Il avait le droit d'aimer, de s'enrouler à son corps encore une fois, une dernière. Hochant la tête, le Skeeter se sentait bercé par d'innombrables émotions, ne sachant comment agir. Légèrement, il acquiesça, hochant légèrement la tête avant de se rapprocher de lui, enivré par la passion qui l'animait. Tout en venant plaquer de nouveau ses lèvres contre les siennes, ses mains prirent enfin le courage de pleinement toucher cet amant dont elles connaissaient la moindre parcelle de peau par le passé. Abaissant son pantalon, il n'attendit même pas de le découvrir petit à petit, préférant le déshabiller entièrement et rapidement. Il s'empressait alors de le dévêtir, lui retirant ses vêtements uns à uns. Plaquant ses mains sur son torse, il le caressa timidement, plantant ses yeux dans son regard. « J-je veux pas te forcer... J-j'veux que t'en aies envie. Autant que moi. » Même s'il en avait envie, il ne voulait pas que le Selwyn se force pour lui, qu'il lui donne seulement ce qu'il veut, il voulait aussi qu'il en ait envie, autant que lui, qu'ils forment à eux cette unité, comme au passé. « Je suis désolé... de te désirer autant, de ne pas arriver à t'oublier. » Et il s'en veut d'être aussi faible, il s'en veut de ne pas pouvoir arriver à passer à autre chose, de souffrir encore.